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LE CAS DES MANTEAUX MĀORI (KĀKAHU)

LA CATÉGORIE DES TRÉSORS ANCESTRAUX MĀORI —

Qu’est-ce qu’un taonga ?

À cette question, Rhonda Paku — à l’époque responsable (kaihautū) du département associé aux collections de taonga du musée national de Nouvelle-Zélande, le Te Papa Tongarawa (Te Papa), à Wellington — me répondit :

« Du point de vue māori, à la différence de l’approche qu'en donne le traité de Waitangi, taonga c’est tout ce qui a de la valeur pour toi, pour moi, tout ceci est un

taonga. C’est reconnaître qu'il est chargé de quelque chose de spirituel et que pour

une quelconque raison il est connecté à une personne māori. Il y a une connexion dans un taonga, un mauri [force de vie]184. » (Rhonda Paku, novembre 2013, ma

traduction.)

Ce témoignage reflète, d'une part, la haute valorisation des taonga185 par les Māori, d'autre

part, la distinction existante entre leur approche et la vision coloniale corrélée à la signature du traité de Waitangi186. Nous l’étudierons plus loin. À l’instar de Rhonda Paku, de l'avis des

182 Par exemple : Buck-Hiroa, 1958 [1949] ; Firth 1959 [1929] ; Mauss, 1925 ; Mead, 2003 : Salmond, 1975, 2016 ; Tapsell, 1997, 2006 ; Tcherkézoff, 1997, 2012, 2016 ; Weiner, 1989, 1992, mais aussi Godelier, 1996 ; Henare, 2001 ; Itéanu, 2004 et Stewart, 2017.

183 Terme que je préfère à « échanges » (Monnerie, 2018).

184 « Taonga from a māori perspective, the world view, opposed to the treaty view taonga is anything of value to you, to me, is a taonga, recognizing that it is imbued with something quite spiritual, for some reason there is a connection to a Māori person. There is a connection in it, a mauri. » ( Rhonda Paku, novembre 2013, ma traduction.)

185 Annexe II.1 Exemples de trésors ancestraux (taonga).

186 Comme nous l’avons évoqué en introduction, le traité de Waitangi est considéré comme le document fondateur de l’état colonial de Nouvelle-Zélande. Signé par 500 chefs māori et des représentants de la couronne britannique, à partir du 6 février 1840 et jusqu’au mois de septembre de la même année. Il fixe les termes selon lesquels Aotearoa devient une colonie britannique. Sa spécificité réside dans le fait qu’il en existe deux versions, l’une en anglais et l’autre en māori ne donnant pas exactement les mêmes informations (Orange, 2016 : 2-3). Ce que j’analyserai en détail pour le cas des taonga dans la suite de ce chapitre. Pour plus d’informations sur le traité et les conséquences de sa ratification d’hier à aujourd’hui, voir : Gagné, 2009 ; Harmsworth & Awatere, 2013 ; Henare, 2001 ; Lumieux, 2016 ; Ministry for Culture and Heritage, 2017 ; Orange, 2004, 2006, 2013 ; Pitt, 1976 ; Salmond, 2010a, 2010b ;

spécialistes māori avec lesquels je travaille, la catégorie des taonga regroupe aujourd’hui des biens valorisés de natures très diverses187. Ceux-ci peuvent être tangibles ou intangibles, créés de

différentes façons, et particulièrement par des entités dotées de qualités ancestrales188, qui peuvent

être des ancêtres proches ou éloignés, mais pas seulement. Ainsi, au musée de la ville de Rotorua, qui héberge une importante collection de trésors ancestraux189 et au sein duquel Paul Tapsell 190

anthropologue et conservateur māori spécialiste des taonga — a longtemps œuvré, au fil du parcours proposé dans l’exposition permanente191, on peut lire le panneau de section suivant relatif

au taonga :

« Taonga can simply mean « treasure » but it has a deeper meaning too. Anything

passed down from the ancestors that possesses the power of mana whakaheke (authority), tapu (spiritual presence) and kōrero (ancestral stories, knowledge) is a taonga. Taonga can be tangible ; « a carved ancestor, a woven cloak, a greenstone pendant, a hot pool, or a fishing ground. They can also be intangible: the knowledge of weaving or carving, waiata (songs), or even the briefest proverb. »

(Rotorua Museum, août 2015, panneau d’exposition permanente, notes de terrain personnelles ; c’est moi qui souligne.)

Nous verrons ainsi dans cette thèse, que les taonga peuvent en effet être des manteaux, des bâtons généalogiques, des maisons de réunions, des pirogues, des armes, des instruments de musique, des bijoux, mais aussi le langage māori, le salut māori (hongi)192, l’art du tissage, l'art du

tatouage, l’art de la sculpture, les narrations dansées193 (mieux connues sous le nom de haka), ou

encore les sources chaudes, les rivières, les montagnes, etc. La muséologue māori Mina McKenzie écrit sur ce point :

« Maori language itself is considered as a taonga. Without a formal written

language, knowledge was passed on orally through the prodigious feats of memory which the elders and scholars of the tribe developed to ensure that the history of

Schulte-Tenckhoff, 2004 ; Schwimmer, 1968, 1990, 2003 ; Seuffert, 2005 ; Sissons, 1995 ; Smits, 2019 ; van Meijl 2006b, 2011 ; Waitangi Tribunal, 2011 ; Walker, 2004 ; Webster, 1998.

187 Annexe II.1 Exemples de trésors ancestraux (taonga).

188 Rhonda Paku utilise le terme « spirituel » ci-dessus, il en a été question dans le chapitre 1, mes données de terrain me portent à croire que la traduction de ce terme par la notion d’ancestralité est préférable.

189 Cette collection comprend de nombreux manteaux māori que j’eus l’opportunité d’étudier en 2015. L'anthropologue māori Paul Tapsell travailla pendant de nombreuses années avec ce musée, dont il fut directeur de 1990 à1994, avant de poursuivre son action en conseillant les équipes sur leurs choix scénographiques et muséographiques.

190 Tapsell est l’auteur de nombreuses publications traitant des circulations des taonga auxquelles nous ferons fréquemment référence dans cette thèse, voir notamment Tapsell, 1997, 2006 et 2011. Il se consacre aujourd’hui à ses activités de recherches et d’enseignement à l’Université d’Otago.

191 Annexe II.3 Le musée de la ville de Rotorua.

192 Annexe II.0. Professeur Pou Temara réalise ici le salut maori (hongi) avec la gouverneure générale de Nouvelle- Zélande en 2016.

the people and their relationship with their land was remembered from generation to generation. One's genealogy is a taonga which can be chanted back through ten generations to Papatuanuku, the earth mother and Ranginui, the sky father. It establishes one's relationship with the land and its people through the generations. […] Visual symbols are materialised through carvings in wood, stone, and bone, and in the decorative elements embodied in painting and weaving. The sculptural forms and decorations on houses, food stores, personal ornaments, storage boxes, food bowls, and special tools are taonga, rich in history, genealogy and cultural symbolism. While in the western academic traditions of art history and anthropology these objects may be classified as folk, primitive or tribal art or craft, to Maori they are much more than works of art. They are taonga which are living reminders of the ancestors who have gone before. […] The rituals of encounter on the marae, the tribal courtyard, together with the ancestor house,

whare tupuna, which stands on it and the food preparation and service building,

the whare kai, which stands beside the ancestor house, are taonga which still bind the tribal group together today. » (McKenzie, 1993 : 79-81.)

À propos des taonga tangibles utilisés dans le système de circulation māori, que nous étudierons par la suite, Sidney Hirini Moko Mead montre qu’ils se distinguent d’autres éléments de l’espace sociocosmique māori par leur caractère précieux, voire prisé qui en fait souvent des biens hautement valorisés, des héritages (heirloom) :

« The object given needs to fit into the category of taonga, that is, it must be highly prized and preferably an heirloom. Greenstone objects, big or small, qualify as taonga because greenstone itself is highly regarded throughout the Māori world. Heirlooms or objects made of parāoa (whalebone) also qualify. Cloaks commonly

feature as gifts and have always been highly regarded. Tiki are especially

favoured as gifts and this appears to be the case whether they are heirloom items or recently made. The important factor is the quality of workmanship and the symbolic value of the object. Decorated baskets can be regarded as qualifying for gifts and again quality is the key factor. Whāriki [nattes tressées] used to be highly valued as gifts but have become rare and are less likely to be valued as gifts. It is notable that floor mats feature prominently in the gifts made by members of other Polynesian cultures. » (Mead, 2003 : 182 ; c’est moi qui souligne.)

L’auteur met en avant l’importance de la qualité de leur fabrication, que nous étudierons en détail pour le cas des manteaux, et la valeur symbolique de ces artefacts reconnus en tant que

viennent s’ajouter à ces éléments distinctifs, particulièrement l’état réservé (tapu)194 de ces artefacts,

ainsi que le degré de l’efficacité relationnelle (mana) qui leur est attribuée. Les événements exceptionnels qui jalonnent leur cycle de vie et leurs circulations participent également de leur statut, puisqu’ils sont transmis sous la forme d’histoires orales (kōrero) au sein des familles élargies, voire des clans ou encore des ensembles tribaux pour les taonga les plus précieux. Et qu’ils sont alors partagés sur plusieurs générations, comme nous le découvrirons progressivement.

Aussi, sur le terrain, mes interlocuteurs traduisent le plus souvent le terme « taonga » par « ancestral treasure », « heirloom » ou par « highly prized object » et non par « cultural treasure », une appellation dont je n’ai jamais constaté l’usage par les Māori. Pourtant depuis quelques années, dans certains écrits anthropologiques francophones, « trésor culturel » est utilisé pour traduire

taonga (Tcherkézoff, 2016 : 325, 347 ; Gagné et Roustan, 2014 : 80). Serge Tcherkézoff,

anthropologue français spécialiste des Samoa, écrit ainsi dans un ouvrage récent :

« Aujourd’hui, en Aotearoa-Nouvelle-Zélande, le mot « taonga » qui désignait les objets sacrés de don est devenu le terme courant pour désigner l’idée générale de « trésor culturel », d’« héritage culturel », et pour désigner les collections des musées. » (Tcherkézoff, 2016 : 347.)

L’auteur a raison de souligner la transformation de la signification du terme « taonga » qui englobe effectivement aujourd’hui d’autres éléments du monde māori, sujet que nous traiterons dans la prochaine section consacrée aux taonga dans le traité de Waitangi. En revanche, il me semble que l’usage de « trésor culturel » pour traduire « taonga » découle de concepts non māori tels que « trésor national » ou « bien culturel » en français, voire « trésor culturel » en québécois (Gagné et Roustan, 2014). Le précédent chapitre a été l’occasion d’envisager l’importance des liens généalogiques et de l’ancestralité dans le monde māori. Je privilégie la notion de « trésor ancestral māori » pour traduire le terme taonga au plus proche du point de vue de mes interlocuteurs, c’est-à- dire dans une perspective emic195.

La notion de taonga dans les deux versions du traité de Waitangi

Rhonda Paku évoquait précédemment l’utilisation du terme « taonga » dans le traité de Waitangi. Celui-ci apparaît effectivement dans la version māori du traité à l’article 2. Cet article a pour thématique principale l’exercice de la gouvernance des chefs māori sur leurs terres tribales, 194 Sur ce panneau d'exposition le terme « tapu » est traduit par « présence spirituelle ». Un terminologie que je n’utilise pas dans mon analyse lui préférant les notions d’état réservé, voire de caractère non ordinaire ou interdit, comme je l’ai expliqué dans le chapitre 1. De manière concomitante, l’idée selon laquelle « mana whakaheke » pourrait se réduire au terme « autorité » ne correspond pas exactement à mes données de terrain sur la question. J’y reviendrai dans le chapitre 3, mais pour l’heure, cette présentation grand public permet de mieux comprendre la pluralité des approches quant à ces éléments si spécifiques de l’espace sociocosmique māori que sont les taonga. 195 Annexe II.5. Les manteaux transmis de génération en génération 1/2 et 2/2.

leurs villages et tous leurs biens à partir de la colonisation de la Nouvelle-Zélande par l’Empire colonial britannique (McKenzie, 1993 : 80-81 ; Orange, 2016 : 7). En 2010, dans un volumineux dossier consacré à la version māori du traité de Waitangi196 pour le compte du tribunal de Waitangi,

la chercheuse néo-zélandaise Anne Salmond propose une traduction très précise et commentée du texte māori. Fruit d’un long travail de recherche ethnolinguistique, elle a sélectionné les termes anglais contemporains les plus adaptés pour traduire les mots māori tels qu’ils étaient employés en 1840 au nord de la Péninsule, au moment de la signature du traité (2010a, 2010b). Dans l’extrait suivant, elle présente d’abord la version originale māori, puis sa traduction en rappelant entre crochets les termes les plus importants :

« Ko te tuarua (The Second):

Ko te Kuini o Ingarani ka wakarite ka wakaae ki nga Rangatira ki nga hapu – ki nga tangata katoa o Nu Tirani te tino rangatiratanga o o ratou wenua o ratou kainga me o ratou taonga katoa. Otiia ko nga Rangatira o te wakaminenga me nga Rangatira katoa atu ka tuku ki te Kuini te hokonga o era wahi wenua e pai ai te tangata nona te wenua – ki te ritenga o te utu e wakaritea ai e ratou ko te kai hoko e meatia nei e te Kuini hei kai hoko mona. […]

The Queen ratifies [whākari te] and agrees to the unfettered chiefly powers [tino rangatiratanga] of the rangatira, the tribes and all the people of New Zealand over their lands, their dwelling-places and all of their valuables [taonga]. Also, the rangatira of the Confederation and all the other rangatira release [tuku] to the Queen the trading [hokonga] of those areas of land whose owners are agreeable, according to the return [utu] agreed between them and the person appointed by the Queen as her trading agent [kai hoko]. » (Salmond, 2010a : 4, 12.)

Concernant plus particulièrement les taonga, Salmond donne ensuite les précisions suivantes à propos du début de l’article 2 dans lequel figure ce terme. Elle souligne notamment la différence entre leur signification en 1840 et celle de nos jours, en montrant que d’un point de vue ethnolin- guistique « taonga » tel qu’il est utilisé dans le traité devrait être traduit de nos jours par « biens de valeur » (valuables) pour faire référence à une catégorie de biens qui, à l’époque, englobait à la fois des personnes et des objets. Ce qui n’est pas le cas des taonga aujourd’hui qui sont le plus souvent traduits par « trésors » :

« These phrases, which we have translated, ‘The Queen ratifies and agrees to the

unfettered chiefly powers of the rangatira, the tribes and all the people of New Zealand over their lands, their dwelling-places and all of their valuables [taonga]’ suggest that within their own domains, under the new relationship the rangatira, hapū and people would retain autonomous control. […] Taonga, which we have

translated as ‘valuables’ (a more accurate translation than ‘treasures’ in 1840), could refer to a wide range of valued items (including body parts and people as well as objects), and this sweeping guarantee would also have reassured the rangatira. » (Salmond, 2010a : 19-20.)

Dans la version anglaise du traité de Waitangi, à l’article 2, retranscrit ci-dessous, on notera que « taonga » est traduit par « other properties » :

« Article the second [Article 2]

Her Majesty the Queen of England confirms and guarantees to the Chiefs and Tribes of New Zealand and to the respective families and individuals thereof the full exclusive and undisturbed possession of their Lands and Estates Forests Fisheries and other properties which they may collectively or individually possess so long as it is their wish and desire to retain the same in their possession; but the Chiefs of the United Tribes and the individual Chiefs yield to Her Majesty the exclusive right of Preemption over such lands as the proprietors thereof may be disposed to alienate at such prices as may be agreed upon between the respective Proprietors and persons appointed by Her Majesty to treat with them in that behalf. » (Ministry for Culture and Heritage, 2017 [1840] ; c’est moi qui souligne.)

La différence d’approche entre ces deux versions a été et demeure, aujourd’hui encore, à l’origine de nombreux malentendus en Nouvelle-Zélande Aotearoa. À ce propos, Claudia Orange, historienne néo-zélandaise et spécialiste de l’histoire du traité de Waitangi, propose la comparaison suivante entre les deux versions de l’article 2 :

« Article the second. Key Differences. In the English text of the Treaty, Māori leaders and people, collectively and individually, were confirmed and guaranteed ‘‘exclusive and undisturbed possession of their lands and estates, forests, fisheries and other properties.’’ In the Māori text of the Treaty, Māori were guaranteed ‘‘e tino rangatirantanga’’ — the unqualified exercices of their chieftainship over their lands ‘‘wenua’’, villages’’kainga’’, and all their property/treasures ‘‘taonga katoa’’. In the English text of the Treaty, Māori yielded to the Crown an exclusive right to purchase their land. In the Māori text of the Treaty, Māori agreed to give the Crown the right to buy land form them should Māori wish to sell. […] ‘’Treasures’' : ‘’taonga''. As submissions to the Waitangi Tribunal concerning

the Māori language have made clear, ‘’taonga'' refers to all dimensions of a tribal group’s estate, material and non-material heirlooms and wāhi tapu (sacred places), ancestral lore and whakapapa (genealogies), etc. » (Orange,

2016 : 7, 11 ; c’est moi qui souligne.)

tribunal de Waitangi à propos de la langue māori utilisée à l’époque du traité. Ces dossiers correspondent en partie au travail de recherche et d’interprétation d’Anne Salmond précédemment cité et dans lequel elle explicite l’inexactitude de l’emploi du concept européen de « propriété » pour traduire taonga. D’après ses recherches, les taonga de l’époque étaient des biens mobilisés par les aristocrates (rangatira) pour assurer la prospérité du collectif et ils n’étaient en aucun cas considérés comme des biens individuels :

« Although taonga was often translated by Europeans at the time as ‘property,’

this related to European philosophies of possessive individualism, which were not well established among Māori in 1840. While many Northern rangatira had become involved in the cash economy, they were still obliged to display their mana in acts of open-handed generosity; although as Henare et. al197. have argued,

taurekareka or pononga, ‘slaves’ or ‘war captives,’ individuals who had lost their mana, could more readily retain goods and cash in their own possession. »

(Salmond, 2010a : 19-20.)

L’auteure renforce son propos à la fin de ce paragraphe en arguant que les taonga différaient alors des biens détenus de manière individuelle par des personnes asservies (taurekareka)198. Dans

une publication complémentaire, éditée la même année afin de répondre aux commentateurs de ses travaux sur le traité de Waitangi, Salmond précise son analyse quant à l’usage abusif du terme « propriété » pour faire référence aux taonga. Elle y évoque plus spécifiquement la question des « tuku », que l’on traduira pour le moment par « présents » et qui rappelle le concept de « taonga

tuku iho » que nous rencontrerons plus loin :

« Thirdly, in Ture 2 of Te Tiriti [l’article 2 du traité], the phrase ‘tino

rangatiratanga’ is qualified by an association with whenua or land. The Queen promises the rangatira that she will uphold the ‘te tino rangatiratanga o o ratou wenua o ratou kainga me o ratou taonga katoa’ (the unfettered chieftainship of their lands, their dwelling places and all their valuables). Contrary to arguments mounted by the Crown, land and dwelling places and taonga were not the same thing as ‘property’ in a European conception. In te ao Māori, land and people and taonga were linked by whakapapa, and people belonged to the land as much as the land belonged to people (Papa-tuanuku was an ancestor, for instance). Mana and rangatiratanga and specific pieces of land were fundamentally, but not indissoluably linked, however, since rangatiratanga over particular whenua could

197 Ici, Salmond tire ses sources de la référence bibliographique suivante — lui ayant permis de prendre en compte les spécificités des dialectes māori du nord de l’archipel — : Henare, Manuka, Petrie, Hazel & Puckey, Adrienne, 2009. Nothern Tribal Landscape Overview (Hokianga, Whangaroa, Bay of Islands, Whangarei, Mahurangi and Gulf Islands), Crown Forestry Rental Trust, Wellington, Nouvelle-Zélande.

198 La condition sociale des taurekareka dans la société māori au moment des premiers contacts avec les Européens fera l’objet d’une analyse approfondie dans le chapitre 6.

be lost (by conquest, for example) or gifted – tuku - to others (in marriage or