L’usage des plantes médicinales

L’homme utilise les plantes médicinales pour traiter les maladies depuis des millénaires [145]. Depuis la préhistoire, les populations autochtones ont acquis des connaissances très poussées sur les plantes médicinales et des centaines d’espèces végétales étaient utilisées par les Premières Nations du Canada, ce qui donne à penser que nombre de celles-ci renferment des agents pharmacologiques importants qui pourraient être précieux en médecine moderne. De nos jours, l’usage de plantes médicinales est toujours d’actualité, étant donné les limites de la médecine (l’existence de maladies pour lesquelles il n’y a pas de traitement pharmaceutique efficace). Par ailleurs, 70-80% de la population mondiale utilisent toujours la médecine traditionnelle à base de plantes médicinales pour leurs soins de santé [146]. Ainsi, l’usage pharmacologique de molécules naturelles suscite un grand intérêt pour contrôler l’apparition des lésions psoriasiques, d’autant plus que les molécules étudiées dans ce projet de maîtrise sont des polyphénols, très reconnus pour leurs multiples fonctions. En effet, les polyphénols ont déjà fait leur preuve et ce, que ce soit au niveau de l’alimentation ou encore, sous forme de médicaments naturels quel que soit la forme posologique employée. Agents nutraceutiques

Les agents nutraceutiques sont des molécules issues de l’alimentation destinées à prévenir diverses pathologies telles que le psoriasis. Les meilleures sources alimentaires sont les épices, les légumes verts, le vin

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rouge, le thé vert, les petits fruits et les agrumes. Les molécules phytochimiques dérivées de l’alimentation quotidienne visent des mécanismes impliqués dans la pathologie du psoriasis. Le but est d’inhiber ou d’activer spécifiquement ces voies afin de contrôler le développement des lésions psoriasiques.

Les polyphénols sont reconnus pour leurs vertus médicinales et représentent les antioxydants les plus abondants dans l'alimentation humaine. Il existe des preuves démontrant les effets bénéfiques pour la santé des polyphénols alimentaires. La recherche scientifique a confirmé, entre autres, que les polyphénols alimentaires possèdent à la fois des effets protecteurs et thérapeutiques au niveau des maladies inflammatoires telles que la maladie intestinale inflammatoire (IBD) via la régulation de cytokines inflammatoires et leur propriété antioxydante [147]. Cette revue de la littérature de Farzaei et al. a évalué le potentiel de plusieurs polyphénols: la curcumine, la quercétine, l’épigallocatéchine-3-gallate (EGCG), la naringénine, l’acide ellagique, de même que les polyphénols présents dans la pomme, la myrtille, la grenade, le thé vert et l’huile d’olive. D’autres études ont permis de constater que les polyphénols alimentaires, tels que l'émodine, la quercétine et le cis-stilbène, ont également une activité anti-tumorale contre les cellules leucémiques. Les polyphénols présentent également des effets potentiellement utiles afin de contrôler divers symptômes physiopathologiques, puisqu’ils interagissent avec des protéines telles que les kinases de signalisation, les facteurs de transcription et les canaux ioniques, et modulent les processus d'oxydo- réduction, tels que ceux qui ont lieu dans les mitochondries. Les polyphénols contenus dans le thé vert, particulièrement les catéchines, font l’objet de maintes recherches, entres autres, sur la prévention du cancer. La molécule EGCG a un pouvoir antioxydant conféré par sa structure gallate. L’activité préventive du thé vert, ou de l’EGCG, a été documentée dans quelques centaines d’articles scientifiques portant, entre autres, sur les cancers de la peau, des poumons, de l’œsophage et de l’estomac. La canneberge possède un fort pouvoir antioxydant lié à la présence de flavonoïdes et de dérivés

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phénoliques. Cela permet, en outre, de prévenir les récidives d'infections urinaires en empêchant la fixation des bactéries, notamment Escherichia coli, à la paroi du tractus urinaire (uretères et vessie), inhibant ainsi leur développement. Bref, plusieurs autres études ont permis d’identifier les vertus médicinales des polyphénols contre plusieurs pathologies. Ainsi, ces métabolites végétaux secondaires s’avèrent intéressants pour l’élaboration de nouveaux produits pharmaceutiques d’origine végétale contre le psoriasis. Les résultats obtenus au cours de ce projet de maîtrise tendent à démontrer le potentiel antipsoriasique d’une gamme de molécules à structure polyphénolique. Étant donné que les polyphénols ont de multiples vertus, il est aisé de concevoir qu’ils pourraient être également thérapeutiques au niveau de cette maladie cutanée. Les polyphénols ont démontré un bon potentiel thérapeutique au niveau nutraceutique; l’usage de molécules extraites et purifiées de ressources végétales sous forme d’un produit de santé naturel (PSN) devrait être aussi efficace, voire meilleur, car le PSN contiendra la dose optimale et des études de pharmacocinétique sur l’absorption, la distribution, le métabolisme et l’excrétion seront effectuées afin d’optimiser l’activité pharmacologique du composé.

Les produits de santé naturels (PSN)

Le Canada est devenu un fournisseur mondial d'aliments fonctionnels et de produits de santé naturels (AFPSN) [148]. En effet, le marché est robuste et près de 750 entreprises canadiennes sont spécialisées dans ce domaine et recueillent plus de 11 milliards de dollars de recettes. Ainsi, les herbes médicinales jouent un rôle important dans l'industrie des PSN. Parmi les PSN, il y a les vitamines et minéraux, les médicaments à base de plantes, les substances homéopathiques, les remèdes traditionnels, les probiotiques et d'autres produits comme les acides aminés et les acides gras essentiels. En R&D, il est important de visualiser le projet à court et à long terme sur la découverte de nouveaux agents naturels thérapeutiques et il est légitime de se questionner sur la pertinence d’un nouveau produit naturel sur le marché.

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Ce bref aperçu des agents nutraceutiques et des PSN permet de visualiser le potentiel des polyphénols pour contrer les symptômes du psoriasis, en plus des résultats antérieurs de l’équipe et ceux de ce projet de maîtrise qui démontrent un potentiel antipsoriasique important au niveau de la normalisation de la différenciation kératinocytaire. Par ailleurs, l’efficacité à faibles doses des polyphénols sur les kératinocytes permet de croire qu’un éventuel PSN à base de polyphénols n’engendrerait pas d’effets indésirables.