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démarche d’enquête qualitative et inductive La pratique du terrain, les méthodes choisies, sont donc le résultat à la fois de

IV. Contourner et exploiter les difficultés : enquêter ses pairs et supérieurs

Les e t etie s ue j ai e s o e e t pou u e g a de pa t des e seig a ts-chercheurs et des membres des équipes dirigeantes des deux universités (voir Annexe 1 : Liste des entretiens). Ces e t etie s s ad esse t do à des pai s u i e sitai es ajo itai e e t e seig a ts-chercheurs, parfois docteurs en poste administratif), généralement en situation de supériorité hiérarchique, particulièrement bien renseignés sur le sujet. Mais je les interroge à la fois comme informateurs et o e o jets e de l i estigatio uelles p ati ues, uels appo ts à l i stitutio et au territoire).

Cette elatio se diff e ie de situatio s d e t etie s peut-être plus « classiques » décrites dans des ou ages thodologi ues ou des its fle ifs, da s les uelles l e u teu et l e u t o t des positio s ie d fi ies, appa tie e t pas au e g oupe p ofessio el, i sou e t à la e classe sociale, et ne seront pas amenés à se revoir (Platt, 1981, p. 75). De plus, l e u teu est p se t o e app e a t puis sa ha t guide l e t etie (Platt, 1981, p. 76) à l i su de l e u t e s appu a t su des g illes de uestio s plus ou oi s d elopp es et pa u s st e su til d i te e tio s de atu es di e ses (Blanchet et Gotman, 2010 chap. 3). Or dans la plupart des e t etie s ue j ai e s, « l e u teu u app e ti-chercheur) n'a ni l'autorité, ni les compétences, i le pou oi hi a hi ue do t jouit l e u t u u iversitaire bien établi dans la profession) » (Paye, 2012, p. 456). Cette t iple positio affe te le d oule e t de l e t etie et le o te u des dis ou s exprimés, nécessitant des tactiques de contournement.

1. U e app e tie fa e à des pai s, des e pe ts et des o jets de l’e u te a. Une doctorante face à des pairs

Une première sp ifi it est de s ad esse à des pai s e situatio de sup io it hi a hi ue. Bie que tous les entretiens se soient déroulés dans une ambiance plutôt décontractée et bienveillante, des effets d auto- e su e o t guli e e t a e e à e pas pose de questions directement sur la vie

130 privée de mes interlocuteurs notamment concernant leurs trajectoires professionnelles (enfants, o joi ts, et . . Cette fo e d auto- e su e à l ga d de oll gues et de sup ieu s (Paye, 2012) a d ailleu s e o t des odes de p se tatio de soi luda t la ie p i e de la pa t de es interlocuteurs. Cela rejoint différents travaux concernant l e t etie , ue e soit la ise e it méritocratique des trajectoires professionnelles par des universitaires (Paye, 2012) ou la répugnance à a o de la sph e pe so elle de la pa t d « imposants » (Chamboredon et al., 1994, p. 130 ; Laurens, 2007, p. 120). Ces types d i fo atio s taie t pas au e t e de o dispositif de recherche : je e e ais pas e pli ite e t d e t etie s iog aphi ues pou e o stitue des a i es et trajectoires de vie.

En revanche, un autre effet de proximité professionnelle et de position hiérarchique a entravé la olle te d i fo atio s : la difficulté à aborder certaines pratiques de recherche et certains rapports à l ta lisse e t da s leu di e sio o te et at ielle. ‘ guli e e t, des l e ts ui i t essaie t su la elation entre universitaire et son institution étaient passés sous silence ou éludés malgré mes relances, comme par exemple des démarches juridiques, administratives et financières à effectuer (pour formaliser un partenariat ou engager des dépenses), ou encore la manière do t l e u t a ait o u u pa te ai e de e he he.

Trois pistes explicatives peuvent être avancées, non exclusives. La p e i e piste el e ait d u e échelle de valeur des activités exercées par les enseignants-chercheurs. Les activités que je leur demandais de me décrire sont peu valorisées : elles peuvent être considérées par les enseignants- chercheurs comme des tâches nécessaires tissant un arrière-fond aux « ai œu de tie » mais peu i t essa tes et alo isa tes. D ailleu s da s u o te te d i flatio des t hes d ad i ist atio et de gestion, elles sont de plus en plus vécues sur un registre de contrainte et de souffrance au travail. Mes i te lo uteu s pug e aie t alo s à e d i e es t hes d u e pa t a ils les o sid e t e t ieu es à leu tie et peu i t essa tes, et d aut e pa t a elles e o espo d aie t pas à l i age u ils souhaite t hi ule du tie . E pose au g a d jou les d tails des o ditio s so iales et institutionnelles du travail scientifique ne co espo d ait pas à l i age so iale du tie , ue e soit leur contingence, leurs relations de pouvoir, leurs écarts aux normes affichées, ou bien leur trivialité, leurs complications, leur caractère ennuyant et entravant.

Une deuxième piste pour expliquer la réticence de mes interlocuteurs à décrire certaines de leurs pratiques concrètes serait leur sincère difficulté à les verbaliser précisément et à se souvenir de leurs d tails. Il s agit alo s oi s d u effet de la elatio e t e e u teu et e u t (réticence à décrire à la do to a te e tai s aspe ts ou d u effet de la si ple situatio d o iatio ti e e à e p i e e pli ite e t des a ts à u e i age du tie ou des sou es de f ust atio u u effet de la atu e même de ces activités, la manière dont elles sont vécues par ces enseignants-chercheurs. Ainsi, lorsque e tai s de es i te lo uteu s es ui aie t pas es de a des de p isio et he haie t à e répondre précisément, ils ne parvenaient pas toujours à se souvenir, ou retrouver, ou expliciter e tai es a ti it s d a hes ad i ist ati es ou e tai es p ati ues o stitutio et e t etie d u seau d i te o aissa e . Cela ejoi t e pa tie la se o de aiso i o u e pa H l e Chamboredon, Fabienne Pavis, Muriel Surdez et Laurent Willemez s appu a t su u e a al se de Giddens : « Mais la raison principale de ce silence est probablement à trouver dans le fait que ce savoir- fai e uotidie est i o po et do i e p i a le ; … la plupa t des gles e gag es da s la production et la reproduction des pratiques sociales sont connues et utilisées tacitement par les acteurs : ils savent « comment faire sans nécessairement savoir comment dire ce qu'ils font. » (Chamboredon et al., 1994, p. 130). Cette e pli atio pou ait s appli ue au a tivités de constitution et d e t etie d u seau de t a ail a e des olla o ateu s o u i e sitai es pa e e ple. Da s la

131 même perspective, les interlocuteurs semblaient éprouver des difficultés à décrire et se rappeler la majorité de leurs démarches effe tu es ia u se i e de l u i e sit . Cet o sta le da s la di e sio i fo ati e de l e t etie appo te a oi s des l e ts d o d e a al ti ue : pourquoi et quelle est la signification de ces difficultés ? Qu est-ce que cela dit sur le rapport des enseignants-chercheurs à leur université ?

E fi u e de i e e pli atio side ait da s la situatio de fa ilia it e ista t e t e d u e pa t l e u teu et d aut e pa t le ilieu tudi ai si ue l e u t . Cette dou le p o i it au sujet et à l i te lo uteu elle ou ie suppos e pa l e u t au ou s de l e t etie peut a e e l e seig a t-chercheur à survoler certaines informations : soit u il pe se si e e t ue je les o ais, soit ue ela lui fou isse l oppo tu it de e pas d i e e u il ne souhaite pas, en plaçant ses réticences à couvert de ce qui serait ma propre connaissance (« nan mais tu connais ça »). La proximité entre enquêteur et enquêté peut ainsi provoquer ainsi un « aveuglement familier » (Paye, 2012) : le pa tage de ep se tatio s, d e p ie es, d u so le de o aissa es o u peut amener à passer sous silence des aspects qui se soustraient alors au questionnement.

b. Une apprentie face à des experts

U e aut e sp ifi it d u e pa tie des e t etie s e s tait de ad esse e tes à des pai s, ais à des pairs plus expérimentés et en position hiérarchique dominante. Selon leur appartenance discipli ai e, es i te lo uteu s aît isaie t et a aie t p ati u les te h i ues d e t etie . Ils a aie t gale e t l ha itude de o st ui e u uestio e e t de e he he et a aie t pou e tai s e ad des doctorants. Leur supériorité hiérarchique associée à leur maîtrise méthodologique pouvait créer une dissymétrie, et les conduire à juger, commenter voire intervenir au cours de l e t etie , t aditio elle e t e pa l e u teu .

A l i sta de “i o Pa e lo s de ses e t etie s d e seig a ts-chercheurs britanniques, je me suis i te og e su les effets de ette elatio , et j ai pa fois app he d des o e ts de d di ilisatio ou de délégitimation1 sous le ega d d e u t s à la fois assez ualifi s et p ofessio elle e t

positionnés pour juger mes actes selon les codes en vigueur.

… les i te ie s so t te h i ue e t ualifi s pou juge la e he he et le p ofessio alis e de la personne qui la conduit, à plus forte raison quand – et est le as – l e t etie est o duit par un jeune chercheur auprès de o f es sou e t plus e p i e t s. Ce p o l e est pas e lusif à la populatio des u i e sitai es e s ie es so iales puis u il peut e p i ipe se a ifeste lo s d e t etie s aup s d lites ou de p ofessio els ui p ati ue t l e t etie sous des fo es a i es jou alistes, o sulta ts, et . . Toutefois, o peut s atte d e à e ue la suspicion et le scepticisme soient des réflexes plus présents chez des individus qui partagent avec l e u teu u ethos de la e he he u i e sitai e et u socle de principes épistémologiques en commun. Quelles retombées sur le matériau produit une appréciation négative des pratiques de l e u teu ou sa d di ilisatio peu e t-elles avoir ? Les enquêtés les plus sévères vont-ils intervenir dans la conduite de l e t etie ? Au aie t-ils le réflexe de se positionner comme arbitres de la conversation, ou comme pédagogues de la recherche ? (Paye, 2012, p. 451452).

1 La mise en garde de S. Beaud et F. Weber da s leu Guide de l e u te de te ai est assez difia te :

« Jou alistes et u i e sitai es p f e t pose des uestio s u po d e, ils e e o t e ous ue l app e ti assez innocent pour chercher à renverser les rôles et se gausseront de vous ou de la sociologie. » (2010 p. 34)

132 Au final mon expérience rejoint son constat : malgré une « ambiguïté latente » da s l i te a tio , peu « d allusio s e pli ites » ont été formulées. Ce tai es o t po t su la o duite de l e t etie « tes questions sont trop longues » - enquêté n° 83 - ou : « est t op lo g tu as a oi du al » - enquêté ° et d aut es su la o st u tio du sujet « et est uoi pou ous le te itoi e ? » enquêté n°8). Mais de manière générale, les enseignants-chercheurs interrogés posaient des questions de o p he sio , de o te tualisatio ou d i t t a e e t au d ut de l e t etie , plutôt à la fi , o e d aut es e u t s le fo t. “i es uestio s taie t plus i fo es fo tio e e t d u do to at, o stitutio d u ha tillo pa e e ple , elles po taie t a e e t su l i te a tio ui avait eu lieu. Il semble donc que le rapport de supériorité ait principalement joué par mon i t io isatio de ette diff e e affe ta t pa fois a postu e ete ue, a i t d tudiante face au p ofesseu , peu du juge e t , plutôt ue pa l attitude des i te ie s.

c. Une chercheuse fa e à la elatio d’e u te

Les deu a a t isti ues p de tes p o i it et as t ie d e p ie e o duise t les e u t s à expliciter, rappeler ou o e te la elatio d e u te, e ui a pu t e d sta ilisa t. Da s toute situatio d e t etie , l e u teu se et ou e fa e à « son objet » et ette elatio d e u te fait l o jet d u o t at ta ite is e pla e lo s de la de a de d i te ie . Il est e te du ue l e u teu cherche des informations auprès de son interlocuteur qui se prête au jeu. Les enjeux méthodologiques asso i s so t sou e t d its o e le is ue d i pose u se s à l e u t pa la fo ulatio des questions ou par une positio su plo a te l e u t « veut bien faire », « veut dire ce qui fait plaisir »).

Dans le cas des enseignants- he heu s, leu e p ie e des thodes d e u te et leu o aissa e du sujet, associées à une certaine proximité voire complicité à mon égard, les amenaient à commenter ette elatio d e u te. Aut e e t dit, j a ais pa fois l i p essio u ils « voyaient clair dans mon jeu » et « me mettaient à nu », e ta t u o jets de e he he fle ifs, o aisseu s1 et

commentateurs. Cette situation peut d ailleu s t e e ploit e o e u atout : Laurence Viry explique ai si u elle dis ute de so sujet de e he he et de ses p e i es pistes d i te p tatio a e les u i e sitai es u elle i te oge. Da s o as, l i o fo t p o e ait des o e ts où les enquêtés affi aie t la situatio d e u te alo s ue j essa ais juste e t de l i isi ilise : par exemple lorsque des collègues commentaient mes prises de notes en réunion (« alo s, ça est o pou toi non ? », ou bien « ah là tu prends des notes de thèse en fait ? ») ou bien en entretien lorsque mon interlocutrice répond par la négative puis me dit : « tu aimerais que je te dise oui hein ? » (enquêtée n°43).

U e aut e diffi ult li e au statuts des e u t s est le is ue u ils se se te t is s pa l e u te alo s esse tie o e iti ue ou e is e ause. D ailleu s le o te te de fo es et de d ats su l u i e sit pou ait a e tue e is ue, o e le e tio e H l e Da g Vu : « J ai aussi esse ti u e g e à fai e u e e he he su l u i ersité car je savais le sujet sensible pour mon lectorat. Cette th se po te e effet su l o ga isatio à la uelle es le teu s et aluateu s appa tie e t. J ai pa fois craint que ce travail suscite en raison de cette proximité, des réactions partisanes ou u à l i e se, o

1 Comme le mentionne Hélène Dang Vu dans sa thèse : « L u i e sit est pas u e o ga isatio fa ili e pou

u e jeu e he heu . O ette e he he s ad esse à des u i e sitai es a e tis, ui « a igue t » da s cet environnement depuis longtemps et qui par conséquent, ont une connaissance fine du fonctionnement de cet objet de recherche. »(Dang Vu, 2011, p. 12).

133 considère ce travail comme un argumentaire pour ou contre la politique menée par le ministère et les gou e e e ts su essifs ui o t fo l u i e sit e F a e. » (Dang Vu, 2011, p. 12).

Ai si es uestio s o e a t l ou e tu e de l u i e sit , ou les lie s a e la so i t i ile o t pu hez e tai s i te lo uteu s fai e ho au i di ateu s d i pa t so ial da s l aluatio effectuée par le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES) ou plus glo ale e t au d ats su l utilit et la espo sa ilit des he heu s. Pa e e ple lo s d u e présentation de mes recherches et de la comparaison avec les États-Unis, un des participants, responsable patrimoine dans une université française, remet en cause la comparaison en mettant en avant que ses services ne disposent pas des mêmes moyens que les universités états-uniennes (« ide e t u o e peut pas fai e aussi ie u eu , o a pas la e auto o ie »).

d. Une étudiante face aux « imposants »

Enfin, un dernier enjeu méthodologique ne relevait pas tant du statut universitaire de mes interlocuteurs que leur position de « dominants » pou ep e d e l e p essio de H. Cha o edo et al. (1994). Les e t etie s ue j ai effe tu s a e des e seig a ts-chercheurs membres des équipes p side tielles da a tage à Na te e u à Syracuse) ont suscité plus de rapports de domination que ceux menés avec des enseignants-chercheurs maîtres de conférences ou professeurs.

Cette dominatio s e p i e d s les « préludes » e a o t de l e t etie , o e le d i e t les auteurs : le contact s ta lit pa it, de a i e fo elle pa ail, essita t pa fois des ela es et souvent un passage par les « instances de représentation » et « le personnel qui entoure les o upa ts de poste i po ta ts » (Chamboredon et al., 1994, p. 123). Ce fut par exemple le cas lors de mes prises de contact avec le directeur de cabinet du président et les vice-p side ts de l u i e sit de Na te e, ui so t pass es pa l i te diai e de se tai es. J ai gale e t sou e t solli it u rendez-vous avec ces interlocuteu s su ode d a s i di e t (Blanchet et Gotman, 2010), par l i te diai e d u e tie e pe so e ui e e o a dait e pli ite e t. E l o u e e, le fait ue l u de es di e teu s de th se ait o up e ent le poste de vice-p side t ‘e he he a fa ilit l a s plusieu s fois, et ela a t o fi pa des i te ie s : ayant obtenu un entretien en e tio a t so o da s le ail de de a de, l i te lo uteu e ta ait l e t etie e appela t ses liens avec mon directeur : « je ne peux rien lui refuser » (enquêté n°2), « on se connait bien » (enquêté n°8). Ainsi, « la prise de contact rend possible les premières manifestations de la domination exercée par les enquêtés » (Chamboredon et al., 1994, p. 123) et « selon les positions de l'enquêteur, celui-ci intégrera plus ou moins cette imposition et, partant, intériorisera plus ou moins la domination. » (Ibid., p. 116). Cette impression de domination était en effet intériorisée et entretenue de ma part, par exemple lorsque j e pli ue à u e e u t e e pas ose de a de u e dez-vous au président de la COMUE (enquêtée n°41).

Classi ue e t ette situatio se pou suit ia les o ditio s at ielles de es t pes d e t etie s qui se déroulent dans les bureaux de mes interlocuteurs, dans le bâtiment de la présidence. Il faut décliner son identité et les motifs de sa venue pour accéder aux étages, puis attendre dans un espace dédié1

1Mes a ets de te ai fo t e tio de a su p ise lo s u o e p oposait u af lo s de es o e ts

d atte te, et a p ise de o s ie e soudai plus effe ti e des att i uts de a positio so iale te e ts, sa à dos, etc.). Cela fait écho au fait que « La domination ne se manifeste pas uniquement dans les espaces de l'entretien, mais aussi dans les vêtements, la tenue corporelle, les manières de parler ; là aussi, ce sont des signes de domination que l'interlocuteur reçoit, qu'il ressent, mais qu'il ne peut guère expliquer ». (Chamboredon et al., 1994, p. 126)

134 a a t d a de à l i te lo uteu . Ces appo ts de do i atio s oli ue o ditio e t la elatio d e t etie et se pou sui e t g ale e t au ou s de l i te a tio , affe ta t la o duite de l e t etie (Chamboredon et al., 1994, p. 127). La volonté de contrôle de la part de ces interlocuteurs et leur affirmation de leur position à mon égard se sont manifestées principalement par des tentatives pou e e l e t etie et pou i e se les ôles e t e e u teu et e u t . Ai si au ou s des entretiens, certains ont clairement montré leur réticence à répondre à certaines questions y compris lo s ue j i sistais. Ce ui tait is e ause da s leu s p opos taie t pas u e i t usio da s leu ie privée ou dans des dossiers controversés mais tout simplement la pertinence de mes questions, soit en termes de contenu (« non mais ça ce est pas important ») soit e te es d i te lo uteu « ça vous demanderez ça à untel » enquêté n°1. U e t etie s est l pa ti uli e e t lateu de cette volonté de contrôle puisque mon interlocuteur refusait de suivre mes questions, me coupant la parole et ordonnant les thèmes à aborder (enquêté n°2).

Co t ôle l e t etie et e e se les ôles leu pe ettait de o se e ou appele leu positio pou i pose le t pe de dis ou s u ils souhaitaie t, construits, reflétant leur « facilité à élaborer un discours public » (Chamboredon et al., 1994, p. 123). Co e l a al se t plusieu s its, « tout e u t do i a t o aît e tai s des outils ue le he heu o ilise … » (Laurens, 2007, p. 125) et « o o state ai si la p se e da s les dis ou s de t a es de th o isatio , de a ueu s d u aiso e e t pa fois p o he des at go ies e s es l a al se » (Paye, 2012, p. 469). Les universitaires interrogés, habitués à manier des théories et concepts de sciences sociales et humaines, et familiers avec les exercices de fle i it et d o je ti atio , appa aissaie t o e particulièrement disposés à la fois à construire un récit de leurs parcours et de leurs activités, et à

ep e da s es uestio s e ue j i te ogeais. 2. Stratégies de contournement

Tous les entretie s o t pas do lieu au diffi ult s d ites p de e t, ue e soit a e des enseignants-chercheurs en poste ou bien prenant en charge des responsabilités institutionnelles. Une pa tie de es diffi ult s tait d ailleu s due à o i t io isation de possibles attitudes et jugements de la pa t de es i te lo uteu s, ui e se so t g ale e t pas e p i s e pli ite e t. J ai do adapté la méthodologie des entretiens progressivement, pour contourner ces contraintes.

a. Nuancer le déséquilibre des positio s pa l’i fo atio