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L E FRONT DE LA MOTORISATION ET DU MACHINISME 1 La motorisation générale

Dans le document Le maïs et le Béarn de 1945 à 1960 (Page 94-99)

LES HYBRIDES SUR TOUS LES FRONTS

C- L E FRONT DE LA MOTORISATION ET DU MACHINISME 1 La motorisation générale

Il n’y avait qu’une cinquantaine de tracteurs en activité dans les Basses-Pyrénées en 1945. Le tracteur devient un équipement incontournable dans les années cinquante, la croissance des ventes est exponentielle.

Les agriculteurs se rendent en masse aux foires et expositions de machines agricoles telles que celle qui se tient à Pau du 20 septembre au 2 octobre 1952. De nombreux fabricants et distributeurs de tracteurs et outillages sont présents. Une conférence et une projection cinématographique sur les progrès de la motorisation en France

complètent le programme. De nombreuses commandes sont passées76.

Dans le cadre de cette foire, il a été organisé, le lundi 29 septembre, un concours de conducteurs de tracteurs qui a amené dans l’enceinte de la foire vingt-cinq concurrents et des milliers de spectateurs. Les engins étaient répartis en catégories selon leur puissance et, dans chaque catégorie, un classement spécial était prévu pour les démonstrateurs professionnels77.

Les pouvoirs publics impulsent le mouvement d’achat. En 1954, le gouvernement prend des mesures financières importantes pour favoriser les investissements dans l’industrie et le commerce. Il accorde

75 Le Sillon 1er août 1953 76

Le Sillon 15 septembre 1952

une aide de 15 % sur tous les matériels acquis depuis le 11 avril de la même année78.

Les exploitants agricoles sont éligibles au dispositif. Ils doivent acquérir un matériel neuf, d’un prix supérieur à 7 000 francs et figurant sur une liste préétablie. Le bénéficiaire de l’aide s’engage à ne pas revendre le matériel avant un an. Les frais de transport et de montage ne rentrent pas dans la base de calcul. La facture est soumise à des conditions de forme et le maire doit certifier la qualité de l’acheteur et la livraison effective du matériel.

Les tracteurs, motoculteurs, moissonneuses-batteuses, charrues, semoirs, égreneurs, trieurs, véhicules agricoles à deux, trois ou quatre roues d’une vitesse limitée à 25 kilomètres heure, et les matériels motorisés pour la récolte du maïs figurent notamment parmi les investissements éligibles79.

Les responsables agricoles estiment que l’engouement dont font preuve certains pour la mécanisation doit être tempéré. Il faut envisager les opérations de mécanisation de manière prudente et en fonction des dimensions de l’exploitation80.

C’est la problématique de la décision d’achat du tracteur par le maïsiculteur que Louis Saint-Martin aborde dans un article paru dans les colonnes du journal Le Sillon en février 1953. Il observe qu’au 1er janvier 1953, le nombre de tracteurs en service dans le département atteint 1 200 unités et augmente à un rythme de plus en plus élevé. Il dit qu’un tel investissement, lourd, doit résulter d’un choix raisonné. Deux à trois hectares de culture de maïs ne peuvent légitimer une telle dépense. Le tracteur doit s’accompagner d’un accroissement des surfaces cultivées sur la propriété. Louis Saint-Martin n’hésite pas à conseiller, au risque de choquer, de prendre du terrain sur les prairies permanentes, et même en commençant par les meilleures. Il évoque aussi une seconde possibilité, celle du défrichement de terres incultes : les touyas.

Si la motorisation paraît souhaitable, elle doit donc aller de pair avec l’intensification de la culture. Et Louis Saint-Martin considère que le maïs hybride, plus et mieux cultivé, doit être le facteur décisif du succès de la motorisation dans le département81.

78 Le Sillon 1er juin 1954 79 Le Sillon 1er juillet 1954 80 Le Sillon 1er octobre 1952 81 Le Sillon 15 février 1953

C-2 Les matériels spécifiques au maïs

La motorisation va concerner les différentes phases de la culture et de la récolte de la céréale du Sud-Ouest.

Au début des années cinquante, les caractéristiques des maïs hybrides conduisent à une adaptation des semoirs existants. L’AGPM s’est mise en relation avec les différents constructeurs afin que les agriculteurs puissent se procurer des bobines calibrées aux dimensions des grains hybrides. Ces bobines sont mises en vente à la Maison du Paysan de Pau82. Des semoirs spécifiques à la céréale sont rapidement proposés aux exploitants. Des modèles à deux rangs permettent d‘ensemencer quatre à six hectares en une journée.

Dans le cadre des journées du maïs organisées à Pau les 1er ,2 et 3 décembre 1951, une exposition rassemble tous les matériels actuellement disponibles en France et adaptés à la culture du maïs. Un concours d’égrenoirs et trieurs est organisé. C’est le premier du genre en France. Douze machines, sous les yeux d’un jury dans lequel figurent le professeur Alabouvette et Louis Saint-Martin, effectuent le travail pour lequel elles ont été conçues, durant un quart d’heure. C’est la « Sans Rivale », présentée par l’Union des CUMA de Paris, qui remporte le premier prix dans la catégorie des égrenoirs grand débit, tandis que la « Wielfrass », présentée par le groupement Chartres Agricole, s’impose dans la catégorie des égrenoirs petit débit. C’est la machine « Clert », présentée par les Établissements Biscarra de Niort qui s’attribue le premier prix dans le concours des trieurs, tandis que la machine « Marot », présentée par monsieur Émile Marot, de la même ville de Niort, est classée deuxième.

Les locaux sont présents au palmarès avec des égrenoirs conçus par Messieurs Darraspen et Heugas de Autevielle, Monsieur Bacod de Labastide-Villefranche, et la Maison Mailhe d’Orthez83.

La « Sans Rivale » intéresse effectivement les maïsiculteurs locaux, et la Maison du Paysan de Pau devient le vendeur exclusif pour la région du Bassin de l’Adour de cette batteuse égreneuse. Elle effectue l’égrenage de tous les épis de maïs, qu’ils soient dépouillés ou non, y compris toutes les variétés de maïs hybride à grains dentés84.

82 Le Sillon 15 février 1951 83

Le Sillon 15 décembre 1951

Au début de l’année 1952, des batteries de trieurs calibreurs spéciaux pour maïs hybrides ont été mis en fonction à l’annexe de Billère de la coopérative agricole de céréales du Bassin de l’Adour (CACBA)85. C’est dans le courant de cette même année que cette coopérative a réalisé une première tranche d’installations de séchage et de conditionnement de semences de maïs hybride dont il est rendu compte par ailleurs dans le présent mémoire86.

À la même époque, les établissements Couaillac et Bly, de Châtillon près de Paris, commercialisent un tracteur à bras « Labor », facile à manier et passant partout, qui réalise avantageusement les travaux de binage, buttage et sarclage87. Les établissements Pierre Saint-Cricq, situés au 23 de la rue Guynemer à Pau, diffusent de nouveaux matériels tels que des dépouilleuses de maïs à 6 et 12 cylindres88.

Les 13 et 14 avril 1953, la Maison du Paysan de Pau procède à des démonstrations de matériels à Pau et Orthez. Un semoir EBRA, des établissements Beauvais et Robin, a retenu particulièrement l’attention. Il assure une grande régularité de la distribution. Le fabricant a étudié un jeu de trois distributeurs qui conviennent pour les différents calibrages de semences de maïs de la coopérative de Pau. Une roue plombeuse tasse la terre sur le semi, et un système d’obturation permet également de faire des semis en poquets. Il s’adapte facilement sur n’importe quel tracteur89.

Au début des années cinquante, les corn pickers, machines à récolter le maïs, sont peu répandus et doivent être importés. L’AGPM prend en charge les démarches nécessaires pour faire entrer en France quelques exemplaires de ces matériels. Les corn pickers sont livrés en nombre suffisant pour satisfaire les premières demandes90.

La coopérative de défrichement sise à la Maison du Paysan à Pau fait l’acquisition d’une machine américaine du même type qui permet de réaliser, en une seule séquence de travail continue, le ramassage et le dépouillage des épis. Cette machine est mise à la disposition des 85 Le Sillon 1er mai 1952 86 Le Sillon 15 septembre 1952 87 Le Sillon 1er mai 1952 88 Le Sillon 15 septembre 1952 89 Le Sillon 15 avril 1953 90 Le Sillon 1er mai 1950

agriculteurs. Il est signalé toutefois qu’une surface minimale d’un hectare est nécessaire pour rentabiliser l’opération. Ce matériel de conception américaine est davantage adapté au maïs hybride91.

La société Hy Bergerat Monnoyeur et Cie, présente à Paris, Lyon, Toulouse et Bordeaux, commercialise sur toute la France à la même époque des corn pickers John Deere à un rang semi-porté et à deux rangs tracté92. Jusqu’en 1955, ces matériels sont peu utilisés en Béarn et dans les Pays de l’Adour.

Ainsi, sur tous les fronts, depuis 1950, la recherche du progrès s’articule et s’organise autour de l’introduction du maïs hybride. La parité de traitement avec les maïs de pays n’est plus de mise, ni dans les animations professionnelles ni dans les expérimentations et la recherche. Cependant, si les objectifs sont clairement tracés, et malgré les avancées obtenues, des obstacles majeurs à une expansion de la culture restent encore à franchir, notamment en matière de mécanisation, de désherbage ou d’obtention de semences toujours plus adaptées aux conditions locales.

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Le Sillon 15 octobre 1950

CHAPITRE 3

Dans le document Le maïs et le Béarn de 1945 à 1960 (Page 94-99)