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Title: Diversity and sustainability of dairy farms in Vietnam

4. CHAPITRE 4 - Les trajectoires des exploitations laitières du district de Ba Vi

5.1. Une démarche mobilisant une approche synchronique et diachronique pour aborder les perspectives de développement de l’élevage laitier

5.1.2. La diversité des exploitations laitières

5.1.2.1. Une typologie construite à partir d’une approche sur les capitaux

En mobilisant l’approche sur les capitaux pour analyser la diversité (Carney et al., 1999; Bosc et al, 2015), cette thèse a identifié 5 types d’exploitations laitières familiales sur le district de Ba Vi par une enquête réalisée en 2013. Ces types se différencient par leur capital naturel (surface totale et surface fourragère), physique (machine à traite, générateur, effectif bovin), humain (ancienneté de la production laitière, groupe ethnique, main-d’œuvre, niveau d’éducation du chef d’exploitation, etc.), social (type de débouché pour la vente du lait et relation avec l’acheteur, activités non agricoles), et financier (revenu total de l’exploitation,

revenu par main-d’œuvre, et par surface agricole). Par contre, les pratiques d’élevage contribuent peu à la caractérisation des types du fait d’une approche basée sur les capitaux et qui n’a pas permis pas de rendre compte de la diversité des pratiques car le fonctionnement de l’élevage laitier n’a pas été creusé lors des enquêtes. Or, même si la production laitière est récente et que le modèle technique adopté par les éleveurs semble relativement homogène, les pratiques d’élevage ainsi que les performances techniques sont loin d’être identiques entre tous les éleveurs. Des suivis d’élevage pourraient ainsi être conduits pour rendre compte de la diversité des pratiques et des performances techniques afin d’identifier des leviers d’amélioration utiles aux éleveurs (Choisis et al., 2008 ; Aubron et al., 2009).

5.1.2.2. Des facteurs locaux expliquant la diversité des exploitations laitières

Cette étude montre que le lait joue un rôle important dans les exploitations laitières à Ba Vi car il contribue au revenu et au travail des familles. Le lait assure un revenu par hectare élevé et régulier à ces éleveurs leur permettant de subvenir aux besoins de leur famille ainsi que d’investir dans leur exploitation (par exemple en achetant de nouveaux animaux), comme c’est le cas dans de nombreux pays du monde (Alary et al., 2011). Contrairement à d’autres études dans cette même zone (Hostiou et al., 2012), nos résultats montrent que la main-d’œuvre dans les exploitations laitières se compose exclusivement de la famille. Une seule exploitation sur 160 exploitations enquêtées utilise deux salariés permanents pour la production laitière. La production de lait assure donc un emploi à ces familles comme observé dans d’autres contextes de pays du Sud où la production laitière est également en pleine émergence, notamment dans des zones rurales pauvres (Duteurtre et Faye, 2009 ; Posadas-Dominguez et al., 2014 ; Salas-Reyes et al., 2015). Cependant le lait est une activité parmi d’autres pour la majorité de ces familles. Seul le type 5 et la ferme industrielle sont spécialisés. Les autres associent le lait à d’autres activités agricoles (porcs, volailles, cultures) et/ou non agricoles (salariat, commerce).

Des facteurs historiques et sociaux expliquent en partie les différences identifiées entre les types. Ainsi, les exploitations du type 5 « spécialisées en lait et intensives, avec un grand troupeau laitier » sont localisées sur les terres du Centre de recherche en élevage du district de Ba Vi. Ces éleveurs sont souvent des ouvriers de l’ancienne ferme d’État laitière ayant reçu en fermage des terres et des animaux après la fermeture de cette ferme au début des années 1990.

La grande taille des troupeaux observée aujourd’hui s’explique par cette histoire particulière. L’ethnie est également un facteur expliquant les disparités entre les différents types d’exploitations. Ainsi, les fermes possédant les plus petits troupeaux appartiennent à des Muong, une ethnie minoritaire au Vietnam originaire de la zone d’étude, qui pratique une agriculture plus traditionnelle et moins intensive, alors que les plus grandes exploitations sont gérées par des Kinh. Ces disparités ethniques dans le savoir-faire et la dotation en capital se retrouve dans d’autres contextes au Vietnam (Van de Walle et GuneWardena, 2001 ; Huyen et al., 2013).

La pluriactivité est pratiquée dans les types ayant un cheptel de plus petite taille (types 1 et 4) car elle est source d’emploi et de revenus pour ces familles, et les opportunités sont courantes à Ba Vi du fait de la proximité de la capitale Hanoi ainsi que de la présence d’activités industrielles et touristique porteuses d’opportunités économiques (Duteurtre et al., 2015).

5.1.2.3. Une diversité des types d’élevages laitiers au Vietnam qui reste à préciser

La typologie des exploitations laitières dans cette étude a été faite sur un petit échantillon, avec 160 ménages laitiers enquêtés dans 3 communes du district de Ba Vi, province de Hanoi. De plus, nous avons précisé d’une part dans la méthode que le type de questionnaire utilisé (questionnaire directif) n’avait pas pour objectif de rendre compte de la diversité des pratiques des exploitations laitières car l’entrée choisie a été d’analyser les capitaux de ces exploitations. Par conséquent, les critères utilisés pour la typologie et les 5 types d’exploitations laitières identifiés dans cette étude ne peuvent pas représenter toute la diversité des systèmes de production laitiers à travers le pays. Selon un recensement de 2014, 27 provinces sur 63 produisent du lait, et Ho Chi Minh-Ville possède le troupeau laitier le plus important. Vu les caractéristiques économiques, les conditions climatiques et naturelles diverses, les systèmes de production laitière de ces régions peuvent être différents de ceux de Ba Vi. Plus précisément, Hô Chi Minh-Ville a de nombreux traits distinctifs. Tout d'abord, beaucoup de producteurs laitiers ne disposent pas de terres, ils dépendent entièrement des aliments achetés. Deuxièmement, les races laitières sont diverses. Troisièmement, les services d’appui à l'élevage laitier sont bien développés tels que la traite avec des salariés, les coopératives d’élevage, etc. Enfin, il existe une diversité des modes de commercialisation du lait en raison

de la concentration des laiteries comme Vinamik, Dutch Lady, Foremost, Frisesland campina, Vixumik, Ba Vi Milk Company (Pham Duy Khanh, 2011). Quant à la province de Lam Dong, les conditions climatiques et les fourrages des hauts plateaux sont favorables à l’élevage laitier, de sorte que les pratiques d’élevage, ainsi que la gestion des effluents par les éleveurs sont également différentes de Ba Vi. Un autre exemple, dans le district de Moc Chau, province montagneuse de Son La, il existe un modèle de production où l'entreprise fournit tous les services techniques aux éleveurs tels que l’alimentation animale, le service vétérinaire, l'insémination, et elle collecte du lait auprès des producteurs.

Donc, pour caractériser la diversité des types d’exploitations laitières au Vietnam, il faudrait conduire des recherches et des enquêtes supplémentaires dans les différentes régions laitières afin de compléter les critères, et les modalités de certains, de la typologie. En outre, il faudrait également développer des méthodes et des fiches de collecte des informations sur les pratiques des éleveurs pour mieux analyser leur diversité ainsi que les performances techniques et économiques.