• Aucun résultat trouvé

C HAPITRE V : R ETOUR SUR LES THÉORIES À PARTIR DES RÉSULTATS EMPIRIQUES

A. L ES PHASES DE DÉVELOPPEMENT DES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ

Les pôles de compétitivité, tout comme le pôle « Mov’eo » peuvent passer par cinq phases de développement : phase avant la formation, phase de formation, phase de développement, phase de maturité et phase de déclin.

1. PHASE AVANT LA FORMATION

Le pôle « Mov’eo » et quelques pôles de compétitivité existaient même avant qu’ils soient labellisés « pôles de compétitivité », leurs acteurs collaboraient ensemble d’une façon informelle.

« … si on prend les pôles de compétitivité, certains avaient une existence avant de recevoir le label du pôle de compétitivité. Donc ce qu’il faut bien prendre en considération, ce n’est pas la date d’obtention du label pôle de compétitivité, mais la date de création du cluster. Ce qui est parfois est différent de la date d’obtention d’un label. C’est toujours très intéressant de regarder ce que certains chercheurs, par exemple à Ardyn, l’appel les caractéristiques acquises, en fait c’est à dire ben où est-ce que ils ont été au moment de la labellisation du pôle, est ce que c’est vraiment de création ex-nilo, ou est-ce que c’est la labellisation d’une démarche qui existe depuis plusieurs années. » FC3

« Le pôle Mov’eo a été créé en juin 2006. Des collaborations informelles existaient déjà avant la labellisation du pôle Mov’eo depuis que les projets collaboratifs existent en France. Le secteur de l’automobile était un des premiers à travailler de manière collaboratif, donc depuis les premiers programmes européens, depuis que l’État a soutenu les programmes européens. Même très longtemps, avant il y avait déjà l’activité, mais Mov’eo était là pour renforcer toutes ces activités, puis surtout pour intégrer plus de PME. Je ne saurai pas vous dire quand, au moins une vingtaine d’années avant quoi. C’était surtout entre les grands groupes et les laboratoires surtout. » FM1

2. PHASE DE FORMATION

C’est une phase de création et de constitution du pôle. Au niveau de cette étape le pôle définit sa stratégie organisationnelle et de gouvernance et ses acteurs commencent à travailler ensemble d’une façon formelle autour d’une activité commune.

BACHIRI Hadjira | Thèse de doctorat| Chapitre V : Retour sur les théories à partir des résultats empiriques 177

organisationnelle, il faut créer la gouvernance, organiser l’équipe permanente, mettre en place donc les équipes, les former et mettre en place leurs stratégies, mettre en place aussi nos systèmes de management de la qualité qui va nous certifier ISO donc. » FM1

« Forcement il y a une première phase je dirais de constitution du pôle ou du cluster, ce n’est pas parce qu’on met X acteurs les uns à côté des autres que ils vont travailler ensemble. Il y a un dicton qui dit « se réunir est un bon début, rester ensemble est un progrès et travailler ensemble est la réussite. ». Donc c’est une première phase de réunion d’un certain nombre de compétences, de structures qui se réunissent parce qu’elles partagent une finalité dans une filière. » FM4

« Alors il y a une première étape importante qui est la phase de l’émergence d’un cluster qui consiste à faire la preuve de l’intérêt pour les entreprises à être membre du cluster, à intégrer une démarche collaborative. C’est une étape pendant laquelle on a travaillé sur le développement de premières actions qui ne sont pas des actions à forte valeur ajoutée pour les entreprises, mais qui vont permettre de donner envie d’aller plus loin.» FE2

3. PHASE DE DÉVELOPPEMENT

Dans cette phase le pôle se développe dans le temps, il regroupe plus d’acteurs par rapport à la phase de formation et participe au développement de sa filière. C’est une nouvelle phase caractérisée par la signature d’un nouveau contrat de performance pour « Mov’eo ».

« Et puis il y a une troisième étape, une étape de développement du pôle ou du cluster. Si il arrive à travailler sur des sujets très structurants pour la filière, la question de la gestion des ressources humaines par exemple, les programmes de formation enfin de l’amélioration des compétences, la question de difficulté de recrutement, ce sont des sujets qu’on va aborder de façon significative dans cette étape. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas les aborder plus tôt. On améliore souvent et on développe la filière en élargissant le cercle des gens intéressant à intégrer. » FE2

« … ensuite je dirais il y a une phase de développement du cluster, ça peut nous amener à être à six à peu près d’années et je dirais au-delà d’un certain nombre d’années, c'est-à-dire lorsque le cluster au bout de sept, huit ans est déjà mur, a des habitudes de travail etc. » FC2

« En tous cas pour Mov’eo…la seconde phase est marquée par le nouveau contrat de performance qu’on a signé en début d’année, et donc voilà je dirais à partir de maintenant quoi. » FM3

4. PHASE DE MATURITÉ

La phase de maturité est une phase de stabilité du pôle. Pour faire face à ce problème de stabilité le pôle doit trouver de nouvelles idées, attirer de nouveaux acteurs et donc de nouvelles ressources et compétences pour faire face aux besoins de ses membres.

« …et puis une phase de maturité qui pose aussi d’autres problèmes, parce qu’il n’est jamais trop bon non plus qu’un cluster soit enfermé avec un périmètre complètement stable, il faut aussi être capable d’amener de nouvelles idées, de nouveaux partenaires pour s’en parler de nouveaux sujets et être vraiment en capacité de répondre aux besoins de ses adhérents. » FC2

5. PHASE DE DÉCLIN

C’est le cas de quelques pôles qui ont été délabellisés par l’État en 2008, suite à leur première évaluation. Ceci est généralement expliqué par une insuffisance de valeur ajoutée perçue par les pôles, par une absence d’intérêt pour la coopération entre les acteurs du pôle et/ou par un manque de financement public et/ou privé. Ces pôles peuvent par contre

continuer à exister même après leur délabellisation. Nous prenons par exemple le cas du pôle Génie civil à Nantes qui a été qualifié comme étant un pôle trop académique par les évaluateurs.

« Il y a des cas de disparition de pôles. Alors en France, c’est très rare et ç’a été uniquement suite à la première évaluation en 2008, où ils ont été délabellisés…Par exemple vous avez quelque chose qui s’appelait pôle génie civile de l’ouest, il est basé à Nantes, qui a été délabellisé notamment parce que ben on y retrouve pas les grandes entreprises du génie civil… C’était trop académique du point de vu des évaluateurs et l’État confirme le jugement, et ce cluster existe toujours effectivement, il est à forte dominante acteurs de la recherche. Donc ça ne correspond pas à ce que doit être un pôle de compétitivité, mais il existe toujours. Certains sont devenus ce qu’on appelle des grappes d’entreprises…en général la principale raison de disparition était le niveau de valeur ajoutée perçu n’est plus suffisant, et que soit les acteurs publics, soit les entreprises voir les deux diminuent leurs financements, alors les entreprises, ben du coup elles ne renouvèlent pas leurs adhésions. Les acteurs publics vont diminuer leurs financements et ben il s’éteint faute de l’argent quoi.» FC3

« Et on peut estimer aussi ce qui n’est rarement le cas, c’est que les clusters ont aussi en théorie une fin. C'est-à-dire qu’au bout d’un nombre d’années lorsque la technologie, la filière ou le sujet qui font le regroupement des entreprises n’est plus d’actualité, il n’y a pas de raison particulière pour qu’un cluster perdure. Je vous dis ça, je ne connais pas beaucoup de clusters qui disparaissent au fil des années » FC1 «Donc oui, il y a des clusters qui peuvent complètement disparaître, si l’objet de la coopération par exemple n’est plus resté entre les partenaires. Donc il ne faut pas voir effectivement les clusters comme étant quelque chose d’absolument pérenne. En tous cas ça ne doit pas être consubstantiel à sa nature, après tout il y a des clusters qui ont pu disparaître quand l’activité industrielle s’en va, ben il n’y a plus de raison d’être. » FC2