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Chapitre I.2 ÉLÉMENTS CONTEXTUELS

I.2.1 L'histoire syndicale

Dès les débuts de cette recherche, l'un des principaux problèmes a été celui de la contextualisation historique. Cette nécessité était d'autant plus importante que nous avions décidé d'entamer un parcours basé sur la comparaison internationale. En effet, les confédérations syndicales faisant l'objet de cette étude, bien que similaires pour ce qui est des formes structurelles, gardent des traits spécifiques liés aux contextes sociétaux dans lesquels elles sont inscrites. Cette tâche de contextualisation historique n'a donc été que partielle. Compte tenu des difficultés inhérentes au repère des sources41 et au temps à disposition, nous nous sommes contentées de retracer les étapes principales qui ont conduit à la formation de la CGT et de la CGIL telles qu'on les connaît aujourd'hui.

Ainsi, nous souhaitons rendre compte, en traitant aussi (quand c'est possible) des histoires locales des deux organisations, des spécificités liées aux évolutions des deux confédérations notamment par rapport à leurs structures et leurs formes d'organisation. Comprendre le rôle et la fonction que la bourse du travail a joué dans les différentes 41 Nous avons notamment rencontré des difficultés dans le repère de sources concernant les rapports entre syndicalisme et travailleurs immigrés et entre syndicalisme et travailleurs du nettoyage, au niveau des histoires locales de Marseille et de Bologne.

phases de l'histoire syndicale permet notamment de mieux contextualiser et appréhender le syndicalisme tel qu'il est analysé dans cette recherche. À cet égard, nous regrettons de ne pas avoir réussi à obtenir des sources historiques également approfondies pour ce qui est de l'histoire des deux bourses du travail, ce qui a donné lieu à un décalage désagréable dû au peu de sources que nous avons réussi à obtenir concernant l'histoire de la bourse du travail marseillaise.

I.2.1.1 La CGT et la bourse du travail de Marseille42

C'est après la période de la Commune que commence à se définir en France la première forme unitaire de syndicat. Il s'agit du « cercle de l'union syndicale ouvrière » dont l'objectif était la création d'un contrepoids à l'union patronale du commerce et de l'industrie. Il faudra attendre l'année 1886 pour que les militants des associations ouvrières et du Parti ouvrier Français envisagent de réunir tous les syndicats dans une association nationale qu'ils appellent « fédération des syndicats et des groupes corporatifs ouvriers de France ». Toutefois, cette dernière est vouée à la dissolution car elle n'a jamais été en mesure de créer un lien durable avec les unions locales et régionales. L'année même où s'est constituée la fédération est née la Bourse du Travail de Paris. « Sans la Bourse du Travail », déclare le Conseil municipal de Paris,

« l’existence des chambres syndicales sera toujours précaire, les charges qu’elles imposent éloignant d’elles le plus grand nombre des ouvriers. Il importe donc qu’elles aient des locaux et des bureaux où chacun pourra venir sans crainte d’avoir à faire des sacrifices de temps et d’argent au-dessus de ses ressources ; la libre et permanente disposition des salles de réunion permettra aux travailleurs de discuter 42 Pour cette partie, nous nous sommes appuyées sur les ouvrages suivants : Pelloutier, Fernand. 1902.

Histoire des Bourses du Travail. Origine - institutions - avenir. Paris : Schleicher frères, éditeurs ;

Mencherini, Robert. 2004. Midi rouge, ombres et lumières. 1. Les années de crise, 1930-1940. Vol. 1. Collection Histoire. Paris : Syllepse ; Mouriaux, René. 1983. Les syndicats dans la société fraņaise. Paris : Presses de la Fondation nationale des sciences politiques ; Groux, Guy, et René Mouriaux. 1992. La C.G.T. Economica ; Leroy, Maxime. 1913. La coutume ouvrière, syndicats, Bourse du

Travail, fédérations professionnelles, coopératives, doctrines et institutions. 3 vol. Paris, France :

Giard et Brière ; Demazière, Didier. 1998. Chômeurs : du silence à la révolte : sociologie d’une

action collective. Paris : Hachette littératures ; Béroud, Sophie. 2013. « L’influence contrariée des

“privés d’emploi” dans la CGT ». In Les mobilisations de chômeurs en France problématiques

d’alliances et alliances problématiques, by Didier Chabanet et Jean Faniel, 153-176. Paris :

L’Harmattan ; Béroud, Sophie, et Jacques Capdevielle. 1997. « Des cheminots aux traminots, l’actualisation de la tradition marseillaise ». In Le souffle de décembre : le mouvement social de

1995 : continuités, singularités, portée, by René Mouriaux et Sophie Béroud, 59-79. Collection « Le

présent avenir ». Paris : Editions Syllepse ; Hoareau, Charles, et Gérard Alezard. 1992. La Ciotat :

avec plus de maturité et de précision les questions multiples qui intéressent leur industrie et influent sur les salaires ; ils auront pour les guider et les éclairer tous les moyens d’information et de correspondance, les éléments fournis par la statistique, une bibliothèque économique, industrielle et commerciale, le mouvement de la production pour chaque industrie, non seulement en France, mais dans le monde entier. ». [5 novembre 1886, rapport Mesureur, in Pelloutier, Fernand. 1902. Histoire des Bourses du Travail. Origine - institutions - avenir. Paris: Schleicher frères, éditeurs, p 63]

Les bourses permettaient aux syndicats de s'unir, d'abord par professions similaires, pour la défense des intérêts professionnels. Toutefois, ils pouvaient aussi se fédérer sans distinction de métier. Dans un tel contexte naît l'idée, impulsée par quelques membres de la bourse du travail de Paris, de créer une fédération des bourses. C'est ainsi qu'au congrès de Saint-Étienne de 1892 fut créée la « fédération des Bourses du Travail de France ». Pour les syndicalistes qui étaient à l'origine de cette fédération, la bourse du travail devait représenter le cœur de l'activité syndicale et devait développer son action de manière complètement indépendante de l'État et du gouvernement. Le service dit de la mutualité jouait également un rôle fondamental en tant que contrepoids par rapport aux pouvoirs publics au cas où ces derniers, de par l'activité législative, auraient « gêné l'action ouvrière ». De même, les bourses du travail devaient avoir une tâche de propagande et mettre en place des services éducatifs.

Seulement quelques années plus tard, en 1895, naît avec le congrès de Limoges, la Confédération Générale du Travail. À l'époque, bien que la Confédération regroupe de manière très large les syndicats, les unions locales, les fédérations locales, les bourses du travail etc., l'idée d'une double représentation à base géographique et à base professionnelle n'était pas encore très définie. C'est seulement avec le congrès de Montpellier de 1902 que la CGT se donnera sa double structure, d'une part les fédérations dont la base demeure professionnelle (verticale) et d'autre part les unions locales et départementales à base territoriale (horizontale).

À Marseille, l'Union locale des chambres syndicales ouvrières s'installe, en octobre 1888, dans une ancienne halle transformée en bourse du travail au centre de la ville. Victor Griffuelhes, dirigeant national de la CGT, constate lors de son « voyage révolutionnaire » en France à la fois les difficultés et la grande vivacité du mouvement ouvrier à Marseille. Au-delà de certains clichés xénophobes – qui dissimulent l'apport

essentiel des immigrés à la construction du mouvement ouvrier – il insiste surtout sur la dispersion géographique et la mobilité des travailleurs de la ville phocéenne. Le mouvement syndical connaît une croissance spectaculaire pendant cette période. Ainsi, « l'historienne A. Kriegel classe l'union départementale CGT des Bouches-du-Rhône parmi les unions départementales “pilotes” pour 1920. Elle lui attribue un indice supérieur au double de l'indice moyen, tant pour ce qui concerne le nombre de syndiqués, de syndicats que le nombre de fédérations professionnelles représentées » (Mencherini 2004).

Toutefois, sur le plan national, une autre étape centrale de l'histoire de la CGT est celle de la signature de la Charte d'Amiens (1906), quand la CGT officialise sa posture d'indépendance devant le patronat, les partis politiques et l'État. Entre temps, le système productif est en train de subir des profonds changements et, pour s’adapter à l'évolution de l'industrie, le syndicalisme commence à s'éloigner de l'organisation par métier. Ce processus amène, par la suite, à la création de la fédération de l'industrie, de celle du bâtiment, du sous-sol et des métaux.

Jusqu'en 1919, la CGT est ainsi la seule Confédération syndicale ouvrière dans le panorama français, mais en novembre de cette même année, elle perd ce monopole avec la constitution de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC). Par la suite, à la fin de 1921, une minorité révolutionnaire forme suite à une scission la Confédération Générale du Travail Unitaire (CGTU).

La crise du 1929 contribue à paralyser le syndicalisme français. Si la CGTU voit ce moment comme le début de la fin du capitalisme et se concentre surtout sur les masses de chômeurs pour les organiser, à la CGT on voit se dessiner deux tendances. D'un côté, certains militants proposent la réduction de la semaine de travail, de l'autre côté, une deuxième tendance est celle de ceux qui visent la nationalisation des secteurs clés de l'économie. Alors que dans un premier temps la CGTU s'oppose fortement à ce genre de propositions, on assiste en 1936 à la réunification de la CGT et de la CGTU ainsi qu'à la victoire du Front Populaire (1936-1938).

Après les accords de Matignon, le centre de gravité de la CGT se déplace, de nouveau, des services publics et des fonctionnaires vers l'industrie privée. Le syndicalisme retrouve, élargies, ses assises d'avant 1914.

expulsés et condamnés à la clandestinité car le gouvernement Daladier s'est prononcé en faveur de la dissolution de toutes les organisations communistes. De nombreuses fédérations et unions et de multiples syndicats sont ainsi contraints à disparaître. Dans un tel contexte, le début de la Seconde Guerre mondiale est marqué par la répression et c'est en 1940 que l'on assiste à la dissolution des centrales syndicales ouvrières et patronales. Sous le gouvernement de Vichy, la charte du travail est promulguée et parmi ses prescriptions répressives, elle interdit toute possibilité de mener des mouvements de grève.

Le 18 août 1944, la CGT et la CFTC lancent un appel en faveur de la grève générale pour la libération. Dans la même année, pendant le gouvernement provisoire, la charte du travail est annulée et les syndicats ainsi que les unions et fédérations dissous en 1939 sont ré-établis. De même, toujours en 1944, la CGT participe au programme du Conseil national de la Résistance en contribuant à la définition des nationalisations et des principes de base quand à la Sécurité sociale et aux comités d’entreprises.

L’après-guerre et la période suivante des Trente Glorieuses sont caractérisées par le triomphe de la « condition salariale ». Les États de l’Europe occidentale construisent les bases de l'État social en plaçant au cœur de leurs intérêts les salariés en leur offrant des garanties et en leur accordant des droits d’une ampleur jusqu’alors inconnue. Les syndicats comme la CGT et de la CGIL acquièrent un rôle de défense du salariat reconnu et garanti par l'État.

La réalisation de cette étape cruciale passe en particulier par deux dimensions complémentaires : la légitimation accomplie du fait syndical dans l’espace public, politique de la cité ; la légalisation juridique de sa présence dans l’espace privé du lieu de travail. (Sirot 2011)

Ainsi, cette époque cöncide avec une phase d’acquisition d’une légitimité aux dimensions inédites pour un syndicalisme qui, comme le souligne B. Trentin dans son ouvrage « La Cité du travail » (Trentin 2012) ne tardera pas à trouver sa place d’auxiliaire indispensable à la politique dominante dans la gestion du progrès et de son corollaire, la paix sociale.

Il faudra attendre la seconde moitié des années 1970 pour que le syndicalisme français (et italien) ressente les effets d'une conjoncture économique défavorable qui touche alors l'Europe et l'économie mondiale. Dans l’ensemble du monde occidental, au

cours de cette période, on assiste à une importante transformation à la fois du système capitaliste et du statut accordé au travail. La situation du salariat se fragilise, ce qui a des effets importants sur l'affaiblissement des organisations syndicales dont les pratiques s'étaient cristallisées au sein d'un contexte marqué par la déconstruction de l’édifice forgé au cours des soi-disant « Trente Glorieuses ». L’emploi se précarise et le chômage durable s’installe (Castel 1999). On parle alors d'un « effritement de la condition salariale » qui donne lieu à une déstabilisation de toute une partie de la classe laborieuse en produisant des formes importantes de précarité et d'insécurité sociale. C'est dans ce contexte que le statut de ceux qui avaient auparavant composé le noyau des adhérents des organisations syndicales deviennent des « privilégiés », une partie de plus en plus minoritaire de la classe laborieuse.

I.2.1.1.1 Le Comité Chômeurs dans les Bouches-du-Rhône

Pour ce qui est de la période plus récente, nous avons choisi de traiter d'une question fondamentale pour contextualiser notre objet de recherche : la naissance du Comité Chômeurs CGT des Bouches-du-Rhône. Peut-être encore plus qu'ailleurs, le syndicalisme CGT de la ville phocéenne est historiquement caractérisé par un fort degré d'autonomie par rapport aux décisions du niveau national43. Dans la période récente, c'est à Marseille que, à l'occasion du conflit dans les chantiers navals de la Ciotat, le Comité Chômeurs CGT prendra une importance décisive en impulsant des forts changements même au niveau national. En effet, l'émergence des comités de chômeurs CGT dans la région marseillaise s'inscrit dans un territoire où se concentre un taux de chômage très élevé et où une partie de ces chômeurs subissent un chômage de longue durée. À la fin des années 1980, la CGT demeure encore fortement implantée dans le tissu industriel « classique » dominé par les activités portuaires, les chantiers navals et les mines. Dans ce contexte, c'est à la Ciotat, où la CGT se mobilise depuis plusieurs années contre la fermeture définitive des chantiers navals de construction et de réparation , que le non-respect d'un accord signé par les représentations des pouvoirs publics nationaux et locaux est à l'origine d'un nouveau genre de lutte. De cette lutte

43 « La spécificité marseillaise, au regard du mouvement ouvrier français, a toujours été relevée (notamment l'influence de l'anarcho-syndicalisme). » (Béroud et Capdevielle 1997, 64)

contre la fermeture des chantiers navals se propage, à partir d'un groupe restreint de militants, une mobilisation visant l'ensemble de la ville et dont le but est de rassembler les chômeurs sur leurs lieux de vie et dans leurs quartiers. Le moment culminant de cette expérience sera l'organisation en 1991 d'une marche de chômeurs de La Ciotat à Paris.

Lorsqu'en 1993, l'Union départementale CGT décide d'élargir les comités de chômeurs à l'ensemble du département, l'expérience du comité de la Ciotat est prise en exemple. Charles Hoareau44, ex ébéniste et formateur licencié pour raison économique, militant communiste et cégétiste, initiateur de « l'aventure » ciotadienne, est chargé d'exporter les acquis de La Ciotat. Il commence par les quartiers nord de Marseille où se concentrent les taux de chômage les plus élevés du département (plus de 30 % dans les XVe et XVIe arrondissements et entre 50 % et 80 % dans certaines cités). (Demazière 1998, 141)

Le noyau du comité chômeurs CGT des quartiers nord qui se formera par la suite est en partie constitué par les membres d'un « comité de lutte pour le droit à l'emploi » lié au parti communiste. Ces nouveaux comités parviennent à s'implanter grâce à un important travail de terrain. L'importance accordée aux problèmes quotidiens des chômeurs, à l'aide immédiate, à la défense de leurs « droits » attire de nombreuses personnes qui découvrent pour la première fois le syndicat.

Les militants du Comité Chômeurs, connus par la suite sous l’appellation de « chômeurs rebelles » parviennent à créer, en 1994, le comité départemental des Bouches-du-Rhône. La réussite de cette expérience encourage ainsi la création du Comité national des privés d'emploi suite au congrès fédéral CGT en 1995 (Béroud 2013a).

Alors qu'à La Ciotat, la lutte est au départ axée sur l'emploi et la réouverture des chantiers navals, dans les quartiers nord de Marseille, pour les femmes, les immigrés et les jeunes, le premier contact avec le Comité Chômeurs CGT est souvent dû à la recherche d'une solution urgente à un problème personnel. Cette forme de militantisme et d'action syndicale permet ainsi de renouveler le répertoire d'action du syndicat CGT qui, par le biais d'un véritable travail de proximité mené au sein des Comités Chômeurs, parviendra à atteindre une « nouvelle » population et cela en dehors des dynamiques plus traditionnelles liées aux lieux de travail.

44 On reparlera de ce militant syndical CGT dans les chapitres suivants où l'on traitera de son engagement au sein de l'UD nettoyage de Marseille.

L'un des résultats de l'action de ces comités est la transformation d'une demande d'aide individuelle en revendication collective (Demazière 1998). En 1998, le département des Bouches-du-Rhône compte 22 comités de chômeurs regroupant plus de 1 700 adhérents. Mais ces comités ont une influence qui va au delà de la question du chômage. Ils seront notamment à l'origine du collectif sans papiers 13 qui fonctionnera jusqu'en 2008.

La structuration des comités par quartiers et par cités, un travail de proximité constant, l'occupation de terrains depuis longtemps désertés par toute organisation politique ou syndicale, la prise en compte des “besoins des gens” avec les intéressés eux-mêmes, rompt avec l'action syndicale structurée autour de l'entreprise et des rapports antagoniques au travail. (Demazière 1998)

En guise de conclusion, nous pouvons affirmer que, pour ce qui est de l'histoire récente, le Comité Chômeurs a fortement contribué à marquer le syndicalisme CGT de Marseille. Surtout pour ce qui est des segments les plus précaires de la classe laborieuse45, comme les agents de nettoyage qui sont les protagonistes de cette recherche, la modalité d'action des Comités Chômeurs demeure un référentiel fondamental du syndicalisme CGT de la ville phocéenne et de son département. C'est pourquoi ce bref cadrage historique, nous facilitera notre tâche d'analyse lorsque, dans les chapitres suivants, nous serons confrontées aux pratiques syndicales de la CGT nettoyage 13.

I.2.1.2 La CGIL et la Camera del Lavoro de Bologne46

En Italie, les bourses du travail commencent à se développer pendant la crise économique des années 1889-1890. À cette époque, de nombreux travailleurs se

45 Par ailleurs, au cours de cette recherche, nous avons eu connaissance d'une expérience de mobilisation dans des foyers de travailleurs immigrés menée avec le soutien des militants du Comité Chômeurs. De cette lutte gagnante est née une structure pour l'accueil et l'aide des immigrés (Association d'Aide aux Personnes Immigrées). Certains militants du Comité Chômeurs ont également été en première ligne dans des luttes de précaires (comme à Macdonald's et Carrefour Littoral).

46 Pour rédiger cette partie historique, nous nous sommes appuyées sur les ouvrages suivants : Ballestrero, Maria Vittoria. 2010. Diritto sindacale. Torino : Giappichelli Editore ; Arbizzani, Luigi. 1988. Il sindacato nel Bolognese: le camere del lavoro di Bologna dal 1893 al 1960. Bologna: Ediesse ; Bertuccelli, Lorenzo, Adolfo Pepe, et Maria Luisa Righi. 2008. Il sindacato nella società

retrouvent dans une situation très difficile, à la merci des intermédiaires et des bureaux de placement. Dans un tel contexte, les bourses du travail vont à la rencontre d'une exigence concrète, en faisant fonction de bureau de placement publique et gratuit géré par les chômeurs eux-mêmes. Une ambivalence a été identifiée par les historiens qui mettent en avant le double rôle de ces bourses du travail qui représentent un lieu privilégié pour la recherche de travail, mais aussi un instrument visant à faciliter la mobilité de la main-d'œuvre. À Bologne, la bourse du travail s'inspire à l'époque d'une logique de type économique et apolitique, le but affiché étant l'obtention de l' « harmonie sociale ».