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Entre soliloque et monologue : Les voix hétérogènes

2.La voix narrative :

2.3. Entre soliloque et monologue : Les voix hétérogènes

Le style de Bouziane BenAchour est le moyen privilégié de refléter l’univers psychologique des personnages, le désir d’approcher de plus près de leur vie intérieure amènera notamment au développement de la technique du monologue intérieur, les personnages en rétrospection dans des longs soliloques.

Formellement parlant nous avons un prologue, puis de long monologue puis une la description qui a un rôle de pause. Nous avons également des voix hétérogènes qui entretiennent des rapports conflictuels.

Cette description pourrait s’apparenter aux didascalies, le discours est en flot et la parole n'est convoquée qu'travers le regard du narrateur.

Nous avons une transcription du discours dans sa majorité en Discours

direct puisque les paroles sont rapportées telles quelles, sans être modifiées par le

narrateur. Nous comprenons cela via la présence des guillemets précédés des deux points et de verbes introducteurs. À ce moment là nous dévoilons une présence d’un « je » qui se heurte aux autres « je » qui prennent en charge l’acte de la narration

A ce propos Maingueneau souligne :

« Grâce à ce je, nous glissons constamment d’un plan d’énonciation à un autre. Ce « je » s’interprète, en effet, de deux façons : tantôt comme personnage de l’histoire tantôt comme l’élément du « discours » du narrateur »100.

Dés lors nous suspectons un travestissement de ce « je » assez ambigu dans son positionnement. Ce « je » s’avère et se déclare et puis il s’efface et maquille sa présence. À ce stade là nous notons l’utilisation du discours indirect qui consiste

à ce que le narrateur rapporte les paroles en introduisant une subordonnée complétive nous remarquons la caractéristique via l’absence de guillemets

Dès le premier chapitre du roman nous remarquons un va et vient de deux pronoms personnels « je » et « tu», sans aucun doute l’énoncé de prime à bord est un énoncé à la première personne, mais au fur et à mesure la narration progresse et la deuxième personne du singulier vient s’y greffer.

Nous avons remarqué un bal incessant entre un « je » narrateur et un « tu » qui prends de temps en temps la narration.

Le tableau qui va suivre est le résultat de l’exploitation des logiciels de la lexicométrie. À l’aide de ces occurrences, nous analyserons les embrayeurs récurent dans notre corpus.

Embrayeurs Occurrences

Je 3052

Tu 759

Comme il est mentionné dans le tableau, le « je » est en prime d’une fréquence de 3052, le narrateur est donc omniprésent, il nous raconte les personnages, des scènes sur lui et sur ce qu’il l’entour.

Ce « je » se masque de temps à autre pour donner le champ à un « tu » qui prend en charge la narration, cette interaction donne au « je » de la narration une hybridité nouvelle, cette hybridité se décline dans le récit par la figure du même, puisque des fois le personnage parle à soi-même, dans un monologue, ce dernier prend la figure du “tu”

Ce long soliloque est utilisé pour le jugement , une conscience pour garder son identité, et protéger sa culture et le devoir de mémoire.

Dans le cas du corpus : « Sentinelle oubliée » c’est un texte polyphonique puisque, en plus de la voix de la narratrice principale (saadia), le lecteur rencontre une multitude d’autres voix ; un discours caché ?

Dans ce sensMaingueneau souligne que :« Celui qui énonce à l’intérieur d’un discours constituant ne peut se placer ni à l’extérieur ni à l’intérieur de la société : voué à nourrir son œuvre du caractère radicalement problématique de sa propre appartenance à cette société »101.

Nous supposant que ce procédé est utilisé par notre auteur, pour maintenir l’illusion du réel et pour rendre son discours accessible au lecteur.« (…), le réel visé par la littérature dépasse généralement les relevés et les inventaires des faits, pour atteindre leurs causes générales et les lois d’évolution. »102

.

Pourtant l’écriture de Bouziane BenAchour outrepasse les limites de l’illusion du réel, pour pouvoir accéder à vaste champ de l’imaginaire, et c’est comme cela que notre auteur s’octroie la libertécréatrice.

Il n’en demeure pas très lointain de l’évocation historique, ceci dit. Mais Bouziane BenAchour évoque l’histoire en faisant appel aux symboles

Le Dictionnaire du Littéraire propose cette définition au symbole :

« Symbole désignait, en Grèce, un objet coupé en deux pour permettre aux porteurs des fragments de s’identifier en les réunissant. En un sens plus large, le mot désigne un signe qui représente de manière sensible et par analogie une chose absente ou un signifié abstrait : par exemple la croix latine renvoie au christianisme, le sceptre au pouvoir monarchique. Le symbole n’est pas un signe arbitraire car il a un rapport motivé avec ce qu’il désigne. Liés au rapport de l’homme avec le monde et l’au-delà, les symboles s’insèrent dans les traditions culturelle, religieuse ou politique, et sont très présents dans la littérature. »103 En utilisant les procédés du symbolisme, Bouziane BenAchour transgresse le discours entretenu par tous, il s’érige en écart face à une norme donnée par la

101

Ibid.

102MILLY, Jean, op.cit, p.65.

103

véracité historique qu’il entend transposer par appel constant aux références du lecteur comme ce précédé de décade« 10 » qui est omni présent dans le corpus , un élément que nous voulions soumettre à notre réflexion dans ce qui va suivre.