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Les fondations théoriques et méthodologiques de l’étude

II. La consultation par questionnaire structuré (janvier-avril 2015)

A. Finalités et structure de l’enquête

Le formulaire d’enquête utilisé dans le cadre de ce deuxième séjour sur le terrain com- porte trente-et-une questions réparties en sept modules127. Chaque module se réfère à des as-

pects très précis du concept d’« espace de vie ». Le début du questionnaire a pour fonction d’obtenir des données générales sur les sondés, comme l’âge, le sexe, le niveau d’étude ou encore le statut marital. En effet, sans céder aux sirènes déterministes et à la tentation d’interpréter les comportements humains dans une perspective linéaire, les facteurs démogra- phiques et sociaux ne peuvent pas non plus être complètement ignorés dans la mesure où ils contribuent à éclairer les attitudes et les trajectoires de vie individuelles. Par exemple, dire que les jeunes, en particulier ceux qui ont fréquenté l’école moderne, de langue européenne, recourent plus naturellement au téléphone portable et à Internet que leurs aînés est un truisme

125Se reporter à la section « Le portable aide à se coordonner dans les affaires » du Chapitre 8. 126Pour contrôler la qualité de la marchandise, par exemple.

100 dans l’Afrique du XXIème siècle (Tankeu, 2005 ; Alzouma, 2008). Il en va de même pour les

mobilités géographiques : un trentenaire célibataire est probablement plus tenté par l’aventure migratoire qu’un retraité dont l’unique désir est de finir sa vie paisiblement dans le village qui l’a vu naître et grandir. Par ailleurs, à l’opposé du questionnaire du projet Rurban Africa, le présent sondage ne recueille pratiquement aucune information sur le ménage128. Nous avons choisi de centrer l’étude sur les individus plutôt que sur les ménages et cela pour plusieurs raisons. Au-delà de la difficulté à délimiter avec précision les contours du ménage129, il nous est apparu important de tenir compte de l’autonomie croissante dont jouissent les acteurs dans l’élaboration et la poursuite de leurs moyens d’existence. Les femmes par exemple ont acquis une plus grande indépendance financière depuis que la caféiculture s’est effondrée au profit d’une polyculture légumière et fruitière qu’elles contrôlent de l’exploitation à l’assiette du consommateur (Guétat-Bernard, 2008). En outre, les entretiens individuels sont la meilleure manière de recueillir des données fiables. Il est plus aisé de parler de soi-même, de témoigner de ses propres expériences, que de se faire le narrateur de la vie d’autres personnes.

La seconde rubrique du questionnaire permet de se faire une idée du capital foncier à la disposition de chacune des personnes interviewées. Il s’agit, pour commencer, de détermi- ner le nombre de parcelles cultivées par le répondant (Q-2.1.) puis, dans un deuxième temps, d’obtenir une estimation de leur taille (Q-2.2.). Nous avons choisi de recueillir ces données car elles ont une répercussion, positive ou négative, sur les réserves en nutriments des familles et sur les gains tirés de l’agriculture. Il est probable, en effet, qu’un champ d’un hectare ne suffise pas pour satisfaire l’appétit et honorer les échéances financières des individus. C’est pourquoi ces derniers s’engagent dans des stratégies d’expansion foncière qui passent par l’achat, la location ou l’appropriation de terres additionnelles jugées vacantes (Q-2.2.). Mais ces tentatives d’extension des domaines agricoles sont compliquées à mettre en œuvre dans un département où le stock de terrains disponibles s’est amoindri sous l’effet de la multiplication des acteurs en concurrence pour occuper, contrôler et exploiter le sol. Ainsi, les grands projets infrastructurels de l’État et les concessions gigantesques octroyées aux agro-industries rédui- sent dramatiquement les surfaces arables, tout en exacerbant les tensions qui préexistent dans

128À l’exception de quatre questions portant sur les stratégies d’adaptation de la taille et de la composition du

groupe domestique ?

129Le ménage est une notion difficile à saisir dans un contexte marqué par la pluri-résidence. La pratique de

101 les zones densément peuplées130 ou qui accueillent des effectifs significatifs d’immigrants.

Les disputes autour de la ressource foncière impliquent donc des protagonistes d’importance inégale : il peut aussi bien s’agir de deux voisins qui se querellent sur les limites de leurs jar- dins respectifs que d’un planteur expulsé par les autorités en vue de la réalisation d’un équi- pement quelconque. Dans pareil cas, les personnes disposant d’un titre de propriété sont clai- rement avantagées sur celles qui en sont dépourvues puisqu’elles peuvent mieux défendre leurs droits et sont susceptibles de recevoir une compensation financière en cas d’expropriation (Q-2.2. à Q-2.5.). Afin de fuir la saturation des terroirs et les contentieux liés à l’utilisation du foncier, certains paysans n’hésitent plus à prospecter des terres éloignées de leur village. Il en résulte une plus grande dispersion des parcelles relevant d’une même ferme (Q-2.6.), un processus qui mérite la plus grande attention lorsqu’on s’intéresse à la construc- tion et à l’évolution des « espaces de vie » individuels.

L’enquête se poursuit par une série de questions sur les mutations actuelles des sys- tèmes de production agricole. L’ambition est de mieux comprendre comment les paysans par- viennent à répondre à leurs exigences en nourriture, mais également en numéraire. Le premier point de discussion de cette partie (Q-3.1.) s’intéresse à l’origine de la main d’œuvre utilisée dans les champs. En effet, si l’agriculture était auparavant surtout une affaire familiale, il n’en va plus de même aujourd’hui. Les planteurs embauchent des tâcherons salariés extérieurs à la sphère domestique, soit en substitution des enfants partis à l’école ou en migration, soit en renfort pour des tâches saisonnières. Plus loin, le tableau Q-3.2. se concentre sur un autre as- pect du processus d’intensification des systèmes de production agricoles, l’épandage de pro- duits phytosanitaires et d’engrais synthétiques dans les petites exploitations maraîchères. Ces intrants chimiques sont souvent indispensables aux planteurs qui cherchent à accroître leurs rendements, à faire grossir leurs fruits, leurs légumes et leurs tubercules et à garantir la qualité de la récolte, cela afin de peser plus lourd dans les négociations avec les Bayam-Sellam et d’augmenter les chances d’obtenir un revenu mirifique. Le module n°3 s’achève par des ques- tions sur la saisonnalité des récoltes (Q-3.3.) et sur la commercialisation des diverses denrées agricoles (Q-3.4). Les questions Q-3.3. et Q-3.4. revêtent une importance particulière car elles mettent en exergue l’irrégularité de l’apport en nourriture et l’incertitude des revenus liés à la vente des produits de la terre.

130De l’ordre de 92 habitants par kilomètre carré dans l’arrondissement de Loum (MINADT, 2012b). Ce chiffre

est près de deux fois supérieur à la densité de peuplement au niveau national, d’environ 49 habitants par kilomètre carré (Perspective Monde, 2016).

102 La quatrième section du questionnaire insiste sur la diversification des moyens d’existence. Elle démarre par la collecte d’éléments descriptifs sur les professions non agri- coles exercées par les individus, avec un intérêt prononcé pour les aspects contractuels et pour le type des entreprises dans lesquelles les sondés sont actifs (Q-4.1.). Certes, nous nous atten- dions à ce que l’écrasante majorité des interlocuteurs complètent leurs revenus agricoles à partir du secteur informel, dans lequel il n’existe par définition aucune sécurité de l’emploi. Il est d’ailleurs raisonnable de supposer que l’absence de contrat de travail écrit et, partant, le manque de certitudes sur la pérennité de l’occupation et sur le versement d’un salaire régulier, concoure à déstabiliser les « moyens d’existence » personnels. Nous nous demandions toute- fois si, dans un pays corrodé par la corruption, le clientélisme et le défaut de confiance entre agents économiques, l’engagement bilatéral entre un travailleur et son patron revêt toujours une dimension protectrice. Le climat de méfiance sus-évoqué fait que nous anticipons un nombre significatif d’autoentreprises dans les arrondissements étudiés. Ce quatrième bloc de questions se prolonge par une discussion autour des reconversions professionnelles menées par l’informateur depuis trois ans, l’accent étant mis sur les motivations et sur les lieux con- cernés par le changement d’activité (Q-4.2.). La validité d’un tel sujet d’échange se justifie dans un projet doctoral dont l’ambition est de faire ressortir la flexibilité des « moyens d’existence » et de leur inscription spatiale. Pour terminer, un tableau inséré en bas de page répertorie l’ensemble des métiers, agricoles et non-agricoles, pratiqués par les participants au sondage dans le mois précédent. Il a pour finalité d’évaluer la part de chaque activité dans la formation du revenu mensuel global, apportant de la sorte un éclairage sur le poids relatif de l’agriculture dans la rétribution des individus (Q-4.3.).

Un cinquième segment du formulaire d’enquête traite des questions relatives à la mo- bilité spatiale. Il s’attache d’abord à retracer la trajectoire migratoire des enquêtés en reportant dans un tableau tous les lieux où ils ont séjourné depuis la naissance, sur une période d’au moins un an. La migration entre parfaitement dans mon champ d’étude car celui ou celle qui l’a entreprise revient au point d’origine chargé d’expériences et d’idées innovantes, souvent nanti d’un pécule et de nouvelles relations sociales, qui permettent la construction et le renou- vellement des « moyens d’existence » (Q-5.1.). L’enquête s’intéresse ensuite aux mobilités temporaires, c’est-à-dire celles qui ne donnent pas lieu à un transfert définitif du lieu de rési- dence. Il est ainsi demandé aux sondés d’inventorier dans une grille les déplacements réalisés la veille de mon passage, en spécifiant le lieu et l’heure du départ, le ou les mode(s) de trans- port emprunté(s) ainsi que le coût, le ou les motif(s) et la destination finale du voyage. Les

103 éventuels arrêts survenus en cours de route sont eux aussi consignés, car ils nous informent sur le déroulement exact du trajet : changement de véhicule avec, par exemple, transfèrement de la mototaxi au car interurbain, visite impromptue à une connaissance, achat de nourriture ou de cadeaux, etc. (Q-5.2.). L’ultime question de cette rubrique relève d’une logique simi- laire, mais elle se présente sous forme cartographique et non tabulaire. Notre intention, à cet endroit, est de représenter géographiquement les itinéraires suivis par les interviewés durant la semaine précédant la rencontre afin de gagner une image plus claire de l’ampleur des espaces de vie individuels (Q-5.3.).

Le sixième module comprend deux volets complémentaires. Le premier se soucie des flux d’argent, de biens et de nourriture qui s’effectuent à l’intérieur de structures familiales et de cercles amicaux toujours plus éclatés dans l’espace du fait des migrations. Il a pour tâche de déterminer la fréquence, la provenance et les acteurs impliqués dans ces échanges, concou- rant ainsi à apprécier la force des liens de solidarité interpersonnels et à appréhender la com- plexité des interrelations ville-campagne (Q-6.1. et Q-6.2.). L’entraide réciproque entre per- sonnes appartenant à un même réseau social est d’autant plus indispensable qu’elle constitue, pour les ruraux, l’une des principales sources de financement de l’agriculture et du petit commerce et, pour les citadins, un moyen de se préserver des risques de pénurie alimentaire et de maintenir son identité ethnique en consommant les mêmes plats qu’au village, même dans l’expatriation. La seconde moitié de cette section s’efforce de décrire aussi finement que pos- sible les usages que les répondants font de leur(s) téléphone(s) mobile(s) et d’Internet. L’accès aux TIC est profondément inégalitaire au Cameroun (Chapitre 4). En outre, à l’instar de ce que l’on observe en Europe, la pratique télécommunicationnelle ne se restreint plus aux murs du foyer domestique. Alors qu’auparavant les personnes équipées d’un poste fixe fai- saient office de messagers pour les habitants dont l’un des proches résidait à l’étranger, le contact avec les absents peut désormais s’entretenir depuis la rue, le restaurant du quartier voire même depuis le siège d’un car interurbain. Les transports et les TIC nourrissent en effet de plus en plus un rapport de complémentarité. Sur le plan fonctionnel, d’abord, puisque la généralisation et la miniaturisation des outils de télécommunication transforment les temps de parcours, habituellement perçus comme libres, en moments propices à toutes sortes d’activités productives, récréatives ou liées à la famille. Sur le plan organisationnel, ensuite, puisque les GSM donnent l’opportunité de décider et/ou de changer l’heure d’un rendez-vous en cours de route (Jauréguiberry, 2003). Indépendamment des aspects strictement temporels (durée et récurrence) et géographiques (lieux) de l’usage des technologies de l’information et de la

104 communication, l’étude prête également attention à l’identité des personnes contactées par le répondant, car c’est un moyen d’obtenir un aperçu de l’étendue et de la richesse de ses rela- tions sociales (Q-6.3. et Q-6.4.). Relations sociales dont on a dit qu’elles contribuent à la cir- culation des ressources et à l’exécution des projets de mobilité (Chapitre 1).

La dernière rubrique du questionnaire explore les barrières physiques, mentales et cul- turelles qui s’opposent à la circulation des hommes, des marchandises et des idées dans le couloir du Moungo. Dans un premier temps, les individus sont invités à jauger, en fonction de leur vécu, les distances (en kilomètres, en temps et en argent) qui les séparent de l’artère as- phaltée la plus proche et de quelques lieux emblématiques tels que le marché municipal, la sous-préfecture et la métropole doualaise (Q-7.1.). Cette question a une visée analytique puisqu’elle s’attache à comprendre la façon dont les participants à l’étude se représentent l’espace dans lequel ils vivent. En effet, certains endroits, disons pour illustrer un call-box situé au bord d’une route nationale ou une grande agglomération urbaine, sont fréquentés avec une telle assiduité qu’ils en deviennent familiers et sont jugés proches, alors que les distances topographiques vers ces localités peuvent s’avérer importante. Réciproquement, les sites où l’on ne s’arrête jamais et sur lesquels on ne dispose que de minces informations passent pour des terra incognita, avec lesquelles l’occurrence de contacts est hautement improbable, sans pour autant être localisés à l’autre bout du pays. Dans un second temps, les répondants sont amenés à se prononcer sur la qualité du réseau de téléphonie cellulaire dans leur commune (Q-7.2.). Indubitablement, le portable s’est imposé comme un outil indispensable à tous les domaines de la vie économique et sociale, mais son usage n’est pas possible partout pour des raisons à la fois techniques et commerciales (Chapitre 4).

B. Test et révision de l’instrument empirique

Une première version du questionnaire a été testée sur un groupe de dix volontaires au milieu du mois de février 2015. L’objectif principal de l’étude pilote était de s’assurer auprès du public de la clarté du vocabulaire utilisé dans les questions. Il s’agissait également de véri- fier le bienfondé de certaines portions du questionnaire par rapport à la problématique de re- cherche. La question sur l’accès à l’Internet mobile par exemple, qui serait tout à fait justifiée en Europe, a-t-elle vraiment toute sa place dans un pays où une partie de la population utilise des téléphones basiques sans possibilité de connexion au Web ? Dans un registre différent, ce premier galop d’essai a été l’occasion d’éprouver la structure du formulaire d’enquête. Il était ainsi nécessaire de contrôler que les points les plus sensibles, tels que l’identification des per-

105 sonnes appelées la veille de l’enquête, soient bien abordés à la fin de l’entrevue. Le question- naire a été administré en français par le chercheur. Nous n’avons pas envisagé de laisser l’enquêté remplir lui-même le formulaire d’enquête, d’abord parce que certains individus in- terrogés ne savent ni lire ni écrire et, ensuite, parce que nous redoutions des erreurs liées à l’usage de codes dans plusieurs rubriques du questionnaire. La phase de pré-enquête a dévoilé plusieurs imperfections qui ont été rectifiées dans la version définitive du questionnaire. Pour certaines questions par exemple, le principe d’exhaustivité n’était pas respecté ce qui signifie que certaines possibilités de réponse n’étaient pas proposées aux sondés. Autre défaut identi- fié, le schéma de localisation des parcelles foncières séparait l’arrondissement et la commune, alors qu’il s’agit d’un seul et même espace.

C. Fabriquer un modèle réduit de la réalité : la méthode des quotas

Si, au début de l’étude, nous avions prévu d’utiliser une technique d’échantillonnage probabiliste, qui présente l’avantage de pouvoir généraliser les résultats obtenus à l’ensemble de la population mère, l’absence de base de sondage (liste et localisation des personnes sus- ceptibles de participer à l’enquête) a contrecarré les projets initiaux. Nous connaissions cer- taines caractéristiques des habitants du Moungo grâce au dernier recensement de la population et au dépouillement des questionnaires administrés l’année passée pour le compte du projet Rurban Africa. Ainsi, la pyramide des âges réalisée par Martin Kuété et son équipe (2015) démontre toute la jeunesse des personnes résidant dans le département, puisque la plupart des répondants a entre 15 et 30 ans en 2014. À une autre échelle, nous savions que les arrondis- sements de Loum et de Manjo sont majoritairement urbains, contrairement à celui du Nlonako où la plus grande partie des gens vit dans l’espace rural.

Nom des

districts population de la ville-Croissance de la centre Répartition de la population à l’échelle de l’arrondissement Répartition de la popula- tion à l’échelle de l’arrondissement

1976 1987 2005 Hommes Femmes Milieu

Urbain Milieu rural Total Loum 26 754 28 465 37 537 19 487 20 220 37 537 2 170 39 707 Manjo 15 434 19 809 26 758 16 320 17 910 26 758 7 472 34 230 Nlonako (Ébo-

né) - - 3 152 7 151 7 110 3 152 10 849 14 261

Tableau 4. Croissance de la population urbaine à Loum et à Manjo et répartition de la popula- tion en fonction du sexe et du lieu de résidence (Source : Neba, 1999 ; BUCREP, 2010a).

106 Les districts de Loum, de Manjo et du Nlonako se différencient aussi par le poids numérique des femmes dans la population résidante : plus nombreuses que les hommes dans les deux premières subdivisions citées, elles sont moins présentes dans le Nlonako où les individus de sexe masculin les surpassent légèrement. Compte tenu des contraintes propres à l’investigation et des données disponibles, le choix a été fait d’appliquer la méthode d’échantillonnage par quotas, qui consiste à respecter dans l’échantillon les proportions con- nues dans la population mère (Dumolard & Al, 2003). Dans notre cas, par exemple, connais- sant le poids des 15-30 ans dans la zone d’étude et l’influence de l’âge sur la mobilité spatiale et l’usage des télécommunications, nous avons délibérément privilégié cette génération au détriment des autres. Pareillement, une place plus grande a été accordée aux citadins et aux femmes à Loum et Manjo, et inversement dans la subdivision du Nlonako. Il s’agit en fait de construire un modèle réduit de la réalité en sélectionnant les futurs participants à l’enquête à partir d’une série de critères préétablis. Par conséquent, tous les individus n’ont pas la même probabilité d’être retenus pour le sondage, ce qui est un trait commun à toutes les procédures d’échantillonnage qui ne sont pas fondées sur le hasard (Dumolard & Al, 2003). Concernant la taille de l’échantillon, plutôt que de la déterminer par une formule mathématique, nous avons décidé de l’adapter de façon pragmatique aux ressources limitées sur lesquelles je pou- vais m’appuyer sur le terrain, à savoir l’absence d’assistance131 lors des enquêtes, la nature

non extensible des moyens financiers, les difficultés d’accès à certains villages (jusqu’au prêt d’un véhicule en 2016), etc. Par commodité dans les calculs, nous avons auditionné un mil- lième de la population des trois arrondissements à l’étude, soit 88 personnes au total.

D. Des formulaires remplis directement par l’enquêteur

Les entretiens se sont déroulés au domicile des répondants, ce qui n’a pas toujours été très commode dans la mesure où les proches et les passants ont troublé, par leurs questions et leurs remarques, le calme nécessaire à ce type d’exercice. Ils ont été conduits en français, sans traducteur, la langue de Molière étant avec celle de Shakespeare le seul trait d’union entre les