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PARTIE 1 L E CADRE DU PROJET

4. La formation hybride

Le développement des formations à distance, c’est-à-dire où l’enseignement ne se fait pas sur le mode traditionnel du présentiel, soit dans une institution d’enseignement classique mais plutôt par téléphone ou bien plus récemment par internet ont révolutionné les dispositifs de formation. Aujourd’hui, les formations hybrides, qui mélangent présence et distance sont des dispositifs qui permettent d’alterner ces deux modes d’apprentissage et donc de modifier la façon dont se déroule un apprentissage pour l’apprenant, ce qui peut stimuler l’exercice de son autonomie. Selon Charlier, Deschryver et Peraya (2006) : « Un dispositif de formation hybride se caractérise par la présence dans un dispositif de formation de dimensions innovantes liées à la mise à distance » (p. 481). L’articulation entre enseignement en présentiel et en distantiel est un facteur crucial (Degache & Nissen, 2008). Il peut s’agir tantôt de la « mise à disposition d’un ensemble d’activités et d’exercices » en ligne, n’impliquant pas la réalisation de tâches communes, de « parcours en ligne plus ou moins ouverts et complets » proposant cette fois un parcours plus organisé, ou encore de la « réalisation de tâches communes en ligne » qui donnent cette fois une place intégrante aux interactions entre les apprenants (Nissen, 2006, p. 3).

4.1. Formations hybrides et autonomie

Les dispositifs hybrides affichent la volonté de se centrer sur l’apprenant (Nissen, 2006), et donc que celui-ci prenne une plus grande part à l’organisation de son propre apprentissage en personnalisant son parcours, si tant est que le dispositif le permet. Ceci fait écho au concept de l’ouverture en formation, car les formations hybrides ouvrent à l’apprenant la possibilité d’exercer un contrôle sur son apprentissage et de prendre en charge certaines opérations.

L’aspect distantiel semble particulièrement pouvoir stimuler l’exercice, voire le développement, de l’autonomie de l’apprenant. En effet, cela lui demande d’organiser son

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apprentissage en dehors d’un cours traditionnel, lui permet d’exercer un contrôle pédagogique et psychologique en choisissant les temps et lieux d’apprentissage, de s’engageant plus personnellement dans l’apprentissage car il ne peut se reposer sur le fait d’écouter parler un professeur en classe et doit effectuer des tâches. En effet, les formations hybrides peuvent favoriser le développement de compétences liées à la motivation, le goût de l’initiative, de l’autonomie, de l’apprentissage et aussi de la rigueur et de la persévérance (Daele & Lusalusa, 2003, cité par Charlier, Deschryver & Peraya, 2006). Elles peuvent aussi permettre à l’apprenant de réaliser un « apprentissage en profondeur » c’est-à-dire une « intention de comprendre par soi-même, une meilleure compétence métacognitive supposant une prise de recul par rapport à ses propres manières d’apprendre ainsi qu’un accroissement de l’engagement en formation et une meilleure planification du temps et des activités à réaliser » (Entwhistle, 2003, cité par Charlier, Deschryver & Peraya, 2006, p. 489). Ces caractéristiques renvoient notamment aux buts poursuivis par l’étudiants et à sa capacité d’auto-direction (Pintrich, 2003, cité par Charlier, Deschryver & Peraya, 2006) et à son sentiment d’auto-efficacité (Bandura, 2003). Puisque les formations hybrides stimulent la mise en œuvre de l’autonomie de l’apprenant afin d’organiser son apprentissage, elles peuvent servir de pont entre un apprentissage de type traditionnel, circonscrit à la classe et dans un contexte formel, vers un apprentissage entièrement autodirigé situé dans un contexte informel. Les formations hybrides peuvent permettre à l’apprenant de s’essayer à l’exercice de son autonomie dans des situations particulières et délimitées dans le cadre de cette formation, tout en conservant un « filet de sécurité » via la partie présentielle de la formation, notamment grâce à la présence des co-apprenants et à l’accompagnement du tuteur.

4.2. Conditions de réussite

Certains paramètres influencent cependant l’efficacité et la réussite des formations hybrides. Les interactions en ligne semblent très importantes mais cela dépend de l’utilisation pédagogique qui en est faite, car elles peuvent être encouragées explicitement ou non, permettant la réalisation de tâches collaboratives ou non. Il semble important pour l’étudiant d’être incité clairement à interagir, qu’on réponde à ses sollicitations, qu’un contrat pédagogique soit explicite, que les interactions puissent être informelles mais pas trop et qu’elles soient orientées vers la résolution de problèmes (Degache & Nissen, 2008). Ainsi, beaucoup de dispositifs hybrides ou en ligne ont une forte tendance collaborative (Nissen, 2006). De plus, il est important que les tâches dans un dispositif hybride ou dans

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une formation totalement à distance soient bien organisées et suivent un scénario pédagogique ou « scénario de communication » qui précise les objectifs de la formation, les tâches à réaliser et les modalités d’interaction (Nissen, 2006, Mangenot, 2008). Le scénario de communication est important pour permettre d’organiser les actions des apprenants et leur collaboration mais il entraîne peut-être parfois un guidage trop fort de l’apprenant par la formation. L’apprenant perd alors l’occasion d’exercer son autonomie à certains niveaux. On peut aussi souligner l’importance de l’intégration de la formation car l’apprenant demande que « son implication dans une formation hybride soit reconnue et validante » (Degache & Nissen, 2008, para. 44). Il est donc important que la formation donne lieu à des bienfaits réels, notamment en termes de notes ou de crédits.

4.3. L’utilisation du site de réseautage Facebook pour une formation hybride

Les formations hybrides aujourd’hui s’appuient souvent sur des Learning

Management Systems (LMS), soit des plateformes en lignes permettant de proposer des

contenus de cours mais avec lesquelles les apprenants ne sont pas forcément familiers. Il est également possible d’utiliser les sites de réseautage en vue d’un apprentissage et afin de proposer des dispositifs de formations hybrides.

Parmi les sites de réseautage, Facebook est l’un des plus utilisés dans le monde, se vantant d’avoir atteint 2 milliards d’utilisateurs en 2017 (Titcomb, 2017). Facebook est un réseau social permettant de partager des contenus et informations personnelles avec un cercle d’amis, ou encore de participer à des discussions privées par chat mais aussi publiques sur des pages ou dans des groupes. Son utilisation est largement répandue, particulièrement chez les jeunes et les étudiants. Cependant, si les apprenants son habitués à utiliser Facebook dans leurs usages personnels, il ne va pas de soi qu’ils soient habitués à des usages éducatifs de ce site (Blattner & Lomicka, 2012). De plus, l’utilisation de

Facebook dans des contextes éducatifs peut causer une certaine confusion des règles et

normes dans les interactions sociales, entre celles liées aux activités scolaires et celles liées aux usages personnels du web social (Lantz-Andersson, Vigmo, & Bowen, 2013). Le transfert de l’utilisation informelle et personnelle de Facebook vers un usage à visée éducative nécessite un processus de négociation et d’adaptation.

Cependant, l’utilisation de Facebook, présente des avantages certains, notamment la facilité d’utilisation, la familiarité qu’ont la plupart des apprenants avec ce site ou encore la possibilité de recevoir des retours de ses pairs, de pouvoir travailler en coopération et de

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partager des connaissances et des ressources (Virvou et al., 2012). L’utilisation de

Facebook peut permettre le développement de compétences autonomes comme les

stratégies d’apprentissage, les compétences métacognitives (Alias et al., 2012), ou encore d’un sentiment général d’appartenance, de compétence et d’autonomie (Akbari, Pilot & Simons, 2015). L’expérience de télécollaboration menée par Blattner et Lomicka (2012) a notamment permis à des apprenants américains de français d’engager des discussions riches avec des natifs et montre que l’utilisation d’un groupe Facebook peut représenter une extension de la classe de langue et ouvre les apprenants à d’autres contextes et espaces d’apprentissage. Grâce aux possibilités de collaboration et au fait de faire dépasser l’apprentissage de la classe, l’utilisation des sites de réseautage et de Facebook peut stimuler l’exercice de l’autonomie, car l’apprenant peut organiser son apprentissage de manière plus autodirigée et explorer des contextes informels.

Les formations hybrides sont donc intéressantes pour stimuler l’autonomie de l’apprenant. L’articulation d’un dispositif entre présence et distance offre des possibilités d’apprentissage et d’interactions grâce à des outils numériques comme les sites de réseautage, dont le célèbre Facebook.