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L’influence de l’attitude sur les stratégies de prise de parole

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2 Fondements Théoriques

MENT NON - VERBAL

2.4 L A CONVERSATION ET LES TOURS DE PAROLE .1 L’interaction de groupe.1 L’interaction de groupe

2.4.3 L’influence de l’attitude sur les stratégies de prise de parole

Ces travaux am`enent l’id´ee qu’un tour de parole n’est pas un concept pr´e-identifi´e qui construit l’interaction, mais plutˆot se construit au fur et `a mesure de l’interaction,

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a partir des comportements de ses participants. La th´eorie de Clark des actions conjointes, appliqu´ee aux tours de parole telle que d´ecrite dans [Clark, 1996], pr´esente le tour de parole comme ´emergeant de l’action conjointe de parler et d’´ecouter et propose de ce fait cette autre repr´esentation de la conversation. Les tours de parole ne sont pas alors les buts `a atteindre, mais ils ´emergent naturellement lorsque les actions conjointes de parler et d’´ecouter r´eussissent. Cette repr´esentation permet

´egalement de pouvoir consid´erer que dans une conversation, plusieurs personnes peuvent parler en mˆeme temps.

De ce fait, dans cette th`ese, une repr´esentation de la conversation proche de celle de Clark sera utilis´ee. Cette repr´esentation permet de consid´erer que plusieurs participants puissent parler en mˆeme temps, ce qui est n´ecessaire pour l’expression de certaines attitudes. Le mod`ele pr´esent´e donnera aux participants alternativement les rˆoles de locuteur et d’auditeur. Le passage d’un rˆole `a l’autre se faisant en fonction des attitudes et des activit´es de l’ensemble des participants.

2.4.3 L’influence de l’attitude sur les stratégies de prise de parole

Au sein d’une conversation, il est naturel d’observer que tous les participants ne prennent pas la parole autant et de la mˆeme fa¸con. Cela peut d´ependre du type de conversation que les participants ont mais ´egalement des relations entre eux et des attitudes qu’ils souhaitent exprimer. Dans cette section, nous pr´esentons des travaux de la litt´erature en sciences humaines et sociales qui se sont int´eress´es `a ces diff´erences.

Dans [O’Connell et al., 1990], les auteurs rapportent plusieurs travaux sur ce sujet qui expliquent par exemple qu’une conversation est construite dans un contexte social. Ce contexte d´efinit les normes que les participants s’engagent `a respecter explicitement ou implicitement dans le cadre de la conversation comme les temps de parole de chacun et les rˆoles par exemple. Suivant le contexte (ex : repas de famille, r´eunion de travail), les participants vont peut-ˆetre accepter les interruptions et les superpositions des tours de parole.

Cappella et ses coll`egues [Cappella et al., 1985] rapportent de nombreux tra-vaux qui s’int´eressent aux diff´erences de comportements et de strat´egies de prise

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de parole et comment ces diff´erences sont per¸cues en termes de dominance et d’af-filiation. L’int´erˆet est particuli`erement mis sur les moyens mis en œuvre par les participants pour effectuer les transitions entre les rˆoles de locuteur et d’auditeur.

Les auteurs expliquent qu’une personne qui tient le tour de parole plus souvent peut ˆ

etre per¸cue comme plus dominante et plus amicale. De plus, ils rapportent que cette relation entre la perception de la dominance et la quantit´e de parole reste vraie mˆeme lorsque le contenu du discours est moins pertinent. En d’autres termes, la quantit´e d’interventions est plus importante pour la perception de l’attitude que la qualit´e de celles-ci. Ils notent que la perception de la dominance augmente ´egalement si les participants sont actifs lorsqu’ils ont le rˆole d’auditeur, c’est-`a-dire qu’ils produisent des backchannels. En revanche, ils notent toutefois qu’une monopolisation excessive du tour de parole peut faire baisser le niveau de perception d’amicalit´e.

Kennedy et Camden [Kennedy and Camden, 1983] ont regard´e les diff´erences entre les hommes et les femmes en termes d’interruptions lors de conversation. Ils ont trouv´e que les femmes se faisaient interrompre plus souvent lorsqu’elles souriaient et lorsqu’elles ´evitaient de regarder dans les yeux la personne prenant le tour de parole.

Ces diff´erents comportements semblent surtout refl´eter une diff´erence d’attitude.

Dans [Smith-Lovin and Brody, 1989], les auteurs ont remarqu´e aussi des diff´erences entre les hommes et les femmes dans les comportements d’interruption mais surtout ils rapportent que les tentatives d’interruptions sont li´ees `a l’expression de dominance ou d’hostilit´e. En effet, ils expliquent que les participants masculins projetaient une diff´erence de statut sur le genre de leur interlocuteur, ce que ne faisaient pas les participants f´eminins.

Goldberg [Goldberg, 1990] a pr´esent´e les diff´erentes perceptions d’attitude li´ees aux tentatives d’interruptions. Lorsqu’un individu tente de prendre la parole en mˆeme temps qu’un autre, suivant son but et son comportement, son attitude sera per¸cue diff´eremment. Un individu faisant beaucoup d’h´esitations, pour exprimer ses opinions ou demander celles des autres sera per¸cu comme soumis. Un individu faisant beaucoup d’h´esitations pour demander les opinions des autres sur le sujet courant sera per¸cu comme amical. A l’inverse, un individu faisant peu d’h´esitations et qui souhaite exprimer ses opinions ou commenter celles des autres sera per¸cu comme plus hostile. Enfin, un individu qui n’h´esite pas, faisant des phrases compl`etes afin d’orienter la conversation et d’exprimer ses opinions sera per¸cu comme dominant.

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Dans [Dunbar and Burgoon, 2005], les auteurs ont conduit une ´etude sur des personnes en couple (mari´es et non mari´es) et rapportent que leur perception de la dominance de leur partenaire est corr´el´ee au nombre d’interruptions qu’ils subissent pendant une conversation.

Dans [Gifford and Hine, 1994], les auteurs rapportent les r´esultats d’une exp´ e-rience dans laquelle les temps de parole sont utilis´es afin de mesurer la perception d’attitudes. Ils ont trouv´e notamment que les gens per¸coivent une attitude domi-nante et extraverti lorsque leur interlocuteur parle beaucoup. Ce param`etre peut

´egalement ˆetre un signe d’une attitude hostile. A l’inverse, une attitude soumise ou introvertie est per¸cue lorsque l’interlocuteur parle peu. Dans [Mast, 2002], l’auteur a identifi´e une corr´elation entre le temps de parole et la perception de la dominance.

Ainsi, de nombreux travaux ont montr´e qu’une personne qui exprime une attitude dominante parle plus [Gatica-Perez, 2009].

2.5 C

ONCLUSION

Dans ce chapitre nous avons tent´e de mettre en ´evidence les ph´enom`enes qui ont lieu dans une conversation de groupe et en particulier nous nous sommes int´eress´es

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a l’expression d’attitudes sociales. Nous avons d´ebord d´efini ce qu’est une attitude et nous avons vu que l’expression d’attitudes s’effectue `a plusieurs niveaux du com-portement non-verbal. Tout d’abord, l’attitude s’exprime `a travers le comportement non-verbal qui accompagne la conversation. Gestes, postures, expressions faciales, re-gards sont autant de param`etres qui peuvent ˆetre porteur de l’attitude de la personne qui parle ou qui ´ecoute. Dans une formation de groupe, les personnes maintiennent celles-ci par la production individuelle de comportements permettant de r´eguler les distances et les orientations entre elles. Ces comportements non-verbaux peuvent

´egalement se voir influenc´es en fonction des attitudes exprim´ees. Enfin, nous avons

´egalement vu comment les strat´egies de prises de parole (temps de parole, contrˆole de la conversation, interruptions...) peuvent ´egalement r´ev´eler diff´erentes attitudes.

C’est pourquoi nous allons consid´erer ces param`etres dans notre travail. En parti-culier, notre mod`ele permettra de faire changer la quantit´e de prise de parole d’un agent dans une conversation en fonction de ses attitudes exprim´ees. Il sera ´egalement possible pour un agent d’interrompre un autre agent ou de se faire interrompre.

Dans le chapitre suivant, nous ´etudions plus pr´ecis´ement les travaux qui se sont

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int´eress´es `a la mod´elisation de ces m´ecanismes au sein d’agents conversationnels.

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– L’attitude sociale repr´esente un style conversationnel adopt´e naturel-lement ou strat´egiquement par une personne envers ses interlocuteurs.

– Bien que diff´erentes repr´esentations existent, nous avons choisi une repr´esentation commun´ement utilis´ee qui d´ecrit une attitude par deux dimensions, une dimension de Statut et une dimension d’Affiliation.

– L’attitude est exprim´ee `a diff´erents niveaux du comportement non-verbal et nous avons vu en particulier comment celle-ci s’exprime `a travers les comportements accompagnant la conversation, la formation de groupe et les strat´egies de prise de parole.

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