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C HAPITRE III : UNE REVUE DES MÉTHODOLOGIES

C. L E MODÈLE DU CNRC

Au cours de l’année 2000, le Conseil National de Recherche du Canada a lancé l’initiative des grappes technologiques51. Après leur mise en place, le CNRC a développé un modèle d’évaluation. Ce dernier se focalise sur l’examen de deux types de variables : des variables représentant les conditions courantes « intrants ou input » du cluster et des variables décrivant la performance courante du cluster « extrants ou output » (Arthurs, Cassidy, Davis et Wolfe, 2009). Au niveau de chaque variable nous trouvons trois sous variables.

51http://www.nrc-

BACHIRI Hadjira | Thèse de doctorat| Chapitre III : Une revue des méthodologies d’évaluation des clusters 113 D’une part, selon ce modèle, la performance d’un cluster est le résultat des conditions courantes dans lesquelles il se trouve. Les conditions courantes sont évaluées par la disponibilité des ressources et des infrastructures nécessaires pour le fonctionnement du cluster, la présence des organismes de soutien qui aident le cluster à la diffusion des innovations ainsi que la présence des concurrents au sein du territoire du cluster (voir schéma ci-dessous).

D’autre part, les conditions actuelles du cluster influent sa performance future. Cette dernière est mesurée selon le modèle du CNRC par le niveau du dynamisme du cluster et de son attractivité, le niveau des interactions entre les acteurs internes et externes du cluster ainsi que par le nombre et la nature des acteurs du cluster (voir figure ci-après). En plus, le modèle définit des indicateurs d’évaluation de chaque sous variable (voir annexe N° 2) (Arthurs, Cassidy, Davis et Wolfe, 2009, p. 270). Cependant selon le modèle du CNRC« Le processus

de mesure des indicateurs est juste le début de la démarche de l’évaluation. L’important pour les décideurs publics et les acteurs du cluster est l’interprétation des indicateurs, et les résultats doivent être évalués en prenant en compte le contexte et le stade de développement du cluster. »52 (Arthurs, Cassidy, Davis et Wolfe, 2009, p. 274).

Figure 20: Modèle de CNRC (Arthurs, Cassidy, Davis et Wolfe, 2009, p. 18)

52Traduction libre de : «The process of measuring the indicators is, however, only the beginning of the story. To have value for policy makers and cluster stakeholders, the indicators must be interpreted and the findings must be assessed in the context of the cluster’s stage of development. » .

Le modèle du CNRC a été utilisé afin d’évaluer huit grappes technologiques53 s’inscrivant dans le cadre du programme du CNRC. Ceci afin d’examiner la pertinence et les résultats de ces grappes par rapport aux moyens investis par le gouvernement. Les grappes évaluées se trouvent dans des territoires différents et dans des phases de développement différentes : quatre grappes latentes, une grappe dans la phase de développement, une grappe dans la phase de maturité et deux grappes dans la phase de transformation.

Pour bien évaluer les huit grappes sélectionnées, le CNRC s’est basé sur une étude documentaire sur ces grappes, sur des entretiens avec les acteurs des grappes ainsi que sur le résultat du travail de ISRN. Une bonne partie de l’évaluation du CNRC était consacrée à l’étude des acteurs des grappes et à leur degré de coopération (Arthurs, Cassidy, Davis et Wolfe, 2009). Le résultat de l’évaluation de chaque indicateur du modèle a été classé sur une échelle de 1 (faible) à 5 (important) (voir annexe N°3).

Les principaux résultats de cette évaluation se concluent sur les constats suivants : § Les huit grappes rencontrent des problèmes liés au manque du capital-risque, aux

investissements et à la gestion des talents. Ainsi, leurs clients et leurs concurrents ne sont pas locaux, ils sont généralement étrangers.

§ Les coopérations au sein d’une grappe émergente et une autre en développement sont entre les entreprises et les centres de recherches.

§ À l’intérieur d’une grappe latente à Saskatoon, les principales coopérations sont entre les entreprises et les fournisseurs. Il s’agit principalement des producteurs et des usines de transformation.

§ Le réseau d’innovation d’une grappe latente à Vancouver est basé sur les personnes plutôt que sur les entreprises.

§ Le groupe du CNRC confirme que les résultats de cette évaluation sont importants. Elles peuvent aider le CNRC à bien soutenir ses grappes et à bien mener son rôle dans la promotion et le développement de ses grappes. Elles peuvent aussi sensibiliser d’autres acteurs ou parties prenantes afin de faire face aux faiblesses qui sont au-delà des compétences du CNRC. Ainsi, selon les évaluateurs de ces grappes technologiques,

53 « Technologique des piles à combustible et de l'hydrogène de Vancouver, nanotechnologie d'Edmonton, aliments fonctionnels et nutraceutiques à Saskatoon, infrastructures durables à Regina, technologies biomédicales à Winnipeg, technologies photoniques à Ottawa, technologies de l’aluminium à Saguenay et santé et nutri-sciences à Prince Edward Island » ARTHURS,D., E.CASSIDY, C.DAVIS, et D.WOLFE (2009): Indicators

BACHIRI Hadjira | Thèse de doctorat| Chapitre III : Une revue des méthodologies d’évaluation des clusters 115 l’évaluation est un élément important mais pas suffisant. Il est nécessaire de prendre en considération le contexte et le stade de vie dans lesquels se trouvent les grappes afin d’interpréter les résultats de leur évaluation.

À l’instar du modèle GEM, le modèle du CNRC se base aussi sur le diamant de Michael Porter. Il modifie les quatre variables du modèle et en rajoute d’autres. Il reprend la variable : ressources et infrastructures, et scinde la variable : industries liées et de soutien en deux variables : organismes de soutien et interactions entre les acteurs du cluster. Il remplace la variable : demande par la variable : contexte stratégie et rivalité des firmes compétitives environnement et il rajoute deux variables : la dynamique des clusters et l’importance du cluster. Le modèle souligne la nécessité de prendre en compte le contexte et les étapes de développement du cluster lors de l’interprétation des résultats de l’évaluation, mais, il ne prend pas en considération les particularités de chaque phase de développement pour définir les critères et les indicateurs d’évaluation des grappes qui se trouvent dans des phases de développement différentes.