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LA GOUVERNANCE QUADRIPARTITE DU PLAN D’ACTIONS LIMA-PARIS

L’émergence de l’agenda des solutions

II. L’inertie des COP saisie par certains acteurs au profit de l’émergence du Plan d’Actions Lima-Paris

2.3. LA GOUVERNANCE QUADRIPARTITE DU PLAN D’ACTIONS LIMA-PARIS

Il est important, afin de saisir dans la suite du document les différents jeux d’acteurs et prises de positions, de savoir comment le LPAA est géré, et par qui. Nous allons donc nous intéresser dans cette partie à son mode de gouvernance et aux implications que cela comporte.

Historiquement, l’impulsion initiale vient de l’ONU, qui a le premier organisé un événement, le Sommet du 23 septembre 2014, où les porteurs d’initiatives avaient la parole pour exposer leurs projets à des instances gouvernementales ou intergouvernementales.

Les acteurs français qui encadrent le LPAA se défendent cependant de porter l’idée et d’y avoir pensé quelques mois auparavant. Néanmoins, c’est cet événement qui m’a été décrit par les acteurs comme le début de ce qui allait être le LPAA.

Le LPAA s’est ensuite structuré autour de quatre partenaires, qui l’ont porté entre la COP20 et la COP21. Son rôle, tel qu’il est présenté sur le site internet de la CCNUCC, section LPAA, est de « concevoir la stratégie et la mise en œuvre du Plan d’actions » . Ces 76

quatre partenaires sont la présidence française de la COP21, la présidence péruvienne de la COP20, le bureau exécutif du SGNU et le Secrétariat de la CCNUCC. Ces quatre partenaires sont représentés par le «  comité de pilotage  » du LPAA, composé de huit personnes. Chacun des quatre partenaires est représenté par deux personnes au comité de pilotage. Les représentants sont : pour la France, Laurence Tubiana et Sylvie Lemmet, pour le Pérou, Rosa Morales Saravia et Rómulo Acurio, du côté du SGNU Janos Pasztor et Selwin Hart et enfin pour la CCNUCC Daniele Violetti et Halldór Thorgeirsson.

Ces personnes sont pour la plupart impliquées dans les négociations climatiques qui constituent le cœur des COP. C’est sans doute l’une des clés de compréhension du fait que le LPAA ait repris à son compte le système de valeurs des COP, au moins en partie. C’est par exemple le cas de Laurence Tubiana, qui a endossé le rôle d’ « Ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique » et « Représentante spéciale de la France pour la COP21 ». Elle a donc géré principalement les négociations, comme l’on confirmé les acteurs du terrain que j’ai rencontrés lors des entretiens. C’est également le cas de Rosa Morales Saravia au Pérou, qui était «  Coordinatrice des négociations, ministère de l’Environnement du Pérou ».

Les quatre partenaires se sont donc structurés autour de ce comité, dont chaque partie prenante avait une équipe qui travaillait sur le LPAA. Les décisions importantes pour le LPAA étaient prises au niveau de ce comité, qui négociait et prenait les décisions au consensus entre les quatre partenaires. C’est par exemple en son sein que se sont négociés les critères du LPAA qui ont fait l’objet du point précédent. C’est donc le comité entier qui a participer à construire l’« ADN du LPAA » en choisissant quelles initiatives étaient acceptées et refusées. La carrière des initiatives a été une négociation collective, comme l’explique cet acteur de l’équipe française le 26 mai dans un entretien : « dans l’ordre des choses, déjà on

avait essayé de structurer l’action agenda, on avait 4 partenaires, il fallait se mettre d’accord, de quoi on parle, comment on se répartit le travail, qu’est ce qu’on pousse comme type d’actions. »

Source : http://newsroom.unfccc.int/lpaa-fr/a-propos/ consulté le 18/08/2016. 76

Même si les décisions étaient négociées entre les quatre partenaires, durant la préparation de la COP21, c’est l’équipe française qui semblait avoir l’ascendant dans les prises d’initiatives et de décisions, car c’est à elle que revenait le mandat puisque la France était la «  présidence montante  », c’est-à-dire le pays qui organise la COP à venir. Nous traiterons dans la prochaine partie l’organisation de l’équipe française qui travaillait sur le LPAA lors de la préparation de la COP. C’est notamment à cette équipe qu’il incombait de réaliser le ou les évènement(s) organisés pour mettre en valeur le LPAA lors de la COP21 à Paris, toujours en collaboration étroite avec les trois autres partenaires.

Le LPAA est une dynamique particulière car il s’agit de la récupération d’initiatives citoyennes, associatives, du secteur privé ou des collectivités locales par une autorité intergouvernementale et onusienne. Les acteurs du comité de pilotage proposent un cadre pour les initiatives existantes. Ceci est présenté par ces acteurs comme un marché gagnant- gagnant, car le comité LPAA possède un ascendant sur les initiatives, comme on l’a vu au travers des critères par exemple, mais propose en contrepartie aux porteurs de ces initiatives des moyens de promotion de leurs projets et de leurs réseaux d’acteurs, au travers, entre autre, de vitrines. Ce fut le cas lors de la COP21. Les équipes derrière le comité de pilotage construisent également leur discours autour du fait que ces équipes aident les initiatives en leur permettant d’être «  inclusives  », «  davantage à maturité  » ou encore « transformationnelles ».

Cette gouvernance quadripartite donne lieu à des jeux d’acteurs qui ont structuré le LPAA, puis plus tard sa concrétisation lors de la COP21. Elle pose question dans la capacité que les acteurs du comité de pilotage ont pour faire des choix forts en termes de gouvernance et de direction à donner au LPAA. La méthode du consensus freine cette démarche, mais permet une représentativité des différents partenaires au sein de ce comité de pilotage.

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