• Aucun résultat trouvé

reconfiguration des rapports au territoire

I. L’inexistence des universités : des liens diffus au territoire d’ancrage

I te oge l i pli atio des u i e sit s et leu s appo ts au te itoi e suppose l e iste e d ta lisse e ts st u tu s sous le o d u i e sit s, e apa it de po te u e a tio ou du oi s des elatio s a e des a teu s e t ieu s. O , l e ge e des u i e sit s da s la o st u tio du s st e d e seig e e t supérieur et de recherche en France est très progressive étant donné le poids des fa ult s da s les te tati es de atio d o ga isatio s u i e sitai es, et d aut e pa t les appo ts des facultés et jeunes universités aux territoires locaux et aux acteurs extérieurs sont marqués par une forte centralisation étatique.

170 1. L’ e ge e fa ultai e et u ive sitai e : e t alisatio g og aphi ue et politi ue

« Une trajectoire collective particulièrement chaotique et originale » : est e es te es ue Christine Musselin décrit le cheminement des universités en France depuis le Moyen-Âge dans son ouvrage analysant les récentes transformations du système universitaire français (Musselin, 2017, p. 5). Initialement, ce sont des écoles religieuses (affiliées à une cathédrale ou à une abbaye) ou privées (gérées par des maîtres indépendants mais souvent clercs) qui détiennent le monopole de la transmission de savoirs pour assurer le service divin ou les fonctions administratives des appareils d Église et d État (Vinokur, 2008, p. 74). À partir du XIIe siècle et surtout au XIIIe siècle, sous la pression

d u e de a de oissa te, les p e i es u i e sit s appa aisse t en Europe occidentale, sous la forme de « o u aut plus ou oi s auto o e de aît es et d tudia ts u is pou assu e à u i eau sup ieu l e seig e e t d u e tai o e de dis ipli es » (Charle et Verger, 2012, p. 2). En effet, comme le rappelle A ie Vi oku da s so a ti le su les fo es d auto o ies u i e sitai es, le terme « universitas » d sig e à l po ue du Mo e -Âge : « toute association formée par des artisans u ai s i d pe da ts pou o te i le d oit de se gi d ap s leu s p opres lois » (Vinokur, 2008, p. 74) pour réguler la qualité des produits, les prix, les nombres de producteurs par exemple. « Émerge alors u e fo e sp ifi ue d o ga isatio olle ti e : la o po atio , ui i lut aît es et app e tis géographiquement regroupés pour faciliter aussi bien la d fe se olle ti e ue l autosu eilla e interne. Contre finances, la corporation obtient du pouvoir civil un monopole de fabrication et le droit de s autog e . » (Vinokur, 2008, p. 74). À partir de ce modèle des « universitas » artisanales, les premières unive sit s se fo e t do , sous des fo es d asso iatio s a i es : regroupement d tudia ts pa e e ple à Bolog e , de aît es i d pe da ts Paris, Montpellier et Oxford), ou de maîtres et élèves. Ces universités nouvellement créées partagent des caractéristiques communes en particulier leur statut associatif (avec des statuts, des représentants élus), la collégialité des décisions o e a t l ad i ist atio , le juge e t pa les pai s et le e ute e t pa ooptatio , u a o e e t à l helle de l O ide t, et la e e di atio d auto o ie à l ga d des auto it s ecclésiastiques et publiques (prince ou ville), notamment pour la atio d e a e s et la collation des grades.

Au XIVe et XVe si les les fo es i stitutio elles s affi e t, a e l o ga isation en facultés

dis ipli ai es, la ultipli atio d a tes de fo datio s offi ielles pa les auto it s politi ues ou religieuses et le développement de collèges qui offrent aux étudiants démunis et séculiers des o ditio s d tude. « Sous des formes diverses, le o t ôle politi ue s appesa tit do su les u i e sit s est i tio da s l e e i e des li e t s et p i il ges, i te e tio s da s la o i atio des professeurs et le recrutement des étudiants, pressions diverses.). » (Charle et Verger, 2012, p. 23). Les universités anciennes comme Paris tentent de résister au déclin de leur ancienne autonomie tandis ue les u i e sit s ou elles s o ie te t e s l e seig e e t pou les futu es lites lo ales, se distinguant de la logique des premières associations trois siècles plus tôt. Par la suite, les ta lisse e ts d e seig e e t sup ieu se di e sifie t (observatoires, académies, collèges professionnels) aux côtés des universités qui conservent le droit de collation des grades. L e seig e e t est d ailleu s de plus e plus assu pa es oll ges d hu a it s ta dis ue les fa ult s e ga de t u u ôle formel, hormis celles de théologie, droit et médecine. Cette évolution des responsabilités des universités et cette diversification des institutions de formation supérieure sig ale t le d li de l u i e sit di ale, a o d s le XIVe siècle et qui va durer cinq cents ans

171 Malgré des projets de réformes pour moderniser et réguler les systèmes universitaires en Europe, les universités à la fin du XVIIIe siècle restent « da s le ad e des i stitutio s d A ie ‘ gi e » (Charle et

Verger, 2012, p. 73). C est d ailleu s à e tit e u elles so t abolies par la Convention par la loi du 15 septe e . Asso i es à l A ie ‘ gi e et au pou oi s e l siasti ues, p se ta t u e ualit d e seig e e t et de diplô e t s a ia le et affectée par des pratiques répandues de corruption), considérées comme conservatrices et coupées des besoins de la nation, elles sont supprimées. Les facultés cessent leurs activités, et ne seront recréées u au sei de l Université impériale du Premier Empire.

À la fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècle, le système français se singularise et se différencie plus

ette e t d aut es od les atio au au sei de l Eu ope. Le s st e d e seig e e t sup ieu et de recherche qui se reconstruit au cours du XIXe siècle après la Révolution repose sur des principes qui

fondent la spécificité française et qui éclairent le fonctionnement universitaire actuel. La première grande caractéristique est la division entre universités et grandes écoles, ce que souligne Michel Grossetti dans ses différents travaux sur le développement des pôles scientifiques français : « L A ie Régime avait amorcé le mouvement en créant des écoles destinées à répondre aux services techniques de l État : École du Génie à Mézières (1748), École des Ponts-et-Chaussées (1755), École des Mines (1783). » (Grossetti, 1994, p. 7). Si les facultés et corporations universitaires ont été supprimées en 1793, certains grands établissements ont subsisté (Collège de France, Observatoire de Paris, Ponts et Chaussée, Mines), et d autres écoles spécialisées sont créées, o e l É ole Pol te h i ue ou l É ole Normale Supérieure. Pa la suite le s st e de l Université impériale sous Napoléon recrée les facultés par la loi du 10 mai 1806, mais les enferme dans deux rôles restreints : au droit et à la médecine la formation de ceux qui se destinent à cette profession, aux lettres et aux sciences la collation des grades. La recherche se développe sépa e t de l e seig e e t et se o e t e da s des i stitutio s disti tes, o e le Coll ge de F a e e , le Ja di des Pla tes , l É ole P ati ues des Hautes Études ou le Museu d Histoi e Natu elle (Grossetti, 1994).Se renforce dès lors la singularité française d u e di isio du s st e d e seig e e t sup ieu e t e fa ult s et grandes écoles.

D aut e pa t, le s st e u i e sitai e e est t s e t alis , o t ôl pa l État et o pa u cadre o ga isatio el et gle e tai e u ifo is à l helle atio ale. “i l e seig e e t universitaire était déjà u do ai e l giti e de l a tio pu li ue da s le ad e de la o stitutio de l État ode e f a çais, le o t ôle tati ue se e fo e ette e t comme le rappellent Christophe Charle et Jacques Verger dans leur ouvrage Histoire des universités du XIIe au XXIe siècle (2012, p. 89) :

réglementation précise de programmes uniformes, « t a ie du diplô e d État ou a t le d oit à u e fo tio ou l e e i e d u e p ofessio p ise », monopole étatique de la collation des grades, harmonisation de la gestion des enseignants, standardisation administrative (division du territoire national en académies dotées de facultés).

Enfin, une troisième caractéristique qui permet de comprendre le fonctionnement universitaire actuel est « l h pe -concentration parisienne » (Charle et Verger, 2012, p. 89). Cette o e t atio s e p i e par une centralisation très forte des établissements dans la capitale : Michel Grossetti dans son étude des appo ts e t e illes et i stitutio s s ie tifi ues d u poi t de ue so io-historique considère que le déséquilibre entre Paris et la province est « énorme ». Seules deux Écoles sont situées hors de Paris : École des Mines de Saint Etienne (1817) et École Centrale de Lyon (1857). Même si les facultés se développent et se répartissent davantage géographiquement au cours du Second Empire (1852 – 1870), le caractère centralisé du fonctionnement universitaire aboutit à la prédominance très forte de Paris dans la gestion du système (pouvoir des doyens des facultés parisiennes) et dans

172 l i s iptio spatiale des ta lisse e ts et effe tifs. Le poids de Pa is est asa t : 52% des étudiants e sa s o pte les g a des oles puis , % des tudia ts e F a e e d ap s les estimations de Pierre Merlin dans son étude sur l'urbanisme universitaire à l'étranger et en France1

(1995, p. 254).

Au o t ai e des ultiples o po atio s d A ie ‘ gi e fo es pa la ase, le s st e apol o ie institue « une seule o po atio atio ale e t alis e da s u e logi ue de o st u tio d u système éducatif national et centralisé » (Musselin, 2001, p. 28). Les fa ult s s i s i e t da s u e st u tu e hi a his e et e t alis e, di ig e pa les u i e sitai es pa isie s du Co seil de l i st u tio pu li ue en relation ave le i ist e et les auto it s pu li ues. N ta t pas eg oup es e « universités », les facultés se développent indépendamment les unes des autres, par filières disciplinaires. Pour Christine Musselin (2017, p. 30), ce mode de pilotage institutionnel va se maintenir et encadrer le d eloppe e t de l e seig e e t sup ieu pe da t plusieu s d ades selon deux caractéristiques : la cogestion étatico- o po atiste de l e seig e e t u i e sitai e et u e gestio de la a i e des enseignants organisée par filière disciplinaire.

2. La réunion compliquée des facultés en université en 1896 : un nom sans organisation

Le pilotage de l e seig e e t sup ieu pendant le XIXe si le pou suit la logi ue d u o t ôle

étatique très fort sur des facultés isolées dont la gestion est centralisée et organisée par disciplines2.

Malg u e politi ue o sta te de d eloppe e t et d o ga isatio de l e seig e e t sup ieu au cours de la IIIe République (1870 - , les olo t s des fo ateu s d i stitue des u i e sit s

autonomes sur le plan administratif, p dagogi ue et fi a ie a outisse t pas (Prost, 2004). Même si ette po ue sig e u esso du s st e d e seig e e t sup ieu , po t pa des fle io s su sa structure i stitutio elle, l u i e sit o e o ga isatio disti te des fa ult s et sus epti le de po te u e positio et des a tio s e ge pas.

En effet, au début de la IIIe République, un consensus émerge sur la nécessité de réformer le système

napoléonien des facultés, critiqué dès le début du XIXe siècle, tant par les autorités que par des

universitaires qui observaient le développement des universités britanniques et allemandes. Un rapport de Victor Cousin, p ofesseu à la “o o e et à l É ole o ale, futu i ist e de l I st u tio publique, publié en 1833 après un séjour de six semaines outre-Rhin, pointe par exemple l pa pille e t e F a e de la i gtai e de fa ult s s pa es et sp ialis es pa dis ipli e su le territoire, et plaide pour une organisation du savoir dans de nouvelles entités institutionnelles portant u e e he he et u e t a s issio du sa oi da s so u it . Cette isio s i spi e du od le ge a i ue alo s e o st u tio : e Wilhe o Hu oldt fo de l u i e sit de Be li ui s appuie su u e t a spositio de l Id alis e philosophi ue da s la fle io su l U i e sit . Ce modèle en construction propose une vision du savoir à poursuivre « dans sa pureté » en lui-même pour lui-même, mais à replacer dans une unité générale pour au final permettre une « mise en ordre de tout le réel et de tout le savoir du réel par un projet de rationalisation totale » (Renaut, 1995, p. 115). Da s la pe spe ti e de l Id alis e philosophi ue d app he sio de la alit o e “ st e,

1 P iso s ue d ap s Me li p. , les effe tifs tudia ts taie t de 000 étudiants en 1875

principalement en droit, médecine et pharmacie ; puis 40 e . Le o e de p ofesseu s tait de l o d e du millier.

2H l e Da g Vu el e d ailleurs que « sous la restauration, la loi du 15 mars 1850 efface le nom même

d u i e sit et sig e pa la e o asio la dispa itio de la pe so alit i ile de l o ga isatio », l u i e sit e ista t alo s plus, et l e seig e e t sup ieu de e a t u se i e de l État (Dang Vu, 2011, p. 295).

173 efo de l U i e sit ise à o st ui e u e « i stitutio apa le d assu e u e o ga isatio u itai e et totalisante des divers champs scientifiques » (Renaut, 1995, p. 127). Ces travaux théorisent donc le ôle de l u i e sit o e lieu de pou suite du “a oi da s son unité1, et l a ti ule t a e u e issio

d utilit so iale d du atio o ale de la atio , de fo atio de l ho e (bildung) (Renaut, 1995, p. 126). L u i e sit de Be li et ses o sœu s de ie e t apide e t u od le ad i ui se diffuse via des visites de savants français ou états-uniens (dont Charles William Eliot futur président de l u i e sit d Ha a d e ), des mo og aphies d u i e sit s pa des p ofesseu s f a çais pa exemple de Bonn ou Göttingen), des ouvrages (comme celui de Louis Liard en 1890, directeur de l e seig e e t sup ieu au i ist e de l I st u tio pu li ue de à ) ou encore des revues dédiées : la “o i t pou l tude des uestio s sup ieu es e e e es e publie ainsi la ‘e ue i te atio ale de l E seig e e t ui diffuse des a al ses su l e seig e e t e F a e et à l t a ge . La d faite de la F a e o t e la P usse e istallise les iti ues à l ga d des universités françaises : l he ilitai e est « imputé, entre autres facteurs explicatifs, à une d failla e ultu elle et spi ituelle da s la uelle l i e iste e d authe ti ues u i e sit s fo a t au savoir aurait joué un rôle important » (Renaut, 1995, p. 98). La refonte d u s st e du atif et ota e t la o st u tio d u e Université digne de ce nom apparaissait comme un moyen de régénérer une culture nationale et de dynamiser un peuple défait. Par conséquent, « le double souci de développer la fonction de recherche dans les facultés sur le modèle germanique, alors à son apogée, et de uili e u o ga is e h pe e t alis o e ge a e l i te se fle io su les auses de la défaite de 1871 pour accélérer le mouvement de réforme » (Charle et Verger, 2012, p. 109‑110). L a i e des pu li ai s au pou oi e ou e u e p iode de fo es o e a t l i o ilie

ag a disse e t des lo au , l a s à l e seig e e t sup ieu bourses de li e e et d ag gatio pour les étudiants), ai si ue la gou e a e et l o ga isatio des fa ult s. Le p ojet u i e sitai e po t par les réformateurs républicains porte une « triple autonomie » : « Ad i ist ati e d a o d, a e des doyens élus et non nommés par le ministre et des professeurs recrutés par leur pairs, et non par les bureaux comme dans le secondaire. Pédagogique ensuite, avec la liberté de définir programmes et ou s sa s les sou ett e à l app o atio i ist ielle et elle de e leu s p op es diplô es. Autonomie financière enfin, et sur ce point le débat vient inévitablement devant le Parlement, en raison de sa compétence budgétaire. » (Prost, 2004, p. 1). Le second volet visait à appuyer l e seig e e t sup ieu su la e he he, e sui a t les p i ipes du od le u i e sitai e de Von Humboldt : il fallait e fo e la pla e de la e he he da s de ita les e t es d tude et pou sui e une unité du savoir, en réunissant les ordres de facultés dans un même espace institutionnel. À cet effet, la loi du 10 juillet 1896 réunit les facultés au sei d u i e sit s est-à-dire un établissement réunissant plus de 500 étudiants et réunissant les quatre facultés. Les universités sont alors offi ielle e t efo d es o e e tit s i d pe da tes dot es d i sta es d isio elles, sous la responsa ilit d u e teu d a ad ie.

Mais l o je tif a outit pas, o e le et a e A toi e P ost da s sa o u i atio i titul e « L he du p ojet u i e sitai e de la IIIe ‘ pu li ue » aux Journées scientifiques du RESUP2 de 2004.

1Alai ‘e aut it pa e e ple à p opos de e ou eau od le d u i e sit : « Le te e d u i e sit e d signe

plus, o e l universitas di ale, u e o po atio , ais il s appli ue d so ais à u e u io s st ati ue des différents domaines de la connaissance et des sciences qui leur correspondent. » (Renaut, 1995, p. 116‑117).

2 Réseau d'Études sur l'Enseignement Supérieur, qui a pour vocation de fédérer et de susciter la recherche en

sociologie, sciences politique, sciences de l'éducation et économie, dans le domaine de l'enseignement supérieur. Site internet : http://resup.org/, consulté le 30/07/2018.

174 Après une consultation lancée par le ministre Jules Ferry en 1883, une loi de 1893 crée le corps des fa ult s u issa t les fa ult s d u e e a ad ie sous l gide d u o seil g al des fa ult s par académie : « La fo e ulti e est u u ha ge e t d ti uette : la F a e est dotée de quinze u i e sit s do t au u e est u e ita le u i e sit au se s ue les fo ateu s pu li ai s donnaient à ce terme » (Prost, 2004, p. 4). Ce conseil général des facultés devient conseil de l u i e sit est est e alit u « une instance fédérative très lâche et dénuée de vrais pouvoirs » (Prost, 2004, p. 4). Seules quelques « universités » réunissent tous les ordres des facultés sur les 15 pôles créés dans les 15 académies métropolitaines, ce qui ne correspond pas au projet initial de restructuratio autou de i ou si pôles o stitu s d u i e sit s o pl tes.

Malg u e ou elle i pulsio do e à l e seig e e t sup ieu , ette fo e este i a he e et se solde par un « demi-échec » (Charle et Verger, 2012) voire par un double-échec pour Christine Musselin (Musselin, 2001). “i les deg s et auses de l he de la loi de so t d attus (Antoine, Passeron et Aron, 1966 ; Charle, 1994 ; Musselin, 2001 ; Prost, 1968, 2004 ; Renaut, 1995), le fait est que les universités – e ta t u o ga isatio s u issa t e seig e e t et e he he au sei d u e entité à part entière – e ge t pas. “u le pla des fo tio s, la e he he este u e a ti it secondaire et « la do i atio d u e seig e e t sup ieu d lite ui o t ôle le e ute e t pou les fili es d e ad e e t te h i ue ou ad i ist atif » (Charle et Verger, 2012, p. 114) se renforce avec le développement des écoles spécialisées (créatio d oles o e iales o e HEC e , de ou elles oles d i g ieu , d ad i ist atio . “u le pla ad i ist atif, est gale e t u he . Les réformes, portées par Louis Liard, directeur de l e seig e e t sup ieu de à , renforcent les pouvoirs des facultés et non des universités. En 1885, les facultés sont dotées d i sta es ep se tati es o seil et asse l e . Elles o tie e t aussi la personnalité civile, et donc le droit de recevoir subventions, dons et legs, et de financer de nouvelles chaires (Prost, 2004). Les universités recréées en 1896 ne disposent au final que de responsabilités limitées et ne développent pas une épaisseur institutionnelle : « elles ne parvinrent pas à faire en sorte que les parties qui les composent agissent collectivement, à établir entre leurs membres des valeurs communes, à d eloppe e t e les fa ult s des o eptio s o e ge tes su les issio s, les it es d e ellence ou les thodes de t a ail … » (Musselin, 2001, p. 33).

“ ou e alo s u e lo gue p iode a a t is e pa u fai le pou oi , une faible légitimité des universités sur les facultés qui les composent, et par une participation bureaucratique et limitée de ces u i e sit s au pilotage de l e seig e e t sup ieu . « Les universités sont tenues complètement à l a t des d isio s de p o otio de e ute e t et il e iste au u lieu, i au u e st u tu e, sus epti le d a i e ho izo talement les différentes communautés facultaires et de susciter des projets transversaux pédagogiques ou scientifiques entre les univers cloisonnés que constitue chaque ordre de facultés. » (Musselin, 2001, p. 46). Cette « République des facultés » pour reprendre l e p essio de Ch isti e Musseli e fo e u e ogestio e t e l ad i ist atio e t ale le e t e étatique) et les instances corporatives nationales : les doyens, surtout ceux des grandes facultés parisiennes, étaient considérés par le ministère comme ses interlocuteurs, au détriment des recteurs des universités. Ce fonctionnement « respecte et légitime les filières verticales formées par chaque ordre de faculté » et ne permet pas à un échelon intermédiaire universitaire de prendre forme