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Introduction de la seconde partie

1. Modes de recueil des données en sciences sociales

1.2. L’enquête par questionnaire

L’enquête par questionnaire est l’une des possibilités qui s’offre au chercheur. Selon Quivy et Van Campendhoudt (2006 : 171), il s’agit de :

« poser à un ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d’une population, une série de questions relatives à leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leurs opinions, à leur attitude à l’égard d’options ou d’enjeux humains et sociaux, à leurs attentes, à leur niveau de connaissance ou de conscience d’un événement ou d’un problème, ou encore sur tout autre point qui intéresse les chercheurs ».

L’un des avantages du questionnaire est qu’il permet de quantifier les réponses fournies. Ainsi, une analyse d’ordre quantitative permet de pointer les éventuelles

170 récurrences d’un terme ou d’un thème et ainsi d’établir des corrélations217. Il est particulièrement adapté lorsqu’il s’agit de recueillir des données provenant d’un échantillon important. Sa standardisation comporte toutefois des limites car le questionnaire à lui seul ne suffit pas à accéder aux représentations. C’est ce que souligne Abric (1994 : 62) au sujet de cette technique d’enquête qui « détermine aussi les limites et les réserves que l’on peut formuler à l’utilisation du questionnaire pour l’étude des représentations »218.

La mise en place d’un questionnaire s’est d’emblée avérée pour moi pertinente. Il me semblait que ce mode d’enquête permettait à la fois de recueillir les données relatives au père et à la mère. L’objectif aurait été de mener une comparaison des raisons et représentations de l’un et de l’autre parent. Par ailleurs, l’unicité des questions semblait de prime abord faciliter le travail d’analyse des données par la suite dans la mesure où chaque questionnaire était identique.

J’ai donc procédé à l’élaboration d’un questionnaire et l’ai testé auprès d’autres doctorants et d’amis. La première difficulté a été la mise en page de ce questionnaire. Certaines familles avaient en effet jusqu’à quatre enfants, il me fallait donc intégrer cela dans la présentation du questionnaire en proposant suffisamment d’espace pour les données relatives à chaque enfant. Le questionnaire finalisé comportait plusieurs pages, risquant de rendre la tâche fastidieuse pour les parents. Une autre difficulté est liée aux données relatives à l’histoire de la famille avec les langues notamment parce que chaque famille demeure unique dans sa biographie. Là encore, la mise en page des questions posait problème : par exemple, certaines familles avaient rencontré une situation d’expatriation, d’autres non. Certaines familles avaient des enfants, d’autres non. Les stratégies variaient également. En d’autres termes, l’élaboration d’un seul et

217 Ce qui n’est pas exclusif à l’analyse des données provenant d’un questionnaire. L’analyse thématique le permet également.

218 Comme je l’ai déjà précisé, ma recherche interroge sur les représentations parentales (je définirai le concept de représentation dans le chapitre 4) envers le bi-/plurilinguisme, envers l’anglais et l’enseignement « extensif » des LVE à l’école en France. Très souvent, il convient d’analyser les représentations dans leur contexte historique mais aussi social et idéologique.

171 unique questionnaire formaté à l’identique pour chaque famille ne m’est pas apparu pertinent.

Je me suis alors interrogée sur l’alternative d’un questionnaire visant les familles avec enfant et les familles sans enfants. Encore une fois, quel pouvait être l’intérêt de proposer deux questionnaires dont l’un, celui s’adressant aux familles avec enfants, était déjà difficile à formater ? J’ai donc décidé de tester un questionnaire unique auprès d’une collègue dont l’époux parlait l’espagnol et auprès de doctorantes. Certaines questions n’étaient pas suffisamment claires voire déjà orientées ou biaisées. J’ai alors été confrontée à un mode de recueil de données que je pensais pertinent mais qui s’est révélé inadéquat pour répondre à mes questions de recherche et pour cause : le questionnaire comportait des questions ouvertes avec réponse libre concernant les raisons exprimées par les parents pour leurs choix linguistiques envers l’anglais. Outre la place nécessaire à intégrer dans le format du questionnaire, j’ai imaginé que le manque de temps ou d’intérêt des répondants auquel je pouvais me heurter, pouvait conduire à des réponses succinctes voire non formulées. Même si cela restait hypothétique, qu’en serait-il advenu de l’analyse des données fondamentales en cas de non réponse ou de réponse parcellaire ?

J’aurais très bien pu proposer un questionnaire pour recueillir des données purement factuelles mais une partie de ces données avaient déjà été recueillies dans le cadre des premiers échanges. En outre, l’hétérogénéité des familles, tant dans leur parcours que dans leurs stratégies de communication déclarées étaient telles que le questionnaire ne pouvait à lui seul suffire. S’il avait été transmis aux parents, un entretien se serait sans doute imposé par la suite pour enrichir les données recueillies ou aborder d’autres questions de recherche et notamment celles ayant trait aux représentations : « toute étude de représentation doit nécessairement se fonder sur une approche pluri-méthodologique » (Abric, 1994 : 79).

Néanmoins, la perspective de transmission du questionnaire a été abandonnée. Je souhaitais rechercher des données plus riches sur l’histoire personnelle, sur les représentations des parents et le questionnaire s’avérait dans cet objectif insatisfaisant pour moi, même s’il avait été couplé à une enquête par entretien.

172 Le premier type d’enquête, par questionnaire, ayant finalement été abandonné, un troisième mode de recueil de données était à ma disposition : l’enquête par entretien. Quel type d’entretien et dans quel intérêt ?