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C. Deuxième tentative d’analyse : le classement par mots clés

II) La définition de l’expression « nouvelle économie »

a) Une définition problématique

L’expression « nouvelle économie », expliquent les journalistes, est la traduction mot à mot de « new economy » : L’insistance sur le caractère américain de l’expression passe souvent par son emploi en version originale : « Cette “new economy”, longtemps raillée par les

analystes dits sérieux, se construit autour de deux tendances de fond : la mondialisation et l'explosion de la haute technologie (informatique, télécommunications, Internet, commerce électronique, biotechnologies...) »188. Les périodiques français ne s’accordent pas entre eux sur la date où elle est utilisée pour la première fois : « La “nouvelle économie” est une expression

inventée aux États unis à la fin des années 90 »189 nous annonce Le Figaro, elle est née en 1994 précise Le Monde Diplomatique190. Libération affirme, quant à lui : « Le mot est né en

décembre 1996 aux États-Unis »191.

La paternité de l’expression ne fait pas non plus l’unanimité. Le plus souvent, les auteurs des articles de notre corpus l’attribuent à des journalistes192. Elle ne témoignerait que de l’absurde recherche de la « nouveauté » qui les obsède comme en témoigne également la « nouvelle vague », la « nouvelle cuisine », la « nouvelle histoire », la « nouvelle critique », les « nouveaux pauvres », le « nouvel humanisme », etc.193. Pour quelques rares auteurs ce sont les industriels ou les hommes politiques194 qui sont à son origine. Sa « mise en circulation » est dans tous les cas le résultat d’initiatives individuelles indépendantes du monde

188

LESER Éric, « Les sirènes de la “nouvelle économie” », Le Monde, 29 juillet 1999, p. 1, Horizons - Analyses, Débats.

189

BENTEGEAT Hervé, « Nouvelle économie : le défi du XXIe siècle », Le Figaro, 21 mars 2000, p. II.

190

MATTELART Armand, « Comment est né le mythe d'Internet », Le Monde Diplomatique, août 2000, p. 26.

191

DE FILIPPIS Vittorio, LAMPRIERE Luc, MAURIAC Laurent, « L'Amérique imagine l'expansion permanente », Libération, 7 juin 1999, p. 26, Économie.

192

Les auteurs attribuent le plus souvent à Business Week ou Wired la paternité de l’expression DE FILIPPIS Vittorio, LAMPRIERE Luc, MAURIAC Laurent, « L'Amérique imagine l'expansion permanente », Libération, 7 juin 1999, p. 26, Économie.

193

Sur ce sujet : FEUTRY Alain, « Le Bon Français Nouveau », Le Figaro, 30 décembre 1999, p. 30, Culture.

194

« Ce dernier, sans être un utilisateur chevronné d'Internet, se dit depuis quelques mois un adepte de la “New economy” (concept apparu pour la première fois dans les discours officiels en 1994, pour se généraliser à partir de 1997) » in DELATTRE Lucas, « De la “nouvelle économie” à la “nouvelle société” », Le Monde, 6 mai 2000, p. 1, Horizons - Analyses.

universitaire. La question de la paternité de l’expression n’est pas mieux résolue en dehors de la presse. Le concept de « nouvelle économie » n’est pas tenu pour scientifique par les spécialistes qui lors des colloques ou des publications insistent sur le flou de l’expression répandue dans les médias, sur le manque de rigueur qui a prévalu à son adoption. Par

exemple, la problématique du colloque intitulé « Nouvelle Économie : Théories et

évidences », organisé par l’ADIS195 en 2001 était la suivante : « On connaît l'origine

journalistique du terme “nouvelle économie”. On sait aussi qu'elle ne veut pas dire grand chose, ou, ce qui revient au même pour un chercheur, désigne trop de choses pour être une notion pertinente. Simultanément, il n'y a pas de fumée journalistique sans feu scientifique. Le débat médiatique sur la "nouvelle économie", classiquement composé d'une séquence paroxistique et d'une réaction dépressive, peut être pris comme le symptôme de réelles et profondes transformations économiques dont la nature n'est pas encore clairement perceptible en raison de leur caractère émergent ». Le flou de l’expression est également

perceptible quand dans un livre publié par le Conseil économique, chaque auteur prenant du temps pour redéfinir ce qu’il entend par « nouvelle économie »196. Ces questions, qui sont sources de polémiques sans fin, ne sont bien sûr jamais résolues197. Elles mobilisent l’attention et évacuent des discussions autrement plus délicates sur la définition de la « nouvelle économie ».

Étrangement, le sens de l’expression est supposé connu dès octobre 1999, alors même que les articles sur le sujet ne sont pas très nombreux. A cette date, Le Monde utilise déjà « nouvelle économie » dans ses titres sans se sentir obligé de la définir198. Cependant le plus souvent, les auteurs tentent de lui assigner un sens. Leurs tentatives se retrouvent sur toute la période de temps considérée. Aucune des définitions n’arrive à s’imposer. Les auteurs, toujours insatisfaits, jugent nécessaire de la redéfinir jusqu’à la fin de l’année 2000. Les définitions sont, pour tous, trop floues, trop restrictives ou à sens variable. Les journalistes mettent en

195

Analyse des Dynamiques Industrielles et Sociales à Sceaux les 17 & 18 mai 2001

196

CONSEIL D'ANALYSE ECONOMIQUE, Nouvelle économie, Paris : la Documentation française, 1998, 251 p.

197

Les questions sur le sujet sont loin d’intéresser les médias seuls. De nombreux ouvrages essayent de déterminer les valeurs qui l’entourent (sur l’influence des courant des logiciels libres et les aspirations libertaires des premiers informaticiens en particulier voir FLICHY Patrice, « Genèse du discours sur la nouvelle économie aux Etats-Unis », Revue Économique, octobre 2001, vol. 52, Numéro Hors série, Dossier Economie de l’Internet, p. 379-399).

Sur son apparition et sa mise en concurrence avec d’autres expressions, comme « autoroutes de l’information » pour désigner un monde gagné par les innovations technologiques (BRETON Philippe, PROULX Serge, L’explosion de la communication : A l’aube du XXIe siècle, Paris : La Découverte, 2002, 389 p., Collection Sciences et société).

198

LEMAITRE Frédéric, « Adapter les sociétés à la nouvelle économie », Le Monde, 19 octobre 1999, p. 8, Tribunes.

cause, l’incapacité des « économistes » à s’entendre entre eux : leurs débats « n'offrent pas,

[…] une réflexion aboutie sur ce qu'est la nouvelle économie, sur ses ressorts et sur son devenir »199. Ils « sèment leur(s) définition(s) de cette nouvelle économie au gré de leur

article. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les approches divergent »200. Inversement, les auteurs non-journalistes regrettent l’insuffisante formation économique des journalistes. Ce regret est cependant le plus souvent exprimé discrètement sans designer l’agent responsable ainsi que le fait Patrick Artus dans Libération : « Assez souvent, la nouvelle

économie est confondue avec ses manifestations les plus visibles mais les moins intéressantes, comme les entreprises de commerce de détail sur l'Internet ou la multiplication des téléphones portables »201.

(1) Une notion floue

Les premières définitions reprennent celle du magazine américain Business Week en

décembre 1996202 ou celle de Wired203. La « nouvelle économie » présente trois

caractéristiques :

1. C’est une économie globale qui se diffuse dans le monde entier. Elle est

appelée à devenir omniprésente et universelle.

2. Elle privilégie les objets immatériels, (productions intellectuelles et traitement de l’information). Elle porte moins sur les biens que sur les services.

3. Interconnectée, elle repose sur la mise en place de réseaux.

L’ambiguïté de la « définition » vient du choix des adjectifs : « globale », « immatériels », « interconnectée ». Les qualificatifs employés sont vagues mais ces définitions ont le mérite de ne faire appel à aucun terme technique incompréhensible aux profanes, ou du moins d’être

199

LEMOINE Philippe, « Qu'est réellement la nouvelle économie ? », Le Monde, 4 juillet 2000, p. 7, Tribunes.

200

MARTIN Jacques-Olivier, « Mondialisation : l'impact de la nouvelle économie », Le Figaro, 18 décembre 2000, p. 8, Livres

201

ARTUS Patrick, « La “vraie” nouvelle économie », Libération, 30 octobre 2000, p. 6, Rebonds.

202

Par exemple, dans Libération : « Le mot est né en décembre 1996 aux États-Unis. "Le triomphe de la nouvelle économie” titrait alors Business Week. "Depuis début 1995, le marché a progressé d'un retentissant 65 %. Le marché est-il fou? Pas vraiment", écrivait l'hebdomadaire qui voit dans la vigueur de la Bourse "l'émergence d'une nouvelle économie bâtie sur les marchés globaux et la révolution informatique” » in FILIPPIS Vittorio, LAMPRIERE Luc, MAURIAC Laurent, « L'Amérique imagine l'expansion permanente », Libération, 7 juin 1999, p. 26, Économie.

203

Et de son rédacteur en chef Kevin KELLY qui, en septembre 1997, affine sa description de la nouvelle économie dans un article intitulé : « New Rules for the New Economy » devenu un livre, New Rules for the New Economy, Viking Press, 1998.

appréhendées comme telles. Elles parlent à tous le langage simple de l’évidence et du bon sens, à la différence des définitions de l’ « ancienne économie » qui utilisaient volontiers des termes abscons (efficacité marginale des facteurs de production, propension à consommer, etc.).

Cette clarté, dont les auteurs se targuent, est pourtant trompeuse : qu’est-ce qu’une « économie globale » ? Qu’est-ce qui se diffuse dans le monde entier ? La réponse, différente pour chacun, n’alimente pas de controverses puisque les termes employés appartiennent au langage courant. Ce flou persiste au cours du temps sans que cela gêne les journalistes de

Libération, quotidien qui se fait une spécialité de ces définitions techniques vagues : « Une économie fluidifiée par les réseaux électroniques. C’est la définition la plus simple de la

“nouvelle économie” » nous explique-t-il ainsi204.

Les auteurs ont parfois conscience que « la notion de nouvelle économie est très confuse,

puisqu'on regroupe sous ce terme à la fois les nouvelles technologies (l'Internet), les différents usages de ces derniers (commerce en ligne, par exemple), les récents et surprenants développements macro-économiques (croissance durable non inflationniste aux États-Unis) et les changements dans l'organisation des entreprises (multiplication des start-up, flexibilité et adaptabilité dans les grandes entreprises) »205. Mais paradoxalement, ils considèrent dans le même temps que les définitions données sont souvent trop restrictives : « La définition utilisée

aujourd'hui est très étroite […]. Un changement bien plus profond est en train de se produire »206.

Ce flou de la définition est peu gênant puisque les auteurs insistent plus sur les conséquences matérielles de la « nouvelle économie » plutôt que sur les « concepts » ou la « théorie » qui sous-tendent l’expression207

.

(2) Une expression polysémique et nébuleuse

En fait l’expression prend un sens variable dans les articles. En France, comme aux États- Unis208, « nouvelle économie » désigne trois réalités connexes mais différentes :

204

FILIPPIS Vittorio, LAMPRIERE Luc, MAURIAC Laurent, « Sept vertus capitales : les réseaux électroniques génèrent des règles neuves », Libération, 7 juin 1999, p. 26, Économie.

205

ARTUS Patrick, « La “vraie” nouvelle économie », Libération, 30 octobre 2000, p. 6, Rebonds.

206

MAURIAC Laurent, LATRIVE Florent, « “Il n’y aura plus de marché, juste des réseaux” », Libération, 29 septembre 2000, p. 26 - 27, Économie.

207

Seuls les articles de fond s’interrogent plus ou moins longuement sur les possibilités d’une définition théoriques de la nouvelle économie.

« Nouvelle économie » est entendue comme la partie de l’économie consacrée à l’exploitation et au développement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la

Communication (NTIC). Elle est alors synonyme de « Net-économie » ou même

d’« E-commerce » et plus généralement d’internet : « Il se passe donc quelque chose ? La

réponse tient en ces mots : “nouvelle économie” ou “net économie”. Autrement dit : l'infiltration de l'Internet dans tous les circuits économiques, du travail à la consommation, en passant par la distribution, la finance, le marketing, le recrutement, etc. »209. Cette définition est celle que l’on retrouve le plus souvent dans les périodiques français. C’est « la définition

étroite de la nouvelle économie, celle selon laquelle l'arrivée d'Internet n'est qu'un facteur d'accroissement de productivité pour les entreprises »210. « Nouvelle économie », employée dans ce sens est fréquemment remplacée par : « net économie », « économie des réseaux »211,

« e-commerce », « commerce électronique », « économie d’internet » ou même

« cyberéconomie »212.

Parfois parler de « nouvelle économie » équivaut à décrire une véritable révolution économique et technologique. Engendrée par la diffusion des NTIC, les performances économiques étonnantes des États-Unis en seraient le premier symptôme (mais pas le seul)213. Cette acception développe une véritable thèse économique affirmant l’émergence d’un régime de développement nouveau. « la révolution est en marche : celle de la “nouvelle économie”

qui nous fait passer d'un système de production à un autre, qui mettra en jeu, n'en doutons pas, la place relative de nos pays dans l'économie-monde, et qui peut, à l'intérieur, bouleverser les rapports sociaux »214

. L’expression a ce sens le plus souvent lors d’une 208

Bernard Paulré a fait ainsi une analyse des acceptions différentes de « new economy » dans les medias américain. Voir PAULRÉ Bernard, « Is the New Economy a Useful Concept ? », SSRN Electronic Library, http://papers.ssrn.com/, 2000.

209

MAURIAC Laurent, « Les bouleversements de 1999 », Libération, 27 décembre 1999, p. 23.

210

DELANGLADE Sabine, « Pourquoi le Nasdaq chute », L’Express, 14 décembre 2000, p. 182, Actualité.

211

Le terme de « réseau » a une grande place dans les définitions de la nouvelle économie :

« Dans la nouvelle économie en réseau, l'accès à des données privées d'ordre existentiel, telles que le style de vie ou les pratiques de consommation de tel ou tel individu, devient une marchandise convoitée et une forme d'actif immatériel fort recherchée » in MANDARD Stéphane, « Enquête : A bas Big Brother ! », Le Monde, 1er novembre 2000, p. 1, Les Nouvelles Technologies.

« Les grands conglomérats ont tellement misé sur la capacité de créer une “nouvelle économie”- une économie du réseau - qu'ils risquent, par l'imposition de leur "modèle", d'assécher toutes les formes qui ne lui sont pas compatibles » in QUEAU Philippe, COUBARD Jacques, « L'utopie Internet est mise en péril », L’Humanité, 25 janvier 2000, p. 30.

212

LAMRANI Okba, « La “nouvelle économie” confisquée par la Bourse », L’Humanité, 5 avril 2000, p. 4, Plus loin que les faits.

213

IZRAELEWICZ Erik, MARTI Serge, « Davos dessine " un monde flottant " », Le Monde, 4 février 1999, p. 15, Horizons - Analyses.

214

comparaison avec un phénomène économique historique identique : « Pour les gouvernements, membres de l'Europe des Quinze, la nouvelle économie n'est donc pas seulement une révolution de l'électronique, de l'informatique et d'Internet, c'est une révolution de la connaissance, ce qui va beaucoup plus loin et plonge dans les racines culturelles des civilisations dont procède l'Europe »215.

« Nouvelle économie » peut aussi désigner quelques performances et traits originaux de l’économie actuelle des États-Unis qui n’impliquent pas nécessairement un changement structurel profond, définitif et vertueux de l’économie américaine216. Son emploi « est la

manifestation d’une position intermédiaire et distanciée, non réfractaire et prudente »217. Elle permet de mettre en valeur le rôle déterminant des États-Unis dans la bonne marche de l’économie mondiale, tout en ne s’engageant peu sur son futur.

Ces trois sens (et les définitions qui les accompagnent), se retrouvent pêle-mêle dans les périodiques selon les journalistes et les experts interviewés. Les trois acceptions sont parfois mêlées dans un seul et même article. Pour La Croix, la « nouvelle économie » est « un vecteur

de l'entreprise étendue [...] c'est aussi une économie de flux tendus, de la production sur mesure à partir d'outils flexibles […]. c'est encore une nouvelle génération de biens de consommation numériques […], c'est enfin et surtout une révolution dans l'acte commercial, dans le service rendu au client218

.

Il n’existe pas de politique éditoriale claire sur la question, même si l’on remarque que Le

Monde est enclin à définir la « nouvelle économie » en se référant à la longue croissance

américaine et Libération à insister davantage sur l’impact d’internet et sur l’explosion boursière.

b) Le vocabulaire utilisé

215

PUEL Hugues, « La nouvelle économie façonne l'Europe», La Croix, 27 juin 2000, p. 22.

ou c’est « une révolution informationnelle » in LAMRANI Okba, « Internet nouvelle frontière de l'économie? », L’Humanité, 15 janvier 2000, p. 14, Décryptage.

216

« Plus que jamais, les pays développés regardent l'Amérique et s'interrogent sur un éventuel "nouveau modèle"» in DE FILIPPIS Vittorio, LAMPRIERE Luc, MAURIAC Laurent, « L'Amérique imagine l'expansion permanente », Libération, 7 juin 1999, p. 26, Économie.

217

PAULRE Bernard, « La New economy : un simple boom d’investissement ? », C.N.R.S économie, n° 8595.

218

Les difficultés à définir la « nouvelle économie » se répercutent dans le domaine lexical. Les verbes, adjectifs, syntagmes nominaux, qui entourent l’expression, appartiennent à différents champs sémantiques.

(1) Les verbes

Les verbes métalinguistiques caractéristiques de l’opération de définition, tels que « vouloir dire » ou « signifier », sont rares sous la plume des auteurs de notre corpus219. Ceux-ci préfèrent recourir à des « énoncés définitoires ordinaires »220, comme les appelle Riegel (1999). Ils se servent de verbes comme :

- « se construit autour de » : « La nouvelle économie se construit autour de deux

tendances de fond : la mondialisation et l'explosion des technologies de l'information (informatique, télécommunications, Internet, commerce électronique...) »221.

- « est issue de » : « La “nouvelle économie”, issue de la révolution Internet et de la

mondialisation des marchés a créé des Thénardier âpres au gain et a laissé sur le bord des autoroutes de l'information de nouvelles Cosette »222.

- « se caractérise par » : « La nouvelle économie est-elle caractérisée essentiellement

par l'accélération des transactions entre les agents économiques ? »223 ou « La nouvelle

économie se caractérise par une nouvelle matière première - l'information -, par une nouvelle source d'énergie - la capacité de traitement de cette information par les ordinateurs - et par un nouveau moyen de transport - l'Internet »224.

- « se traduit par »: « En fait, on pourrait dire que la “nouvelle économie” se traduit,

en système capitaliste, par un partage brutal des coûts et surtout par la confiscation des résultats de la recherche développement et des potentialités de la révolution informationnelle aux seuls profits des dividendes des actionnaires »225

.

219

Martin Riegel relève que « lorsqu’il est amené à définir un mot [...] le locuteur ordinaire a rarement, sinon jamais, recours à des énoncés ouvertement métalinguistiques […] dont le verbe pivot (désigner, être le nom de, signifier, avoir le sens de etc.) identifie le mot en emploi autonymique à ce qu’il désigne ou à ce qu’on appelle son signifié », p. 97 in RIEGEL Martin, « La définition “naturelle” », La définition /éd. par Centre d'études du lexique (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis), Paris : Larousse, 1990, 303 p. , Collection Langue et langages.

220

Ibid.

221

Anonyme, « Le triomphe de l'Internet », Le Monde, 12 janvier 2000, p. 15, Editorial.

222

TEULON Frédéric, « Les nouvelles inégalités », La Croix, 12 décembre 2000, p. 23, Libre Opinion.

223

LAMRANI Okba, « La “nouvelle économie” confisquée par la Bourse », L’Humanité, 5 avril 2000, p. 4, Plus loin que les faits.

224

MAURIAC Laurent, « Un capitalisme en accès libre », Libération, 29 novembre 1999.

225

LAMRANI Okba, « Internet nouvelle frontière de l'économie ? », L’Humanité, 15 janvier 2000, p. 14, Décryptage.

- « est fondée sur » : « Des stratégies pour l'emploi […] doivent donc être complétées

et dépassées par un effort intense d'adaptation à la nouvelle économie, qui est fondée sur les technologies modernes de l'information et de la communication »226.

- « est bâti sur » : « Effectivement, nombre d'experts américains affirment que la

"nouvelle économie” est bâtie sur ce modèle »227.

- « est basée sur »: La « nouvelle économie » est « basée sur la révolution numérique

et ses dérivés »228.

- « repose sur » : « La nouvelle économie repose aussi sur un nouvel esprit

d'entreprise, un “nouvel entreprenariat” »229.

L’emploi de ces verbes donne une impression d’évidence : la « nouvelle économie » existe, elle est concrète puisque bâtie, construite, fondée, etc. C’est ainsi que pour P. Brachet « la

nouvelle économie consiste à réduire les coûts […] pour augmenter les dividendes des actionnaires »230. Les auteurs donnent comme équivalence des relations d’inclusion, en

employant par exemple la tournure « c'est-à-dire » : « La nouvelle économie - c'est-à-dire les

principaux gisements de croissance et donc de création d'emplois dans la France d'aujourd'hui et de demain - n'est pas, en effet, vouée par nature à se concentrer sur Paris, en aggravant une centralisation à l'évidence excessive »231). Ils font ainsi entrer « nouvelle économie » dans une catégorie et par ce moyen lui donnent un sens232. L’extrême diversité de ces équivalences est frappante : la « nouvelle économie » est une partie de la théorie économique (c’est une « économie de l'offre »233), un rêve (« la nouvelle économie est une

aspiration mondiale liée aux immenses potentialités de la révolution informationnelle en matière de libération de l'initiative personnelle et de la créativité »234

), un devenir (« la

226

PLOQUIN Jean-Christophe, « L'UE vise une croissance durable et partagée. », La Croix, 24 mars 2000, p. 15, Économie-Finances.

ou « La réunion du Conseil européen qui s'est tenue à Lisbonne les 23 et 24 mars dernier s'est efforcée de relever les défis de la nouvelle économie fondée sur la connaissance » in PUEL Hugues, « La nouvelle économie façonne l'Europe », La Croix, 27 juin 2000, p. 22.

227

LEMAITRE Frédéric, ORANGE Martine, « “Le droit du travail doit évoluer en reconnaissant la diversité” », Le Monde, 7 septembre 1999, p. 16, Horizons – Entretiens, Débats pour le siècle à venir.

228

FILLOUX Frédéric, « Poutre dans l’œil. », Libération, 31 janvier 2000, p. 3, Événement.

229

DE LA BRUSLERIE Hubert, « Un nouvel entreprenariat pour une nouvelle économie », Le Monde, 11 avril 2000, p. 7, Les enjeux - Les initiatives.

230

BRACHET Philippe, « La nouvelle économie », Le Monde, 6 décembre 1999, p. 15, Horizons - Analyses.