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Title: Diversity and sustainability of dairy farms in Vietnam

4. CHAPITRE 4 - Les trajectoires des exploitations laitières du district de Ba Vi

5.1. Une démarche mobilisant une approche synchronique et diachronique pour aborder les perspectives de développement de l’élevage laitier

5.1.3. L’évaluation de la durabilité des exploitations

5.1.3.1. La méthode d’évaluation de la durabilité

La méthode mobilisée dans la thèse pour évaluer la durabilité des exploitations à un instant donné (2013) s’est basée sur une approche scientifique pour définir des indicateurs à partir de la bibliographie et d’entretiens avec des experts. Des méthodes pour évaluer la durabilité des exploitations se basent sur un plus grand nombre de critères de durabilité et sur une construction participative avec les acteurs agricoles et des territoires (Lairez et al., 2015). Une évaluation de la durabilité en intégrant davantage les acteurs dans le processus de sélection des indicateurs et des critères, que ces acteurs soient éleveurs ou des territoires (responsables d’association, représentants politiques), par exemple via des focus group, permettrait de compléter les indicateurs par rapport à leurs propres expériences et attendus.

5.1.3.2. Des indicateurs de durabilité à adapter au contexte régional de la production laitière et aux caractéristiques des exploitations laitières

L’analyse de la durabilité dans cette étude s’est basée sur 10 indicateurs (5 indicateurs économiques, 2 indicateurs environnementaux et 3 indicateurs sociaux) et sur les enquêtes des 160 exploitations laitières dans les trois communes du district de Ba Vi. Par conséquent, ces indicateurs ne sont pas forcément adaptés au niveau national. Dans d'autres régions du pays, la durabilité des exploitations laitières peut dépendre d'autres critères qui sont mis en discussion dans cette partie.

a) Indicateurs d’évaluation de la durabilité environnementale

Dans cette étude, nous nous sommes servis de deux indicateurs d’évaluation de la durabilité environnementale (Montant total des achats d’herbicides pour la surface fourragère, et Montant total des achats d’engrais (NPK) pour la surface fourragère). Ces deux indicateurs ont été sélectionnés car la pollution des sources d'eau et des terres agricoles au Vietnam augmente ces dernières années en raison de leur utilisation dans les systèmes agricoles (Nguyen Trung Dung, 2014 ; World Bank, 2016). Ces deux critères sont nécessaires et réalisables pour les éleveurs ayant des terres fourragères à Ba Vi. Cependant, pour ceux qui n’ont pas de terres et qui achètent du fourrage pour leur élevage laitier, ces deux indicateurs ne permettent pas d’analyser la durabilité environnementale. De nombreux indicateurs environnementaux plus directs, comme la qualité des sols, de l’eau ou encore de l’air, requièrent de mettre en place des protocoles de mesure et de collecte de données assez lourds et difficilement réalisables au vu des moyens financiers et humains nécessaires. Des indicateurs opérationnels sont à proposer, comme par exemple pour la gestion des effluents d’élevage (utilisation de méthaniseur, utilisation comme fertilisant pour les cultures) (Chang et al., 2015).

b) Indicateurs d’évaluation de la durabilité sociale

Dans cette étude, nous avons utilisé le temps de travail dans la production laitière, car cela est un défi pour les exploitations laitières vietnamienne ainsi que dans les pays du Sud (Hostiou et al, 2012 ; Chand et al., 2015). L’évaluation de la durabilité sociale pourrait s’ouvrir à d’autres indicateurs qui s’avèrent pertinent pour des exploitations laitières familiales dans les

pays du Sud : la qualité de vie (par exemple par les capacités des éleveurs à prendre ou non du temps libre), les conditions de vie (habitat, localisation, etc.) (Salas-Reyes et al., 2015). Des indicateurs sur la pénibilité physique du travail pourraient aussi être proposés : les charges/poids portés par les travailleurs du fait d’un travail essentiellement manuel, partage des tâches pénibles physiquement entre les travailleurs (Chand et al., 2015).

Un autre indicateur est actuellement une préoccupation au Vietnam, et qu’il faudrait donc prendre en compte : c’est la sécurité sanitaire laitière et la confiance par les consommateurs vis-à-vis de fraudes sur la qualité (crise de la mélanine) (ce n’est pas la qualité du lait) dans les exploitations. Cependant, en raison de difficultés dans la collecte des données sur le terrain, cet indicateur n’a pas été mobilisé dans cette étude. Plus précisément, les producteurs ne prennent pas de notes sur la sécurité sanitaire laitière, de sorte que nous n'avons pas de données pour analyser cet indicateur. En outre, le monopole des entreprises laitières pour le contrôle de ces informations est également un défi pour assurer l'objectivité de la sécurité sanitaire de lait des exploitations. Donc, pour obtenir cet indicateur, il faudrait un suivi et des analyses dans un laboratoire indépendant afin d'assurer des résultats objectifs et exacts.

c) Indicateurs d’évaluation de la durabilité économique

Dans cette thèse, j’ai mobilisé trois indicateurs sur la marge brute pour évaluer la durabilité économie de l’exploitation laitière : la marge brute totale de l’atelier laitier de l’exploitation, la marge brute par main-d’œuvre et la marge brute par surface. Ces trois indicateurs ont été choisis à partir de la bibliographie des études et de discussions avec les experts et les éleveurs. Pour calculer la marge de brute de l’atelier laitier, j’ai adapté les calculs proposés par Chambre d’agriculture en France (Marge brute l’atelier laitier = Produit atelier lait - Charges opérationnelles).

La bibliographie a montré de multiples critères pour évaluer la durabilité économique des exploitations. Par exemple, les coûts de production sont un moyen d’estimer la durabilité des fermes laitières, et seraient plus pertinents que le revenu total des fermes. Des coûts de production élevés rendent l’entreprise moins rentable, affectant négativement leur durabilité (Chand et al., 2015). Toutefois, nous avons rencontré beaucoup de difficultés pour calculer les indicateurs de

durabilité économique en raison du manque des données car les éleveurs n’ont pas de comptabilité et ne gardent pas trace des factures. En effet, de nombreux éleveurs ne se souviennent pas des frais engendrés dans le passé (construction et réparation des étables, électricité pour l’atelier laitier car il y a un seul compteur pour la famille et l’élevage, amortissement du troupeau, etc.). Par contre, les éleveurs peuvent fournir les frais sur un cycle de production annuel, comme par exemple les frais pour l'alimentation, les vétérinaires, les salariés.