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Ce quatrième chapitre traite de la couverture de la résistance et de la collaboration réalisée par le Chicago Tribune et le New York Times entre novembre 1942 et août 1943, c’est-à-dire du début de l’opération Torch à l’armistice italien. Plus précisément, dans le cadre de notre échantillonnage, nous avons étudié les mois de novembre 1942, marqué par l’invasion de l’Afrique du Nord française par les Alliés, l’entente conséquente entre l’armée américaine et l’ex-vichyste Darlan, l’occupation de la zone libre par l’Allemagne et le sabordage de la flotte de Toulon, de décembre 1942, voyant l’assassinat du controversé Darlan, de février et de mars 1943, théâtre de la campagne alliée en Tunisie et de la formation, en Union soviétique, du gouvernement communiste polonais en exil, et de mai 1943, lieu de la victoire finale des Alliés en Afrique du Nord. Lors de cette période, marquée par le triomphe allié en Afrique du Nord et les succès soviétiques sur le front de l’Est, les grands quotidiens américains présentent des perspectives distinctes au sujet du rôle que les États-Unis doivent jouer dans ce conflit et sur la scène internationale à la suite de l’éventuelle défaite de l’Axe. Or, dans un contexte où l’invasion de l’Afrique du Nord française et ses conséquences amènent les résistants et les collaborateurs français à l’avant-plan de l’actualité médiatique, il apparaît que la proportion d’articles consacrés à la résistance et à la collaboration est plus équilibrée que la moyenne dans le Chicago Tribune (64 % contre 36 %) et dans le New York Times (68 % contre 32 %) au cours de cette période.

Premièrement, soulignons que le mois de novembre 1942 marque une importante transition dans le rôle des Américains dans le conflit; l’invasion de l’Afrique du Nord vichyste voyant la première intervention d’envergure de l’armée américaine dans la lutte contre l’Allemagne. La campagne alliée en Afrique du Nord étant au centre de l’actualité lors de de la période entre les débuts de l’opération Torch et l’armistice italien, il est attendu que les quotidiens étudiés consacrent un poids médiatique très important aux activités des résistants français et des vichystes pendant cette campagne. De fait, lors de cette période aussi marquée par les négociations entre Giraud et de Gaulle et des évènements comme l’entente entre Darlan et les Alliés, l’occupation de la zone libre par les Allemands et le sabordage de Toulon, la résistance et la collaboration française dominent la couverture de nos sujets d’étude réalisée par le Chicago Tribune (respectivement 43,4 % des articles répertoriés, 15,2 articles par mois

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étudié et 29,7 %, 10,4) et le New York Times (35,4 %, 35 et 22,1 %, 21,8). Ainsi, 25 % des articles au sujet de la résistance française répertoriés dans le quotidien du colonel McCormick et 20 % de ceux dans le quotidien new-yorkais l’ont été pendant cette période. Il en a été de même pour 28 % des articles au sujet de la collaboration française relevés dans le premier et 22 % de ceux retenus dans le deuxième.

Surtout, le contexte de l’invasion alliée de l’Afrique du Nord voit les quotidiens étudiés consacrer une attention médiatique significative au rôle des résistants français et des vichystes dans le conflit. En novembre 1942, les nombreux articles publiés par le Chicago

Tribune (7, dont 2 en première page) et le New York Times (4 en première page) s’intéressant

aux affrontements entre les troupes américaines et les vichystes témoignent surtout du peu d’opposition offerte par les troupes françaises. La couverture réalisée par le Chicago Tribune, insistant, notamment, sur le rôle du « legendary » général Giraud dans la révolte marocaine, atteste aussi de la participation de patriotes français aux combats102. De même, le quotidien new-yorkais louange celui-ci; le qualifiant de héros103. Fait intéressant, ce quotidien précise que les troupes françaises libres ne combattront pas en Afrique du Nord française afin d’éviter les combats fratricides. À l’inverse, au cours des mois de février et de mars 1943, le

Chicago Tribune (9 articles relevés, dont 1 en première page) et le New York Times (13, dont

8 en première page) consacrent un poids médiatique significatif à la participation des troupes françaises libres à la campagne alliée en Tunisie. Ces quotidiens soutiennent qu’elles ont participé à des combats importants, tels que la prise du port de Nefta, et se sont distinguées par leur courage. Puis, en mai 1943, le Chicago Tribune (6 articles relevés, dont 3 en première page) et, particulièrement, le New York Times (10 articles, dont 5 en première page) consacrant un poids médiatique important à l’avancée finale des Alliés en Tunisie, attestent de la participation de troupes françaises à cette campagne. Affirmant que l’armée française a fait 25 000 prisonniers sur les 150 000 pris par les Alliés, ils illustrent l’ampleur de sa contribution. Le quotidien new-yorkais encense les forces de Giraud et de Leclerc et élabore sur leur rôle lors de cette offensive. Surtout, il exprime l’espoir que ces succès puissent accélérer la conclusion d’une entente essentielle entre Giraud et de Gaulle.

102 « Report Giraud Leads Revolt of Morocco French », Chicago Tribune, 9 novembre 1942, p. 7. 103 G. H. Archambault, « Enfin! Sums Up French Feeling », New York Times, 9 novembre 1942, p. 3.

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De même, le débat au sujet de l’accord entre les forces américaines et l’amiral Darlan, ancien collaborateur, reçoit une attention médiatique importante dans le Chicago Tribune (3 articles relevés, dont 2 en première page et 1 éditorial) et, surtout, dans le New York Times (14 articles, dont 7 en première page et 3 éditoriaux) lors du mois de novembre 1942. Les quotidiens étudiés témoignent du conflit politique entre les représentants de France libre et Darlan; ceux-ci refusant de reconnaître l’autorité du « no. 2 traitor of France » malgré son entente avec les États-Unis104. Plus encore, les Gaullistes argumentent que cet accord pourrait miner le moral des résistants dans la métropole. Or, le Chicago Tribune est très favorable à cet accord. Dans un éditorial, au-delà des préoccupations morales, il rappelle son utilité; celui-ci ayant permis de sauver des vies américaines105. En effet, l’amiral a pu mettre fin à la

résistance des troupes vichystes au Maroc en raison de sa légitimité auprès d’elles. Ce quotidien critique la façon indécise avec laquelle Roosevelt a mené l’affaire et déplore la réaction négative de nombreux Américains face à cet accord. Il présente la réaction des Français libres comme illogique car ils ont besoin des États-Unis afin de libérer leur pays et parce qu’ils pourront juger Darlan après la guerre. De son côté, si le New York Times exprime ses doutes par rapport à cet accord, particulièrement l’absence des Français libres dans les négociations, il réaffirme sa confiance en la politique française du gouvernement américain malgré son étrangeté; soutenant qu’il n’est pas en train de confondre amis et ennemis mais de faire le nécessaire pour remporter la guerre106. Plus encore, dans un éditorial, ce quotidien convient que, ayant livré l’Afrique du Nord et de l’Ouest françaises aux Alliés, « As a

collaborationist, Darlan has certainly served us better than he served the Nazis. » et félicite

le gouvernement américain pour sa patiente préparation de ce tour de force : « For the past year at least our French policy was a conscious preparation for what we are now witnessing. »107. Néanmoins, le quotidien new-yorkais est plus compréhensif que le Chicago

Tribune par rapport au scepticisme des résistants français108. Or, si l’accord a permis le ralliement de l’Afrique-Équatoriale française, Jackson montre qu’il est survenu trop tard afin

104 « De Gaulle Aids Refuse to Join Darlan in Deal », Chicago Tribune, 17 novembre 1942, p. 1. 105 « The Darlan Mystery », Chicago Tribune, 21 novembre 1942, p. 14.

106 « Our French Policy », New York Times, 17 novembre 1942, p. 24.

107 Anne O’Hare McCormick, « The Political Battle for Italy Has Begun », New York Times, 25 novembre 1942, p. 22. 108 Arthur Krok, « Stating, but not Solving, the French Puzzle », New York Times, 17 novembre 1942, p. 24.

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d’empêcher les Allemands de s’installer en Tunisie et n’a pas permis de rallier la flotte française109.

En décembre 1942, notamment en raison de l’assassinat de Darlan par un nationaliste français, le débat au sujet de l’accord entre celui-ci et les Alliés reste au centre de la couverture médiatique présentée par le Chicago Tribune (6 articles retenus, dont 2 en première page et 3 éditoriaux) et le New York Times (11 articles, dont 2 en première page et 2 éditoriaux). Avant son assassinat, ils affirment que le ralliement de Darlan s’explique par son désir de « sauver » la France tout en rappelant qu’il a ordonné la libération des prisonniers politiques et la fin des lois discriminatoires envers les Juifs. Le Chicago Tribune continue d’affirmer son appui pour cet accord et de critiquer l’attitude de la population américaine et du président envers cet ex-collaborateur110. Or, à la suite de l’assassinat de Darlan le 24

décembre, ce quotidien présente pragmatiquement son décès comme la fin d’un problème111. À l’inverse, si le New York Times reconnaît la nécessité de l’accord et réitère sa confiance envers la politique française du président, il reste sympathique aux protestations de France libre112. Les éditoriaux publiés par ce quotidien présentent Darlan comme une solution militaire temporaire et proposent une réduction de ses pouvoirs113. Il publie aussi plusieurs articles présentant les détails de son assassinat et affirme que cet évènement complique la situation pour les États-Unis114.

Parallèlement, au cours de cette période, les quotidiens étudiés se sont surtout intéressés aux activités de la résistance dans la Métropole française à compter de mars 1943. En effet, le

Chicago Tribune (3 articles répertoriés, dont 1 en première page) et, particulièrement, le New York Times (8 articles, dont 1 en première page) montrent que la France est le théâtre d’une

vague de révolte lors de ce mois; la formation des premiers groupes de Maquis menant aux premières actions de résistance militaire par des groupes non-communistes115. Ces quotidiens, à l’image des études récentes, présentent cette vague de sabotage et d’attaques de

109 Jackson, op. cit., p. 225.

110« Darlan in Africa », Chicago Tribune, 9 décembre 1942, p. 18. Et « Eisenhower and Darlan », Chicago Tribune, 17

décembre 1942, p. 16.

111 « Darlan Assassinated », Chicago Tribune, 25 décembre 1942, p. 1.

112 Anne O’Hare McCormick, « Dakar, the Generals and the Future of France », New York Times, 9 décembre 1942, p. 26. 113 « Darlan’s Statement », New York Times, 17 décembre 1942, p. 28.

114 « Darlan Shoot Dead by Frenchman in Algiers », New York Times, 25 décembre 1942, p. 1. 115 Jackson, op. cit., p. 452.

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guérilla comme la réponse de la population française aux tentatives allemandes et vichystes de mobiliser 400 000 ouvriers pour le travail forcé116. Il apparaît que, pourchassés par la police vichyste, des milliers de jeunes fuient vers les Alpes afin de rejoindre des groupes de résistants plutôt que d’être mobilisés pour le travail forcé. Le New York Times, attestant de l’ampleur de la situation, rapporte que, Vichy ayant déclaré la loi martiale dans le sud-est de la France, les forces allemandes et vichystes préparent une offensive contre les fugitifs. En mai 1943, le Chicago Tribune montre que des milliers de jeunes français continuent de fuir vers les Alpes afin d’échapper à ce programme de mobilisation tandis que le New York Times, illustrant l’ampleur du mouvement de résistance en France, affirme que 50 000 Français ont été exécutés depuis l’armistice; un nombre risquant d’augmenter alors que les résistants accentuent leurs activités en prévision d’une invasion alliée.

D’autre part, l’ampleur de la couverture médiatique consacrée à la résistance et de la collaboration française par les quotidiens étudiés entre novembre 1942 et septembre 1943 permet de comparer leurs positions au sujet du mouvement France libre et du gouvernement de Vichy. Cette analyse de leurs positions est particulièrement intéressante lors de cette période où l’invasion de l’Afrique du Nord transforme les relations américaines avec Vichy et France libre. En effet, en raison de cette offensive alliée, « … the conditions which permitted Laval’s delicate balancing act of satisfying Germany while preserving French neutrality were finally shattered. »117. Premièrement, en novembre 1942, notons que l’invasion de la zone libre par l’Allemagne, en réponse à l’offensive alliée en Afrique du Nord, et le sabordage conséquent de la flotte de Toulon obtiennent une attention médiatique importante dans le Chicago Tribune (3 articles relevés, dont 1 en première page) et, particulièrement, dans le New York Times (9 articles, dont 1 en première page et 1 éditorial). Le quotidien du colonel McCormick montre que, dans le contexte de l’invasion alliée de l’Afrique du Nord française, Hitler a proposé des termes de paix immédiats à Vichy. Or, comme l’affirme un article publié le 29 novembre, le sabordage de la flotte de Toulon par les vichystes, mise en exécution d’un ordre datant de 1940, permet de préserver la neutralité de la France et d’éviter que la flotte tombe entre des mains étrangères118. De son côté, le New

116 Mazower, op. cit., p. 491. 117 Jackson, op. cit., p. 221.

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York Times montre que l’invasion de la zone libre réduit encore plus l’autonomie de Vichy

face à l’occupant allemand; accentuant la coopération économique et sa participation à la propagande antialliée. De même, il apparaît que Laval, ayant reçu des pouvoirs quasi- dictatoriaux de la part de Pétain, se range fermement dans le camp allemand119. Selon ce quotidien, l’indépendance de Vichy n’est plus qu’une façade. De plus, à travers un éditorial, il condamne l’occupation complète de la France et déplore le rôle des frais d’occupation dans celle-ci120. En somme, le New York Times dresse un portrait négatif de la collaboration française et tente de mettre en évidence la naïveté des dirigeants vichystes. Affirmant que « Collaboration on the French side was ever giving and never receiving. », il argumente que la propagande a été utilisée afin de camoufler cet état de fait121. À la suite du sabordage de la

flotte de Toulon, ce quotidien fait l’éloge de cet acte, louangeant le « brave admiral » de Laborde, le responsable de l’opération, et liant cette action à la révolte à l’échelle européenne122. Fait intéressant, notons que le quotidien new-yorkais fustige les Américains qui avaient critiqué le maintien des relations diplomatiques entre leur gouvernement et Vichy; insistant qu’elles ont été maintenues afin de conserver une influence diplomatique auprès des vichystes et de faciliter l’obtention de renseignements au sujet de la situation stratégique en Europe occupée123.

Dans le même ordre d’idées, en décembre 1942, le New York Times (5 articles répertoriés, dont 1 en première page) continue d’accorder un poids médiatique significatif à la prise de contrôle de la zone libre par l’Allemagne et à ses conséquences pour le régime de Vichy; les pouvoirs de Pétain n’étant plus que symboliques124. Ce quotidien soutient que la France doit désormais fournir des ouvriers à l’Allemagneen plus d’une coopération militaire obligatoire. Dans le contexte de l’opération Torch, les quotidiens étudiés s’intéressent aussi à la rupture diplomatique entre le gouvernement américain et Vichy. Ils soutiennent que la population française, généralement opposée à Vichy et favorable à France libre, est heureuse de l’invasion américaine des colonies nord-africaines. De plus, le New York Times affirme que Giraud est perçu comme un héros et de Gaulle comme le véritable leader de la France en ces

119 « Laval Indicts U.S. on Africa, Pins Hope on Nazi Entente », New York Times, 21 novembre 1942, p. 1. 120 « Hitler, the Magnanimous », New York Times, 13 novembre 1942, p. 22.

121 G. H. Archambault, « Nazis Collaboration Defined », New York Times, 5 juin 1942, p. 139.

122 Edwin L. James, « Toulon Naval Suicide Shows Laval Is Wrong », New York Times, 29 novembre 1942, p. 138. 123 « Our Vichy Policy a Help, Hull Says », New York Times, 9 novembre 1942, p. 10.

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temps troubles125. En février, en mars et en mai 1943, le quotidien new-yorkais et, dans une moindre mesure, le Chicago Tribune continuent de s’intéresser aux conséquences des revers allemands sur les relations entre le Troisième Reich et Vichy. Ils notent, entre autres, l’organisation du programme de mobilisation de travailleurs mis en place par Vichy; 300 000 ouvriers ayant déjà été transférés en Allemagne. Dans ce contexte, il apparaît que les milices, décrites comme peu importantes en nombre, tâchent de retrouver les 100 000 Français qui se sont cachés afin d’éviter la déportation pour travail forcé. Pour le New York Times, il ne fait aucun doute que Vichy est désormais un satellite de l’Allemagne. Un article suggère que le véritable objectif du programme de mobilisation « … is not so much to obtain labor as to remove from France all able-bodied men likely to join the forces of the United Nations when they decide to invade Europe. »126.

Concurremment, au cours de cette période, les quotidiens étudiés, particulièrement le New

York Times, tâchent aussi de dresser un portrait positif de France libre et appellent les

patriotes français à mettre leurs divisions de côté et à s’unir afin de libérer la mère patrie. En effet, le quotidien new-yorkais anticipe une lutte de pouvoir potentielle entre de Gaulle et Giraud. En ce sens, lors du mois de février 1943, il publie quelques articles (3) au sujet des négociations entre ces deux leaders de mouvements rivaux. De plus, se déclarant optimiste face au futur de la France, il fait l’éloge de l’idéologie de France libre et célèbre le ralliement progressif de la flotte française à la cause alliée127. Plus encore, en mars et en mai, le Chicago

Tribune affirme que les deux hommes se rapprochent progressivement; Giraud ayant

congédié deux membres de son entourage considérés comme des collaborateurs par France libre. Le New York Times, présentant ses espoirs que, lors des négociations à venir entre de Gaulle et Giraud, les ambitions personnelles n’entraveront pas cette union essentielle à la victoire alliée, approfondit sur cette question. Favorable à cette union, il présente de nombreux articles (15, dont 3 éditoriaux) visant à illustrer les efforts de Giraud afin de défasciser l’Afrique du Nord française et de répondre aux demandes de France libre. Puis, en mai, le New York Times célèbre les avancées dans l’unification des deux branches de la résistance française, notamment la décision gaulliste d’accepter la proposition de Giraud de

125 G. H. Archambault, « Enfin! Sums Up French Feeling », New York Times, 9 novembre 1942, p. 3. 126 G. H. Archambault, « Laval Wins New Loss », New York Times, 13 mai 1943, p. 4.

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former un comité de neuf pour gouverner128. Il perçoit cette union comme essentielle car, en plus de favoriser la planification de la suite de la guerre, elle aurait un effet très positif sur le moral des résistants français et minerait encore plus la crédibilité du régime vichyste. Notons aussi que le New York Times, présentant un portrait très positif du général Giraud, lui accorde notamment le crédit pour le ralliement de la Guinée française à la cause des Alliés. Néanmoins, il soutient que de Gaulle reste le symbole de la résistance en France métropolitaine. À l’inverse, lors de ce mois, les quotidiens étudiés ne semblent pas s’intéresser à l’union des mouvements de résistance français sous la bannière du Conseil national de la Résistance et à leur reconnaissance du général de Gaulle « as the single head of a French provisional government »; un état de fait plutôt logique compte tenu que ces négociations ont eu lieu en secret129.

Parallèlement, entre l’opération Torch et l’armistice italien, l’intérêt significatif apporté par les quotidiens étudiés à la guerre de guérilla en Yougoslavie nous permet de comparer leurs positions de plus en plus différentes au sujet de la stratégie que les Alliés devraient privilégier dans leurs relations avec les résistants de ce pays. Au cours de cette période, en raison de l’ampleur des activités de la guérilla yougoslave, le Chicago Tribune et le New York Times accordent une attention médiatique significative à la résistance dans ce pays; cet aspect de nos sujets d’étude étant respectivement le 5e et le 4e le plus traité par le premier (3,4 % des