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1.3.4. Quels modèles laitiers familiaux dans un contexte incertain et d’accroissement des volumes produits ?

1.3.4.1. La diversité et les transformations des exploitations laitières familiales

a) Diversité des formes d’élevage laitier familial

L’élevage bovin laitier au Vietnam se base actuellement sur des exploitations laitières familiales. Toutefois, les exploitations sont différentes selon les formes d’association avec les acteurs dans la filière laitière, et le niveau d’intensification dans la production laitière. Duong Van Hieu (2001) a montré la diversité des exploitations laitières. Elles diffèrent selon les systèmes d’activités agricoles, le niveau de spécialisation dans le lait. Concrètement, il y a trois modèles d’élevage laitier principaux dans le Nord du Vietnam :

x L’exploitation laitière « mixte » correspond aux exploitations avec de la diversité dans les activités. Le revenu de la production laitière varie de 28 – 48% par rapport au revenu total de de la famille ;

x L’exploitation spécialisée laitière correspondant aux exploitations avec peu de diversité dans les activités agricoles. Le revenu de la production laitière représente de 65 à 67% du revenu total de la famille ;

x La « ferme laitière » dont le revenu de la production laitière représente plus de 74% du revenu total. D’autre part, ces trois modèles diffèrent du point de vue des ressources de production, de la main-d’œuvre et de la structure du revenu (Duong Van Hieu, 2001).

Pham Duy Khanh (2010) a caractérisé trois types d’exploitations laitières dans un commun de Tan Linh, dans le district de Ba Vi à proximité de Hanoi. Ces types d’exploitations sont différents en termes de ressources de production, d’organisation du travail et d’efficacité économique (Pham Duy Khanh, 2010).

Nguyen Viet Khoi (2014) a quant à lui montré trois types d’exploitations laitières familiales selon les relations entre les éleveurs et les acteurs de la filière laitière :

x L’exploitant indépendant : Ils achètent des vaches et les nourrissent sans appui des laiteries, et vendent eux-mêmes leur lait. Certains d’entre eux ouvrent de petits magazins pour vendre directement le lait frais aux consommateurs, comme c’est le cas de Ba Vi. La chaîne de valeur dans ce cas est assez courte et le producteur de lait gagne la totalité de la valeur ajoutée. Cependant, le nombre d'éleveurs concernés est faible parce que rares sont les agriculteurs qui peuvent accéder au marché facilement et en tirer profit.

x L’exploitant sous contrat : Ce type est le plus populaire et devient le symbole de la coopération entre l'agriculteur et le transformateur. Avec le contrat, les éleveurs reçoivent les veaux laitiers ou bovins laitiers, les aliments, les produits sanitaires du transformateur de lait. Ces éleveurs élèvent les vaches sur leur propre terre et vendent leur lait au même transformateur. Dans ce cas, les éleveurs jouent un rôle d'assemblage

(ils travaillent comme les salariés) et ne gagnent que le profit d'assemblage, qui est généralement faible. Ce type exploitation laitière apparaît à Ho Chi Minh-Ville ; x L’ouvrier agricole pour les grandes exploitations agricoles (ferme étatique): Ils ne possèdent pas de terres et ils doivent louer la terre de la ferme étatique. Ils reçoivent également des veaux laitiers, les aliments pour les vaches, des produits sanitaires par la ferme étatique. Ils doivent vendre leur production laitière à la ferme étatique, comme par exemple dans les cas des exploitations de Ba Vi et Moc Chau, au nord du pays.

b) Les transformations des exploitations laitières au Vietnam

Globalement, les données statistiques du GSO ont montré l’augmentation du nombre de fermes laitières et du nombre de bovins laitiers sur les fermes laitières de 2001 à 2011 (tableau 9). En effet, de nombreuses fermes laitières avec plus de 30 vaches, ou plus de 1000 vaches apparaissent.

Tableau 9 - Nombre d’exploitations laitières selon la taille du cheptel bovin (2001, 2011) Taille

(bovins

laitiers/exploitation)

Nombre d’unités laitières totales (exploitations)

Nombre de bovins laitiers total (bovins)

Année 2001 Année 2011 Année 2001 Année 2011

[1-2] 8035 24184 11780 32210 [2-10] 5896 11425 28061 58827 [10-30] 364 2371 5821 39403 [30-100] 16 183 728 7871 [100-300] 1 7 110 815 [300-1000] 0 0 0 0 [1000 & +] 0 5 0 8818

Source : Nguyen Mai Huong, 2016

Cependant, les données statistiques de la province de Ho Chi Min où se concentre 60% des bovins du pays mettent en avant la diminution du nombre d’exploitations laitières ces dernières années, alors que la taille de la production laitière par exploitation augmente (nombre de bovins et surface fourragère) (tableau 10).

Tableau 10 - L’évolution du nombre d’exploitations laitières, de la taille du cheptel bovin par exploitation et du rendement laitier dans la province de Ho Chi Minh de 2005 à 2012

Année

Critères

2005 2007 2009 2011 2012

Total de bovins laitiers 56.162 60.645 77.100 82.281 89.800 Nombre de vaches laitières 27.092 35.545 42.366 41.000 41.973 Production laitière totale (tonne/an) 129.000 175.000 218.322 219.186 231.483 Surface fourragère (ha) 1.889 2.226 2.637 3.929 4.000 Nombre d’exploitations laitières 8.728 8.675 8.908 8.128 8.262 Nombre bovin/exploitation 6,43 6,99 8,66 10,12 10,87 Rendement moyen lait

(kg/vache/an) 3.979 4.923 5.403 5.475 5.515

Surface fourragère par exploitation

(ha) 0.22 0.26 0.29 0.48 0.48

Source: DARD Ho Chi Minh, 2014

En effet, le nombre limité de statistiques au Vietnam ne permet pas de produire d’autres connaissances sur la dynamique des exploitations laitières du pays. L’office national de statistiques collecte (GSO) des informations deux fois par an. En plus, les enquêtes abordent essentiellement des critères quantitatifs (le nombre de bovins, la production laitière…), sans prendre en compte des données plus qualitatives sur les stratégies des paysans, les interactions entre les systèmes de production, le marché et les politiques de l’État par exemple. L’autre problème avec ce type de données est que les informations collectées dans les exploitations ne sont pas les mêmes au fil du temps. Il est donc difficile d’analyser et d’interpréter la dynamique individuelle des exploitations sur le temps long.

La bibliographie a montré les dynamiques des exploitations laitières suivantes :

x Changement de race du cheptel bovin laitier : Les données statistiques du

Département de l’Élevage montrent l’augmentation de la proportion de bovins exotiques dans le cheptel laitier national de 2001 à 2013. En effet, le pourcentage de bovins exotiques a augmenté de 5% en 2001 à 30 % en 2013. Par contre, le pourcentage de bovins croisés (Holstein Friesian x Sind) a diminué de 95% en 2001 à 70 % en 2013 (DLP, 2015).

x Changement du rendement de lait : Le rendement laitier moyen des vaches

laitières du Vietnam a augmenté au cours de ces 20 dernières années. En effet, le rendement laitier moyen des vaches a augmenté de 2190 kg/cycle de lactation, à 3130 kg/cycle de lactation en 2000, et est passé à 3740 kg/cycle de lactation en 2006 (Dinh Van Cai, 2009). Selon les données, le rendement laitier moyen est de 5600 kg/cycle de lactation pour les vaches Holstein Friesian, tandis que le rendement laitier moyen pour les vaches croisées est 4288 kg/cycle de lactation (DLP, 2014). Une étude réalisée à Ba Vi par Tang Xuan Luu en 2010 a montré également l’augmentation du rendement laitier des vaches de 2006 à 2008. L'un des facteurs explicatifs est parce que le prix du lait a augmenté : les éleveurs ont donc investi plus pour nourrir les vaches (Tang Xuan Luu, 2010).

x Changements des équipements et des étables : Les résultats d’enquêtes

réalisées par le Rudec en 2011 ont montré l’augmentation du niveau de mécanisation. Concrètement, le pourcentage d’exploitations laitières utilisant la machine à traire en 2011 a augmenté de 5,8% par rapport à 2009, tandis que le pourcentage d’exploitations laitières utilisant la faucheuse en 2011 a augmenté de 4,2% (Rudec, 2011). Des étables modernes sont également apparues : 100 % des exploitations laitières sur l’échantillon de 110 exploitations laitières enquêtées utilisent les étables traditionnelles pour les vaches. Ce modèle ne permet pas de maitriser la température ambiante des fermes. Cependant, en 2011, il est apparu un certain nombre d’exploitations laitières qui ont des étables modernes pour les vaches, avec la régulation de la température grâce à

l’utilisation des technologies (Rudec, 2011). Le pourcentage d’exploitations laitières utilisant la méthanisation, produisant du biogaz, pour traiter les déchets des animaux a augmenté de 9.7% en 2011 à 12.7 % en 2014 (DLP, 2014).

x Changement d’alimentation pour les vaches : Globalement, on a mis en

évidence le changement d’alimentation des vaches dans les exploitations laitières au cours du temps. Au début des années 2000, lorsque l’élevage laitier a démarré sur les exploitations autour de la ville de Hanoi, la plupart des éleveurs ont utilisé les sous-produits agricoles pour les bovins parce qu’il y avait peu d’usines d’aliments. Cependant, actuellement, la plupart des agriculteurs achètent des aliments concentrés vendus sur le marché. Nguyen Ngoc Son (2015) dans une étude sur 96 exploitations laitières dans la province de Soc Trang a montré que 100% des exploitations laitières achètent le concentré pour les vaches vendues sur le marché (Nguyen Ngoc Son, 2015). Depuis ces trois dernières années, on a vu l’apparition de nouvelles technologies de transformation de l’alimentation telle que la ration complète mélangée TMR (Total Mixed Ration) pour les vaches, dans certaines régions comme Moc Chau et Ho Chi Minh. Avec l’alimentation sous forme de TMR, les éleveurs ne doivent pas utiliser l'herbe verte pour le bétail comme avant.