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La matrice S

Dans le document Champs Quantiques Relativistes (Page 89-93)

7.3.1 D´ efinition

Soit une th´eorie d´efinie par un Hamiltonien H, en repr´esentation de Schr¨odinger, qu’on peut

´ ecrire

H=H0+HI, (7.7)

o`uH0 d´ecrit l’´evolution libre des champs etHI repr´esente les diff´erentes interactions possibles. On consid`ere qu’aux temps t = ±∞, les particules n’interagissent pas, autrement dit que dans cette limite, les champs ´evoluent uniquement selon l’Hamiltonien libre. L’´evolution des ´etats est r´egie par l’´equation de Schr¨odinger

−1 i

∂ψα

∂t =Hψα, dont la solution est donn´ee par

ψα(t) =e−iHtψα(0),

o`u le temps t = 0 correspond au temps de la collision. L’indice α repr´esente ici l’ensemble des nombres quantiques qui caract´erisent un ´etat. Ses ´el´ements peuvent ˆetre continus ou discrets ; le plus souvent, on aura un m´elange des deux. En particulier, il s’agira de l’impulsion, voire du spin, de la charge ou d’autres nombres quantiques significatifs en fonction des cas ´etudi´es.

On d´efinit alors les ´etatsinetout,|ψαiet|ψ+αi, comme les ´etats asymptotiques lorsquet→ ±∞

αi t→±∞−→ e−iH0t±αi. (7.8) De mani`ere ´equivalente :

±αi= lim

t→±∞eiH0te−iHtα(0)i. (7.9) On cherche alors `a calculer l’amplitude de probabilit´e de la transition entre un certain ´etatin et un certain ´etatout:

+βαi. On d´efinit alors la matriceS par l’´egalit´e suivante :

+αi=S|ψαi. (7.10)

On trouve ais´ement l’expression explicite de l’op´erateurS :

+αi= lim

t→+∞

t0→−∞

eiH0te−iHteiHt0e−iH0t0αi. (7.11) Ainsi,

S= lim

t→+∞

t0→−∞

eiH0te−iH(t−t0)e−iH0t0. (7.12)

Remarque Rappelons bri`evement les trois repr´esentations traditionnelles de la th´eorie quantique.

Dans la repr´esentation de Schr¨odinger, les observables sont constantes et l’´evolution temporelle est port´ee par les ´etats ; dans la repr´esentation de Heisenberg, ce sont les ´etats qui restent invariants alors que les observables varient avec l’´evolution temporelle ; finalement, la repr´esentation de Dirac, ou repr´esentation d’interaction, est mixte : les observables portent l’´evolution libre du syst`eme, alors que les ´etats ´evoluent seulement selon la partie d’interaction de l’Hamiltonien. L’´equation qui relie ces diff´erentes repr´esentations est alors

S|OSSi=hψH|OHHi=hψD|ODDi. Si en repr´esentation de Schr¨odinger,H=H0+HI, alors

S|ei(H0+HI)(t−t0)OSe−i(H0+HI)(t−t0)Si, et donc, en repr´esentation d’interaction, on a

D(t)i=UD(t, t0)|ψD(t0)i, (7.13) OD(t) =eiH0(t−t0)OD(t0)e−iH0(t−t0), (7.14) o`u

UD(t, t0) =eiH0te−iHteiHt0e−iH0t0. (7.15) En comparant avec l’´eq. (7.12), on a donc montr´e que la matrice S n’est autre que la limite de l’op´erateur d’´evolution en repr´esentation d’interaction :

S= lim

t→+∞

t0→−∞

UD(t, t0). (7.16)

Propri´et´e

[H0, S] = 0, (7.17)

[P0, S] = 0. (7.18)

La preuve est triviale. D’une part,

eiH0τSe−iH0τ=S ,

puisque dans le membre de gauche, il suffira de renommer les variables ˜t=t+τ et ˆt=t0+τ pour retrouver l’expression de la matriceS.

D’autre part,

eiP0xSe−iP0x=S ,

puisque [P0,H0] = 0. Par les r´esultats ´el´ementaires de m´ecanique quantique, on sait que ceci implique directement la conservation de l’´energie et de l’impulsion lors du processus.

Pour extraire de la matriceSsa partie int´eressante, i.e. celle qui d´ecrit uniquement l’interaction, on d´efinit la matriceT par

S=I+iT . (7.19)

La partie Icorrespond en effet `a H=H0, i.e. au cas o`u l’interaction n’a pas lieu, ce qui ne nous int´eresse pas ici. Finalement, on sait que le processus doit conserver le quadrivecteur quantit´e de mouvement. Consid´erons alors des ´etats propres de l’op´erateur quantit´e de mouvement libre P0, i.e. les ´etats asymptotiques d’impulsion bien d´efinie : l’´etatout|q1. . . qmiet l’´etatin|p1. . . pni. On d´efinit l’´el´ement de matriceM(in→out)∈Cpar

hq1. . . qm|iT|p1. . . pni=i(2π)4δ(4)

 X

i

qi−X

j

pj

M(in→out) . (7.20) On appelle souvent Ml’amplitude de diffusion, c’est la grandeur essentielle en physique des parti-cules, qui permet le lien entre th´eorie et ph´enom´enologie.

7.3.2 Matrice S et temps de vie

Dans cette partie, nous allons d´eriver la formule qui relie la largeur d’une particule `a l’amplitude de diffusion, i.e. `a la matriceS. Nous nous permettrons des calculs ‘`a la physicien’, i.e. o`u la rigueur math´ematique ne constitue pas le souci essentiel. On pourrait au prix d’efforts consid´erablement plus intenses y apporter la rigueur n´ecessaire.

Dans le cas d’une d´esintegration, l’´etat asymptotique initial est simplement |pi. Calculons la probabilit´e de transition. On ´ecrit1

Prob (|pi → |q1. . . qni)∼ |hq1. . . qm|iT|pi|2= (2π)8δ(4) X

i

qi−p

!

δ(4)(0)|M|2. (7.21) Mais

δ(4)(k) =

Z d4x

(2π)4eikx δ(4)(0) =

Z d4x

(2π)4 = V ·T (2π)4 ,

si l’on ´etait dans un volumeV et un intervalle de temps T fini. De plus, on cherche un ´etat initial norm´e :

h0|a(p)a(p)|0i= (2π)3~pδ(3)(0) = (2π)3~p V

(2π)3 = 2ε~pV . Donc |pi = √1

2V ε~pa(p)|0i. Finalement, on introduit l’´el´ement de volume dans l’espace de phase des particules sortantes

dΦ =

n

Y

i=1

d3qi

(2π)3qi , (7.22)

C’est l’´el´ement de volume invariant par rapport au groupe de Lorentz. On peut alors ´ecrire la probabilit´e comme

Prob (|pi → |q1. . . qni) = 1

~pV(2π)4δ(4) X

i

qi−p

!

|M|2V T dΦ. (7.23)

1Rappelons que [δ(x)]2δ(x)δ(0).

Finalement, la largeur diff´erentielle est donn´ee pardΓ = Prob(|pi→|q1...qni)

ou encore, dans le r´ef´erentiel de repos de la particule de masse M, dΓ = 1

C’est la formule que nous cherchions `a obtenir. Une fois que la th´eorie sous-jacente au processus a fourni l’amplitude de diffusion, on connaˆıt la dur´ee de vie d’une particule, qui peut alors ˆetre mesur´ee et le r´esultat confront´e aux pr´edictions th´eoriques.

Dimensions : [dΓ] =GeV1, [δ(4)(k)] =GeV−4, [dΦ] =GeV2n, d’o`u [M] =GeV3−n, ou encore [M] =GeV4−N, o`u N= nombre de particules impliqu´ees dans le processus.

Ce dernier r´esultat ´etant valable quel que soit le type de processus consid´er´e, bien ´evidemment.

7.3.3 Matrice S et section efficace

On cherche maintenant `a ´etablir le mˆeme type de r´esultat pour une collision de deux particules.

La d´emarche est semblable `a ce que nous avons fait dans la section pr´ec´edente, mais avec deux normalisations puisque l’´etat initial contient deux particules. On peut directement ´ecrire l’´equivalent de l’´eq. (7.23) : Pla¸cons-nous alors dans le r´ef´erentiel de repos de la particule 2. En reprenant les notations du d´ebut de ce chapitre, on a iciNB =NT = 1, d’o`uρBlBS =ρTlTS = 1. AlorsρB = V1. Par ailleurs, siv est la vitesse de la particule incidente,lB=vT. Ainsi,ρBlB= V1vT, d’o`u

T

V =ρBlB

v . On substitue ceci dans la probabilit´e :

Prob (|p1p2i → |q1. . . qni) = ρBlB Pour traiter un cas tout `a fait g´en´eral, on d´efinit la section efficace comme la probabilit´e de la transition par unit´e de flux de particules incidentes. Ainsi,

dσ= 1

Finalement, on cherche une expression g´en´erale, qui soit valable dans tout r´ef´erentiel. Il faut donc trouver la fonction I = I(p1, p2, M1, M2), Lorentz invariante, qui se r´eduise `a 4vεp1M2 dans le r´ef´erentiel de repos de la cible. La fonctionI ne peut d´ependre que des scalaires

p21=M12, p22=M22 p1p2

labo= εp1M2.

On commence par noter quev=|~εp1|

p1

. Le d´enominateur de (7.28) est donc 4|~p1|M2= 4q

−M122p1M2. On voit alors clairement que l’expression invariante est simplement

4I= 4 q

(p1·p2)2−M12M22, (7.29) d’o`u finalement la section efficace Lorentz invariante :

dσ= 1

4p

(p1·p2)2−M12M22(2π)4δ(4)

 X

i

qi−X

j

pj

|M|2

n

Y

i=1

d3qi

(2π)3qi

!

. (7.30)

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