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L’espace réel et symbolique cas de l’île de lampedouta

3.Le lieu et l’espace :

3.2. L’espace réel et symbolique cas de l’île de lampedouta

Dans « la géographie » imaginaire qu’établi Bouziane BenAchour nous trouvons des lieux qui, existent réellement mais par le poids de l’imaginaire, deviennent symbolique.

L’hybridation, chez Benachour réside dans le fait qu’il mette en balance le lieu entre la réalité Historique et actuelle, le mémoriel et l’imaginaire.

Ce métissage du lieu donne naissance à un lieu hybride et complexe. Auquel nous devons donner des réponses.

Ainsi, l’idée de «l’ île » corrobore l’image d’hétérogénéité de l’espace. Cette image est : la déperdition dans une mer au milieux de nulle part (référence symbolique).

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Cette mer nous la devinons, c’est La Méditerranée, lieu du centre et de la périphérie, considérée comme lieu d’ouverture vers l’autres mais en même temps elle est frontière marine, conçue et symbolise l’utopie132.

La méditerranée évoque le voyage et un melting-pot d’identités multiples. Il s’agit, pour le narrateur d’embrasser une culture différente, cela renvoi également à un nouveau monde tel que présenté par le narrateur.

Rappelons que seule la fiction permet cette transgression du monde réel, l’ile de lampe douta n’existe que dans l’imaginaire de Bouziane BenAchour pourtant elle existe réellement sous la dénomination Lampedusa en Italie, nous expliquons : L’île, est d’abord une référence réelle, puisque elle renvoie à la cinquième île sicilienne en Italie, répondant au nom de Lampedusa. C’est une île qui est considérée comme un point d’entrée privilégié pour les immigrés clandestins qui veulent gagner l’Europe.

Sur des embarcations de fortune, d’ailleurs environ 500 candidats à l’immigration clandestine d’origine africaine font naufrage près de Lampedusa en 2013, la catastrophe a fait plus de 300 morts. Le texte y fait référence directement, nous le comprenons a la lecture et nous le déduisons en questions le champ lexical ambiant. Ici le jeu sur la référence est fait grâce au remplacement d’une lettre (un phonème très proche ) : Lampedusa par une autre lettre Lampeduta

Notre auteur s’octroi une liberté en créant de nouveaux espaces, de nouvelles terres et de nouveaux lieu pour exploiter de nouveaux dires.

L’écriture devient transgressive, BenAchour déroute le lecteur parce qu’il le renvoi au déplacement du sens lié au lieu , notre auteur brouille les pistes il rend la géographie ambiguë , il falsifie les repères du lecteur parce que ce dernier passe d’un espace concret à autre espace plus abstrait ( en faisant référence à ses pré requis).

132 Cf. Deprest Florence, « L’invention géographique de la Méditerranée : éléments de réflexion », in

La transgessivité chez BenAchour participe dans la création de cet univers du bestiaire, chaotique, et sans repères.

Dans « Bientôt finira la peine » nous avons trois espaces, l’un utopique, l’autre irrespirable par sa trop lourde historicité, et le troisième, est l’espace de l’entre deux, de la transition. La forme à ce stade renseigne sur le fond ; celui de la déperdition de l’émiettement et la fragmentation.

Le sujet de l’émigration clandestine, ici en l’occurrence notre récitant qui veut reconquérir la bien aimée, veut juste partir vers l’Europe Occidentale cet espace idyllique symbolise son amour.

Le récit s’article autour d’une quête : celle de l’amour mais par extension d’une vie meilleure.

La linéarité du texte obéit à une aspiration principale, celle de la sortie d’un enfermement, métaphore d’une clôture sociale et discursive d’où la notion de l’espace du même et de l’espace de l’autre.

Avec un groupe, ils ont pris « la pirogue » pour aboutir et d’accoster dans un l’Eldorado Européen.

Sur le plan narratif, il est à noter que les événements se déroulent presque uniquement dans l’espace géopolitique, désigné précisément et décrit avec minutie :

La petite île de lamedouta

« Coupée du monde 133» .

Comme cité plus haut, dans ce roman nous avons trois espaces, distincts l’un utopique, l’autre que le narrateur veut fuir, et le troisième, est l’espace de la transition. Ce dernier est pour nous le plus symbolique , il nous permet de toucher du doit la trasgréssivité de cette nouvelle écriture . cet espace est considéré comme un

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tiers-espace. Cette expression de tiers-espace, renvoi à l’idée de l’entre-deux. Selon Bertrand Westphal, estime qu’ en termes géocritiques,

« Que c’est une déterritorialisation en acte, mais qui musarde au moment de se reterritorialiser »134,

Ce tiers-espace est rendu possible par la déterritorialisation, sortir de l’espace mère sans pour autant arriver à destination. C’est le symbole de la frustration.

« L’actualité du jour tourne autour du sujet habituel. Combien de temps va-t-on rester ici ? Je me suis remis au rituel des prières après une interruption due à la traversée en mer et aux aléas qui s’ensuivirent » BFLP P 9

Elle est également unique, parce qu’elle est décrite comme un endroit d’isolement, en dépit du monde et de l’ambiance qu’y règne.

Le rapport à cet espace est pluriel. Il est binaire puisque d’un coté il est le lieu de la déchéance et du mal aise mais d’un autre coté, il symbolise la transition et surtout l’accès à l’amour et par la suite a une vie meilleure.

« J’aligne ton nom au rythme de mes battements de nerfs. De nouveau, tu es là, brèche fulgurante, anse secrète, corps en suspension dans un frémissement impalpable, mystérieux, chevillée au cœur », BLFP p5

Cette île pourrait encore symboliser ce port où des nombreux africains déportaient vers d’autres mers dans une mémoire quasi douloureuse, dans ce quai d’embarquement où les liens sont définitivement rompus avec la terre natale. Encore une fois la réalité est référencée .

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« Il règne une ambiance désordonnée. Des maisons en étage du dessus de l’île montent des aboiements de chiens. Chiens dégénérés. Le jour annonce de nouveaux locataires et pourtant le centre de rétention est plein à craquer, il craque de partout. Brouhaha en perspective. La matraque n’est pas loin. Aidé de ma canne, je m’adosse au mur pour rester seul avec moi-même. Le brouillard a quitté les lieux en promettant une autre .journée parenthèses où les sentiments purgent leurs peines. Chacun de nous suppute le nombre de jours ou de mois qui lui restent à passer dans cette sorte d’entrepôt inachevé autour duquel on a installé de nouveaux systèmes de surveillance, sans autre impulsion que le comptage des charretées de vie ridées jusqu’à l’os. Devrais-je te dire, toi l’objet de ma brûlure sentimentale, que l’établissement où je me trouve ressemble à une coalition d’échecs sédimentés par les soupirs » BFLP p2

Le fantasme et la tentation de l’Europe sur les africains en général et les maghrébin en particulier, a commencé avec la colonisation.

Depuis les années cinquante jusqu’à aujourd’hui, l’occident est désigné comme une sorte de « terre promise ».

À travers les écoles françaises et la télévision qui joue un grand rôle qui permet à beaucoup de jeunes africaines de découvrir le mode de vie des occidentaux. Les maghrébins rêvent d’une vie meilleure en immigrant vers l’occident pour échapper à leur vie.

Pourtant ces candidats à l’immigration n’ont pas de vue d’ensemble sur l’île , il voient cette île à travers le centre de transition qui symbolise encore une fois la prison.