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L'examen de maîtrise

2. Jean-Nicolas Trusson (1744 -1811)

2.1. Enfance, apprentissage de la pharmacie et examen de maîtrise

2.1.2. L'examen de maîtrise

Ayant réussi son examen d'évaluation de langue latine et après vingt deux ans d'exercice de

la pharmacie, Trusson, alors âgé de 37 ans, est autorisé à se présenter à la réception de la maîtrise.

Pour cela, il doit encore verser 3 400 livres (soit environ 4 188 euros) et se présenter quinze jours

plus tard.

Illustration 15 : Immatricule de Jean-Nicolas Trusson.

BIU Santé Pharmacie. Registre 24 : op. cit., p. 30.

Mercredi 22 février 1781, Trusson est interrogé pendant trois heures sur « les principes de

l'art pharmaceutique et sur l'application de ces principes aux opérations ». Son jury est composé

du doyen de la faculté de médecine, de deux docteurs de cette faculté, de onze maîtres en pharmacie

et des Prévôts du Collège de pharmacie. Pour valider ce premier test, il doit obtenir au moins les

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deux tiers du suffrage, comme précisé dans l'article 6 de l'arrêt du Conseil du 11 septembre 1778.

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Sur les trente sept voix, Trusson en obtient vingt trois favorables et quatorze défavorables. C’est un

échec. Il est donc invité à repasser l'examen.

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Illustration 16 : Procès verbal du premierexamen de Trusson.

BIU Santé Pharmacie. Registre 24 : op. cit., p. 31.

47 Le nombre de suffrages recueillis excède le nombre de jury : dix-huit jurys pour soixante votes. Nous cherchons donc

une explication dans les statuts de la Corporation et plus précisément l’article 5 de l’arrêt du Conseil du 11 septembre 1778 (Annexe 4). Ce dernier stipule que les membres du jury doivent être au nombre de dix-huit et qu’ils sont chargés d’interroger l’aspirant. Il n’est cependant pas précisé qui a le droit de voter. Compte tenu du nombre de votants, tous les membres de la Corporation présents devaient avoir le droit de voter.

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Le 1 mars 1781, il repasse son évaluation sur les principes de l'art pharmaceutique. Cette

fois-ci, il la réussit en obtenant quarante et un suffrages favorables sur cinquante deux.

Illustration 17 : Procès verbal du premier examen repassé par Trusson.

BIU Santé Pharmacie. Registre 24 : op. cit., p. 33.

Il peut donc se présenter au « second examen ». Celui-ci a lieu le samedi 31 mars 1781 ;

Trusson est alors interrogé sur « les Plantes et les drogues simples tirées des trois règnes, sur la

nomenclature, l'histoire, le choix, la préparation et la conservation des substances qui lui ont été

présentées ». A cette occasion, il rassemble l'unanimité des cinquante trois suffrages.

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Illustration 18 : Procès verbal du deuxième examen de Trusson.

BIU Santé Pharmacie. Registre 24 : op. cit., p. 42.

Pour le troisième examen, qui a lieu le vendredi 6 avril 1781, le jury demande à Trusson de

réaliser, publiquement et sur trois jours, douze opérations définies par les Prévôts, afin de faire la

« démonstration des substances et manières utilisées ». Il est interrogé sur les produits mis à sa

disposition, leur utilité et leur mode de préparation. Ses réponses lui permettent d'acquérir, cette

fois-ci encore, l'unanimité des votes (au nombre de quarante deux).

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Illustration 19 : Procès verbal du troisième examen de Trusson.

BIU Santé Pharmacie. Registre 24 : op. cit., p. 42.

Enfin, le 10 avril 1781, les examinateurs se réunissent une dernière fois pour juger de la

conformité du « chef-d’œuvre » réalisé par Jean-Nicolas Trusson. A l'unanimité des quatre-vingt

trois suffrages, Trusson est reçu maître en pharmacie et devient membre du Collège de pharmacie.

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Illustration 20 : Procès verbal de clôture de l’acte pratique de Trusson.

BIU Santé Pharmacie. Registre 24 : op. cit., p. 44.

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Illustration 21 :Synthèse de Trusson lors de son examen final.

BIU Santé Pharmacie. Dossier 311 : Synthèse manuscrite et placard du XVIII

e

siècle (contient

notamment la synthèse de Jean-Nicolas Trusson natif d'Euville, pièce 28).

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Illustration 22 : Jean Nicolas Trusson, présentation.

BIU Santé Pharmacie. Registre 48 : op. cit., p. 68.

Ayant succédé à son grand oncle et ancien maître, Joseph Bataille, Jean-Nicolas Trusson

exerce son métier rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Il contribue au développement de la

science en publiant, dans le Journal de pharmacie, ses travaux sur la préparation de l'éthiops martial,

la préparation et les propriétés de l’extrait de Pavot blanc et une étude sur l’origine de la thériaque,

dont il devient l’un des spécialistes.

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Illustration 23 : Travaux de Trusson sur le pavot blanc.

Journal de la Société des Pharmaciens de Paris. Nouvelles de pharmacie, 28 novembre 1797.

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Il s'investit également au sein du Collège de pharmacie, et dix ans après avoir été reçu

pharmacien, il devient député du Collège le 14 mai 1791. Il est élu Prévôt le 27 juin 1793 et le reste

jusqu’en 1796.

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Il travaille aussi comme professeur au Collège de pharmacie, chargé du cours

d'histoire naturelle des drogues. Dans le cadre de cet enseignement, il se voit confier la

démonstration des substances qui entrent dans la composition de la thériaque, en présence des

autorités municipales et des célébrités scientifiques de l’époque.

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En 1793, il est chargé de diriger l'extraction du salpêtre nécessaire à la confection de la

poudre à canon. En collaboration avec Vauquelin

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, il met au point un procédé utilisant les cendres

de bois pour la décomposition du nitrate de calcium obtenu par lessivage des terres salpêtrées.

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Plus que les travaux qu’il mène sur le salpêtre et les autres matières médicales, c'est son rôle

dans la création de la Société libre des pharmaciens et de l’École gratuite de pharmacie qui mérite

d’être détaillé ici. Si son maître et prédécesseur, Bataille, a été le témoin direct de la création du

Collège de pharmacie, en 1777, Trusson, lui, a été le témoin d’un autre événement historique capital

dans l’histoire. Cet événement, c’est bien évidemment la Révolution française.