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1.3.4. Quels modèles laitiers familiaux dans un contexte incertain et d’accroissement des volumes produits ?

1.3.4.2. La durabilité des exploitations laitières familiales

La croissance du secteur agricole, ainsi que celle du secteur de l’élevage au Vietnam au cours de ces 30 dernières années s’est appuyée sur le modèle de la petite exploitation agricole. Cependant, dans le contexte d'une forte transition de l'économie du pays et de l'intégration du commerce international, ce modèle est confronté à de nombreux défis pour le développement durable en raison d’impact de facteurs internes et de facteurs externes suivants.

a) Des ressources limitées

Comme présentée dans la partie précédente, la superficie des terres agricoles des exploitations agricoles du Vietnam est petite, d’autant plus qu’elle diminue du fait de politiques

d'industrialisation et d'urbanisation. Le prix des terres agricoles dans les zones péri-urbaines a beaucoup augmenté ces dernières années, ce qui a provoqué des difficultés pour les éleveurs pour augmenter leur production. D’autre part, les exploitations sont également confrontées à une pénurie de main-d'œuvre agricole en raison de l’exode rural. D’après Nguyen Thi To Quyen, 2011) la baisse de revenu lié aux activités agricoles est la principale raison entraînant la migration des travailleurs ruraux.

b) Une faible stabilité de l’efficacité économique de la production laitière du fait des coûts des aliments élevés



Le coût d’achat des aliments représente plus 60 % du coût total de la production laitière (Dinh Xuan Tung et al.,2005 ; Le Dinh Khan, 2012). Les études, réalisées par Nguyen Quoc Toan et al. (2008) à Ba Vi, et par Do Kim Chung et al. (2006) à Bac Ninh ont montré que la baisse du prix de lait est la cause principale qui provoque l’abandon de la production laitière dans les exploitations. Plusieurs raisons expliquent le coût de production élevé du lait. Le prix des aliments pour le bétail est élevé et augmente chaque année. En effet, le secteur de l’élevage du Vietnam est dépendant des matières alimentaires importées.

Chaque année les industries dépensent une somme importante pour importer ces matières alimentaires. Cette somme a beaucoup augmenté ces dernières années. En 2006, la somme dépensée était de 740 millions d’USD, mais en 2015 elle est passée à 4.8 milliards d’USD (DLP, 2014). Dans le contexte d’intégration internationale (OMC, TPP, etc.) les éleveurs laitiers du Vietnam doivent concurrencer les produits laitiers importés au niveau des coûts de production du fait de la diminution de la taxe des produits laitiers importés suite aux conventions de l’OMC, du TPP, et de l’AFTA avec le Vietnam.

D’après Nguyen Dang Vang, président d’association des éleveurs du Vietnam, le prix de lait vendu par les exploitations laitières familiales du pays varie de 12000-14000 VND / kg, tandis que celui vendu par les fermes aux États-Unis, Australie, Nouvelle Zélande ou Europe n’est que de 7000-9000 VND / kg. Avec de telles différences de prix, les entreprises de

transformation nationales, ont importé depuis ces dernières années du lait en poudre au lieu de collecter le lait produit par les éleveurs du pays.

c) La charge de travail des éleveurs

L’élevage laitier du Vietnam repose sur de petites exploitations sans pâturage. Les vaches sont en stabulation toute l’année du fait du manque de surface. Les éleveurs doivent passer beaucoup de temps pour couper les cannes fourragères destinées à l’affouragement en vert qui est distribué tous les jours. L’étude réalisée par Pham Duy Khanh et al (2008) dans les exploitations laitières de Moc Chau, un district de la montagne du Nord au Vietnam, a montré que la quantité de travail au quotidien (travail d’astreinte TA) dépend de la taille de l’élevage, et est élevée avec une moyenne de 390 heures/vache/an.

Pour rappel, elle est de 40 heures de TA/UGB lait/an dans les élevages laitiers français (Chauvat et al, 2003). D’après Tran Huu Cuong et Nguyen Thi Nga (2010) les éleveurs doivent travailler dur dans l’élevage laitier (Tran Huu Cuong et Nguyen Thi Nga, 2010). D’autre part, la plupart des travaux sur la ferme sont réalisés manuellement du fait des dimensions de production réduites. Donc la quantité de travail est une contrainte pour le développement de l’élevage laitier du Vietnam.

d) La question de pollution de l’environnement en raison du niveau d’intensification de la production agricole et de la gestion des déchets des animaux

L’intensification de l'agriculture au Vietnam a conduit à une utilisation excessive d'engrais et de pesticides (Nguyen Trung Dung, 2014, World Bank, 2016). 10 millions de tonnes d'engrais (NPK) ont été utilisés au Vietnam (World Bank, 2016). En effet, la croissance agricole du Vietnam s’est basée sur l’utilisation d'engrais chimiques, les médicaments vétérinaires et de stimulants de croissance pour les animaux. Cela a causé des impacts négatifs sur l'environnement et la pollution des ressources (Dang Kim Son, 2013). Les surfaces de petites dimensions ont conduit les agriculteurs à utiliser les fertilisants, et les herbicides pour augmenter les rendements des cultures, ainsi que fourrage pour le bétail (Nguyen Trung Dung,

2014). La gestion des déchets des animaux est également un défi pour le développement durable des exploitations du Vietnam. D’après les données statistiques du Département de l’élevage du Vietnam en 2012, il y a 8.5 millions familles avec des élevages. 80% de ces familles sont basées dans des zones d’habitations (les villages).

De 2009 à 2011, chaque année la quantité de déchets solides issus de l’élevage est de plus de 80 millions de tonnes. Les déchets liquides sont de plus 36 millions de tonnes. Seuls 40 % de la production de déchets solides sont traités et 60 % des déchets liquides sont traités (Vu Trong Binh et al, 2008). Le fait que les émissions des gaz à effet de serre provenant des fermes de bovins contribuent au réchauffement du climat mondial a été confirmé (Dinh Van Cai, 2009). L’étude réalisée par Ta Van Tuong en 2011 dans les trois communes principales d’élevage laitier à Ba Vi a montré qu’il y a encore plus de 60% des exploitations laitières qui ne sont pas équipées de méthaniseurs pour produire du biogaz. En plus le processus d’intensification des cultures du fait du manque de surfaces peut aussi avoir un impact négatif sur l’environnement, la qualité de l’eau et du sol. Les politiques publiques pour le secteur agricole ont souligné le besoin de limiter l'impact négatif des pratiques agricoles qui provoquent la contamination des terres agricoles et de la ressource en eau. Par conséquent, développer un modèle de production limitant l’impact négatif sur l'environnement sera une priorité pour l'avenir.

e) La capacité à durer dans un environnement économique incertain

Les faibles revenus sont les raisons les plus importantes qui ont provoqué l’abandon de l’agriculture par les agriculteurs (World Bank, 2016). Le défi actuel pour la durabilité des exploitations laitières réside dans sa capacité à durer dans un environnement économique incertain en raison de des ressources limitées de production de l’exploitation, et à la fois de la volatilité du prix du lait, des intrants et des stratégies des laiteries au Vietnam.

La superficie moyenne des terres agricoles par exploitation du pays est de 0.8 ha par exploitation (OECD, 2015). Cependant la superficie moyenne des terres agricoles diminue de plus en plus en raison des processus d’urbanisation et d’industrialisation (CIEM, 2012). Pendant ce temps, la migration des travailleurs ruraux a provoqué le manque de main-d’œuvre

dans le secteur agricole dans de nombreuses zones rurales du pays. En outre, les producteurs laitiers doivent faire face aux incertitudes des prix du marché. En effet, entre 2010 et 2015, le prix du lait et des stratégies des entreprises de transformation du lait dans le pays ont beaucoup changé.

Avant 2010, la stratégie des laiteries nationales est en priorité d’importer du lait en poudre au lieu d’investir dans l’élevage laitier du pays en raison du coût élevé d'investissement pour la collecte et le transport du lait. Toutefois, en 2013, le prix du lait mondial a beaucoup augmenté, les entreprises ont rencontré des difficultés pour importer. Afin de réduire la dépendance vis-à-vis du lait importé, la stratégie des entreprises dans cette période est d’investir pour augmenter la production laitière nationale au travers de la création de grandes fermes laitières, de l’augmentation du prix du lait pour les éleveurs, etc.

Au début de l’année 2015, le prix du lait dans le monde a chuté de 35% à 50% par rapport à 2014 (Agroinfo, 2015), les entreprises ont été affectées par des quotas pour collecter la production laitière pour les éleveurs, et n’ont pas pu signer les contrats pour les nouvelles fermes. Cela a provoqué la crise dans le secteur laitier dans de nombreuses régions du pays. La fluctuation du prix de lait collecté par les entreprises du pays est illustrée par la figure 6.

Figure 6 - Illustration des fluctuations de prix du lait frais collecté par les entreprises dans la période (2010 – 2013)

Unité : 1000 VND/litre de lait

D'autre part, les producteurs laitiers actuellement ne reçoivent pas le soutien de l'État en raison de l'orientation de la politique publique qui n’appuie que les grandes fermes, et les fermes industrielles.