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Les fondations théoriques et méthodologiques de l’étude

III. La dernière immersion (février 2016)

A. L’approfondissement qualitatif et la réalisation d’un suivi

De façon générale, l’ultime mission à Loum devait servir à compléter le jeu des don- nées qualitatives collectées depuis 2014. En particulier, elle était la dernière chance pour me- ner des entretiens avec des femmes. L’enjeu de ces entretiens était de vérifier l’existence dans le Moungo d’une différenciation hommes-femmes en matière de mobilités. En effet, à Douala, comme à Dakar, Conakry et Niamey, les femmes se déplacent moins souvent, moins vite et moins loin que les hommes (Godard, 2002 ; Diaz-Olvera & Al., 2007), avec, pour consé- quence probable, une polarisation des activités autour du domicile. Le recrutement s’est fait en ciblant les personnes immédiatement disponibles, c’est-à-dire les femmes aperçues sur le perron des habitations en train de « passer le temps ». Cette technique se nomme échantillon- nage par convenance. Elle induit de nombreux biais, car les mères ou épouses absentes sont de facto tenues à l’écart de l’étude. Mais elle a le mérite de la simplicité et de la rapidité, ce qui n’est pas du tout négligeable au regard de la durée restreinte du terrain (quatre semaines) et des difficultés rencontrées dans le recrutement des répondantes depuis 2014.

La dernière mission a par ailleurs fourni l’occasion d’effectuer un suivi de la situation des répondants des campagnes précédentes. Ainsi, à l’hôtel où nous résidions, le personnel a été profondément renouvelé entre 2014 et 2015. Certains employés, qui ont participé à l’étude statistique de 2015 ont quitté Loum pour Douala. C’est le cas de Stéphanie, dont nous avons pu suivre la trajectoire en retournant chez son père, Jules. L’intérêt est alors de comprendre les circonstances (objectifs, rôle des feedbacks et des réseaux sociaux, etc.) de cette migration, qui provoque un « glissement » de l’« espace de vie » (Robette, 2009 : p. 122), soit un trans- fert d’une partie des localisations propres à la jeune femme. Autre exemple à Kola, où le chef a pu finaliser certains projets. Il a notamment accepté la proposition de bail de Viettel et mis à

108 disposition une partie de ses terres pour élever une tour relais. Les loyers versés par l’opérateur vietnamien ont été réinvestis dans l’extension du parc à porcs et dans le lancement d’une exploitation poivrière. L’antenne, mise en service en 2016, a pu être géolocalisée et cartographiée.

B. La « cueillette » des points GPS

La réalisation d’une carte des « zones blanches » s’impose pour identifier les villages et les quartiers où il est impossible d’utiliser son portable. Mais la réalisation d’une telle carte demande des données géographiques (disposition du relief, occupation du sol) et techniques (portée du signal, hauteur des tours, orientation des émetteurs, etc.). Les données techniques sont jugées tellement sensibles qu’aucun opérateur n’a consenti à nous les fournir [Entretien avec Issa, 2014 ; Entretien avec Jean-Paul, 2016]. La justification officielle de ce refus est la crainte du piratage des antennes relais, mais cette menace est peu probable au regard de nos compétences. La justification officieuse est autrement plus concrète. Les opérateurs de téléphonie mobile n’ont aucun avantage à voir un doctorant représenter sur une carte les nombreux espaces mal ou pas desservis par la 2G. Cela renforcerait l’image d’opérateurs dont le niveau de service est inférieur à celui prévu dans le cahier des charges, ce qui est peu favorable au commerce. Par conséquent, nous avons dû récolter les données techniques d’une autre façon. Il existe un certain nombre de ressources qui permettent de se construire une culture technologique sur la téléphonie mobile. L’ouvrage de Karine Poupée (2003) nous apprend par exemple que les types de tours varient selon l’espace d’implantation. Les antennes omnidirectionnelles, généralement très élevées, sont privilégiées dans les zones rurales peu denses comme celles du Moungo. Dans ce cas, un mât dessert une cellule de vingt kilomètres de contour. En ville, on trouve plutôt des tours directives car les utilisateurs sont plus nombreux et les ondes se propagent moins bien. Elles arrosent un immeuble et ses abords. Les cellules n’excèdent pas quelques centaines de mètres carrés. De plus, il existe sur Internet des services (Opensignal, Cell Mapper, Nperf, etc.) qui fournissent l’emplacement des stations de base et une estimation de la qualité du réseau partout dans le monde. Ces sites fonctionnent grâce à la participation des usagers, qui rendent compte de la qualité de la couverture sur le terrain. Les rapports et les cartes publiés aident à se faire une idée, mais ils ne sont pas suffisamment vérifiables et exhaustifs pour être utilisés dans une thèse133.

133Par ailleurs, le projet de cartographier les « zones blanches » nous a incités à nous intéresser à la fourniture en

énergie électrique. En effet, les stations relais ont besoin d’être alimenté en permanence en électricité. Les zones non-raccordées au réseau d’électricité risquent donc d’être dépourvues d’antennes relais. Il existe un système

109 Les relevés GPS ont donc servi à produire une carte à jour et dont nous connaissons précisément l’origine des données. Outre la position des antennes relais, nous avons enregistré les coordonnées des lieux dénués de couverture téléphonique. Un lieu était considéré comme non-desservi à partir du moment où notre portable indiquait « Aucun Service » pendant au moins une minute. Ce temps était nécessaire pour distinguer les espaces où la réception est fluctuante de ceux où elle est véritablement impossible. Cependant, en dépit de cette précaution, les données recueillies (ainsi que la carte 2 qui en résulte) sont à considérer avec prudence. Premièrement, elles dépendent des milieux où nous nous sommes trouvés pendant la mesure (anthropique ou naturel) et des obstacles (troncs d’arbre, parois rocheuses, murs en béton, etc.) que l’onde a dû traverser pour parvenir jusqu’à nous. En nous positionnant de façon différente ou en choisissant d’autres lieux, nous aurions obtenu des résultats différents. Deuxièmement, les données recueillies sont fonction des outils employés et notamment de l’appareil grâce auquel nous avons vérifié l’indisponibilité du service. Nous nous sommes appuyés sur un Smartphone. Or, les appareils plus récents et plus sophistiqués parviennent plus facilement que des modèles anciens ou basiques à accrocher l’émission radioélectrique lorsque celle-ci est amoindrie. Ceci implique qu’un autre chercheur ne pourrait pas aboutir aux mêmes résultats que nous car n’effectuant pas les mesures dans les mêmes conditions au départ.

À ce stade, nous avons détaillé notre méthodologie et nous l’avons justifié. Cependant, plusieurs de nos choix soulèvent des questions éthiques. Par exemple, l’implication des chefs traditionnels à la fois comme informateurs et comme autorité garante de notre sécurité peut être débattue. En effet, si elle a facilité les choses, notamment au début de la thèse, elle est aussi un encadrement. Par ailleurs, la mobilisation d’hommes et de femmes dans le cadre de notre thèse ne peut faire l’économie d’une réflexion sur la relation enquêteur-enquêté. En effet, la géographie, et les sciences humaines en général, ont beaucoup évolué quant à leur rapport au terrain. Ce dernier n’est plus seulement l’espace étudié, c’est le lieu du partage (des savoirs, etc.) et de la rencontre (Lacoste-Dujardin, 1977). Quelles sont les conséquences positives ou négatives de cette rencontre ? Comment les anticiper et, si besoin, les prendre en charge ?

d’information sur l’électrification du Cameroun, mis en place par la direction de l’électricité au sein du ministère de l’énergie et de l’eau. Les données qui y sont présentées sous forme de carte datent de 2012. Nous avons actualisé ces données en prenant des points GPS le long de certaines lignes mises en tension entre 2012 et 2016.

110 C. Réflexions sur l’éthique et applications au terrain d’étude

La question de la posture du géographe sur le terrain est ancienne, comme le prouvent les deux numéros que lui a consacrés « Hérodote » à la fin des années 1970. Dans le premier numéro, Yves Lacoste (1977 : p. 3) affirme la nécessité de s’interroger sur « la responsabilité du chercheur envers les hommes et les femmes qu’il étudie ou dont il analyse le territoire ». Depuis lors, la prise de distance vis-à-vis de l’espace d’enquête et de ses habitants est devenue systématique, comme en attestent les travaux d’Olivier Milhaud (2006), de Béatrice Collignon (2010) ou de Judicaëlle Dietrich (2013).

Olivier Milhaud (2006) distingue deux types d’éthique. Le déontologisme concerne la méthodologie du chercheur : il suppose le respect de certaines règles, comme l’honnêteté et la bienveillance à l’égard des enquêtés. Le conséquentialisme évalue la portée d’une étude à l’aune de ses répercussions positives ou négatives prévisibles pour les populations. Poussé jusqu’au bout, cette posture risque de mener à l’utilitarisme : en jugeant ses actes seulement en fonction des résultats attendus, le danger est de se fermer à toute rencontre imprévue. Or, le terrain est aussi un cadre où l’on apprend ce qu’est l’autre, ce qu’il vit et ce qu’il ressent (Ca- las & Racaud, 2016). Cette connaissance des populations qui habitent le terrain est une étape inévitable de la démarche géographique, comme l’a rappelé Michel Lesourd lors d’une jour- née d’étude à Toulouse134, en 2014 : « Étudier le territoire, c’est étudier les sociétés qui sont

sur le territoire ». Une autre dérive favorisée par le conséquentialisme est de faire primer les fins humanistes au détriment d’objectifs purement scientifiques. Julien Aldhuy (in : Séchet & Veschambre, 2006) estime que la géographie sociale a pour but de produire un savoir critique, c’est-à-dire émancipateur. Elle vise donc une sorte de libération des individus par rapport aux formes de domination (politique, économique, de genre, etc.). La géographie devient dès lors appliquée au sens qu’elle concoure, par son étude des injustices sociales et spatiales, à éradi- quer les maux de la société. Mais une telle géographie s’expose au danger de l’instrumentalisation : des ONG, des promoteurs de politiques publiques, des acteurs privés peuvent être tentés d’utiliser, voire de manipuler, les résultats de la recherche afin de valoriser et de légitimer leur action (Dietrich, 2013 ; Lacoste, 2014).

L’application de certaines précautions déontologiques a eu des effets sur le déroule- ment de la recherche. Par exemple, informer les opérateurs de téléphonie cellulaire de notre intention de cartographier les « zones blanches » a été mal perçu. La réalisation d’une telle

111 carte menace l’image de marque des compagnies de télécommunication. On retrouve à travers cet exemple une idée d’Yves Lacoste (1977 ; 2014) : la géographie est une connaissance stra- tégique, qui est potentiellement dangereuse pour certains intérêts. Par ailleurs, dire aux répon- dants qu’on est parrainé par une université et qu’on bénéficie du soutien des chefs tradition- nels et des élus confère une proximité avec le pouvoir. Les discours recueillis s’en ressentent : ils sont soit plus lisses, par peur qu’une critique trop aiguë soit relayée, soit plus revendicatifs, par espoir que les doléances soient transmises aux autorités. Aucune de ces formes de discours n’est illégitime, mais elles nous mettent dans une position inconfortable : devons-nous jouer le rôle de porte-parole des populations et, si oui, que devons-nous choisir de dire et que de- vons-nous taire ? En outre, quel peuvent être les effets de nos prises de position ?

Il n’est pas facile de répondre à ces questions. C’est pourquoi, nous avons opté pour une posture aussi neutre que possible. Nous avons notamment renoncé à transmettre aux auto- rités les résultats des enquêtes. Nous pensions qu’en remettant nos conclusions aux chefs et aux élus, ces derniers se saisiraient des problèmes concrets du Moungo (délabrement du mar- ché central de Loum, manque d’entretien des routes, etc.) ; de cette manière, la recherche avait une utilité concrète pour les habitants en participant au développement de leur région. Mais, avec le recul, nous nous sommes aperçus que le transfert d’informations aux décideurs politiques pouvait être contre-productif pour les populations. Imaginons un instant que la thèse souligne la saturation de l’espace public par les call-box et que l’État s’en serve pour les déplacer ou les supprimer, nous serions à l’origine d’une expérience négative, accompagnée par une perte de revenu, pour des dizaines de personnes. La solution réside dans le partage de données avec les habitants eux-mêmes, afin qu’ils se les approprient, qu’ils décident ce qu’il y a lieu d’en faire (au sein d’un comité de développement par exemple). L’avantage de cette démarche est que les habitants sont à la fois participants et destinataires de la recherche : mieux informés, ils peuvent défendre plus efficacement les projets qui leur semblent priori- taires.

Conclusion

Dans le cadre de notre pratique didactique135, nous nous efforçons d’apprendre aux

étudiants de licence à distinguer le savoir scientifique de celui librement accessible sur Inter-

135Nous avons été nommés Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche [ATER] en juillet 2016 au

département de géographie de l’université de Toulouse-Jean Jaurès. Parmi les cours enseignés figuraient la méthodologie universitaire, la géopolitique, la cartographie ou encore la méthodologie du diagnostic territorial.

112 net. Le cœur du discours pédagogique consiste alors à expliquer que les connaissances aca- démiques sont légitimes parce que, contrairement à d’autres gisements d’informations, elles sont élaborées selon une méthodologie clairement balisée et rigoureuse (ce qui la rend véri- fiable et réplicable). Il s’est agi, dans les lignes précédentes, d’expliciter la démarche géné- rale, tandis que des sections méthodologiques plus précises précèdent la réalisation de la typo- logie statistique (Chapitre 7) et de la typologie qualitative (Chapitre 8). Nous avons exposé les modalités et les buts de la phase exploratoire, puis ceux du questionnaire quantitatif et de la collecte des données qualitatives et des relevés GPS. La décision d’arrêter la taille de l’échantillon à 88 participants peut sembler arbitraire et d’autant moins justifiée qu’elle s’appuie sur des données complètement obsolètes (les effectifs et la répartition de la popula- tion du recensement de 2005 ne correspondent évidemment plus à ceux de 2015). Mais cette option est la moins contestable au plan statistique, en l’absence de sources plus fiables et plus récentes. Elle est aussi pragmatique compte tenu des ressources (en temps, en personnel, etc.) relativement réduites allouées au travail sur le terrain. Le choix de recourir à la méthode des quotas garantit tout de même un certain rapport de fidélité entre les caractéristiques de l’échantillon et celles de la population ciblée.

La thèse se concentre sur une partie seulement du corridor du Moungo et délaisse de nombreux villages. Certes, il est impossible de couvrir l’ensemble des localités des arrondis- sements étudiés, un espace de 875 km² d’après le CVUC (2014). D’un autre côté, nous ne pouvions pas non plus nous limiter à l’étude des centres urbains desservis par la route natio- nale 5. Cela aurait conduit à une observation exclusivement urbaine des « moyens d’existence », des mobilités et des usages de la technologie numérique, sans prendre en compte les spécificités des espaces enclavés, marqués par l’altitude et/ou la faible densité des services. Il a fallu patienter jusqu’à la dernière mission pour disposer d’un véhicule propice à l’exploration des communautés les plus éloignées (Mabombé, Badjoungué).

Conclusion de la première partie

La première grande partie comporte trois chapitres. Le premier d’entre eux consiste en une revue de la littérature sur les questions de mobilité. Il pointe les biais de la recherche sur les mobilités, focalisée principalement sur les migrations internationales et sur les migrations villes-campagnes. À l’opposé de cette vision restreinte, nous défendons un regard plus large sur les mobilités qui sont à la fois un potentiel (la « motilité »), une idéologie, un mode de vie, une posture d’ouverture à l’inattendu, la condition et le résultat de l’instauration des réseaux

113 sociaux. Le deuxième chapitre retrace la construction des territoires dans le Moungo, depuis l’époque précoloniale jusqu’à aujourd’hui. Puis, à un niveau plus général, il discute la thèse de la déterritorialisation, véhiculée notamment par Paul Virilio & Al. (2009), et montre que territoires et mobilités ne s’opposent pas mais se complètent dans un jeu combinatoire. C’est ce que nous appréhendons à travers le concept de spatialité. Définie comme une façon de faire avec l’espace (Lussault, 2013), proche de la notion d’« habiter » (Stock, 2015), la spatialité se décompose en deux modalités. La territorialité est un investissement affectif, économique et idéel dans une ou des aires de référence (le village, la chefferie, etc.) où la proximité spatiale a un sens. Le fait d’être proche sur une longue période engendre un effet de similitude des modes de vie et favorise la « solidarité mécanique », celle qui s’exprime d’une façon assez naturelle entre semblables (De Gaulejac & Al., 2014). La réticularité désigne ce qui se passe dans les parcours, que ce soit dans les transports, les « tuyaux » (Tesson, 2014) que nous habi- tons temporairement, ou dans les lieux de séjour, de travail, de loisir, fréquentés pour un laps de temps court et sans appropriation durable. Ici compte d’abord l’accessibilité des lieux (connexité, connectivité). Enfin, le troisième chapitre présente et justifie la méthode employée pour la collecte des données. Le dispositif d’enquête associe des techniques qualitatives et des techniques quantitatives. Les premières visent essentiellement à explorer les représentations des mobilités dans le Moungo, tandis que le recours au questionnaire statistique se justifie par le besoin de vérifier des corrélations, entre le revenu et le degré de dispersion de l’« espace de vie » par exemple (Chapitre 7).

À ce stade, nous disposons des outils théoriques et méthodologiques pour comprendre les logiques de la spatialisation des activités humaines. Les mobilités (physiques et virtuelles) sont la principale modalité de l’organisation de la production, de la sociabilité, des loisirs, et de tous les autres aspects de la vie courante, dans l’espace (Lussault, 2013). L’enjeu soulevé par une définition large des mobilités est qu’elle nécessite de prendre en compte, outre la question du transport, toutes les actions mises en place au niveau de la société pour inciter ou freiner les mouvements des hommes. Les mobilités prennent alors toutes leurs complexités, devenant un phénomène non seulement spatial, mais aussi juridique, politique, symbolique (Gallez & Kaufman, 2009). Par exemple, la façon dont les opérateurs de téléphonie mobile desservent les populations, avec plus ou moins de respect pour le cahier des charges établi avec l’État, a une influence sur l’accessibilité du public aux services et, de ce fait, sur la pos- sibilité de celui-ci d’organiser des activités à distance. Par ailleurs, en soulignant l’ancienneté du pavage territorial, l’objectif est d’indiquer que les mobilités actuelles ne se développent

114 pas sur une « page blanche », mais sur un espace déjà différencié et découpé. Les individus intègrent les territoires dans leur faire et dans leur être avec l’espace, au moins en tant que support concret à la mémoire, à l’identité, aux projets et aux rêves. Les références territoriales sont encore nombreuses dans les discours (Chapitre 2). Le défi posé par cette survivance des territoires est qu’on ne peut plus les considérer simplement comme obsolètes et condamnés à la disparition. L’« habiter » se complexifie puisqu’il possède désormais une composante terri- toriale et une composante réticulaire (Lévy, in : Knafou, 1998 ; Tesson, 2014 ; Guétat-Bernard, 2011).

Maintenant que les premiers jalons de la thèse sont posés, nous proposons d’en venir au terrain et à ses spécificités. Pour ne pas trop anticiper sur le contenu de la partie suivante, nous nous limiterons à une question, qui en définit le fil rouge : Comment les faits observés à Loum, à Manjo et à Éboné nous permettent-ils de progresser dans l’élucidation du problème initial, qui interroge les modalités de construction et d’organisation des espaces personnels de la vie ?

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SECONDE PARTIE :