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Notre cinquième chapitre s’intéresse à la couverture de la résistance et de la collaboration réalisée par le Chicago Tribune et le New York Times entre septembre 1943 et mai 1944, c’est-à-dire de l’invasion de l’Italie continentale, première campagne américaine sur le continent européen, et de l’armistice italien subséquent à l’offensive alliée en Europe de l’Ouest. Plus précisément, dans le cadre de notre échantillonnage, nous avons étudié les mois de septembre 1943, théâtre de l’armistice italien et de ses suites, d’octobre 1943, marqué par la libération de la Corse par les Forces françaises libres, de décembre 1943, voyant la proclamation d’un gouvernement provisoire yougoslave par Tito, et de mars 1944, lieu de l’occupation allemande de la Hongrie. Au cours de cette période, marquée par la division de l’Italie entre les partisans de l’armistice et les fascistes, la campagne italienne conséquente et les succès soviétiques sur le front de l’Est, les quotidiens étudiés présentent des perspectives distinctes au sujet du rôle que les États-Unis doivent jouer dans ce conflit et sur la scène internationale à la suite de l’éventuelle défaite de l’Axe. L’invasion alliée de l’Italie et, surtout, celle à venir de la France ainsi que les succès soviétiques poussant les résistants à travers l’Europe occupée à augmenter leurs activités tandis que les États collaborateurs tâchent de se retirer du conflit ou perdent l’illusion de leur indépendance, il apparaît que, à compter de cette période, la proportion d’articles consacrés à la résistance et à la collaboration devient beaucoup moins équilibrée dans les deux quotidiens étudiés. Plus précisément, entre l’armistice italien et D-Day, 83 % des articles relevés dans le Chicago Tribune et 78 % de ceux dans le New York Times concernent la résistance.

Sans équivoque, le mois de septembre 1943 marque une profonde rupture dans la couverture de la résistance et de la collaboration réalisée par les quotidiens étudiés. Pour la première fois du conflit, la France n’est pas le pays où les actions de ces groupes obtiennent l’attention médiatique la plus importante; l’armistice italien amenant l’Italie à l’avant-plan de la couverture réalisée par le Chicago Tribune et le New York Times. Ces quotidiens s’intéressent grandement aux actions des partisans de l’armistice et, à l’opposé, aux efforts des Allemands et des fascistes italiens afin de conserver le contrôle d’une partie de l’Italie. De ce fait, pendant la période entre l’armistice italien et D-Day, la résistance et la collaboration italiennes sont respectivement les 1er et 4e aspects de nos sujets d’étude les plus couverts par

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le Chicago Tribune (24,2 % des articles répertoriés, 10,75 articles par mois étudié et 8,4 %, 3,75) et les 2e et 4e par le New York Times (16,6 %, 19,75 et 7,4 %, 8,75). Dans ce contexte, il apparaît que 55 % des articles au sujet de la résistance italienne répertoriés dans le quotidien du colonel McCormick et 37 % de ceux dans le quotidien new-yorkais l’ont été pendant cette période tandis que 47 % des articles au sujet de la collaboration italienne dans le premier et 34 % de ceux dans le deuxième ont été relevés au cours de celle-ci. Néanmoins, lors de cette période aussi marquée par la libération de la Corse par les Français libres, les négociations afin de déterminer les politiques du Comité français de libération nationale et, surtout, l’accroissement des activités de la résistance intérieure à mesure que l’invasion alliée de la France approche, les quotidiens étudiés continuent de consacrer un poids médiatique prépondérant à la résistance et à la collaboration françaises. En effet, ces aspects de nos sujets d’étude sont respectivement les 2e et 5e les plus traités par le Chicago Tribune (19,7 %, 8,75

et 7,3 %, 3,25) et les 1er et 5e par le New York Times (17,9 %, 21,25 et 7,2 %, 8,5).

Surtout, l’importante couverture de la résistance et de la collaboration italiennes réalisée par les quotidiens étudiés lors de cette période nous permet de comparer leurs perspectives au sujet de la république fantoche italienne et du gouvernement Badoglio. En septembre 1943, le Chicago Tribune (11 articles relevés, dont 5 en première page) et, particulièrement, le New

York Times (25 articles, dont 7 en première page et 3 éditoriaux) accordent une attention

médiatique très importante à la situation confuse en Italie à la suite de l’armistice; l’armée allemande et les fascistes italiens tâchant de conserver le contrôle d’une partie du pays tandis que le nouveau gouvernement italien s’oppose à leurs efforts. À la suite de l’armistice, les quotidiens étudiés rapportent que le gouvernement Badoglio a appelé les civils et les militaires italiens à résister aux allemands et attestent de la libération de Mussolini par des forces spéciales allemandes. À la fin du mois, il apparaît qu’un gouvernement fasciste dirigé par Mussolini a été établi en Italie. Celui-ci a répudié l’armistice et annoncé le projet de réorganiser une armée pour poursuivre le combat. Or, selon le quotidien du colonel McCormick, Mussolini est désormais un pantin des forces d’occupation allemandes146.

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Parallèlement, le New York Times, s’il dresse un portrait élogieux des soldats italiens combattant déjà au côté des Alliés, déplore que la lenteur des négociations ayant mené à l’armistice ait permis aux Allemands d’occuper la majorité du pays147. De ce fait, il soutient que les Alliés doivent clarifier le statut de l’Italie de Badoglio le plus rapidement possible. Le Chicago Tribune rapporte que cette question représente un problème pour les Alliés; l’Italie « libre » doit-elle être acceptée comme une alliée ou être traitée comme un territoire conquis148? Si le haut commandement conçoit qu’accepter officiellement l’Italie parmi les Alliés permettrait d’accélérer la chute de l’Allemagne, il craint que cette décision aliénerait les pays occupés alliés. Sans présenter d’opinion tranchée, ce quotidien reconnaît tout de même la participation italienne à l’effort de guerre allié. De son côté, citant le sceptre de Darlan, le quotidien new-yorkais montre que cette situation politique est très complexe; les politiciens libéraux étant réticents à coopérer avec Badoglio en raison de son passé fasciste. Or, plus décidé sur cette question que son homologue et présentant la décision des Italiens de demander un armistice aux Alliés comme un geste courageux, il argumente que les Alliés doivent accorder le statut de cobelligérant à l’Italie afin de bénéficier de son potentiel militaire et d’encourager les soldats italiens à combattre l’Allemagne plutôt qu’à capituler. De même, il affirme que cette décision montrerait aux autres satellites de l’Allemagne qu’ils peuvent rallier la cause alliée. Finalement, au mois d’octobre 1943, les quotidiens étudiés rapportent que les Alliés ont décidé de reconnaître l’Italie comme cobelligérante malgré les protestations des gouvernements grec et albanais en exil.

Pendant le mois d’octobre 1943, alors que le gouvernement Badoglio déclare la guerre à l’Allemagne, la situation politique en Italie reste au centre de la couverture du conflit réalisée par le Chicago Tribune (6 articles relevés, dont 4 en première page) et le New York Times (8 articles, dont 4 en première page). Surtout, la couverture de la résistance et de la collaboration italiennes réalisée par les quotidiens étudiés au cours de ce mois permet de comparer leurs perspectives au sujet de la question de l’opinion publique italienne et de la volonté des Italiens de combattre l’Allemagne. Le Chicago Tribune présente une entrevue avec Badoglio dans laquelle il soutient que le pays retournera vers la démocratie car la population est très

147 « Italy’s Turnabout », New York Times, 21 septembre 1943, p. 22.

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peu attachée au fascisme; dans le Nord, la population ne semblant pas enthousiasme envers le gouvernement fantoche tandis que la résistance s’organise149. Publiant aussi une entrevue avec Badoglio, le New York Times insiste également sur sa promesse de mettre un terme au fascisme en Italie et indique que, l’Italie ayant abandonné ses revendications territoriales en France, en Grèce et en Yougoslavie, des soldats italiens combattant même au côté des résistants de ces pays 150. Par ailleurs, ce quotidien affirme que la majorité des Italiens souhaitent seulement rester à l’écart des combats. Avançant que la population serait majoritairement favorable à une république, il soutient que la nature du régime Badoglio explique le manque d’enthousiasme des Italiens à son égard. Or, citant la promesse de Badoglio de mettre en place un gouvernement démocratique où les anciens leaders fascistes seraient exclus, le quotidien new-yorkais rapporte que Roosevelt a demandé à la presse italo- américaine de limiter ses critiques envers son gouvernement.

Par ailleurs, notons qu’en décembre 1943 et en mars 1944, contrairement à la situation aux mois de septembre et d’octobre 1944, les activités des résistants et des collaborateurs italiens ne sont plus au centre de la couverture médiatique réalisée par les quotidiens étudiés, particulièrement en ce qui concerne le Chicago Tribune. Le New York Times rapporte tout de même que le gouvernement Badoglio a entrepris une purge antifasciste. Or, il apparaît que, malgré tout, certains politiciens libéraux souhaitent les démissions de Badoglio et du roi. De son côté, en mars, le quotidien du colonel McCormick, fidèle à son habitude, publie notamment un éditorial décriant la décision de Roosevelt de céder le tiers de la flotte italienne à l’Union soviétique151. L’auteur argumente que cette décision est une façon injuste de récompenser le ralliement de l’Italie à la cause des Alliés.

De surcroît, particulièrement en septembre et en octobre 1943, alors que la campagne italienne est au centre de l’actualité médiatique, les quotidiens étudiés se sont aussi intéressés de façon significative à la participation des résistants et des collaborateurs italiens à celle-ci. En septembre 1943, ils affirment que l’Allemagne et les milices fascistes tâchent de refermer leur emprise sur l’Italie du Nord. À l’opposé, ils témoignent aussi d’une vague d’attaques de

149 « Democracy in Italy Pledged by Badoglio », Chicago Tribune, 5 octobre 1943, p. 1.

150 Herbert L. Matthews, « Badoglio Says Mussolini Alone Put Italy into War », New York Times, 25 octobre 1943, p. 1. 151 « Stalin and the Italian Ships », Chicago Tribune, 9 mars 1944, p. 12.

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la résistance paralysant le ravitaillement ferroviaire. Dans ce contexte chaotique, citant notamment les mouvements de grève dans les villes industrielles du Nord et le fait que plusieurs soldats italiens combattent les Allemands, le New York Times affirme que l’Italie s’est majoritairement ralliée aux Alliés et décrit les collaborateurs fascistes comme un groupe marginal. Il présente le ralliement des Italiens comme un avantage certain pour les Alliés : « The rebellion may not count much as a military factor on our side, but the Germans have lost in one stroke a fleet, an army and the illusion that they had one willing ally in Europe. »152. Renchérissant sur le rôle important joué par les résistants lors de la campagne italienne, au cours des mois d’octobre et de décembre 1943, le New York Times accorde un poids médiatique significatif à l’organisation de bandes de guérilla dans le Nord de l’Italie et à la participation de soldats ou de résistants italiens aux opérations militaires alliées, notamment la bataille de Naples (14 articles relevés, dont 2 en première page et 1 éditorial). Soulignons, entre autres, un article rapportant que des soldats italiens pro-alliés ont subi des pertes importantes lors d’une attaque sur le mont Luango, lequel, s’il encense leur bravoure, ne peut s’empêcher d’insister sur le caractère suicidaire de cet assaut153. Par ailleurs, en mars 1944, ce quotidien s’intéresse surtout au mouvement de grèves en Italie du Nord, six millions de grévistes défiant le gouvernement fasciste154. Dans un éditorial, il identifie ce mouvement sans comparable en Europe comme un acte de guerre; l’armée allemande devant même intervenir afin d’assister les milices fascistes155. L’auteur argumente que ce soulèvement est la preuve définitive du courage italien souvent remis en question. De même, il réitère que la confusion au sujet du statut du gouvernement Badoglio au début de l’automne 1943 explique le manque de motivation manifesté par les Italiens lors des premiers mois de la campagne. Dans un autre ordre d’idées, entre l’armistice italien et D-Day, si la France n’est plus seule au centre de la couverture de la résistance et de la collaboration réalisée par les quotidiens étudiés, ils accordent tout de même une attention médiatique significative au rôle des forces vichystes et françaises libres dans le conflit, notamment à l’invasion de la Corse et à la lutte en France métropolitaine. Aux mois de septembre et d’octobre 1943, le Chicago Tribune (7

152 « Hitler’s New War », New York Times, 17 septembre 1943, p. 20.

153 Herbert L. Matthews, « Italians Suffered Heavily in Battle », New York Times, 13 décembre 1943, p. 9. 154 Daniel T. Brigham, « Germans Combat Italian Strikers », New York Times, 5 mars 1944, p. 2. 155 « The Italians Strike », New York Times, 9 mars 1944, p. 16.

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articles retenus, dont 1 en première page) et le New York Times (9 articles, dont 3 en première page et 1 éditorial) s’intéressent de façon significative à l’invasion de la Corse par des soldats français. Il apparaît que ces troupes sont débarquées en Corse en coordination avec un soulèvement local. Le New York Times note aussi la participation de soldats italiens pro- armistice à cette campagne. Or, ce quotidien insiste surtout sur l’importance symbolique de cette opération indépendante pour les Français156. En octobre, il apparaît que, les Français ayant libéré Bastia, la campagne tire à sa fin. Le Chicago Tribune illustre le rôle joué par la résistance locale dans ce succès; 1 000 soldats nazis étant morts de leurs mains tandis que des mots comme « courageous » et « gallant » sont utilisés afin de les décrire157. Surtout, les quotidiens étudiés établissent un contraste entre le courage manifesté par les partisans corses et l’inefficacité de l’armée italienne lors de cette campagne; 85 000 soldats italiens auraient permis à 20 000 Allemands de s’échapper avec peu de pertes. Le New York Times, particulièrement, donne donc foi au discours gaulliste condamnant les Italiens158.

Parallèlement, en septembre 1943, en raison du poids médiatique important accordé aux évènements en Italie et en Corse, les actions des résistants en France occupent une place secondaire dans la couverture réalisée par les quotidiens étudiés. Or, dès le mois d’octobre 1943, le Chicago Tribune (3 articles retenus) et le New York Times (4 articles) recommencent à s’intéresser de façon significative aux efforts des forces d’occupation et des collaborateurs afin de contrer la vague de résistance en France. En effet, il apparaît que « The rising tide of sabotage has driven the Germans and their Vichy collaborators to the sternest repressive measures, including new attacks on Jews and a decree giving the Garde Mobile the permission to shoot on sight. »; le tout se manifestant par des centaines d’arrestations quotidiennes par la Gestapo159. De plus, le Chicago Tribune atteste de la présence d’une armée de 80 000 partisans dans les montagnes du sud de la France160. Son homologue new- yorkais affirme que les Allemands auraient même envoyé des troupes d’élite afin de combattre ces groupes de guérilla. Or, il apparaît que ces chiffres seraient plutôt exagérés; Jackson estimant qu’il y avait 15 000 maquisards dans le sud de la France en octobre 1943

156 « Into Corsica », New York Times, 21 septembre 1943, p. 22.

157 Wes Gallagher, « 85,000 Italians Let 20,000 Nazis Escape From Corsica! », Chicago Tribune, 9 octobre 1943, p. 1. 158 « Crowds in Corsica Acclaim de Gaulle », New York Times, 9 octobre 1943, p. 6.

159 « Germans Increase French Repression », New York Times, 13 octobre 1943, p. 4.

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et que plusieurs n’étaient pas des combattants161. Ainsi, ils ne représentaient pas encore une véritable menace pour l’occupant.

Si le Chicago Tribune n’accorde pas beaucoup d’attention médiatique aux activités de la résistance intérieure française lors des mois de décembre 1943 et de mars 1944, alors qu’une invasion alliée de la France est de plus en plus pressentie, le New York Times (9 articles répertoriés, dont 1 en première page) accorde un poids médiatique significatif aux efforts des résistants et, inversement, de l’occupant allemand et des collaborateurs afin de préparer le terrain pour cette offensive. Soulignons notamment un article citant l’assassinat de 30 membres de la milice dans une embuscade comme exemple, lequel affirme que les activités de la résistance ont augmenté devant la répression continue et l’approche d’une invasion alliée162. De même, ce quotidien soutient que le sabotage ferroviaire constant, la France étant

quotidiennement le théâtre de deux douzaines d’attentats, nuit aux préparations allemandes. À ce stade du conflit, notons aussi que les Allemands considèrent désormais les Maquis comme une véritable menace militaire dans le sud du pays163. À l’opposé, le New York Times rapporte que les Allemands, en prévision d’une invasion, ont annoncé que ceux qui hébergent les soldats alliés seront exécutés tandis que la milice continue de pourchasser les résistants. Ainsi, alors que les Allemands semblent de plus en plus susceptibles de perdre la guerre et, conséquemment, plus enclin à la répression, les quotidiens étudiés montrent bien que cette période voit la résistance prendre de l’expansion et ses activités augmenter164.

D’autre part, l’étude de la couverture de la résistance française réalisée par le Chicago

Tribune et le New York Times entre l’armistice italien et D-Day permet de comparer leurs

positions au sujet du Comité français de libération nationale. À l’inverse, au cours de cette période, les quotidiens étudiés ne s’intéressent pas beaucoup aux politiques du régime de Vichy, lequel « existed in only the most nominal sense »165. En septembre 1943, ils mentionnent que de Gaulle a protesté contre l’exclusion de son pays dans les négociations avec l’Italie vaincue. Plus encore, le quotidien new-yorkais (7 articles répertoriés, dont 1 en

161 Jackson, op. cit., p. 484.

162 « Third Front in France », New York Times, 5 mars 1944, p. 66. 163 Jackson, op. cit., p. 529.

164 Ibid., p. 477 et 531. 165 Ibid., p. 530.

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première page) approfondit sur les prises de position du Comité, lequel souhaite la formation d’un gouvernement français indépendant des Alliés. Il montre aussi que le Comité n’est pas uni; celui-ci étant divisé entre les gaullistes et les partisans de Giraud. Aux mois d’octobre et de décembre 1943, dans le contexte de la planification de l’invasion de l’Europe occidentale par les Alliés, les quotidiens étudiés continuent de s’intéresser aux politiques du Comité. Il apparaît que de Gaulle tâche de réaliser un rapprochement politique avec l’Union soviétique. Selon un éditorial publié dans le Chicago Tribune, il souhaite ce rapprochement afin d’éviter que la France demeure un satellite de la Grande-Bretagne à la fin du conflit166. De son côté, le New York Times, citant son arrivée en Corse, illustre que, acclamé par des foules importantes à travers l’île, de Gaulle apparaît comme un symbole de la résistance française unissant les patriotes de toutes allégeances politiques167. Surtout, le New York Times soutient

qu’il y aurait seulement 50 000 collaborateurs parmi les 30 millions de Français et que « When the Allies actually land the 50,000 collaborationists will dwindle to nothing and the regular police will no longer obey orders. »168. Les études récentes montrent que ce quotidien avait bien identifié la faiblesse des collaborateurs à la veille de l’invasion alliée de la France; Mazower affirmant notamment que : « By the spring of 1944, the regime needed the assistance of the Milice to cling to power…and Pétain – still viewed sympathetically in much of the country – had lost all credibility as a national leader. »169.

Puis, en mars 1944, les quotidiens étudiés, particulièrement le New York Times (8 articles répertoriés, dont 1 en première page et 2 éditoriaux), accordent un poids médiatique important aux procès pour trahison organisés par le Comité, notamment à celui de Pierre Pucheu, ex-conseiller de Pétain ayant récemment rejoint les Alliés. À travers deux éditoriaux, s’il reconnaît la culpabilité de Pucheu et le fait que son exécution représente un message pour