• Aucun résultat trouvé

L A RENAISSANCE DE L ’ ASSOCIATION GENERALE DES PRODUCTEURS DE MAÏS

Dans le document Le maïs et le Béarn de 1945 à 1960 (Page 38-43)

LA MISE EN PLACE DES ORGANISATIONS AGRICOLES

A– L A RESTRUCTURATION SYNDICALE

B- L A RENAISSANCE DE L ’ ASSOCIATION GENERALE DES PRODUCTEURS DE MAÏS

(AGPM)

B-1 La remise en activité

C’est l’union départementale de la CGA qui provoque, le lundi 27 janvier 1947, une réunion à la Maison du Paysan à Pau dans le but de remettre en marche cette association mise en sommeil durant la Seconde Guerre mondiale. Louis Bidau préside cette réunion à laquelle participent notamment l’ancien président Hubert de Baillenx, l’ingénieur Jean Vinel représentant la direction des services agricoles, Charles Bertin, et plusieurs anciens animateurs de l’association.

76 Le Sillon 1er août 1949 77

Le Sillon 15 décembre 1949

Louis Bidau donne lecture de l’article 4 des statuts de l’AGPM qui définit son objet. Il passe en revue les onze alinéas de l’article, pour constater combien le programme d’action, décliné initialement en 1934, reste d’actualité et mérite d’être repris maintenant par les maïsiculteurs.

Hubert de Baillenx se livre à un rappel saisissant du passé, et énumère toutes les difficultés rencontrées dans les années trente, à l’attention des jeunes présents dans la salle. Il dit que l’AGPM est née de la misère qui régnait dans le pays. Le maïs souffrait d’un manque de considération, de prix trop bas, de la concurrence étrangère, de frais de transport prohibitifs, de la sous représentation dans les instances agricoles et céréalières nationales, de l’emprise des négociants privés sur le marché. Il insiste pour que les producteurs s’organisent sans plus tarder, afin de faire face aux difficultés qui ne manqueront pas de se présenter sur la route.

Un conseil d’administration provisoire est mis en place. Hubert de Baillenx est confirmé à la présidence. Les autres membres sont les Béarnais Henri Campagne de Sainte-Suzanne, Lacaze de Gomer, Ulysse Lasserre-Capdeville de Baigts-de-Béarn, Pierre Lannes de Lons, et Robert Malherbe de Legugnon. Les représentants du Pays basque sont Louis Dassance, Robert Bordes, Jean Gracy, et Étienne Pochelu.

C’est au cours de cette réunion que l‘AGPM a décidé de s’impliquer en tant que principal organisateur du concours de maïs de 1947 dont le déroulement a été relaté ci-dessus79.

Les maïsiculteurs sont présents au grand rassemblement revendicatif des paysans basques et béarnais qui se tient place de la Moutete à Orthez le dimanche 8 juin 1947. Ce rassemblement, présidé par Monsieur Forget, président national de la FNSEA, est motivé par les difficultés économiques traversées par le monde paysan, toutes productions confondues. Malgré la date de la manifestation qui correspond à la saison des foins et aux fêtes religieuses et familiales, et une grève soudaine des cheminots, deux mille personnes sont présentes80. Monsieur Darracq, délégué cantonal d’Orthez, est le premier intervenant. Hubert de Baillenx prend la suite pour traiter les questions du maïs. Il dresse notamment le plan d’action à mettre en œuvre pour aborder l’avenir. Il insiste sur la nécessité d’établir un catalogue de variétés et d’assurer la commercialisation des maïs pour la semence. Il remercie le conseil général qui vient d’attribuer une

79

Le Sillon 8 février 1947

subvention appréciable de 100 000 francs à l’AGPM. Louis Bidau intervient également à ce meeting et traite notamment de la question des prix des diverses productions81.

B-2 Le soutien de l’Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB)

L’Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB) va marquer rapidement son soutien aux initiatives de l’AGPM visant à donner au maïs, sur le plan national, toute la place qu’il mérite. Elle consacre un article dans son bulletin périodique au programme d’actions techniques élaboré par l’AGPM. Les producteurs de blé disent que la solidarité doit prévaloir entre tous les producteurs de céréales. C’est ainsi que, dans le cadre de son programme d’actions techniques 1947/1948, l’AGPB décide d’affecter deux stagiaires déjà formés aux questions de semences à une action technique maïs, pendant un an. Les deux intervenants seront placés sous l’autorité du professeur de Montpellier Luc Alabouvette. Les producteurs de blé interviennent aussi auprès du Conseil supérieur des offices agricoles départementaux, pour favoriser les demandes de financement qui seront nécessaires à l’AGPM82.

La bonne entente entre les deux organisations se concrétise par l’adhésion de L’AGPM à l’AGPB le 8 janvier 1948. Et le 2 avril 1948, les dirigeants de l’AGPB sont reçus à Pau, dans le cadre d’une journée d’échanges et de concertation. Le président Deleau fait un exposé général sur la situation du marché des céréales. Le directeur général Mennesson explique les méthodes de calcul du prix du blé. Pierre Halle passe en revue les questions internationales. Le professeur Alabouvette a été invité à cette réunion, et apporte sa contribution aux échanges techniques. Les dirigeants de l’AGPM se réjouissent de l’appui que lui apporte la grande et puissante AGPB83.

Un conseil d’administration de l’AGPM se tient le 21 mars 1949 à Pau, en présence du directeur de l’AGPB, de représentants des syndicats agricoles du Gers et des Hautes-Pyrénées, et du directeur des services agricoles des Landes. Louis Bidau explique que l’AGPM doit affirmer son caractère d’organisation syndicale et représenter tous les départements du Sud-Ouest. La modification des statuts de l’association est à l’ordre du jour ; elle donne lieu à une large discussion et à de nombreuses contributions. Il est également décidé d’établir des statuts types pour

81 Le Sillon 15 juin 1947 82

Le Sillon 15 novembre 1947

les syndicats de producteurs de semences. Ceux-ci auront vocation à être regroupés au stade national dans une fédération rattachée à l’AGPM84.

B-3 Les actions revendicatives de l’AGPM

L’AGPM met à profit la venue à Pau de nombreux dirigeants d’organismes agricoles et de hauts fonctionnaires du ministère de l’Agriculture à l’occasion du concours de maïs de 1948, pour engager des entretiens importants sur l’avenir de la culture du maïs. Elle tient une réunion et arrête un certain nombre de résolutions importantes. Elle demande au Gouvernement de satisfaire en priorité les besoins en semences de maïs fourrage des utilisateurs français à l’aide de semences produites en France. L’AGPM considère que les producteurs français sont en mesure de couvrir la totalité des besoins. Elle revendique que les importations de semences, s’il doit y en avoir, ne soient réalisées qu’après son accord.

L’AGPM demande ensuite à être habilitée, sous l’autorité d’une commission officielle de contrôle, à organiser et à surveiller la production des semences de maïs en France. Elle présentera à l’agrément des pouvoirs publics un règlement intérieur et des statuts lui permettant d’assurer cette mission. Elle souhaite également que soit instituée pour le maïs une garantie de prix identique à celle dont bénéficie le blé. C’est indispensable pour lui permettre de poursuivre et d’améliorer une production de semences de maïs de qualité répondant à des normes précises, et de sécuriser ainsi les efforts d’équipement qui seront nécessaires.

L’AGPM demande aussi la révision de la prime de multiplication accordée par l’ONIC pour les maïs cultivés sous contrat, et l’institution ponctuelle d’une catégorie de maïs apte à la semence. Ces mesures doivent favoriser l’établissement de courants commerciaux entre les régions productrices et les régions consommatrices de semences de maïs fourrage85.

Quelques mois plus tard, Louis Bidau est amené à dénoncer les importations massives et brutales de maïs qui menacent la stabilité et l’équilibre des prix. Dans le cadre de l’assemblée générale de la fédération syndicale départementale tenue à Pau le 14 mars 1949, en présence des délégués de plus de quatre cents syndicats locaux, Louis Bidau aborde le sujet de l’avenir de la culture du maïs en France. Au

84

Le Sillon 15 avril 1949

nom du syndicat, il demande la suspension des achats extérieurs de céréales secondaires, le stockage puis le déstockage progressif des maïs reçus dans les ports de débarquement, et l’interdiction de la vente sous le nom de « maïs semence » de maïs de consommation86. Peu après, le 21 mars 1949, le conseil d’administration de l’AGPM dénonce à son tour la situation actuelle du marché perturbé par les importations massives, et le rôle joué par l‘ONIC qui a autorisé des entrées de la céréale bien au-delà de ce que les producteurs avaient accepté au mois de novembre précédent pour compenser les insuffisances de l’offre87.

Le 4 décembre 1949, dans le cadre de l’assemblée générale couplée avec la tenue du congrès international du maïs, l’AGPM adopte une série de cinq résolutions qui confirment et complètent ses revendications. Outre les demandes d’une garantie de prix et de la régulation des importations de maïs de consommation et de semences hybrides dûment sélectionnées, l’AGPM réclame une place particulière pour les délégués des producteurs de maïs au conseil central de l’ONIC88.

En définitive, un travail important de reconstruction des organisations syndicales, et en particulier de celle dédiée aux producteurs de maïs, a été menée à bien dans un temps court, de 1947 à 1949. Louis Bidau a joué un rôle majeur dans la remise en place des structures, fort de l’expérience acquise aux côtés de Samuel de Lestapis avant la Seconde Guerre mondiale. Son action se situe dans le prolongement de celle de l’ancien leader béarnais, et cette continuité va ressortir des premières réalisations professionnelles.

86 Le Sillon 1er avril 1949 87

Le Sillon 15 avril 1949

CHAPITRE 3

Dans le document Le maïs et le Béarn de 1945 à 1960 (Page 38-43)