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Notre septième chapitre porte sur la couverture de la résistance et de la collaboration réalisée par les quotidiens étudiés entre octobre 1944 et mars 1945, c’est-à-dire du ralentissement de l’avancée alliée à l’ouest lors de l’automne 1944 jusqu’aux offensives finales du printemps 1945. Plus précisément, dans le cadre de notre échantillonnage, nous avons étudié les mois d’octobre 1944, théâtre des libérations d’Athènes et de Belgrade et du coup d’État pro-nazi en Hongrie, de novembre 1944, marqué par la libération de Strasbourg et la crise du désarmement des résistants belges, de décembre 1944, voyant les débuts de la Dekemvriana et de la bataille des Ardennes, et de janvier 1945, lieu de la résolution de la crise en Grèce et de la libération de Varsovie. Cette période est donc marquée par des combats aux frontières de l’Allemagne et, surtout, par les conflits, politiques et armés, postlibération opposant les gouvernements revenus d’exil et les mouvements de résistance locale, particulièrement ceux d’orientations communistes, notamment en France, en Belgique et en Grèce248. De plus, dans un contexte où la majorité qui avait adopté une attitude attentiste pendant l’occupation tâche de rallier le camp des résistants au moment de la libération, de nombreux pays, à commencer par la France, sont le théâtre d’une importante chasse aux collaborateurs249. De ce fait, les

actions des résistants à travers l’Europe continuent de bénéficier d’une attention médiatique très importante. Conséquemment, la proportion d’articles consacrés à la résistance et à la collaboration est très déséquilibrée en faveur de ce premier sujet autant pour le Chicago

Tribune (77 % contre 23 %) que pour le New York Times (77 % contre 23 %). Or, il faut noter

que, pendant les mois d’octobre et de novembre, la fin de la campagne électorale américaine et la réélection éventuelle de Roosevelt sont au centre de la couverture médiatique réalisée par les quotidiens étudiés. Le contexte électoral et le fait que la victoire éventuelle semble de plus en plus acquise amène le Chicago Tribune et le New York Times à présenter leurs opinions, souvent opposées, au sujet du rôle que les États-Unis doivent jouer sur la scène internationale au terme du conflit. Nous analyserons particulièrement en quoi ces perspectives influencent leur couverture des crises opposant les gouvernements revenus d’exil et les mouvements de résistance locale.

248 Mazower, op. cit., p. 518. 249 Judt, op. cit., p. 295.

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Premièrement, rappelons que, pendant cette période, si les offensives alliées, particulièrement à l’ouest, sont ralenties, elles restent au centre de la couverture réalisée par les quotidiens étudiés. De ce fait, compte tenu de l’attention médiatique importante accordée à la participation des troupes et des résistants français aux opérations alliées et aux politiques du gouvernement de Gaulle, particulièrement « l’épuration nationale », les négociations avec les Alliés et ses relations avec le mouvement de la résistance, les résistants et, dans une moindre mesure, les collaborateurs français continuent de bénéficier d’un poids médiatique prépondérant dans les quotidiens étudiés. En effet, ces aspects de nos sujets d’étude sont respectivement les 1er et 6e les plus traités par le Chicago Tribune (25,4 % des articles relevés, 17 articles par mois étudié et 7,3 %, 4,75) et les 1er et 5e par le New York Times (25,6 %,

56,25 et 6,3 %, 13,75). Conséquemment, 21 % des articles au sujet de la résistance française répertoriés dans le premier et 26 % de ceux dans le deuxième l’ont été pendant cette période. Plus précisément, malgré le ralentissement de l’avancée alliée à l’ouest, lors des mois d’octobre et de novembre 1944, le Chicago Tribune (14 articles répertoriés, dont 5 en première page) et le New York Times (26 articles, dont 13 en première et 2 éditoriaux) accordent un poids médiatique important aux succès des troupes françaises impliquées dans de lourds combats dans les montagnes Vosges, en Alsace et à Belfort. En octobre, le quotidien new-yorkais rapporte, entre autres, que l’armée française a repoussé six contre- attaques dans les Vosges250. Plus encore, tâchant d’illustrer l’ampleur de leur contribution à l’offensive alliée, il affirme que les Français ont fait 60 000 prisonniers depuis le débarquement, soit 25 000 de plus que la 7e armée américaine251. Puis, lors du mois de novembre, les quotidiens étudiés témoignent des succès français en Alsace, particulièrement la libération de Strasbourg par la brigade du général Leclerc, appuyée par des maquis et des soldats américains. Le New York Times insiste aussi sur l’importance de la capture de Belfort par les forces du général de Tassigny, qualifiée de « The most spectacular success »; cette victoire et celles de Patton ayant ouvert la voie vers le Rhin252. De même, au cours des mois de décembre 1944 et de janvier 1945, alors que la bataille des Ardennes ramène les combats sur le front de l’Ouest au centre de la couverture médiatique réalisée par les quotidiens

250 « 7th Army 9 Miles from Belfort », New York Times, 1er octobre 1944, p. 1.

251 Raymond Daniell, « Germans Clinging to Antwerp Area », New York Times, 13 octobre 1944, p. 3. 252 « The French at the Rhine », New York Times, 21 novembre 1944, p. 24.

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étudiés, le Chicago Tribune (13 articles répertoriés, dont 9 en première page) et le New York

Times (28 articles, dont 16 en première page et 2 éditoriaux) consacrent un poids médiatique

important aux activités des troupes françaises. En décembre, le quotidien new-yorkais affirme notamment que les troupes de Tassigny ont repoussé de nombreuses contre-attaques allemandes et que d’autres unités françaises se sont distinguées dans les Ardennes. Puis, au cours du mois de janvier, les quotidiens étudiés rapportent, entre autres, que les Français ont repoussé une contre-offensive allemande en Alsace et poursuivent leur avancée vers le Rhin. La couverture réalisée par le New York Times illustre l’ampleur des succès français. Citons notamment un article affirmant que « The French First Army struck a surprise blow for Alsace’s liberation with a new offensive… » et « …achieved complete surprise and still was pressing forward tonight against that tough German core known as the Colmar pocket… »253.

D’autre part, le contexte postlibération voit les quotidiens étudiés accorder un poids médiatique très important aux politiques du gouvernement de Gaulle, à commencer par « l’épuration nationale ». En effet, au cours du mois d’octobre 1944, le Chicago Tribune (4 articles retenus, dont 1 en première page) et, surtout, le New York Times (9 articles, dont 1 en première page et 1 éditorial) consacrent un poids médiatique important à cette purge. Le premier mentionne notamment les exécutions de l’amiral Platon et de Pellacroix, deux ministres du gouvernement Pétain, et affirme que Laval, qualifié de « arch-collaborationist and beyond », ayant réussi à fuir en Allemagne, est condamné à mort in absentia254. De son côté, le New York Times montre, entre autres, que les cours civiles jugeront les individus accusés d’avoir été membres d’organisations vichystes ou d’avoir participé à la propagande fasciste. Par exemple, un article atteste de la condamnation à mort de George Suarez, éditeur du journal collaborateur Aujourd’hui255. Or, ce quotidien illustre les difficultés rencontrées par le gouvernement français dans ses efforts afin de contrôler le désir de vengeance des FFI en région; des cellules de résistance locale ayant mis sur pied des cours indépendantes afin de juger les collaborateurs. Fait intéressant, il condamne l’ampleur excessive de la purge : « It is no exaggeration to say that at present France is passing through a purge fever; … If carried to excess objective observers fear that this fever might stall the entire administration

253 « French Open Drive », New York Times, 21 janvier 1945, p. 1.

254 « Fugitive Laval Given French Death Sentence », Chicago Tribune, 21 octobre 1944, p. 4. 255 « Judges Mobilized in Paris for Purge », New York Times, 25 octobre 1944, p. 6.

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of the country. »256. L’auteur soutient que, face à cette vague de purges touchant tous les milieux, même les résistants modérés seraient en faveur d’une certaine retenue.

Puis, lors des mois de novembre et de décembre, la couverture de la purge réalisée par le

Chicago Tribune concerne surtout les procès de membres de la police ou de la milice257. Plus que son homologue, au cours de ces deux mois, le New York Times (13 articles répertoriés, dont 1 éditorial) accorde une attention médiatique significative à « l’épuration nationale », laquelle continue de toucher aux médias, aux milieux industriels et à l’armée. Or, ce quotidien soutient que la ferveur populaire pour le mouvement de purge semble s’estomper258. Néanmoins, le gouvernement reste confronté au problème d’empêcher les FFI de se faire justice, un général et un préfet de police ayant notamment été tués à Annery. En décembre, à travers un éditorial, le Chicago Tribune se prononce sur la question de la juridiction, après trois mois de purge, du crime de collaboration en France. Il remet en question cette loi en réitérant ses doutes face à la légitimité du gouvernement français actuel et en soutenant que la purge est surtout un moyen pour celui-ci de solidifier son emprise sur le pays : « The idea…is to get all the most effective opponents of the present regime out of the way and to terrorize the rest into silence... »259. Ainsi, attaquant la place de « l’épuration nationale » dans son programme, il présente un portrait très négatif du gouvernement de Gaulle. Moins critique, dans un éditorial, son homologue soutient tout de même que, si les tribunaux FFI sont de plus en plus sous supervision gouvernementale et que le nombre d’exécutions sommaires diminue de semaine en semaine, la situation à Marseille montre que ce contrôle reste encore très théorique : « If there is no open revolts against the decree to disarm the patriots, it is largely because it has not been carried out. »260. Or, tel que l’illustre Judt, encore aujourd’hui, les purges restent controversées autant en France que dans le reste de l’Europe261. Malgré ces critiques, la couverture réalisée par les quotidiens étudiés montre que les procès et les condamnations de collaborateurs se poursuivent au cours du mois de janvier 1945; le procès du royaliste notoire Charles Maurras étant au centre de l’actualité.

256 G. H. Archambault, « Purge in France Cuts Coal Output », New York Times, 29 octobre 1944, p. 9.

257 Robert Sage, « French Execute 2 Young Assassins of Former Official », Chicago Tribune, 29 novembre 1944, p. 8. 258 G. H. Archambault, « Opinion on Purge Varied in France », New York Times, 1er novembre 1944, p. 13.

259 « The Crime of National Unworthiness », Chicago Tribune, 29 décembre 1944, p. 10.

260 Anne O’Hare McCormick, « Violence Still Simmers in South of France », New York Times, 9 décembre 1944, p. 14. 261 Judt, op. cit., p. 300-301.

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De surcroît, notre analyse de la couverture réalisée par le Chicago Tribune et le New York

Times lors de cette période permet de comparer leurs positions au sujet de la question

controversée des négociations entre le gouvernement de Gaulle et les Alliés. En effet, surtout en octobre 1944, ces quotidiens, particulièrement le New York Times (13 articles relevés, dont 3 éditoriaux), s’intéressent aux efforts du général de Gaulle afin de faire reconnaître le Gouvernement provisoire par les Alliés et d’obtenir un siège à la table des négociations d’après-guerre. Le quotidien new-yorkais écarte les protestations de la presse française selon lesquelles les Alliés tardent trop à reconnaître le Gouvernement provisoire; celui-ci allant obtenir un siège sur le conseil de la nouvelle ligue internationale262. De plus, il apparaît que, même au sujet de la question de comment subvenir aux besoins des 500 000 travailleurs français revenus d’Allemagne, le Gouvernement provisoire, guidé par son désir d’indépendance, est récalcitrant à accepter l’aide des Alliés. Dans ce contexte, l’auteur semble critiquer quelque peu « the pride of the resistance elements » et « Gen. Charles de Gaulle sensitiveness »263. Plus encore, un autre article critique l’attitude de ce dernier envers les Alliés; affirmant que « …he made it perfectly clear that he regarded recognition as something long overdue, something to be taken as a matter of course;… »264. L’article conclut que « Above all, he is a French patriot exceedingly - some would say excessively- an jealous of what he considers France’s rights in the world and is unwilling to trust any other powers, however friendly they might be, to safeguard those rights. »; une attitude quelque peu problématique car la France a besoin de l’aide des Alliés afin de résoudre ses problèmes socioéconomiques. Or, un éditorial publié par ce quotidien se fait un peu plus conciliant; expliquant que la certaine ingratitude de la France envers les Alliés résulte de ses craintes de perdre sa place parmi les grandes puissances265. Sans surprise, dans un autre éditorial, le New

York Times identifie la reconnaissance simultanée du Gouvernement provisoire par les États-

Unis et la Grande-Bretagne comme un succès personnel significatif pour de Gaulle266. Fait intéressant, il apparaît que ces négociations s’invitent dans la campagne électorale américaine; le Chicago Tribune rapportant que Dewey s’est prononcé en faveur de la reconnaissance du gouvernement de Gaulle et de la présence de la France à la table des

262 Lansing Warren, « French Dejection Held Unjustified », New York Times, 1er octobre 1944, p. 4. 263 John MacCormack, « Aid for Displaced Held Up in France », New York Times, 13 octobre 1944, p. 7. 264 Harold Callender, « More than Recognition Demanded by de Gaulle », New York Times, 29 octobre 1944, p. 96. 265 Anne O’Hare McCormick, « French Fashions the Curious Mirror of Opinion », New York Times, 21 octobre 1944, p. 16. 266 Anne O’Hare McCormick, « Drama Attends Recognition of de Gaulle Regime », New York Times, 25 octobre 1944, p. 20.

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négociations d’après-guerre267. À l’opposé, son homologue soutient que la population française, même les gaullistes convaincus, souhaite la réélection de Roosevelt; celui-ci étant admiré malgré ses conflits passés avec de Gaulle268.

Dans une moindre mesure, en novembre 1944, les quotidiens étudiés affirment que Churchill s’est engagé à restaurer la puissance militaire française et qu’une entente interalliée a établi que l’Allemagne serait divisée en quatre zones d’occupation, dont une supervisée par la France. À travers un éditorial, le New York Times insiste sur l’importance du support de la Grande-Bretagne pour les ambitions françaises : « …does far more than recognition of the Government to make the French feel that they are again a great nation... »269. Selon

l’éditorialiste Anne O’Hare McCormick, la Grande-Bretagne est désormais plus favorable aux demandes françaises car elle a besoin de son alliance afin de faire contrepoids à l’Union soviétique en Europe. Cet argument semble particulièrement pertinent dans le contexte de la visite du général de Gaulle à Moscou afin d’établir un pacte d’assistance mutuelle avec les Soviétiques. Or, en décembre, le quotidien new-yorkais illustre bien le fait que, malgré son rapprochement avec l’Union soviétique, la France ne souhaite pas s’éloigner de la Grande- Bretagne et des États-Unis; celle-ci nécessitant leur aide afin de réaliser ses ambitions, notamment l’expansion de l’armée. Dans ce contexte, il présente un article détaillé affirmant que la décision du général de Gaulle de se rapprocher des Soviétiques s’explique, en partie, par sa frustration devant l’implication limitée de son pays dans une guerre qui se déroule à l’intérieur de ses frontières et par le fait que « French pride was injured by the western Allies’ delay in recognizing General de Gaulle’s regime and by the absence of western aid for a large French army. French pride was touched by Premier Stalin’s offer of an alliance as if France was already a great power with a mighty army. »270. Au final, le quotidien new-yorkais présente la signature de ce pacte d’assistance mutuelle comme un grand succès pour de Gaulle; l’Union soviétique s’étant déclarée en faveur d’un rôle prépondérant pour la France dans l’Europe d’après-guerre.

267 David Darrah, « Dewey’s Stand on France Wins Paris Approval », Chicago Tribune, 21 octobre 1944, p. 5.

268 Harold Callender, « U.S. Election Race Interests French », New York Times, 9 octobre 1944, p. 6. Et Harold Callender, « France Rejoices at Election News », New York Times, 9 novembre 1944, p. 14.

269 Anne O’Hare McCormick, « France and Britain Work for Stronger Ties », New York Times, 13 novembre 1944, p. 18. 270 Harold Callender, « German Offensive Absorbs French », New York Times, 21 décembre 1944, p. 4.

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Dans le même ordre d’idées, en janvier 1945, le New York Times (6 articles répertoriés, dont 2 en première page et 1 éditorial) accorde un poids médiatique significatif aux politiques du gouvernement de Gaulle afin de reconstruire l’armée française. Ce quotidien semble favorable à la campagne du général afin d’obtenir l’aide matérielle des Alliés dans le but de réaliser cet objectif; soutenant que son attitude parfois intransigeante s’explique par sa volonté de voir la France s’impliquer plus activement dans le conflit271. Plus encore, un éditorial, affirmant que huit nouvelles divisions françaises ont déjà rejoint le front, soutient que le projet d’armer 1,5 million de soldats français supplémentaires aura aussi des conséquences positives pour les Américains : « It should mean that if the war is prolonged, fewer American and British soldiers will have to be sent to the Continent. »272.

Parallèlement, la période postlibération en France voit les quotidiens étudiés s’intéresser aux relations tendues entre le gouvernement de Gaulle et certains éléments du mouvement de la résistance. Dès octobre 1944, le New York Times atteste du climat révolutionnaire en France; les FFI, à travers le conseil de la résistance, ayant une influence importante sur le gouvernement. Surtout en novembre, les quotidiens étudiés, particulièrement le New York

Times (6 articles relevés), accordent un poids médiatique significatif aux efforts du

gouvernement de Gaulle afin de ramener l’ordre en désarmant les résistants. En effet, le

Chicago Tribune rapporte notamment l’instauration d’un projet de loi voulant restreindre le

port d’armes en public à l’armée et à la police; le gouvernement souhaitant contrôler les bandes de partisans campagnardes. Son homologue new-yorkais montre que, si la majorité de la population et des mouvements de résistance sont en accord avec ce décret, il attise les tensions entre de Gaulle et les communistes273. Dans ce contexte de tensions, un article, rapportant le retour d’exil de Thorez, chef des communistes français, présente cette décision du général comme « … perhaps the greatest single gesture that he has as yet made for a rapprochement with the French Communists. »274. En effet, a posteriori, il apparaît que le retour de Thorez a grandement atténué les tensions entre les communistes et le gouvernement275. Or, au-delà de ces tensions, le New York Times positionne le problème du

271 Harold Callender, « French Still Hope for Fighting Role », New York Times, 5 janvier 1945, p. 4. 272 « The New French Army », New York Times, 9 janvier 1945, p. 18.

273 Harold Callender, « Paris Regime Wins in Crisis on Militia », New York Times, 1er novembre 1944, p. 13. 274 Harold Callender, « Thorez in Paris », New York Times, 29 novembre 1944, p. 9.

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désarmement des milices dans le contexte plus large des difficultés économiques en France libérée. De nombreux jeunes désaffectés se tournent vers la milice et sont dans une situation paradoxale : « …the French are striving with all their power to do just the opposite of what they did before liberation; to repair locomotives, to restore communications, to obtain obedience to authority… »276. Puis, en décembre, la crise du désarmement des résistants semblant résolue, le New York Times (7 articles répertoriés, dont 1 en première page) s’intéresse de façon significative aux efforts des mouvements de résistance de gauche afin de jouer un rôle politique et à leurs relations avec le gouvernement gaulliste.

Également, le poids médiatique important accordé aux politiques du gouvernement français par les quotidiens étudiés lors de cette période permet de comparer leurs perspectives au sujet du général de Gaulle. Citons, entre autres, un éditorial publié en octobre 1944 par le Chicago

Tribune à travers lequel ce journal, généralement critique envers le général, condamne sa

décision de limiter temporairement la liberté de presse; affirmant que cette censure ne respecte pas les efforts des résistants : « During the years of German occupation the underground press in France, conducted by patriots who took their lives in their hands every