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PARTIE 3 E VALUATION DE LA FORMATION

5. Considérations éthiques et limites de la recherche

5.1. La position du chercheur

Nous avons conduit cette étude tout en étant stagiaire dans le département et en ayant été en contact avec la plupart des participants à la formation, notamment lors d’évènements culturels. Dans le cadre de la formation, nous avons adopté une position à mi-chemin entre enseignant et tuteur proche des apprenants, en entretenant des relations amicales et parfois un peu informelles avec les apprenants, acceptant volontiers l’habitude norvégienne d’appeler les enseignants par leur prénom. Notre relation avec l’échantillon a donc été assez proche et a pu influencer leur expérience de la formation, même si nous avons à certains moments, notamment dans les travails de groupe, préféré nous retirer de l’interaction et nous faire oublier afin de permettre aux apprenants d’interagir le plus librement possible. Nous étions donc en position d’observateur participant, mais avons tenté d’en minimiser les effets.

5.2. Défis de la recherche

5.2.1. La technique de l’entretien d’explicitation

Au regard de la technique de l’entretien d’explicitation, il est important de noter que nous étions novice dans son emploi, nous appuyant sur l’ouvrage de Vermersch (1994) comme point de départ. Celui-ci précise pourtant que cette technique n’est pas simple et nécessite un apprentissage et une pratique répétée, ce qui ne nous a pas été permis de faire.

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Nous n’avons donc pas pu atteindre une qualité dans le questionnement aussi poussée que celles des experts de cette technique.

5.2.2. La barrière de la langue

La barrière de la langue est un autre défi notable, notamment dans les entretiens et dans l’analyse des données. Nous avons préféré conduire ces entretiens en langue maternelle, c’est-à-dire en norvégien pour trois d’entre eux. Certes nos compétences en norvégien se situent autour du niveau B2 du CECR (Conseil, 2001), mais nous ne pouvons prétendre posséder des compétences langagières suffisamment fines pour comprendre toutes les subtilités du discours des interviewés ou proposer un questionnement tout à fait adapté en norvégien. Afin de remédier à ce problème pour l’un des entretiens, nous avons préféré le conduire en anglais, langue que nous maîtrisons mieux et comme l’interviewé en était locuteur natif, même si nous ne sommes pas exempte d’avoir effectué des erreurs de compréhension ou de production.

5.3. Ethique et respect de la personne

5.3.1. Anonymisation des données personnelles

Notre étude se penche sur l’apprentissage d’un certain nombre de sujets ayant participé à une formation, au sujet desquels un certain nombre de données ont été recueillies, qui peuvent être pour certaines d’ordre très personnel. Au-delà des données personnelles telles que l’âge, le sexe ou le parcours éducatif et parfois personnel, les habitudes d’apprentissage peuvent être également des données sensibles. Ces données ont été recueillies avec le consentement des individus, lors d’entretiens préliminaires relatifs à la première version du projet non exploités dans cette étude, de questionnaires lors de la formation et des entretiens d’explicitation. De plus, des données sur l’apprentissage ont été recueillies lors d’observations en cours de formation pendant les séances en présentiel et pendant les entretiens d’explicitation. Tous les participants ont donc été anonymisées dans le présent travail. Nous leur avons attribué des noms de codes dont la lettre initiale précise le sexe F ou H auquel a été ajouté un numéro décidé au hasard. Les quatre étudiants ayant participé aux entretiens d’explicitation ont également reçu des pseudonymes, afin de faciliter la lecture des données et de les rendre plus réels dans la description.

5.3.2. Contrat de communication

L’entretien d’explicitation est une technique inhabituelle et déstabilisante pour les individus et qui repose sur un guidage fort accompagné de relances et de régulations afin

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de canaliser le sujet vers l’évocation du vécu de l’action. De plus, les données recherchées relevant de la pensée privée du sujet, c’est un terrain sur lequel les sujets peuvent refuser d’aller. Ceci nécessite de donner des garanties à l’interviewé que ses choix seront respectés et d’obtenir son accord, voire de le renouveler (Vermersch, 1994). Nous avons donc commencé l’entretien en clarifiant les rôles de l’intervieweur et de l’interviewé ainsi que le but et la forme de l’entretien, et mis en place un contrat de communication en demandant à l’apprenant s’il consentait à participer. Nous avons renouvelé ce contrat de communication plusieurs fois pendant l’entretien quand nous posions une nouvelle question ou souhaitions changer le sujet, en demandant si l’apprenant y consentait.

5.4. Biais dans la recherche

Dans cette étude, il est possible que nous ayons été influencée par certains biais, autant dans le recueil de données que dans leur analyse. Les méthodes de recueil des données ont pu être biaisées par la recherche de données dans des catégories d’analyse ciblées. Les sondages ont visé des catégories d’analyse préétablies, comme la satisfaction des apprenants. Les entretiens ont orienté les apprenants vers la description de certaines actions au détriment d’autres. Le journal d’étonnement a ciblé des catégories d’analyse particulières comme la recherche de marques d’autonomie. Nous nous sommes pourtant efforcée de laisser le champ ouvert au recueil d’autres données, en laissant glisser les participants vers d’autres actions qu’ils jugeaient pertinentes ou vers des jugements ou des commentaires. L’analyse des données a pu être influencée par des catégories d’analyses préétablies que nous cherchions à explorer, comme la recherche de compétences autonomes, particulièrement celles développées par la participation à la formation. Néanmoins, nous nous sommes efforcée de ne pas prêter aux apprenants des compétences qu’ils n’ont pas, comme le conseillait Vermersch (1994) ni d’attribuer à la formation le développement de compétences autonomes qui auraient pu être développées indépendamment.

5.5. Limites de l’étude

Nous nous devons cependant d’émettre des limites quant à la portée de notre recherche. En effet, notre échantillon a été relativement réduit car le nombre de participants à la formation a été relativement réduit, et que seuls certains ont participé à beaucoup d’activités ou aux entretiens. De plus, de nombreuses données nous manquent, notamment celles concernant l’autonomie des apprenants avant la formation, ce qui limite les conclusions que nous pouvons tirer sur l’évolution de leur capacité à l’autonomie.

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Chapitre 6 – L’expérience de la formation

L’étude de la participation à la formation et de la satisfaction des participants nous permettra d’explorer comment les apprenants ont fait l’expérience de la formation. Ceci nous permettra de faire la part entre les succès et les échecs, tout en cherchant à en comprendre les raisons. Ainsi, nous pourrons comprendre si les choix réalisés à la conception de la formation afin de permettre aux apprenants de s’engager dans le dispositif de formation ont porté leurs fruits.