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Chapitre III L’exploitation des FL pour l’enseignement des collocations en classe de

3.2 L’insertion des FL dans l’enseignement de la collocation

3.2.1 Pourquoi utiliser les FL dans l’enseignement des collocations en classe de FLE

En nous appuyant sur des propriétés linguistiques des collocations du français que nous avons mentionnées plus haut, nous avons l’avis de Polguère (2016) qui considère que « ces caractéristiques nous indiquent qu’il serait utile de disposer d’un mécanisme qui permette de décrire rigoureusement les collocations et de faire des prédictions à leur propos […] » (Polguère, 2016 : 68). Néanmoins, il paraît difficile de trouver entre la base et le collocatif une relation interne pour les représenter et les enseigner. Pour faire face à ce problème, il vaut mieux trouver une façon de les modéliser, étant donné que « la modélisation d’un phénomène linguistique tel que la collocation est une représentation (formelle ou non) qui permet d’expliquer, anticiper ou reproduire ce phénomène » (Ploguère, 2003 : 1). En claire, la modélisation est favorable à l’enseignement des collocations en classe de FLE. A cet effet, il y a lieu de trouver un moyen de les modéliser.

Dans cet aspect, le constat défendu par Polguère (2016) indique que « les FL est un outil théorique et descriptif particulièrement puissant pour modéliser la structure relationnelle du lexique » (Polguère, 2016 : 204). Ce point de vue également partagé par Tutin (2013) considère que le modèle des FL est le modèle le plus rapproché de la modélisation des collocations (Tutin, 2013). Parallèlement, il faut préciser que d’après Mel’čuk, l’union entre la base et le collocatif d’une collocation est fondée sur la valeur d’une FL. Pour définir la collocation, il développe la notion de FL (González-Rey, 2015), c’est-à-dire que les FL sont nées pour modéliser de façon systématique les collocations. Pour ce faire, en tant qu’unités lexicales omniprésentes, les collocations

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pourraient être modélisées grâce aux FL, un outil pertinent en la matière. Qui plus est, une telle modélisation fournie par les FL est considérée comme « une pseudo-langue » (Polguère, 2003 : 6) alors qu’il est rare d’exister « la meilleure façon de modéliser un lien lexical que de le paraphraser au moyen d’une pseudo-langue » (Polguère, 2003 : 6).

En effet, si l’on insiste sur le fait que les FL est un moyen de correspondre à la modélisation des collocations, c’est parce que les FL présentent en général une bonne adéquation descriptive des besoins de leur modélisation (Grossmann & Tutin, 2003), à savoir, une façon appropriée pour leur description contenant la définition et des caractéristiques de collocations. Cette remarque est également évoquée par Hamdi (2017), « puisque le trait définitoire central de collocation est la dépendance fonctionnelle du collocatif vis-à-vis de la base, il est évident que les FL représentent le moyen pour la description des collocations » (Hamdi, 2017 : 10). Plus précisément, à partir de la description de deux FL Magn et Operi que nous avons explicité au préalable,

il semble évident que les relations sémantiques et syntaxiques telle que le choix restreint entre la base et le collocatif de collocation peuvent être décrites par les FL. Autrement dit, on peut voir que les collocations ont été formellement explicitées d’un point de vue syntaxique et sémantique au moyen des FL. Comme l’affirme Augustyn et Tutin (2009), les FL est « un modèle riche pour le codage syntaxique et sémantique des collocations » (Augustyn & Tutin, 2009 : 29).

A cela s’ajoute que certes, le lien formalisé entre la base et le collocatif au moyen des FL n’est pas une description sémantique parfaite du lien en question, mais il présente néanmoins une généralisation permettant de classer des collocations (Polguère, 2016). Et, comme du point de vue psycholinguistique, le classement favorise la mémorisation (Goody, 1979), on peut en déduire que la modélisation des collocations avec FL au moyen d’un classement spécifique pourrait contribuer à la mémorisation des collocations. Qui plus est, cela pourrait aider l’apprenant à anticiper les collocations (Polguère, 2016). Prenons le cas du fait qu’après avoir appris les collocations modélisées par Operi, on aurait tendance à réfléchir sur la verbalisation d’une nouvelle

lexie donnée. Ce faisant, les FL pourrait aussi aider l’apprenant à prévoir des problèmes de collocations auxquelles il vaut mieux donner une priorité, tant auprès des enseignants qu’auprès des apprenants.

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3.2.2 Les apports des FL dans l’enseignement des collocations

Il est important de noter qu’à l’heure actuelle les FL sont en effet rarement utilisées comme outil de modélisation des collocations dans le cadre de l’enseignement des collocations. Comme le constate Polguère (2003) dans l’article collocations et fonctions

lexicales, il existe « le manque de compréhension et d’utilisation de la notion des FL »

(Ploguère, 2003 : 3). En même temps, il insiste aussi sur le fait de la nécessité de l’accès pour tous à la modélisation des collocations avec les FL (Polguère : 2003).

Il y a effectivement dans la pratique pédagogique quelques spécialistes qui modélisent des collocations au moyen des FL, surtout en classe de langue maternelle. L’exemple le plus significatif nous est fourni par Anctil et Tremplay. Anctil se focalise sur l’enseignement du lexique en langue maternelle du français, notamment sur l’analyse des erreurs lexicales auprès des élèves français. Après avoir analysé un bon nombre de leurs productions écrites, Anctil (2010, 2012) démontre qu’une partie importante des erreurs est due au problème de combinatoire lexicale dominée largement par les collocations (Anctil, 2010, 2012). Pour mieux regrouper les erreurs de collocations, il a recours aux FL en fonction du type de lien lexical. Concrètement, il utilise les FL afin de modéliser les collocations qui sont les sujets les plus récurrents des erreurs. Tels sont les cas par exemple des FL Operi et Reali qui renvoient à la même configuration

syntaxique : les erreurs de collocations comme * porter de l’influence qui est beaucoup moins approprié qu’exercer de l’influence et avoir de l’influence. Ces dernières pourraient toutes être encodées par la FL Oper1,puisque pour la base l’influence, le LN

cherche en fait un verbe support sémantiquement vide pour construire un syntagme verbal. De ce fait, on peut les modéliser par Oper1 (influence) = exercer, avoir [ART

~]. Cependant, à la différence de FL Operi, Reali désigne à peu près un sens de réalisation. Illustrons l’exemple de l’erreur de collocation * réciter les berceuses qui

est beaucoup moins appropriée que chanter/ fredonner les berceuses. Ce type de collocation qui ferait l’objet du problème pourrait être modéliser par Real2 (berceuse)

= chanter, chantonner, fredonner [ART ~].

En même temps, Tremplay s’attache au développement de la compétence lexicale, à savoir, la capacité à comprendre le lexique et à l’utiliser à bon escient en contexte. Elle cherche à prouver le fait que l’on peut mettre en place la démarche d’enseignement du

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lexique tout en faisant appel à la branche lexicographique de la TST. A titre illustratif, Tremplay (2004) propose des pistes pédagogiques concernant l’enseignement des collocations les plus fréquentes autour du sens de sentiment. Dans le cadre méthodologique, elle les modélise tout en se basant sur les FL Magn et Oper1. C’est-

à-dire, elle se focalise sur les collocations dans lesquelles il existe un lien entre un nom et un adjectif d’intensification et celui entre un nom et un verbe support (Tremplay, 2004). Citons comme exemple les collocations colère terrible, peur bleue, être en

colère, avoir peur etc. De plus, elle fait aussi usage du DEC, comportant « des données

lexicographiques importantes, en particulier la description des propriétés combinatoires de L » (Mel’ čuk, 1997 : 23), en vue de vérifier les valeurs de ces collocations enseignées.

Bilan

Dans cette première partie nous avons précisé quelques principes fondamentaux théoriques qui ont servi de base pour l’ensemble de notre recherche. En résumé, ce qui implique une présentation sur les notions d’UP, notamment de collocations, et sur l’importance et la nécessité de les apporter dans l’enseignement-apprentissage des collocations en classe de FLE. De plus, les approches et les outils pédagogiques mentionnés à ce sujet seront exploités et traités dans notre recherche. Qui plus est, quant à la notion de FL, au centre de notre discussion, à l’instar Anctil (2010, 2012) et Tremplay (2004), nous essayerons d’en tirer profit pour la didactiser et de l’associer à ces approches et outils pédagogiques dans l’intention de favoriser l’enseignement- apprentissage des collocations en classe de FLE en Chine auprès des apprenants débutants.

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DEUXIÈME PARTIE :

PRÉSENTATION DU TERRAIN DE

STAGE ET CELLE DE LA

MÉTHODOLOGIE DE LA

RECHERCHE

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Après avoir fait un tour d’horizon concernant le cadre théorique sur lequel notre recherche se base, nous consacrons successivement cette seconde partie du mémoire à la présentation du terrain de stage et de la méthodologie de la recherche.