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L’expansionnisme mexicain dans le commerce mondial

Dans le document La Colombie dans le Groupe des Trois (Page 101-108)

des Trois

6. Résolution de controverses

2.2 L’expansionnisme mexicain dans le commerce mondial

A partir de 1985, le modèle de développement économique au Mexique a changé brutalement lorsque, après plusieurs décennies de croissance, une crise arriva et déclencha une période de stagnation au Mexique. Contraint à réformer son modèle de développement,

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Voir: Echavarria, «El G-3 en el Camino de la Integración Continental», 1995, page 122.

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Les échanges entre la Colombie et le Venezuela avaient été plus dynamiques entre eux qu’avec le Mexique, et évidemment pendant les négociations au niveau commercial, il a été beaucoup plus simple d’arriver à une harmonisation entre les deux pays, parce qu’au sein du Pacte andin, les pays avaient déjà signé un accord bilatéral de commerce et faisaient partie d’une union douanière bilatérale depuis 1992.

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le gouvernement mexicain mit en place une politique de réforme du secteur externe et du régime d’investissements étrangers.

Afin de mieux comprendre les limitations du Mexique dans le G-3, il est approprié, dans cette étude, de relater brièvement les différentes périodes dans la politique commerciale au Mexique:

a) la période de développement stable (1956-1971) b) la période d’expansion d’Echeverria (1972-1976) c) la période du Président Portillo (1977-1982)

d) la période de réforme économique et d’expansion du commerce (1983-2001)

a) La période de développement stable (1956-1971)

Après la Seconde Guerre mondiale, les prix à la consommation ont augmenté avec rapidité, ce qui a provoqué un cycle d’inflation et de dévaluation. Avec la dévaluation de la monnaie par rapport au dollar, le peso mexicain a perdu deux fois sa valeur, passant de 4,85 pesos par dollar en 1945 à 12,50 en 1954. Cette période fut appelée, avec l’introduction d’un nouveau type de change, «El período Estabilisador132». En effet, l’inflation fut contrôlée et redevint même inférieure aux dix dernières années. En raison de la surévaluation du peso, les pressions politiques ont provoqué une hausse de la protection. Au début de cette phase, les droits de douane furent multipliés, dans le cadre d’une révision générale de la classification des articles d’importation. En 1956, les catégories d’importation furent doublées et les importations sujettes à contrôle, passant de 33% à 44%. En 1960, l’unification de la classification douanière fit à nouveau accroître les droits de douane. Puis, en 1962, fut imposée une surtaxe de 10% aux importations d’articles de luxe. Finalement, en 1965, les droits de douane furent amplifiés de manière générale de 6%.

Dans les années 1970, les mesures à l’importation furent intensifiées, 1000 catégories passant chaque année à la liste d’importation contrôlée. A la fin de la décennie, plus de 65% des articles étaient sujets aux différents systèmes de vérification à l’importation. Ces politiques ont radicalement limité les exportations de manufactures. Simultanément, la protection du secteur primaire fut légèrement réduite: -1,4% pour l’agriculture, l’élevage, la

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Voir: Antonio Ortiz Mena, «Desarrollo estabilzador. Una década de estrategia économia en México», El Mercado de Valores, núm 44, 1969.

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sylviculture et la pêche, et –12,3% pour l’industrie minière. Ce résultat fut obtenu grâce à une protection nominale minimale et à des coûts plus élevés des matières primaires.

Par conséquent, la participation des exportations mexicaines dans le commerce mondial tomba de 11,4% à 4,9%133. Les exportations de manufactures ont aussi présenté une forte diminution (11%) pendant la même période, ce qui, logiquement, se répercuterait sur la faible participation de la production industrielle, qui fut seulement de 3%.

b) La période d’expansion d’Echeverria (1972-1976)

La surévaluation du peso mexicain généra une pression plus importante sur la protection. Les restrictions quantitatives aux importations ont monté de 57% à 64% en 1973 et à 74% en 1974134. Suite à la détérioration dans la balance des paiements, une intensification des contrôles à l’importation ainsi qu’une augmentation générale des droits de douane furent imposés.

Afin d’encourager les exportations, un système de promotion fut institué, comprenant l’établissement des certificats de dévolutions d’impôts (Cedis); l’importation des matières primaires libre d’impôts et l’expansion des crédits à court terme.

En accord avec la législation de commerce de 1971, le Cedis constituait une dévolution de 10% des impôts sur la valeur des importations de manufactures, dont le contenu national ne surpassait pas les 60%; elle s’abaisserait de 5% lorsque le contenu national se situerait entre 50% et 60%. En 1973, avec l’augmentation des taux des impôts indirects, ce taux de remboursement sont respectivement remontés à 11% et 5,5%. Les exportateurs des produits avec un contenu national non inférieur à 40% avaient le droit d’ importer les matières primaires libres d’impôts. En 1976, le gouvernement suspendra l’attribution des Cedis. Malgré la grande utilité des Cedis, ainsi que l’expansion des exportations pendant cette période, il est assez laborieux d’analyser l’utilité de ce système de remboursement d’impôts, principalement dû au système complexe d’impôts indirects régnant au Mexique.

Par rapport au secteur externe, les exportations des maquiladoras sont apparues dans les statistiques de la balance commerciale. En 1970, ces exportations atteignaient un montant de 180 millions US$ et, en 1976, elles dépassaient les 500 millions US$. Grâce à la promotion aux exportations, la vente des produits manufacturés vers l’extérieur s’est accrue

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Voir: Ortega Cardenas, «Algunos aspectos sobre instrumentos de control en la política de comercio exterior», Investigación Economica, 1976.

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Voir: Ortega Cardenas, «Algunos aspectos sobre instrumentos de control en la politica de comercio exterior», Investigación Economica, 1976.

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rapidement entre 1970 et 1974 (60% du volume). Néanmoins, le rythme de croissance des exportations a ralenti en grande partie à cause de la récession mondiale.

Dans la période 1970-75, les exportations ont contribué davantage à la production de manufactures que la substitution aux importations. Au Mexique, bien que le degré majeur de protection nivelle la croissance de la surévaluation du peso, la substitution aux importations était limitée par les effets des politiques fiscales expansives, stimulant les achats de l’extérieur135

c) La période du président Portillo (1977-1982)

Les dévaluations de 1976 et 1977 et la découverte d'importants gisements de pétrole ont permis l’obtention d’une situation stable dans la balance des paiements. En effet, l'accroissement des exportations du pétrole et la dévaluation du peso ont provoqué une diminution du déficit de l’échange de marchandises. La situation positive dans la balance commerciale indiquait que la nécessité de libérer les importations et de réduire ainsi les obstacles à l’exportation stimulerait la compétitivité du Mexique.

Par conséquent, la proportion des catégories sujettes à permis d’importation a été largement réduite, de 80% en 1977 à 24% en 1979136. Ces changements furent accompagnés d’une intensification des droits de douane, afin de permettre à l’industrie mexicaine d’avoir un délai d’adaptation.

La libéralisation des importations fut beaucoup plus limitée. En 1979, les 60% restaient sous la modalité des permis. L’accroissement des importations de biens de capitaux releva la valeur des biens soumis à un permis. En effet, leur libéralisation entre 1977 et 1979 fut réalisée en biens qui non produits dans le pays. A la fin 1979, le gouvernement du Président Portillo refusa l’adhésion au GATT, ce qui, dans la pratique, signifiait l’implantation de nouvelles restrictions.

En 1981, ces droits de douane et restrictions aux importations furent accentués. En 1982, la crise de la dette entraîna une intensification des taux d’impôts dans les droits de douane. En conséquence, vu les circonstances et les limitations à l’importation, l’exportation de manufactures s’est vu discriminée, malgré les subventions mises en place par le gouvernement.

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Voir: Bela Balassa, «Trade in Manufactured Goods», page 265.

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La politique du gouvernement Portillo se refléta clairement dans la chute des exportations. Entre 1978 et 1981, le volume des exportations mexicaines diminua de 14%, conséquence des effets de la surévaluation du peso et des restrictions aux importations. En définitive, les exportations mexicaines dans le monde présentaient une diminution entre 1978 et 1981. A l’inverse, les importations ont augmenté rapidement, malgré les fortes restrictions. Finalement, l’augmentation du déficit dans le compte courant et du coût du service de la dette ont provoqué la grande crise de la dette au Mexique.

d) La période de réforme économique et d’expansion du commerce (1983-2001)

Après la crise de la dette de 1982, le principal objectif de la politique économique mexicaine consistait à implanter un modèle de développement plus ouvert, visiblement soutenu grâce à l’accroissement des exportations en tant que pilier de développement économique. Ce changement de modèle de développement a aussi impliqué un processus de libéralisation des échanges au Mexique, ce qui, logiquement, donnerait à la politique extérieure mexicaine une vision de recherche des accords de libre-échange avec différents pays du monde.

Tout d’abord, le Mexique cherchait une diversification du commerce à l’égard du Japon et de l’Europe, mais le gouvernement du Président Salinas a rapidement réalisé les limitations d’une insertion commerciale à ces deux marchés. «Sin embargo, los Estados Unidos se localizaba a su lado: no solamente un mercado más grande y la principal fuente de capital externo, sino el importador de bienes y servicios más importante del mundo137». Avec la formule de commerce extérieur comme moteur de l’économie, les Etats-Unis, en tant que partenaire commercial, étaient la cible principale. En effet, le Japon, l’Europe et l’Amérique latine ne constituaient pas de grands importateurs des produits mexicains.

Bien que l’adhésion du Mexique dans l’ALENA ait constitué la réussite de la politique commerciale mexicaine, l’ALENA marquait aussi la réaffirmation de la dépendance économique et commerciale mexicaine des Etats-Unis. Mais au-delà des considérations économiques et des motifs qui ont incité le Mexique à se joindre aux Etats-Unis et au Canada, la formation de l’ALENA a incité un intérêt d’indépendance au Mexique face à ses partenaires commerciaux. C’est ainsi que le Mexique institua une politique d’intégration avec les différents pays de l’Amérique latine138.

La croissance du commerce régional, après une décennie de ralentissement, a bénéficié de la nouvelle politique mexicaine. «De 1990 a 1996, las exportaciones regionales aumentarón

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Voir: Weintraub, «El TLC es solo el Comienzo, Banco Nacional de Comercio Exterior», 1994.

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en el 73%, mientras que las importacionesles alcanzarón el 127%, como porcentaje del PIB en la región139».

Schéma I

Réseau d’accords de libre-échange négociés par le Mexique

_______ Accord de libre-échange.

---Accord de coopération économique.

Source: élaboration personnelle, liste non exhaustive.

Par ailleurs, l’initiative d’intégration en Amérique du Sud constitua l’outil d’ouverture des économies à la compétitivité internationale. Donc, le Mexique, en tant que nouveau membre de l’ALENA, est devenu le partenaire commercial par excellence des PAL. Par conséquent,

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Voir: Robert Devlin y Ricardo Ffrench-Davis, «Hacia una evaluación de la integración regional en America Latina», pages 955-956.

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le Mexique a démarré une série de négociations de commerce qui ont finalement abouti à un réseau très amplifié de commerce dans l’hémisphère:

«La nueva política de México con respecto a los países latinoamericanos, se traducía en la suscripción de acuerdos de libre comercio con Chile, Costa Rica y Bolivia. También en la creación de un acuerdo tripartita con Colombia y Venezuela (G-3). Y la firma de acuerdos de libre comercio con Ecuador, Nicaragua y los países del Triangulo del Norte (el Salvador, Guatemala y Honduras)140». Finalement, au niveau régional, le Mexique a signé un accord de coopération économique avec l’Uruguay en 2001. Le schéma I montre le réseau de commerce régional assez complexe que le Mexique a réussi à accroître après la signature de l’ALENA. Au niveau mondial, le Mexique a conclu des négociations de commerce avec l’Union européenne et Israël, et dernièrement avec l’Association européenne de libre-échange, dont sont membres l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein.

Si l’histoire du commerce du Mexique ne s’esquisse pas comme très protectionniste, aujourd’hui la volonté du Mexique d’amplifier son réseau de commerce exprime son intention de réaffirmer sa politique d’ouverture commerciale vers le monde. En effet, le Mexique compte sur un marché potentiel de 31 pays, dans trois continents. Bien que cette expansion du commerce fut très significative pour le Mexique, elle restait peu importance à ses yeux, car les accords de libre-échange signés auparavant avec différents pays développés donnent un accès préférentiel à des marchés beaucoup plus intéressants du point de vue commercial que celui du Groupe des Trois.

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3 Le futur et les alternatives du processus d’après-

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