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L A PROFESSIONNALISATION DE L ’ ACTIVITE SEMENCE

Dans le document Le maïs et le Béarn de 1945 à 1960 (Page 164-169)

LES AVANCEES EN MATIERE DE PRODUCTION

B- L A PROFESSIONNALISATION DE L ’ ACTIVITE SEMENCE

Depuis la création de la FNPSM en 1950, la production de semences de maïs est réglementée. Afin de garantir la qualité de la production, les maïsiculteurs doivent être organisés en syndicats et respecter des contraintes culturales. Les négociants et coopératives chargés de la collecte et de la distribution doivent être agréés. Cet encadrement est conforté et étendu au milieu des années cinquante.

B-1 L’organisation de la production des semences hybrides

Le 8 septembre 1955, la FNPSM tient son assemblée générale annuelle à Pau. Tous les départements maïsicoles de France sont représentés. La fédération a créé un comité de gestion chargé de gérer et de moduler les conditions économiques de l’activité semence, dans son cycle long de production des lignées pures, hybrides simples et hybrides doubles, auquel s’ajoute le temps de stockage. Un système de péréquation est mis en place. La question de la protection et de l’isolement des champs de culture de semences par rapport aux champs de culture de maïs autres fait l’objet d’un large débat. Il apparaît que cette question doit être traitée au niveau de chaque département en fonction du contexte local et dans le respect des intérêts légitimes de chacun127.

L’isolement des cultures de maïs semence se heurte à certaines difficultés dans les Pyrénées-Atlantiques, dues parfois à la mauvaise volonté des voisins qui sèment à proximité quelques ares de maïs de consommation. Les syndicats de producteurs intéressés ont été ainsi

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Le Sillon 15 septembre 1960

conduits à entreprendre des démarches pour se protéger, comme cela est fait dans d’autres départements tels que le Puy-de-Dôme, le Maine- et-Loire, et l’Aude. Ils obtiennent un arrêté préfectoral le 29 mars 1956, lequel rappelle les textes en vigueur et indique les distances qui doivent être respectées entre champs de semences et champs d’autres catégories de maïs.

Pour profiter de la protection, toutes les parcelles de maïs semence, situées dans une même commune ou groupe de communes, doivent être groupées en îlots de production présentant une surface minimum. Une liste nominative de ces îlots est établie chaque année par la FNPSM. Le plan de chaque îlot doit être affiché à la mairie des communes intéressées. Les cultures de semences de l’îlot sont alors prioritaires par rapport aux autres cultures de maïs. Les contrevenants sont passibles de poursuites judiciaires128.

La question de la protection de ces îlots est toujours d’actualité en 1957, et fait l’objet d’un arrêté préfectoral le 13 avril. Il rappelle les distances à respecter entre parcelles dédiées à la semence et les autres, l’obligation pour les producteurs de semences d‘être regroupés, et donne la liste des îlots agréés pour le département, en hybrides simples d’une part, et doubles d’autre part, avec indication de la superficie de chacun129.

Un arrêté préfectoral du 17 avril 1959 vient rappeler la réglementation en vigueur depuis 1956 et donne la liste des îlots bénéficiant de la protection règlementaire qui est renouvelée chaque année par la FNPSM. Ces îlots sont alors au nombre de douze, couvrant chacun des superficies comprises entre 10 et 71 hectares130.

B-2 L’organisation de la collecte et de la distribution de semences hybrides

Les pouvoirs publics encouragent les agriculteurs à utiliser des semences hybrides. En 1956, une subvention de 3 000 francs par quintal de semence est accordée aux acheteurs. Une circulaire du secrétariat d’État à l’Agriculture est envoyée à chaque comité départemental des céréales pour la mise en application de la mesure131. L’aide concerne

exclusivement les semences métropolitaines produites et

128 Le Sillon 1er juin 1956 129 Le Sillon 15 mai 1957 130 Le Sillon 15 mai 1959 131 Le Sillon 1er juillet 1956

commercialisées sous la surveillance de la COC, et les semences importées sous le contrôle de l’ONIC132.

La collecte et la distribution des semences hybrides sont le domaine réservé des organismes habilités. La CACBA et la direction des services agricoles recommandent aux agriculteurs béarnais de passer leurs commandes rapidement, un déficit en certains numéros étant à craindre en raison des demandes déjà formulées par d’autres départements du Sud-Ouest. La CACBA met en vente la variété hybride Iowa 4417 dès le 16 janvier 1956133. Il est rappelé, au début de cette année 1956, à l’attention des acheteurs que les semences de maïs doivent être vendues en sacs plombés portant l’étiquette de la COC. L’agriculteur doit refuser d’acheter à sac ouvert, avec tous les risques que cela comporte sur la qualité et l’origine du produit. Les échantillons doivent être présentés en bocaux ou en sachet cellophane.

La commercialisation des semences de maïs est limitée aux variétés inscrites au catalogue. Les semences d‘importation ne peuvent être commercialisées que sur autorisation spéciale accordée par arrêté ministériel. Le marché est donc quasiment approvisionné par les seules semences françaises134. Des importations de certaines variétés de semences de maïs grain ont été cependant autorisées en raison de l’insuffisance des disponibilités. De fait, depuis deux ans, la demande de semence de maïs hybride par les agriculteurs s’avère supérieure à l’offre des organismes habilités135, 136.

La liste des variétés admises est modifiée périodiquement afin de faire profiter les maïsiculteurs des progrès de la sélection. C’est le rôle d’un comité technique permanent qui a été conduit à définir les conditions que doivent remplir les nouveautés pour être inscrites à leur tour. Des critères de tardivité et de valeur culturale sont pris en compte. Le comportement des variétés en instance d’inscription est étudié dans les régions où leur culture sera probablement réalisée. Pour être inscrites, les nouvelles variétés doivent être dotées d’une valeur culturale en net progrès par rapport à celles déjà élues. Et cette valeur culturale comparative s’apprécie au moyen d’expérimentations poursuivies pendant plusieurs années. Ainsi, dans le Sud-Ouest, des 132 Le Sillon 15 septembre 1956 133 Le Sillon 1er janvier 1956 134 Le Sillon 15 février 1956 135 Le Sillon 15 mars 1955 136 Le Sillon 15 février 1956

essais concernent des maïs plus tardifs que l’Iowa 4417 mais sans résultat probant en leur faveur137. En 1957, les maïsiculteurs sont invités à bien vérifier la qualité des semences d’importation mises à leur disposition, en sus des semences françaises. Certaines variétés ne sont autorisées que pour la production de fourrage. Les sacs de ces semences doivent être munis d’une étiquette numérotée blanche portant une mention informative.

Au début de l’année 1958, le service de la répression des fraudes est amené à rappeler les obligations qui pèsent sur les détenteurs de lots de semences de maïs importées. Les semences non inscrites au catalogue officiel ou présentées simplement sous un nom de type variétal, qui avaient pu être commercialisées exceptionnellement en tant que semences lors de campagnes antérieures, doivent être déclassées et destinées à d’autres usages que la semence. La simple détention de ces produits, sans déclassement opéré, est constitutive d’une infraction. Quant aux semences importées inscrites au catalogue, les commerçants et organismes détenteurs sont tenus de faire vérifier le taux actuel de faculté germinative, lequel a pu évoluer par rapport à celui garanti à l’époque de leur acquisition. Le taux requis est de 85 %. Les opérations de prélèvement d’échantillons pour les besoins du contrôle doivent être faites en présence d’un agent du service de la répression des fraudes ou d’un contrôleur de la COC. Les sacs de semences ouverts pour le prélèvement de l’échantillon ne peuvent être replombés qu’au vu de résultats d’analyses favorables138.

La FNPSM attache une grande importance au respect de la réglementation du commerce des semences. Lors de son conseil d’administration tenu à Paris le 24 avril 1958, il est rapporté que de nombreux revendeurs de semences ne sont pas agréés, certains d’entre eux semblant ignorer qu’ils doivent être habilités par l’ONIC et détenir une carte professionnelle délivrée par le Groupement National

Interprofessionnel des Semences (GNIS). Ces commerçants

contrevenants vendent des semences en sac ouvert, enfreignant l’obligation de vente en sac plombé portant l’étiquette COC. La FNPSM décide une intervention auprès des services de la répression des fraudes afin de durcir la répression des manquements aux obligations légales139.

137 Le Sillon 1er mai 1956 138

Le Sillon 15 février 1958

B-3 Les nouvelles orientations de la coopérative béarnaise CACBA

En décembre 1958, La CACBA recrute un jeune directeur adjoint pour seconder le directeur général Charles Petit. Il s’agit de Xavier Bonnemaizon, qui était salarié de l’AGPM depuis 1953. C’est le fils d’un agriculteur de Saint-Abit, petite commune béarnaise de la plaine de Nay. Il a eu l’opportunité d’être le plus jeune participant à la mission maïs de 1951 aux États-Unis, à vingt et un ans, alors qu’il était toujours étudiant à l’école d’agriculture de Purpan. Il doit cet avantage à Louis Bidau, qui était un ami de son père. Son transfert de l’AGPM à la coopérative a posé quelques problèmes avec les autres entités du même type que la CACBA, et n’a été concrétisé qu’après une démarche d’assentiment menée auprès d’elles par Louis Bidau et Jacques Etchebarne140.

Xavier Bonnemaizon veut innover. Depuis la mission maïs, il avait gardé de nombreuses relations aux États-Unis où il retournait fréquemment. Il admirait l’esprit d’entreprise des Américains, leurs méthodes de gestion. Il envisage rapidement de collaborer avec eux pour des travaux de recherche. Sa démarche aboutit en 1960 à un accord de partenariat avec la société Funk. Une société dénommée Funk France est constituée le 23 septembre 1960 à Paris. Son objet est l’importation de lignées pures et hybrides simples et la recherche de procédés de sélection des semences. La société Funk et la CACBA se partagent les postes du conseil d’administration avec la Société des Produits du Maïs qui est également actionnaire141.

Cet accord est le premier du genre en France. Xavier Bonnemaizon concrétise ainsi son projet de faire commercialiser par la CACBA ses propres semences à formule fermée142. Jusque-là, les semences fabriquées et commercialisées par les coopératives relevaient de formules ouvertes proposées par l’INRA. Ce contrat marque un tournant, et d’autres entités françaises vont à leur tour passer des accords avec des sociétés américaines telles que Dekalb ou Pionner143.

La démarche suivie par la CACBA n’est peut-être pas tout à fait neutre par rapport aux orientations prises par l’INRA, la mise au point

140 Lascaray Thierry, La Coop de Pau (CBBA-CACBA), 1936-1977, Ter histoire contemporaine, UPPA,

décembre 1992, pp 101-104

141 Opcit, pp57-58

142 Formule fermée : exclusivité de la production et de la vente d’une variété.

143 En 1967, Xavier Bonnemaizon accèdera au poste de directeur général de la CACBA, en

remplacement de Charles Petit. Il fera valoir alors pleinement ses options en matière de politique d’investissements et de méthodes de direction.

des premiers hybrides français ayant été ciblée sur des variétés de maïs précoces adaptées aux conditions de culture du Bassin parisien et du nord de la Loire.

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A CROISSANCE DE LA PRODUCTION

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