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Document 10 : Sizain composé par John Savary, (Kentucky Historical Society Frankfort)

Cette volonté de ne prendre au sérieux ni soi-même ni autrui ni même aucun de ses amis, est encore perceptible dans la manière dont Savary annonce à Alexander la prochaine visite d’un ami commun, fût-il ancien consul : « Mr Giraud a l’intention, s’il fait beau, de vous rendre visite dimanche prochain. […] mais le mettre en mouvement est aussi compliqué que de mouvoir la grosse cloche de Bourges qui je crois est celle que Gargantua a mise à sa jument. 150» Une fois retiré sur ses terres de Gallipolis, il apprécie ce nouveau mode de vie tout bucolique qui « fait une jolie retraite philosophique ; l’aspect de la rivière est superbe ». Jaloux de son indépendance, il sait se préserver, mais la présence des êtres qui lui sont chers lui manque : « la compagnie y est passable a quelque commerage pres que j’évite en quoi ma situation un peu écartée me sauve. […] Je ne regrette que Vimont et sa famille. 151»

L’attention amicale à l’autre est présente tout au long de la correspondance étudiée. Son évidence s’impose dans deux documents très différents et pourtant très complémentaires qui termineront cette partie de notre réflexion. À la veille de se rendre pour affaires à La

149 KHSF, op. cit., ibidem.

150 Marc-Antoine-Marguerite-Alexis Giraud (1748-1821) est né à Choupeau, Saint-Jean-de Liversay, (Charente-Inférieure) est nommé consul de France à Boston en 1798, démissionne de son poste en 1815 et se retire au Kentucky, dans un cottage qu’il nomme « New Choupeau », en souvenir du lieu de sa naissance. https://viaf.org/viaf/14883830 [Consulté le 24 novembre 2017]. KHSF, op. cit., Savary à Alexander, le 23 novembre 1812, trad. MD.

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Nouvelle-Orléans, Savary rédige son testament, le 26 février 1808. Sans être périlleux, le déplacement comporte des risques. Et c’est tout naturellement qu’il choisit son associé et pupille Louis Vimont comme Exécuteur testamentaire parce qu’il « connaît parfaitement toutes mes affaires », mais aussi et surtout parce qu’il est un « bon ami ». C’est avec le même naturel que son « respectable ami Robert Alexander » hérite de l’intégralité de ses biens, l’étendue des richesses du « président de la banque d’État » ne faisant que souligner la force de l’amitié qui unit les deux hommes. Malgré son nécessaire caractère officiel, on sera sans doute touché par l’émotion contenue dans cet extrait du testament :

« Je donne et lègue à mon respectable ami Robert Alexander du comté de Woodford, actuel président de la banque d'État et à ses héritiers, toutes mes terres, propriétés et possessions situées dans les États de Virginie, de Pennsylvanie et d'Ohio, tous mes biens et biens mobiliers, y compris mes divers biens immobiliers situés ou trouvés aux États-Unis ou en Amérique, pour qu’il en use, profite ou dispose sans réserve comme de sa propriété absolue. Je constitue et nomme mon bon ami Lewis Vimont de Millersburg Kenty qui connaît parfaitement toutes mes affaires Exécuteur de mes dernières volontés et de mon testament. 152»

L’autre document est de nature différente. Jean Savary meurt subitement à Gallipolis, le 31 août 1814, à l’âge de soixante-six ans. La peine de Louis Vimont le dispute à son désarroi devant la perte de celui dont il salue la probité. Certes, et c’est bien normal de la part d’un associé, la question demeure de savoir si un testament a été laissé. Mais c’est l’absence de l’être cher disparu qui domine. Les mots « ami » ou « amitié » qui reviennent à quatre reprises et l’emploi du français que Vimont maîtrise mal (il n’avait que quatorze ans quand il est arrivé aux États-Unis), mais qui semble s’imposer à lui en cette pénible circonstance, donnent une résonance accrue à cet appel au secours que nous reproduisons dans son intégralité. Une version corrigée et actualisée en facilitera la lecture :

138 « Monsieur Alexander

ces avec grand paine que jai avous donné la nouvelle que notre ami Mr Savary est Mort a Gallipolis le 31 aout ill a tombé Malade dune violante fievre que les Doct appelle Fluxion de poitrine le 23th je ne cé dans quel cituation ill a lécé ces afferre je me rappelle ill y’a Longtamps quille madi que Son testamant étai antre vos main et jes perre quill est an corre antre vos main ; jai été fort Sur prix néyant ocune avis quill étai Malade ; jai une Lettre de luis du 22d ne me disant rien qui puise me donné a pancé quill étai malade ces une Grande pérte pour mois d’avoir perdu cette ami et ce qui me fait le plus de paine ces de ne pas avoir éue le bonne heur de le voir a vant Mourrire ; mon desire sorai de la voir opret de moi maime dans la cituation ous ill est ; je Suis anpaine de la cituation ous je metrouve ci vous navé pas son testamant ; ous quill sois mort sans ; ma délicatess matoujour anpeché de prandre des precotion avec une ami come luis connaissan Sa probité et Son amitier pour mois ; vous mobligeré ci vous pouvé me donné quelque rasuremant Sur ma cituation je vous soré reconnaisant de votre bonté

je suis Monsier a vec Respect

Votre Serviteur

Louis Vimont 153» « Monsieur Alexander,

C’est avec beaucoup de peine qu’il me faut vous annoncer la mort de notre ami Mr Savary, le 31 août à Gallipolis. Il a été pris d’une violente fièvre que les médecins nomment fluxion de poitrine, le 23. Je ne sais dans quelle situation il aura laissé ses affaires. Je me rappelle qu’il m’a dit, il y a longtemps, que son testament était entre vos mains ; j’espère qu’il y est encore. J’ignorais qu’il était malade, aussi ai-je été fort surpris. La lettre qu’il m’a écrite le 22 ne disait rien de sa maladie. C’est une grande perte pour moi : c’était un ami et j’ai beaucoup de peine de ne pas avoir eu le bonheur de le revoir avant sa mort. Et même aujourd’hui, j’aimerais l’avoir auprès de moi. Dans les deux cas la situation m’inquiète, que vous ne soyez pas en possession de son testament, ou qu’il n’en ait pas rédigé. Par délicatesse, j’ai toujours agi avec naturel avec cet ami dont je connaissais la probité et l’amitié qu’il me portait. Vous m’obligeriez en me rassurant sur la situation et je vous serais reconnaissant de votre bonté.

Je suis, Monsieur, avec respect, Votre serviteur,

Louis Vimont. »

139 4. Le spéculateur et le commerçant

Jean Savary débarque en Amérique à une époque extrêmement favorable à la spéculation foncière154. Après la Guerre d’Indépendance, les Appalaches sont franchies et les immenses territoires de l’ouest s’ouvrent à la conquête. Confrontée au remboursement de la dette nationale, la jeune république s’efforce de contrôler la distribution du domaine public d’abord dans l’ouest, puis dans le sud, après le rachat de la Louisiane en 1803. La terre est, aux yeux des colons, synonyme d’indépendance et de promotion ; pour les spéculateurs, c’est une valeur sûre, objet des soins les plus attentifs en matière d’investissement. Savary a des subsides, peut-être encore augmentés par les bénéfices qu’il a pu retirer de l’heureuse conclusion du différend qui opposait la Compagnie Coulougnac à l’État de Virginie. La terre est pour lui gage de réussite rapide, et même s’il mène de front commerce et spéculation, c’est à cette dernière activité qu’il se consacre essentiellement, au moins jusqu’en 1810, lorsqu’il « cherche à diminuer les affaires, jusqu’à ce que je les quitte entièrement 155».

4. 1. Le spéculateur

L’ordonnance de 1785 fixe le prix de la terre à 1$ l’acre, payable en espèces ou par certificats du land office (la Direction des Domaines), auquel il faut ajouter les frais d’arpentage s’élevant à 36$ par township. Mais à l’automne 1787, les recettes sont nettement inférieures aux espérances du Congrès. On décide alors d’ouvrir la vente à des sociétés d’investisseurs. La procédure sera à l’origine de nombreux abus et scandales financiers dont l’affaire du Scioto n’est qu’un exemple. En 1789, George Washington est élu à la présidence et la Constitution entre en vigueur. Désireux de réduire la dette nationale, le Secrétaire au Trésor, Alexander Hamilton, compte sur la vente et l'administration du domaine public pour rétablir la santé économique du pays. Le prix de vente est cette fois fixé à vingt-cinq cents par acre payables en espèces et n’autorise le crédit que pour les achats supérieurs à dix miles

154Sur la spéculation foncière on pourra lireHIBBARD Benjamin Horace, A History of the Public Land Policies, New York, Mac Millan Company, 1975 (1924), ch. XII, 209-213, GATES Paul Wallace, « The Role of the Land Speculator in Western Development », Pennsylvania Magazine of Biography and History, 66 (1942), p. 314-333, et plus récemment HARTE Brian, « Land in the Old Northwest: A Study of Speculation, Sales, and Settlement on the Connecticut Western Reserve », Ohio History Journal, 101 (Summer-Autumn 1992), p. 114-139, BEAN

Jonathan J., « Marketing ‘The Great American Commodity’: Nathaniel Massie and the Land Speculation on the Ohio Frontier, 1783-1813 », Ohio History Journal, 103 (Summer-Autumn 1994), p. 152-169.

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carrés156. Ces nouvelles mesures favorisent nettement les gros acheteurs et les spéculateurs, ce qui n’échappe pas à la sagacité de La Rochefoucauld qui note que

« peu après l’établissement de cette constitution s’est formé le nouveau système des finances américaines par lequel la création des fonds de différentes espèces, la mise en vente des terres, et l’érection des banques, ont ouvert un vaste champ aux spéculations et aux entreprises commerciales. 157»

A la fin du XVIIIe siècle, le système de distribution des terres (land system) connaît deux réformes successives En 1796, la loi pour la vente des terres des Etas-Unis au Kentucky et en Ohio vise à la simplification et à une certaine démocratisation du processus. La moitié des townships sera vendue au prix de 2$ l’acre, par section de 640 acres, avec dépôt d’un douzième du prix total au moment de la vente et règlement du solde en deux moitiés, l’une dans les trente jours, l’autre dans l’année. En 1800, la surface minimum est réduite à 320 acres (et même 160 acres en 1804158), et le crédit est étendu : un quart du prix est payable dans les 40 jours, les trois autres quarts annuellement dans les quatre ans. Et comme beaucoup de colons s’étaient installés avant l’arpentage, sans titre ou avec des documents peu précis, il est stipulé que, désormais, aucune installation ne saurait être antérieure à l’arpentage, afin de faciliter la division géométrique des terres et leur répartition159. On comprend dès lors mieux que Gallatin et Savary se soient livrés d’arrache-pied à cette activité sur leurs terres de Virginie et de Pennsylvanie.

Mais quel genre de spéculateur est Jean Savary ? Etymologiquement, le spéculateur est celui qui voit, celui qui observe, et par extension, celui qui prévoit. Comme toute activité commerçante, la spéculation nécessite une capacité à anticiper sur les fluctuations de l’offre et de la demande de manière à en tirer le profit maximum, jointe à une gestion attentive et journalière des affaires. Même si les terres qu’il possède ou qu’il gère sont conséquentes, Jean Savary n’a jamais intégré les compagnies spéculatives visées par la réforme de 1806 et

156 ROHRBOUGH Malcom, The Land Office Business: The Settlement and Administration of American Public Lands, 1789-1837, New York: Oxford University Press, 2nd ed. 1989, p. 8-14, trad. MD.

157 LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT François Alexandre Frédéric, Voyage dans les États-Unis d’Amérique, fait en 1795, 1796 et 1797, tome VIII, Paris, an VII de la République (1798-1799), p. 22.

158 SMORAG Pascale,ULLMO Sylvia (dir.), « Liberté et territoire : l’accès aux terres de l’Ouest Américain », Liberté / Libertés : Liberty / Liberties, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2005, p. 106.

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engagées « dans cette vaste spéculation sur les terres qui prévalait depuis si longtemps dans toutes les régions du pays, et dont tant de malheurs avaient résulté. 160» Il ne figure pas non plus au nombre de ces petits colons qui ont du mal à payer la parcelle sur laquelle ils sont installés et dont un représentant du Kentucky, Mr Johnson, prend ardemment la défense devant le Congrès : « Ces hommes sont-ils des spéculateurs? ? Non monsieur 161». Savary est, on le sait, fils d’un agent de change : la terre représente à ses yeux un capital qu’il entend bien faire fructifier. Avant même son départ pour l’Amérique, il possède des titres dans la Société pour le défrichement des marais de Bourgoin et achète en copropriété un domaine à Arc-en- Barrois. Le Lyonnais fait partie de ces spéculateurs-commerçants qui « ne faisaient que suivre leurs désirs de gagner leur vie en spéculant pour s’enrichir » et qui « sont devenus des marchands de terre, plutôt que des cultivateurs. 162» Chez lui, le commerçant semble toujours devoir primer sur le spéculateur. Le commerce de la terre fait partie intégrante de l’activité commerciale, au même titre que le commerce des céréales, du whisky ou du coton. Pertes ou profits influent directement sur une gestion souvent difficile des « affaires » dont témoigne la correspondance avec Robert Alexander. On a donc peine à voir en Savary le spéculateur cupide ou l’usurier mû par le seul désir de tirer profit de ce que Thomas C. Cochran, repris par Jonathan J. Bean, nomme la «grande marchandise américaine 163». Confronté à une prise de risque perpétuelle, fondement même de son activité et incontournable voie d’accès à un succès souvent aléatoire, Savary, pour suivre Elisha Douglass, fera souvent partie du « groupe le plus infructueux d'hommes d'affaires de l’histoire de l’Amérique 164». On remarquera dans le tableau présenté ci-après que l’essentiel des terres à son nom ont été acquises avant son installation à Millersburg, de sorte qu’en date du 18 août 1797, Jean Savary possède 142 177 acres (un peu plus de 575 km2), soit, à peu de choses près, la superficie du Territoire de Belfort qui compte 609 km2.

160 HIBBARD Benjamin Horace, A History of the Public Land Policies, op. cit., p. 211, trad. MD.

161 Extrait de l’intervention de Johnson à la 2e session du 11e Congrès, Annales du Congrès, p. 2001, cité par HIBBARD Benjamin Horace, A History of the Public Land Policies, op. cit., p. 212, trad. MD.

162 MITCHELL D. W., Ten Years in the United States: Being an Englishman's Views of Men and Things in the North and South, London, 1862, p. 325-328, in GATES Paul Wallace, « The Role of the Land Speculator in Western Development », op. cit., p. 316, trad. MD.

163 COCHRAN Thomas C., Business in American Life: A History (New York, 1972), p. 67-70, in BEAN Jonathan J., « Marketing ‘The Great American Commodity’: Nathaniel Massie and the Land Speculation on the Ohio Frontier, 1783-1813 », op. cit., p. 156, trad. MD.

164 DOUGLASS Elisha P., The Coming of Age of American Business: Three Centuries of Enterprise, 1600-1900, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1971, p. 69, trad. MD.

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Tableau 6 : Terres de John Savary répertoriées entre 1786 et 1814 (JILLSON Willard Rouse, Old Kentucky

entries and deeds, Louisville, Filson Club Publications N° 34, 1926, p. 445, trad. MD)

Si notre homme semble exceller dans l’art de l’anticipation, il paraît beaucoup moins performant dans celui de la gestion de son bien et celle des terres qui lui ont été confiées, ce qui lui vaut bien des déboires avec l’administration, voire la justice. Faut-il imputer ce travers à un tempérament rêveur ou à une activité excessive ? Jean Savary est perpétuellement menacé de perdre ses droits pour non-paiement des taxes. La correspondance est ainsi truffée d’excuses ou de prétextes, qu’il ne soit « pas bien informé de ce qui s’est passé à l’assemblee dernière » ou qu’il soit perturbé par la liste diffusée par une gazette des terres à payer « ou il n’y a qu’un tract de terre tandis que sur la note que Je vous ay envoyé il y en a deux. 165» Dans tous les cas, il sait pouvoir compter sur les bons offices de son banquier Robert Alexander auquel il donne mandat pour agir en son nom. Lui qui sillonne constamment les quatre États dans lesquels il possède des terres sait pouvoir compter sur une amitié qui « ne sexhale pas en expressions vagues & formulaires » et promet de dédommager son créancier au moyen d’hypothèque ou d’indemnisation assorties de sa reconnaissance infinie166. Le ton est moins amical avec James Vanuxem qui, en plusieurs occasions, lui a fait de sévères remontrances sur son manque de rigueur et s’inquiète sur une erreur de 147 00 acres commise par le cadastre, que Savary envisage de taire :

165 KHSF, op. cit., Savary à Alexander, le12 janvier 1798 et le 6 décembre 1801.

166 Savary possède des terres en Pennsylvanie, en Virginie, en Ohio et au Kentucky. KHSF, op. cit., Savary à Alexander, le 12 janvier 1798.

Bénéficiaire Résidence Date de l’acte Acres Livre Page Cours d’eau Savary, Jno

de Valcoulon

Richmond 9-15-1786 10 000 N 1 Aucun

Savary, Jno Fayette 6-29-1795 36 700 A-2 1 Green River

Savary, Jno Washington 8-14-1795 90 000 A-2 26 Cumberland River

Savary, Jno Washington 2-9-1796 4 1/2 A-2 105 Clover Lick Creek

Savary, Jno Washington 8-18-1797 5 222 2/3 N 10 Little Barren & Cumberland River

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« je prens note de vos deboursés pour Compte des Terres Terrassons montant $1038. 48. Il est certain que ces taxes sont assés considérables, Cependant mon cher Savary seroit-il prudent de taire que le Register167 a fait Erreur de 14700 acres 168»

Qu’elles soient le fait de l’inflexibilité de l’administration ou de la négligence du spéculateur, les difficultés en tout genre constituent, on le voit, le lot quotidien du second qui, de surcroît, administre souvent les biens d’« amis pour lesquels [il s’est] engagé de payer et qui se reposent sur [lui]. 169» Ces amis, à vrai dire plutôt des clients ou des relations, privilégient leur intérêt et celui de leur famille, ou se montrent par trop négligents au point d’en être réduits à la faillite. Dans tous les cas, la victime principale est celui qui administre leurs biens qui, comme Vanuxem, n’a plus que ses yeux pour pleurer :

« Mon desinteressement pour Eux ne me laisse, pas moins, a decouvert de plus de cinquante mille gourdes. Quelques uns ont fait de mes fonds des speculations dont tout l’avantage est pour Eux ou pour leurs heritiers ; les autres en ont fait Banqueroute ou se sont trouvés par les Evenements du Commerce hors d’état de me payer. 170»

Le recours à la loi peut s’avérer prétexte à défection, comme dans le cas de cet acheteur qui cherche à retarder son paiement, « qui prend l’avantage de la Loy, et qu’il faut ne pas perdre un jour pour le poursuivre suivant la Loy sous laquelle il s’abrite. 171» Pour les citoyens des pays d’ouest, l’aménagement et le partage du domaine public demeurent une préoccupation essentielle, qu’ils soient planteurs, fermiers, squatteurs et même hommes de loi. Quand les premiers contestent régulièrement la validité des titres ou la qualité des terres, les derniers acquièrent aisance et notoriété, tel cet ami avocat auquel Alexander et Savary savent gré de n’avoir pas

« été volés des 15000 acres de Terres dans Jefferson County en première instance. Si nous sommes aussi heureux à la Cour d’appel où vous dites que ces canailles ont recours », constate

167 Le caissier du Land Office.

168 KHSF, op. cit., Vanuxem à Savary, le 28 janvier 1803. 169 KHSF, op. cit., Savary à Alexander, le 12 janvier 1798. 170 KHSF, op. cit., Vanuxem à Savary, le 28 janvier 1803.

171 La replevy ou replevin law est une loi qui interdit aux créanciers le recouvrement de leur dû pour une période d'un an. KHSF, op. cit., Savary à Alexander, le 12 mars 1809.