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Dans ce premier chapitre de notre analyse qualitative, nous nous intéresserons à la couverture de la résistance et de la collaboration réalisée par les quotidiens étudiés entre l’invasion de le Pologne par l’Allemagne en septembre 1939 et novembre 1941, période précédant l’intervention militaire américaine. Plus précisément, dans le cadre de notre échantillonnage, nous avons étudié les mois d’octobre 1939, marqué par les derniers combats en Pologne, d’avril 1940, théâtre de l’invasion de la Norvège, de juin et juillet 1940, voyant l’armistice franco-allemand, l’ascension du régime de Vichy et les débuts de France libre, d’octobre 1940, marqué par les débuts de la collaboration organisée entre Vichy et l’Allemagne, de mars 1941, lieu du coup d’État antinazi en Yougoslavie, de juin 1941, théâtre du début de l’invasion allemande de l’Union soviétique et de l’offensive des troupes françaises libres et britanniques sur la Syrie vichyste, et d’octobre 1941, dominé par la première grande vague de résistance à travers l’Europe occupée. Cette période, marquée par la conquête de la majorité de l’Europe par l’Allemagne, assistée par ses alliés et les États collaborateurs, voit des tentatives croissantes des mouvements de résistance intérieure et des gouvernements et armées en exil afin de s’opposer à la domination allemande. Or, si, avant la défaite de la France, les grands quotidiens américains perçoivent cette guerre comme un conflit européen, même le New York Times n’envisageant pas une intervention militaire des États-Unis, à partir de l’été 1940, ils présentent des perspectives de plus en plus distinctes sur le rôle que les États-Unis doivent y jouer. En effet, jusqu’à l’attaque de Pearl Harbor, le Chicago Tribune reste opposé à une intervention militaire américaine, voyant même d’un bon œil le conflit entre l’Allemagne fasciste et l’Union soviétique communiste. Le quotidien new-yorkais semble se résoudre progressivement à l’avis qu’une intervention militaire est inévitable; les États-Unis ne pouvant permettre la défaite d’un partenaire économique aussi important que la Grande-Bretagne. Dans ce chapitre, nous analyserons donc l’influence de leur position respective sur leur couverture de la résistance et de la collaboration. Notons que, en raison de l’attention médiatique apportée aux politiques des régimes collaborateurs de Quisling en Norvège et, surtout, de Pétain en France, le poids médiatique consacré à la résistance et de la collaboration est beaucoup plus équilibré que la moyenne dans le Chicago Tribune (56 % contre 44 %) et le New York Times (52 % contre 48 %) au cours de cette période.

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Lors du mois d’octobre 1939, si des mouvements de résistance intérieure concertés n’ont pas encore été organisés, les quotidiens étudiés s’intéressent dans un ordre de grandeur variable à la continuation des combats en Pologne et à la formation d’un gouvernement polonais en exil. Le Chicago Tribune se pose en faveur de la paix et tâche de montrer que les Allemands font des efforts en ce sens40. De ce fait, il ne s’intéresse pas beaucoup aux initiatives des Polonais (3 articles relevés) afin de poursuivre la lutte. À l’inverse, la couverture médiatique réalisée par le New York Times montre qu’il anticipe que la guerre opposant l’Allemagne à la Grande-Bretagne et la France ne fait que commencer. Ainsi, il s’intéresse beaucoup plus que son homologue à la continuation des combats en Pologne et à l’organisation du gouvernement et de l’armée polonaise en exil (10 articles retenus). Notons que nous avons répertorié très peu d’articles au sujet de la résistance polonaise lors du reste de cette période; un état de fait pouvant s’expliquer car, au printemps 1940, les derniers soldats polonais poursuivant le combat ayant été tués, devant la brutalité de la répression allemande, les résistants ont adopté la stratégie d’organiser un réseau sous-terrain et d’attendre le moment propice avant de passer à l’offensive41.

D’autre part, au mois d’avril 1940, l’invasion de la Norvège entraîne un changement de focus dans la couverture réalisée par les quotidiens étudiés. En effet, l’ampleur de l’attention médiatique consacrée par les quotidiens étudiés à l’invasion de la Norvège et à l’ascension subséquente du gouvernement Quisling voit la résistance et, surtout, la collaboration dans ce pays obtenir un poids médiatique significatif au cours de notre première période d’étude. En effet la collaboration norvégienne représente respectivement le 3e et le 5e aspect le plus traité par le Chicago Tribune (10 % des articles répertoriés, 1,57 article par mois étudié) et le New

York Times (4,5 %, 2,6) au cours de cette période. De plus, 50 % des articles au sujet de la

collaboration dans ce pays retenus dans le quotidien du colonel McCormick et 26 % de ceux dans son homologue ont été publiés lors de celle-ci tandis qu’il en a été de même pour 31 % des articles au sujet de la résistance norvégienne répertoriés dans le premier et 29 % de ceux dans le deuxième. Si, dès avril, la défaite de la Norvège est présentée comme un fait accompli par le Chicago Tribune, le New York Times présente beaucoup plus d’articles au sujet de la

40 « Neither War nor Peace », Chicago Tribune, 21 octobre 1939, p. 12. 41 Mazower, op. cit., p. 471-472.

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résistance continue des soldats norvégiens (15 articles répertoriés, dont 8 en première page, contre 1), lesquels poursuivent le combat malgré leur infériorité numérique et la trahison des collaborateurs. Solidaire à la cause du Danemark et de la Norvège, il dénonce les envahisseurs allemands et présente deux articles au sujet d’Américains d’origine scandinave qui s’engagent comme volontaires afin de libérer le pays de leurs ancêtres. Par ailleurs, surtout en octobre 1940, les quotidiens étudiés s’intéressent au programme de nazification que Quisling tâche de réaliser en Norvège par l’entremise de l’abolition des syndicats, de la censure et de l’arrestation de ses opposants. Or, notons que dans le contexte de la vague de résistance du mois d’octobre 1941, le New York Times présente l’adresse du commissaire nazi Terboven, appelant les Norvégiens à obéir au gouvernement Quisling s’ils veulent retrouver leur indépendance après la guerre, comme un signe de désespoir. Un an plus tard, il apparaît donc que ce programme de nazification s’est avéré un échec.

Puis, en juin 1940, l’armistice franco-allemand entraîne la France à l’avant-plan de la couverture du conflit réalisée par les quotidiens étudiés. En effet, bien que seulement étudiés pendant six des huit mois retenus dans le cadre de cette première phase du conflit, l’étude des politiques du régime de Vichy, la participation des troupes collaboratrices et des résistants français au conflit et, dans une moindre mesure, les efforts de Charles de Gaulle afin d’organiser la résistance dominent la couverture de nos sujets d’étude réalisée par le

Chicago Tribune et le New York Times; la collaboration et la résistance françaises étant de

loin respectivement les 1er et 2e aspects obtenant l’attention médiatique la plus importante dans le quotidien du colonel McCormick (32,5 % des articles répertoriés, 6 articles par mois étudié et 22 %, 4) et son homologue (33 %, 22 et 16 %, 10,7). En fait, 25 % de l’ensemble des articles au sujet de la collaboration française répertoriés dans le deuxième 19 % de ceux relevés dans le premier l’ont été pendant cette période.

Dans un premier temps, les quotidiens étudiés s’intéressent à la résistance continue d’une partie de l’armée française malgré la décision du gouvernement de demander un armistice; le New York Times louangeant particulièrement ces efforts. Attestant de sa volonté à poursuivre le combat à partir de l’Empire, ces journaux s’intéressent à l’appel gaulliste à poursuivre la lutte et au regroupement conséquent de soldats français en Grande-Bretagne.

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Par ailleurs, l’analyse de notre corpus de source montre que, alors que l’effondrement de la France représente un choc important aux États-Unis, les quotidiens étudiés présentent des positions assez différentes au sujet de l’armistice. Le Chicago Tribune est plutôt neutre et refuse de condamner unilatéralement l’Allemagne42. Un éditorial défend, entre autres, la décision d’Hitler de faire signer l’armistice à Compiègne43. Le New York Times affirme ouvertement son opposition à l’armistice et, malgré son incertitude au sujet du rôle que la France jouera dans le reste du conflit, ses espoirs que de nombreux Français poursuivront la lutte44. Notons que, encore à ce jour, le débat se poursuit pour savoir si le gouvernement français aurait réalistement pu continuer la guerre à partir de l’Afrique du Nord45.

Puis, au cours du mois de juillet, les quotidiens étudiés s’intéressent aussi aux conséquences de l’attaque britannique contre la flotte française à Mers-el-Kébir pour les collaborateurs et les résistants français; le New York Times, particulièrement, accordant une attention médiatique significative à ce sujet (7 articles relevés, dont 3 en première page et 1 éditorial). Il apparaît que, si Vichy dénonce l’attaque et rompt ses relations avec la Grande-Bretagne, de Gaulle défend l’intervention des Britanniques tandis que des marins et des soldats français continuent de se rallier à sa cause. Le quotidien new-yorkais présente l’attaque comme une tragédie regrettable mais stratégiquement nécessaire46.

Par ailleurs, la couverture des évènements de juin et de juillet 1940 réalisée par les quotidiens étudiés met de l’avant leurs perspectives à propos de futurs acteurs importants de la collaboration française comme Pétain et Laval. Ainsi, le Chicago Tribune (6 articles répertoriés, dont 2 en première page et 1 éditorial) et, particulièrement, le New York Times (10 articles, dont 3 en première page et 1 éditorial) consacrent un poids médiatique important à l’organisation du régime de Vichy. Insistant sur la censure, les procès d’État et la mise en place d’associations de jeunes inspirées du modèle nazi, le quotidien du colonel McCormick illustre le caractère dictatorial de ce régime. Il critique particulièrement les procès de culpabilité pour la défaite, les associant à des règlements de compte47. Le New York Times

42 David Darrah, « France Orders Mourning Today as Fight Ceases », Chicago Tribune, 25 juin 1940, p. 9. 43 « The Reunion in Compiegne », Chicago Tribune, 25 juin 1940, p. 10.

44 « Agony of the Third Republic », New York Times, 21 juin 1940, p. 18. 45 Jackson, op. cit., p. 122.

46 « The French Navy », New York Times, 5 juillet 1940, p. 12. 47 « State Trial in France », Chicago Tribune, 29 juillet 1940, p. 10.

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montre aussi le caractère dictatorial du gouvernement Pétain, relevant notamment son inspiration nazie, les procès d’État et les pouvoirs importants du maréchal, mais ne le condamne pas sans équivoque. Or, à ce stade du conflit, malgré leurs critiques, les quotidiens étudiés ne remettent jamais en doute la légitimité du gouvernement de Vichy. Fait intéressant, si, dès l’été 1940, ils critiquent le caractère dictatorial du gouvernement de Vichy, Mazower montre que la droite française ne voyait pas la chute de la Troisième République d’un mauvais œil, tandis que Pétain était perçu de façon générale comme un symbole d’unité48. Dans le contexte de l’entrevue de Montoire, le début de la collaboration organisée économique et politique entre l’Allemagne et Vichy représente le principal sujet par rapport à la collaboration couvert par le Chicago Tribune (5 articles relevés) et le New York Times (14 articles, dont 2 en première page et 1 éditorial) au cours du mois d’octobre 194049. Le

quotidien new-yorkais, notant les arrestations de communistes et la place de l’antisémitisme dans le programme vichyste, affirme que Pétain « …is expected to sign an agreement making certain territorial concessions…and bringing vanquished France into line economically, politically and militarily with the Axis powers. »50. Ce quotidien condamne ainsi le programme de nazification entrepris par Vichy. Notons que, selon Jackson, contrairement à la perspective présentée par les quotidiens étudiés, particulièrement le New York Times, lors des premiers mois du régime, l’antisémitisme et l’anticommunisme de Vichy ne sont pas motivés par des idées collaboratrices mais sont plutôt des positions cadrant dans le programme de la Révolution nationale51. Les politiques collaboratrices du gouvernement de Vichy continuent de dominer la couverture médiatique de nos sujets d’étude réalisée par le

Chicago Tribune (3 articles relevés) et le New York Times (13 articles, dont 1 en première

page) au mois de mars 1941. Le premier s’intéresse notamment aux lois antisémites mises en place par le gouvernement Pétain et à l’internement de 50 000 prisonniers étrangers en sol français. Plus encore, le second développe sur les politiques collaboratrices de Vichy, notamment le programme antisémite et la coopération économique avec l’Allemagne, particulièrement la production de matériel militaire pour l’armée allemande. Or, malgré cet

48 Mazower, op. cit., p. 418. 49 Jackson, op. cit., p. 174.

50 Daniel Brigham, « French to Give Axis Land and Bases », New York Times, 25 octobre 1940, p. 1. 51 Jackson, op. cit., p. 150.

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agenda collaborateur, le New York Times, à l’image de l’administration Roosevelt, refuse encore de condamner unilatéralement Vichy. En effet, il insiste sur la popularité de Pétain et relève son opposition au Japon sur la question de l’Indochine.

Dans le même ordre d’idées, au mois de juin 1941, les quotidiens étudiés réalisent leur bilan de la première année du gouvernement de Vichy. Le Chicago Tribune, encensant particulièrement le maréchal, dresse un bilan très positif de sa première année au pouvoir : « …has accomplished an unbelievable amount of rehabilitation of France. France as a nation is on his feet again after the most terrible defeat in its history. »52. De son côté, le New York

Times présente un bilan beaucoup plus ambivalent et exprime sans équivoque son soutien

pour la cause de France libre. En effet, ce quotidien affirme que la défaite de la France a permis aux adversaires de la démocratie de prendre le pouvoir et pose que Vichy cherche à blâmer la Grande-Bretagne et à prétexter la défense de l’Empire afin de justifier un programme de coopération accrue avec l’Allemagne53. Néanmoins, il se garde toujours de condamner Pétain. Or, encore en octobre 1941, quelques mois avant l’entrée en guerre des États-Unis, le Chicago Tribune continue de dresser un portrait plutôt positif de Pétain; insistant, entre autres, sur ses efforts afin de mettre fin à la répression contre ses concitoyens en appelant à l’arrêt des attentats et en s’offrant comme otage54. À l’inverse, le New York

Times illustre un certain rapprochement entre Vichy et l’Allemagne nazie; celui-ci rapportant

notamment la rédaction d’articles par Déat et Laval louant les victoires allemandes en Union soviétique. Or, ce quotidien note tout de même l’existence de sources de tension entre Vichy et l’Allemagne; Pétain refusant, entre autres, de permettre le retour de Laval au pouvoir et, impressionné par sa résistance en Syrie, de remplacer Weygand en tant que commandant des troupes vichystes en Afrique. Ainsi, à la fin de cette période, si, à la différence du Chicago

Tribune, dont la position ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis l’armistice de juin

1940, le quotidien new-yorkais est de plus en plus critique envers le régime vichyste, à l’instar du gouvernement Roosevelt, il se refuse encore à le condamner unilatéralement.

52 David Darrah, « France on Feet as Petain Regime Ends First Year », Chicago Tribune, 17 juin 1941, p. 4.

53 The United Press, « Leahy Sees Petain on Collaboration », New York Times, 5 juin 1941, p. 5. et « France’s Tragic Year ». New York Times, 17 juin 1941, p. 20.

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Parallèlement, dès octobre 1940, affirmant son soutien pour les résistants français, le New

York Times (3 articles, dont 1 éditorial) accorde une certaine attention médiatique aux efforts

du général de Gaulle afin de mobiliser l’Empire français sous la bannière de France libre. Surtout, au mois de juin 1941, le Chicago Tribune (7 articles retenus, dont 1 en première page) et, particulièrement, le New York Times (24 articles, dont 6 en première page et 3 éditoriaux) accordent un poids médiatique important à l’invasion de la Syrie vichyste par des troupes françaises libres et britanniques. Si le quotidien du colonel McCormick relève l’ampleur de la participation de France libre à cette campagne (plus de 400 000 hommes), il exprime son désaccord envers la stratégie gaulliste qui a entraîné des combats fratricides : « …forcing Frenchmen to shot at Frenchmen. »55. De son côté, le New York Times, appuyant

cette campagne plus clairement, soutient que la population locale est favorable aux Alliés et que les soldats français libres jouent un rôle prépondérant. Surtout, bien que déplorant ces combats fratricides entre Français, il rejette la responsabilité sur Vichy en raison de son association de plus en plus étroite avec l’Allemagne56. Or, le débat sur la « culpabilité » pour les combats fratricides en Syrie se poursuit à ce jour. Si Mazower semble, en partie, montrer le bien-fondé des critiques du Chicago Tribune envers la stratégie gaulliste en illustrant que l’invasion de la Syrie a certainement contribué à pousser Pétain vers une collaboration plus étroite, il en est autrement pour Jackson57. Celui-ci affirme que l’accord entre Darlan et l’Allemagne permettant aux nazis d’utiliser des aéroports en Syrie a entraîné l’invasion des Forces françaises libres58. Notons que, au cours de cette période, les quotidiens étudiés n’accordent pas beaucoup d’attention aux activités de la résistance intérieure française; celle- ci se concentrant sur le recrutement et la propagande tandis que les attaques sont rares59. Par ailleurs, à partir du printemps 1941, alors que l’Allemagne nazie étend son emprise aux Balkans, les quotidiens étudiés traitent des actions des résistants et des collaborateurs, particulièrement yougoslaves et grecques, dans le cadre de cette invasion. En effet, à compter de l’occupation de la Yougoslavie en mars, le New York Times, notamment, accorde un poids médiatique significatif aux efforts de la résistance yougoslave (4,7 articles relevés par mois

55 David Darrah, « French Battle British Army in Syria », Chicago Tribune, 9 juin 1941, p. 1. 56 « Battle for Syria », New York Times, 9 juin 1941, p. 38.

57 Mazower, op. cit., p. 423. 58 Jackson, op. cit., p. 180. 59Ibid., p. 403.

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étudié). Surtout, à la fin du mois de mars 1941, les efforts de la Yougoslavie afin de rester hors de la sphère d’influence de l’Allemagne, notamment le coup d’État réalisé par les opposants à la signature du traité avec le Reich, deviennent un sujet significatif dans la couverture médiatique de la résistance réalisée par le New York Times (7 articles répertoriés, dont 4 en première page et 3 éditoriaux). Ce quotidien se positionne sans équivoque en faveur des opposants au traité60. Plus encore, dans le contexte de la vague de résistance du mois d’octobre 1941, le Chicago Tribune (4 articles répertoriés) et, particulièrement, le New York

Times (10 articles, dont 1 en première page) accordent un poids médiatique significatif à la

guerre de guérilla en Yougoslavie, opposant les forces d’occupation et les milices collaboratrices aux Chetniks et aux résistants communistes, et, dans une moindre mesure, en Grèce. Le Chicago Tribune témoigne de l’efficacité de la guérilla yougoslave et grecque; des renforts allemands considérables devant être envoyés afin d’aider les troupes italiennes et bulgares à pacifier les Balkans. La couverture réalisée par le New York Times illustre aussi l’efficacité des mouvements de résistance yougoslaves et grecques tout en témoignant des tentatives allemandes afin de réprimer la guérilla par des bombardements et l’exécution d’otages. Or, il apparaît que ces combats n’opposent pas seulement les fascistes aux résistants mais voient aussi des affrontements fratricides entre communistes et nationalistes.

Parallèlement, à partir de juin 1941, les quotidiens étudiés accordent une certaine attention médiatique aux actions des résistants lors de l’invasion de l’Union soviétique par la Wehrmacht. Il apparaît, entre autres, qu’à compter d’octobre 1941, les Soviétiques mettent sur pied des armées polonaise et tchécoslovaque en exil afin d’appuyer l’Armée rouge. Si, pendant les premiers mois de combats en Union soviétique, le New York Times insiste sur la volonté généralisée de la population soviétique de résister à l’envahisseur, il faut noter que l’attention médiatique accordée par les quotidiens étudiés aux résistants soviétiques apparaît plutôt limitée dans la mesure où la guerre sur le front de l’Est se démarque par une violence sans précédent : « Hundreds of thousands of civilians were shot or hanged and thousands of villages burned as the Germans and their local auxiliaries chased the elusive partisans. »61.