• Aucun résultat trouvé

Développement de produits pharmaceutiques

À l’heure actuelle, il existe de nombreuses lois, règlements et lignes directrices (bonnes pratiques de laboratoire, bonnes pratiques de fabrication et bonnes pratiques cliniques) sur la qualité, l’innocuité et l’efficacité des drogues. Une drogue, selon l’Art. 2 de la Loi des aliments et drogues, comprend toutes substances ou mélanges de substances manufacturés, vendus ou présentés comme pouvant servir : 1) au diagnostic, au traitement, à l’atténuation ou à la prévention d’une maladie, d’un désordre, d’un état physique anormal ou de leurs symptômes, chez l’homme ou les animaux, ou 2) en vue de restaurer, corriger ou modifier les fonctions organiques chez l’homme ou les animaux, ou 3) en vue de désinfecter des locaux où des aliments sont fabriqués, préparés ou gardés. Ainsi, l’élaboration d’un nouveau produit pharmaceutique s’avère être une tâche laborieuse, puisque de la découverte d’une molécule active à l’approbation réglementaire, il peut s’écouler jusqu’à 15 ans. De plus, les coûts totaux de développement d’un nouveau produit peuvent être très élevés, soit environ 800 millions $US [116]. Le processus du développement d’un produit pharmaceutique se divise en trois grandes étapes critiques, soit 1) la recherche fondamentale, 2) les études précliniques et 3) les études cliniques (Figure 1.6). La première étape, soit la recherche et le développement, communément appelée la « R&D », est une première étude pilote visant la découverte de molécules actives avec un potentiel pour l’élaboration d’un produit pharmaceutique. Pour ce faire, de nombreuses molécules sont testées pour leur habileté à altérer des propriétés cellulaires et physiologiques, tels que diminuer la pression sanguine ou encore, leurs effets cytotoxiques, ce qui permet par la suite de ne retenir que celles éventuellement efficaces et ainsi créer une banque de molécules qui a un potentiel thérapeutique.

Parmi ces études fondamentales classiques, il y a notamment l’étude de la synthèse de molécules qui ont une activité biologique prometteuse, soit pour optimiser les propriétés physicochimiques des molécules d’intérêt, ou encore,

42

afin de s’assurer qu’il est possible d’obtenir à grande échelle les composés actifs pour le développement potentiel d'un nouveau médicament. Cette recherche exploratoire peut être d’une durée de trois à dix ans et lors de la découverte de molécules à potentiel thérapeutique prometteur, ces dernières font l’objet d’un brevet valable pendant 20 ans afin de protéger l’innovation liée à ces molécules.

Par la suite, il y a les études précliniques. L’évaluation préclinique d’une nouvelle entité chimique (NEC) permet d’établir les bases pour conclure à la sécurité raisonnable du médicament avant l’administration du produit chez l’homme. Pour ce faire, diverses études in vitro et/ou in vivo visent à démontrer l’effet thérapeutique et biologique d’une NEC. L’évaluation de la pharmacologie permet de déterminer si la NEC est apte à induire un effet thérapeutique bénéfique et permet également de révéler des effets secondaires non reliés à la pharmacologie primaire de la NEC. L’évaluation de la toxicologie (toxicité aigüe, subaigüe, chronique, embryofoetale et périnatale, génotoxicité) permet d’établir le profil d’innocuité chez les animaux et ainsi, de prédire le potentiel de toxicité chez l’humain. Cette information est importante afin d’établir la dose sécuritaire pour une première administration chez l’humain. En bref, les études d’innocuité pharmacologique ont pour objectifs d’évaluer les réponses biologiques induites par une NEC, tandis que la toxicologie évalue les effets toxiques causés par un médicament. Parallèlement aux études de pharmacologie et de toxicologie, des études préliminaires concernant les propriétés pharmaceutiques sont effectuées : absorption, distribution, métabolisation et élimination (ADME). Ces études permettent ainsi de connaître la biodisponibilité du principe actif, c’est-à-dire, la quantité de principe actif dans l’organisme en fonction du temps. De plus, une étude du pouvoir cancérogène doit être effectuée si les produits testés présentent une analogie chimique avec des composés reconnus cancérogènes, ou encore, qui ont provoqué des manifestations suspectes au cours des études toxicologiques. Or, au cours des études précliniques, plusieurs composés chimiques potentiellement thérapeutiques sont éliminés.

43

Les raisons majeures pour lesquelles le développement d’un médicament est discontinué sont la pharmacocinétique (39%), l’efficacité (30%) et la toxicité (11%).

Les études cliniques représentent la dernière étape du processus du développement d’un médicament. Ces études cliniques se déroulent chez l’humain et se subdivisent en trois phases principales et ce, dans des conditions bien réglementées. La phase I est l’étude de la tolérance. En fait, des doses croissantes de la molécule à l’étude sont administrées à des volontaires sains sous surveillance étroite. Cette phase comprend les études de pharmacocinétique permettant de déterminer la biodisponibilité, la résorption, la diffusion, le métabolisme et l’élimination du médicament. Elle doit aussi préciser la posologie à appliquer en phase II. Cette dernière est l’étude de l’efficacité du produit chez les volontaires modérément atteints par la pathologie cible du médicament. Cette phase II est subdivisée en deux autres phases, soit IIa et IIb. La phase IIa permet de déterminer si le médicament est actif dans la maladie ciblée et de préciser les connaissances au niveau de la pharmacocinétique et du métabolisme du produit. La phase IIb permet d’établir les courbes de relation entre la concentration et les effets obtenus, afin de préciser la dose optimale pour laquelle l’effet thérapeutique est le meilleur pour le moins d’effets secondaires entraînés. Finalement, la phase III consiste à évaluer l’efficacité et la tolérance du médicament dans des conditions similaires à la pratique courante. Ainsi, les essais de phase III permettent d’établir le rapport bénéfice/risque du médicament et de préciser les précautions d’emploi. Si le médicament traverse avec succès ces différentes phases, il est éligible pour l’accession au marché. Pour ce faire, il faut d’abord suivre toute une procédure administrative pour l’approbation d’un nouveau médicament ou traitement. Après la mise sur le marché, des études de phase IV surveillent le profil d’efficacité et de tolérance du produit à long terme.

44

Figure 1.6 Les grandes étapes pour le développement de nouveaux produits

pharmaceutiques.