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Production de salpêtre aux États-Unis, au Kentucky et au Tennessee en 1810 (en livres)

CHARLOTTE (1770-1860) ET WALDEMARD (1769-1846) MENTELLE : DE LA TERRE AU COMMERCE

2. L’expérience de Gallipolis

Nul doute que Waldemard Mentelle a rencontré dans le salon de ses parents certains membres de l’intelligentsia parisienne tels Guillotin, Saugrain, le physicien Charles, tous acquis à la cause américaine, et surtout Brissot de Warville qui rentrera plus tard d’un voyage en Amérique effectué en 1788-178954. Ce dernier, en proche relation avec le futur ministre Clavière, caresse le projet de spéculer sur le rachat de la dette américaine envers la France suite à la Guerre d’Indépendance. Si l’on en croit Alexander Hamilton dans son Rapport sur les manufactures (1791), depuis l’interruption des échanges commerciaux avec l’Angleterre, les États-Unis connaissent en effet une pénurie chronique de capitaux étrangers qui :

51 TULK, ibidem. 52 TULK, ibidem.

53 Voir à ce propos : MOREAU-ZANELLI Jocelyne, Gallipolis, histoire d’un mirage américain au XVIIIe siècle, Paris, l’Harmattan, 2000, p. 323.

54 BRISSOT DE WARVILLE Jacques-Pierre, Nouveau voyage dans les États-Unis fait en 1788, t.1, Paris, Buisson, 1791.

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« devraient être considérés comme un précieux secours, car favorisant une plus grande quantité de travail productif et une plus grande quantité d’entreprises utiles […]. Il est pour le moins évident que dans un pays situé comme le sont les États-Unis, disposant d’un fonds infini de ressources encore inexploitées, le moindre liard de capital étranger employé aux améliorations internes et à l’établissement de structures industrielles permanentes est une acquisition précieuse. 55»

Avant son départ en novembre 1789, Mentelle a sans doute eu vent à Paris des projets de fondation de la Compagnie du Scioto, projets qui remontent au mois d’avril de la même année. La colonie de « Galliopolis [sic] » est en tout cas citée dans la correspondance comme but ultime du voyage dès le 23 avril 179056. Le jeune homme s’attarde à New York et Philadelphie et ne parvient à destination qu’en octobre ou novembre 1791, soit un an après l’installation du premier groupe de colons, sur l’une des barges transportant les troupes du Général Arthur Saint-Clair venu combattre les Amérindiens dont la présence dans la région se faisait de plus en plus menaçante57. Cette expédition se soldera par un cuisant échec, puisque le 4 novembre 1791, la bataille de la Wabash coûte la vie à quasiment mille soldats américains. Depuis la côte Est, le futur colon a rallié Fort-Pitt par la route avant de descendre l’Ohio jusqu’à Gallipolis. Charlotte Le Clerc empruntera sans doute le même itinéraire lorsqu’elle le rejoindra en 1794.

Les motivations des colons en partance pour Gallipolis et leurs conditions de vie dans la colonie sont rapportées par Charlotte et Waldemard Mentelle en personne dans deux articles de presse qu’ils ont rédigés respectivement en 1827 et 184358. Ce type de document, nous en sommes conscient, court le risque de s’apparenter au « récit de fondation ». De même, les lettres écrites par leurs filles Rose et Mary à John Newton en 1873, celle de Francis Leclercq à Mentelle, son ami de Gallipolis, peuvent être taxées de partialité ; on connaît le caractère très

55 Alexander Hamilton cité par FURSTENBERG François, op. cit., p. 237, trad. MD. 56 TULK, Edmé Mentelle à son fils, le 23 avril 1790.

57 MENTELLE Waldemard, « Gallipolis », American Pioneer, vol. II, Cincinnati, John S. Williams, Avril 1843, p. 183.

58 MENTELLE Waldemard, « Gallipolis », op. cit., MENTELLE Victoire-Charlotte, “Biographical Sketch of Dr. A. Saugrain, by a female friend, with remarks upon the French”, Cincinnati Saturday Evening Chronicle, July 14, 1827, trad. MD.

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subjectif des souvenirs anciens et la valeur relative de tout témoignage59. Tels qu’ils sont, parce qu’ils sont et pour ce qu’ils sont, ces documents sont marqués au coin d’un accent de vérité et d’une forte charge émotionnelle que nous tenons à privilégier et seront replacés, voire corrigés dans et par le contexte historique.

Paris est aux abois en ce 3 novembre 1789. « La compagnie commence […] à remettre des titres de propriété aux acheteurs qui affluent en nombre » « au bureau de vente au 162 de la rue Neuve-des-Petits-Champs, près du Palais Royal 60». Mentelle explique ainsi les raisons d’un tel engouement :

« La Révolution commençait et beaucoup furent saisis de frayeur devant le long combat qui venait. Nombre de citoyens de Paris aspiraient à la liberté politique, sans vouloir pour autant y laisser la vie. Prêts à tout risquer pour le bonheur de vivre en liberté sans prendre part à de sanglantes querelles, ils prêtèrent l’oreille à des rumeurs qui, pensaient-ils, les mèneraient à ce qu’ils souhaitaient. Tels furent les motifs qui contribuèrent à la fondation de Gallipolis. 61»

Si la crainte des désordres causés par la Révolution française et l’aspiration « à la liberté politique » ont pu jouer un rôle non négligeable dans le départ de Mentelle et de certains autres futurs colons, le succès de l’opération tient à une extraordinaire campagne publicitaire savamment orchestrée par la Compagnie du Scioto, et ce, à des fins bassement commerciales. Et d’abord le fameux « Prospectus » distribué par la Compagnie, rédigé par Playfair et accompagné d’une carte gravée par Tardieu dont on trouvera ci-après un fac-similé, le tout accompagné plus tard d’un « avis » destiné plus aux émigrants qu’aux spéculateurs et largement inspiré des écrits laudatifs de Crèvecoeur sur la vallée de l’Ohio. De tels récits, on le sait, étaient monnaie courante à l’époque et ne résisteront pas à l’analyse critique et à la plume affûtée de Charlotte Mentelle :

« Un prospectus fut imprimé, qui proposait, comme d'habitude, des descriptions emphatiques et superbes des terres du Scioto, un Eldorado, `une terre de lait et de miel´ au

59 Cincinnati Historical Society, Gallipolis Papers, op. cit. Box III, Book B, Rose Mentelle et Mary Russell Mentelle-Clay à John M. Newton, 27 octobre 1873. Tennessee State Library and Archives, Nashville TN, Clay- Kenner Family Papers, Francis Leclercq à Waldemard Mentelle, le 28 février 1836.

60 MOREAU-ZANELLI Jocelyne, op. cit., p. 97-98.

187 La future French Grant

Possessions des Compagnies

du Scioto et de l’Ohio

nouveau monde, où la félicité arcadienne, et les rêves les plus enchanteurs pourraient devenir réalité au prix de peu de travail. 62»

Carte 29 : Carte annexée au Prospectus de la Compagnie du Scioto (B. N. pB 1597)

Volney, qui effectue en 1796 un voyage aux États-Unis et rend visite à la petite colonie de Galliopolis, met de même en doute la bonne foi des rédacteurs dans ses Œuvres Complètes63. Les termes employés lorsqu’ils sont abusivement élogieux y sont soulignés par l’emploi de caractères italiques : « [...] vente de terre dans le plus beau canton des États-Unis, à 6 livres l’acre, [...] un climat délicieux et sain, [...] une rivière, nommée par excellence la belle Rivière, [...] ces terres excellentes, [...] [une] vie champêtre et libre [...]aux bords du Sioto. »

Le succès est tel que la presse s’empare du sujet. L’American Antiquarian Society possède une gravure d’époque aux intentions satiriques marquées : la mise des acheteurs vêtus de simples redingotes et le plus souvent coiffés d’un modeste chapeau à larges bords contraste avec celle des agents de la Compagnie portant habit et redingote à la hauteur de leur fonction et qui arborent, en pointant du doigt une carte tendue sur un chevalet, un sourire encourageant où peut se lire déjà la satisfaction. L’embonpoint et l’œil sévère du caissier, qui saisit de la main gauche son sac pour y engouffrer les pièces d’or qu’il rassemble avec cupidité de la main droite, sont à l’image des profits escomptés.

62 MENTELLE Victoire-Charlotte, « Biographical Sketch… », op. cit, p. 2, trad. MD. 63 VOLNEY C. F., Œuvres Complètes, Paris, Firmin Didot, 1837, p. 702-703.

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Document 12 : Affluence des acheteurs dans les bureaux de la Compagnie du Scioto (American Antiquarian Society)

Dès 1790, trois documents satiriques et anonymes s’en prennent au sérieux des promoteurs : Le Parlement de Paris établi au Scioto, la Lettre de M. de V. sur l’établissement du Scioto et les Observations générales et impartiales sur l’affaire du Scioto64. Trop crédules et aveuglés par le mirage américain, les futurs colons pèchent par excès de confiance. Pourtant Benjamin Franklin, avec beaucoup d’humour, les mettait déjà en garde en septembre 1782 :

« L’Amérique est le Pays du Travail, et en aucun cas ce que les Anglais appellent Lubberland et les Français Pays de Cocagne, où les rues sont, dit-on, pavées de Pains d’un demi- peck, les Maisons couvertes de Crêpes et où les Volailles vous volent autour toutes rôties en criant : ʻ Viens me manger !ʼ65 »

Mais « aucun d’entre eux sans doute n’avait jamais lu ou ne se souvenait des conseils aux émigrants du Dr Franklin. 66» Ils seront donc quatre cents environ à découvrir Fair Haven, baptisée plus tard Gallipolis, à partir du 17 octobre 1790, soit presque un an après le départ

64 On en trouvera les références précises dans la bibliographie.

65 SMITH Albert Henry éd., “Information to Those Who Would Remove to America”, The Writings of Benjamin Franklin, vol. 1, Chap. 15, Doc. 27, New York, Macmillan, 1905-1907, trad. MD.

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de France pour les premiers d’entre eux. JohnL. VANCE fait des lieux une description en tous

points identique à la reproduction ci-dessous légendée par nos soins67.

Document 13 : Le site de Galliopolis en 1790 (J. Moreau-Zanelli)

Sur place, le mirage se transforme en désillusion pour les nouveaux arrivants. Mentelle qui fait le compte des différents corps de métier composant le groupe, manque sans aucun doute d’objectivité. Le groupe de colons est présenté comme un microcosme composé des éléments structurels d’une société en devenir : « des prêtres, des hommes de loi, des horlogers, des peintres, des sculpteurs sur bois ou sur pierre, des tailleurs, des teinturiers, des mécaniciens, des constructeurs de navires, d’autres exerçaient un autre métier, certains n’en avaient pas. Les fermiers et les ouvriers, accompagnant ceux qui avaient acheté des terres étaient peut-être au nombre de dix. 68» Religion, justice, artisanat, manufacture et agriculture sont tous représentés et paraissent être gages d’un futur (mais illusoire) développement harmonieux. Bien plus, devenu dans l’intervalle citoyen américain, Mentelle légitime la politique de conquête menée par les États-Unis et valorise le rôle qu’il y a tenu : « Peu après la défaite de Saint-Clair, le colonel Sproat, qui commandait la place de Marietta, désigna quatre espions à Gallipolis, deux Américains et deux Français : j’étais l’un de ces deux 69».

Le jugement porté par Madame Mentelle paraît plus juste ; s’il peut sembler sévère, il correspond aussi bien à la situation de la majorité des colons, un groupe hétéroclite dont font partie les Mentelle et « composé d’ouvriers, de commerçants en articles de fantaisie, et de

67 VANCE John L., “The first settlements and settlers in Gallipolis”, The New England Historical & Genealogical Register, Boston, 1911.

68 MENTELLE Waldemard, « Gallipolis », op. cit., ibidem.

69 MENTELLE Waldemard, « Gallipolis », op. cit., p. 183, trad. MD.

OHIO Barrière LOGEMENTS : 4 rangées de 20 cabanes d’un étage ADMINISTRATION : 2 rangées de 10 cabanes d’un étage 1/2 Palissade >

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beaucoup d’oisifs de tout poil, [qui] sacrifièrent gaiement les fruits de leur industrie pour s'embarquer pour cette terre promise » qu’à celui de ces aristocrates « ne connaissant rien de ce « désert » juste sorti des mains de la nature [qui] avala cet appât doré » et dont la plupart retourna en France après avoir passé l’hiver plus confortablement à Marietta70. Nombre d’aristocrates, réunis au sein de la Société des Vingt-Quatre, s’étaient effectivement laissé aussi séduire par le mirage américain. Parmi eux, le marquis de Lezay-Marnésia, fervent lecteur « de tous ceux qui prônent le retour à la Nature : Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Buffon et Voltaire », échafaude pour Gallipolis un projet jamais réalisé de colonie idyllique, pastorale et utopique dont la capitale est nommée Saint-Pierre en l’honneur de Bernardin de Saint-Pierre, l’auteur de Paul et Virginie, auquel il adresse une lettre de plus de cent pages 71: « Revenons, Monsieur, à votre ville. Il lui faudra un nom : elle le recevra de la vénération & de l’amour. C’est celui de Saint-Pierre que lui donnera l’élan de tous les cœurs. 72» Roland Bonnel propose le plan schématique du cœur de la cité présenté ci-après et qu’il commente ainsi :

« Ce sera le lieu de l'initiation. Les jeunes vivront dans un univers limité par la bienfaisance rappelée par la colonne, la religion incarnée par l'église, la justice symbolisée par le palais de justice et l'harmonie matérialisée par le centre communautaire. […] Il ne s'agit pas de surveiller mais d'inculquer par l'expérience de l'espace un sentiment d'harmonie et d'unité. L'espace devient idéologique. 73»

Document 14 : Schéma de la cité de Saint-Pierre à Gallipolis, imaginée par Claude-Adrien de Lezay-Marnésia (BONNEL Roland, « Sur les rives de l’Ohio : la cité utopique de Lezay-Marnésia », p. 56)

70 MENTELLE Victoire-Charlotte, “Biographical Sketch…, op. cit, p. 2, trad. MD.

71 MOREAU-ZANELLI Jocelyne, op. cit., p. 171-172. Sur les colonies utopistes du milieu du XIXe siècle, on pourra lire CORDILLOT Michel, Utopistes et exilés du Nouveau Monde, Paris, Vendémiaire, 2013, VIDAL Laurent, Ils ont rêvé d’un autre monde, Paris, Flammarion, 2014.

72 LEZAY-MARNESIA C. F. A., Lettres écrites des rives de l’Ohio, Fort Pitt, Paris, Prault, an X, p. 84.

73 BONNEL Roland, « Sur les rives de l’Ohio : la cité utopique de Lezay-Marnésia », Lumen: Travaux choisis de la Société canadienne d'étude du dix-huitième siècle, vol. 13, 1994, p.55-56.

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Malgré les difficultés et les différences de caractère, de condition et de profession, les habitants de Gallipolis se consacrent essentiellement, et non sans difficultés étant donné l’ampleur et la nature de la tâche, aux travaux de défrichement. John L VANCE donne la liste des

deux cent trois premiers lots distribués, le nom de quasiment tous les acquéreurs et reproduit un plan de la cité daté du 20 janvier 1791 sur lequel sont portés les dits lots. On en trouvera la reproduction ci-après74.

Document 15 : Plan de Gallipolis, le 20 janvier 1791 (Vance)

La désillusion fait place au découragement chez les colons quand ils comprennent qu’il n’y a plus grand-chose à attendre de la Compagnie du Scioto. Certains quittent la colonie... B. J. D. Le Turc, un marchand de Gallipolis en déplacement à Cincinnati, fait part de son inquiétude en ces termes à John Matthews, le 6 juillet 1792 :

« La situation de la colonie m’inquiète beaucoup. Je ne peux m’imaginer que tant de gens soient les victimes de quelques spéculateurs. Si quelque chose m’oblige à revenir dans la colonie, je crois qu’il sera en mon pouvoir de les mettre au courant de ce qu’ils ont à faire pour que justice leur soit rendue. 75»

Réunis en assemblée générale, les colons adressent au Congrès, le 22 décembre 1792, une pétition retraçant l’historique de leurs griefs et des maux qu’ils endurent. D’autres

74 VANCE John L., op. cit, p.8.

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suivront, parmi lesquelles celle du 17 décembre 1795 que l’on pourra lire en annexe76. Finalement, le 3 mars 1796, le Congrès leur octroie la French Grant, une concession de vingt- quatre mille acres sur la rive nord de l’Ohio, entre l’embouchure de la Big Sandy et du Scioto. Chaque propriétaire reçoit une parcelle de 217 ½ acres. En tant que négociateur, Jean- G. Gervais en reçoit 4000. Une petite centaine de familles est encore établie à Gallipolis, si l’on s’en réfère à la liste des propriétaires établie à l’époque. Quelques colons parviendront à racheter leur parcelle à Gallipolis même, et parmi les quatre-vingt-douze bénéficiaires de la French Grant, seule une vingtaine ira y tenter sa chance quand elle leur deviendra accessible, au printemps 179777. Il y a donc de fortes probabilités que Charlotte et Waldemard Mentelle n’aient jamais séjourné dans la concession octroyée par le Congrès78. Leur deuxième enfant, Jeannette, naîtra d’ailleurs en avril 1797 dans le Comté de Mason au Kentucky.

Sur la carte présentée ci-après, sur laquelle sont signalées les parcelles appartenant à des propriétaires mentionnés dans le présent chapitre, on remarquera la forme très allongée des parcelles qui jouxtent la rivière, héritières d’une tradition cadastrale courante au Canada, dans la région des Grands lacs et dans le nord de l’Ohio et preuves d’un peuplement plus ancien du site de Gallipolis. En revanche, l’essentiel des concessions de la French Grant a été dessiné suivant le plan orthogonal usuel dans le cadastre américain79. La concession dévolue aux Mentelle y est presque voisine de celle d’Antoine Saugrain. Ce n’est sans doute pas un hasard : nous savons en effet qu’Antoine François Saugrain de Vigny fréquentait assidûment le salon d’Edmé Mentelle à Paris80. Après un premier voyage en Amérique du Nord en 1783, il participe quatre ans plus tard à une expédition scientifique sur la rivière Ohio dirigée par le botaniste Picqué. Le Nautilus of Scarborough le mènera en 1790 à Alexandria d’où il rejoindra Gallipolis81. Il y épouse Geneviève Rosalie Michau, le 20 Mars 179382.

76 La pétition des émigrants français (tome 2,p. CCCLX, inBELOTE Theodore T., Selections from the Gallipolis Papers, Cincinnati, Jennings & Graham, II, 2, 1907) figure en annexe 2.

77 DYER Albion Morris, First ownership of the Ohio lands, Clearfield, Genealogical Publishing C°, 1911, p.85. 78 MOREAU-ZANELLI Jocelyne, op. cit., p.400.

79 On consultera à ce propos, EKBERG Carl, French roots in the Illinois country: the Mississippi frontier in colonial times, Urbana & Chicago, University of Illinois Press, 1998, chap. 1.

80 Se reporter dans la bibliographie à Dicks Samuel E., Antoine Saugrain: a French Scientist on the American frontier, Emporia, Kansas State college, XXV 1, 1976.

81 MOREAU-ZANELLI Jocelyne, op. cit., p. 269-270.

82 MHS, Saugrain family papers, Archival Collections, A 1477, (aimablement communiqués par M. Tangi Villerbu).

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Carte 30 : La French Grant du 3 mars 1796 (Peters) Document 16 : Rosalie et Antoine Saugrain (MHS)

A Paris, Léone Mentelle prépare activement le départ de sa future belle-fille, un départ envisagé pour le printemps :

« Maintenant il n’y a plus à eziter pour votre voyage. Nous sommes sûrs qu’il est au même endroit qu’il était, qu’il vous y atant avec bien de l’impatience. Ainsi ma chère fille dès que la saison va être favorable, nous nous arrangeons pour que vous partier avec une autre femme de connaissance. C’est la femme du secrétaire de l’embassadeur Mr Genêt83 homme fort honnête que mon mari connaissait un peu et l’a ressut lui a beaucoup parlé pour l’intéresser à nous. Voilà c’est sure de bonnes nouvelles. 84»

83 Edmond-Charles Genêt (8 janvier 1763–14 juillet 1834) est le premier ambassadeur de France aux États- Unis où il est envoyé par les Girondins en 1793 afin d’y obtenir le soutien de la jeune république dans les guerres que livrait alors la France à l'Espagne et la Grande-Bretagne. Les actions de Genêt mettant en péril la neutralité américaine, les Jacobins, arrivés au pouvoir en janvier 1794, le somment de revenir en France. Genêt s'installe alors dans l'État de New York où il meurt le 14 juillet 1834.

84 TULK, Léone Mentelle à Charlotte Le Clerc, le 28 septembre 1792.

51 : Pierre MAGNIER 71 : Waldd MENTELLE

69 : Francis Winox Joseph DEVACHT 80 : Antoine SAUGRAIN

91 : Augustin LECLERCQ 33 : Jean Pierre Romain BUREAU 26 : Christophe ETIENNE 32 ou 37 : Francis ou Pierre Duteil 2 : Nicolas THEVENIN

6 : William DUDUIT 54 : Antoine Claude VINCENT : Jean-G. GERVAIS

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Assurément, les nouvelles sont bonnes. Charlotte peut partir, rassurée par les paroles réconfortantes de Léone : « Soyez tranquille aussi sur l’histoire de l’émigration. 85» Le 29 Mars 1793, Charlotte enregistre ses bagages au Havre sur le navire Salomé, Capitaine Warssen [ ?], en partance pour Philadelphie. Les recherches que nous avons effectuées dans les rôles d’équipage des Archives départementales de Seine Maritime pour les périodes concernées ne nous ont pas permis de retrouver mention plus précise de la traversée de Waldemard en 1789 ni de celle de Charlotte qui arrive vraisemblablement en Amérique, en compagnie de la famille de l’ambassadeur Genêt, lui-même débarqué à Charleston, le 8 avril 1793.

Au même moment, Waldemard Mentelle reçoit une lettre de son père, datée du 26 mars 1794 et acheminée par un certain Leclercq « venant de France et actuellement à Cincinnati pour quelques mois. 86» Fidèle à lui-même, et donc toujours un peu grognon, le vieux géographe y déplore que l’arrivée de la jeune femme à Gallipolis ait été retardée par les aléas