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Introduction de la seconde partie

2. Constitution et présentation de l’échantillon

2.1. Le recrutement des familles

La constitution de l’échantillon a pris place par internet, tout comme les entretiens. Ce mode de recrutement des participants visait à recueillir un nombre important de réponses pour enfin pouvoir établir les familles répondant aux critères d’éligibilité.

2.1.1. L’annonce à destination des enseignants de langue

J’étais clairement empreinte d’une certaine représentation envers les enseignants d’anglais et le bilinguisme nécessairement existant chez leurs enfants. J’étais en effet convaincue que les enseignants de langues parlaient cette langue à leur enfant. Je me suis donc tout d’abord « naturellement » dirigée vers le site académique des enseignants de l’Académie de Nancy-Metz225. Ce mode de recrutement permettait de circonscrire la recherche géographique au secteur de la Lorraine (Grand Est) et donc de procéder à des entretiens en présentiel avec les parents. En outre, j’étais convaincue que ce mode de recrutement des familles allait s’avérer fructueux, j’y ai donc posté l’annonce suivante en avril 2011 :

[…] dans le cadre de mon doctorat, je recherche des familles dont les parents (le père et/ou la mère) ont choisi de parler à leur(s) enfant(s) une langue autre que leur langue native, la langue choisie étant l’anglais. Si la description ci-dessus correspond à votre propre situation ou si vous avez connaissance d’une famille ayant établi ce type de bilinguisme familial, je vous remercie de prendre contact par retour de mail […]

Les réponses, une dizaine, me sont rapidement parvenues. Toutefois, un constat s’est avéré nécessaire : les familles qui répondaient à l’annonce étaient toutes constituées de parents aux L1 différentes, très souvent anglais et français. Une remédiation s’imposait donc car cela signifiait que l’annonce était sans doute formulée de façon assez maladroite voire non pertinente ou que les lecteurs n’avaient pas

225 Cette approche a été facilitée par l’appartenance à la messagerie académique en tant qu’enseignante du second degré.

179 compris le terme « langue native226 ». Par ailleurs, le terme « non-natives » pouvait englober absolument toutes les langues sauf l’anglais, or je souhaitais justement focaliser sur l’utilisation de l’anglais dans les familles en France pour lesquelles l’anglais n’était pas la L1.

2.1.2. L’annonce à destination des familles

En mai 2011, il a été nécessaire de réfléchir à un autre mode de recrutement227. Je me suis donc orientée vers une chercheure indépendante228 fondatrice d’un site dédié au bilinguisme. Celle-ci a immédiatement répondu par l’affirmative et transmis mon annonce au service se chargeant de sa diffusion. L’annonce a donc été diffusée sur son site et par le biais d’une liste de diffusion sur messagerie électronique. Grâce à ce mode de diffusion, plus de 10 familles se sont manifestées dans les deux jours suivant sa diffusion, certaines suite à la réception de l’annonce, d’autres après que celle-ci a été transmise par les familles l’ayant reçue. Alors que l’annonce que j’avais formulée visait à élargir le type de familles auquel je souhaitais m’intéresser, la formulation en ligne, beaucoup plus réductrice et claire était la suivante :

Recherchons familles francophones parlant anglais à leur enfant

Cette formulation succincte a eu le mérite d’inclure le type de familles sur lequel j’ai choisi d’orienter mon travail de recherche doctorale.

2.1.3. Implications liées au mode de recrutement

Le site sur lequel l’annonce a été diffusée est un site consulté par la majeure partie des participants, notamment par les mères de famille (n=9). Ce site propose des conseils (ou consultations) visant à mettre en place plusieurs langues en famille pour l’enfant. Il permet aussi aux familles de se rencontrer, principalement à Paris ou dans sa région par le biais de Café Bilingue, afin de partager leur expérience. Enfin, il permet

226 J’ai par la suite choisi, en 2014, d’utiliser le terme « francophone » pour désigner les familles participant à cette recherche doctorale. En témoigne l’évolution des titres des diverses communications réalisées.

227 Il est vrai, avec le recul, que j’aurais pu reposter une nouvelle annonce sur le site de messagerie académique.

180 aux professionnels de santé ou de l’éducation de prendre part à des formations ou séminaires. Nul besoin ici de procéder à l’inventaire du contenu de ce site, je souhaite simplement attirer l’attention sur le fait que les familles ayant répondu à l’annonce postée sont des familles s’intéressant au bilinguisme et à l’acquisition de plusieurs langues chez l’enfant. En conséquence, les familles démontrent d’ores et déjà un intérêt particulier pour ce thème, ce qui m’a confrontée la plupart du temps à des participants déjà conscients de la complexité du bilinguisme ou des diverses stratégies de communication possibles en famille229.

Une présentation de la démarche méthodologique qui a été utilisée pour recruter les participants ne saurait suffire à ce stade. Aussi, il apparaît essentiel d’aborder le profil général des familles puis de chaque famille en particulier.

2.2. Les familles

2.2.1. Profil général

Au total, 11 familles ont été retenues pour l’analyse230 : le choix de ne pas intégrer l’une des familles dans l’analyse231 a été motivé par le contexte de cette étude, à savoir des familles dont les parents étaient tous deux francophones.

Les 11 familles retenues résident toutes en France. La majorité (n=6) des familles réside dans la région d’Ile de France, ce qui a sans nul doute un impact sur les stratégies offertes et éventuellement sélectionnées par les parents, comme je l’évoquerai dans la troisième partie de cette thèse. Trois familles (n=3) résident dans la Région du Grand Est, une famille réside dans la région Auvergne Rhône-Alpes et une autre se situe dans la Région Provence Alpes Côtes d’Azur.

229 Certains participants font par exemple clairement référence aux travaux publiés par Barbara Abdelilah-Bauer ou nomment la stratégie « OPOL ».

230 Dans une douzième famille (FA0), il s’est avéré que la L1 de la mère n’était pas le français, contrairement à ce qui avait été déclaré pendant l’entretien semi-dirigé.

181 Parmi les familles ayant participé à cette recherche se trouvent deux familles sans enfant au moment de l’entretien (famille 2 et famille 9). Je choisis volontairement de ne pas les considérer comme des couples mais bien comme des familles en devenir de par leur projet d’enfant (famille 9) et de sa concrétisation après les entretiens (famille 2 a connu la naissance de son premier enfant juste après les entretiens semi-dirigés). Le fait que deux familles sans enfants se soient manifestées suite à l’annonce postée sur le site internet démontre ici l’intérêt porté par de futurs parents sur le devenir linguistique de leurs futurs enfants. Les décisions liées à l’utilisation des langues en famille semblent donc bien réfléchies et envisagées en amont de la naissance de l’enfant.

Les parents sont nés entre 1957 et 1983 en France pour 20 d’entre eux. Deux parents, des pères, sont nés dans un pays francophone (Famille 10 et famille 11) où ils parlaient pendant leur petite enfance, déjà deux langues : le lingala et le français. Les 9

Familles 4-10 et 11 Famille 6 Famille 8 Familles 1-2-3-5-7-9

182 familles avec enfants au moment des entretiens ont entre 1 et 4 enfants nés entre 1992 et 2012.

En outre, les familles appartiennent pour la plupart à une catégorie socio-professionnelle supérieure à la moyenne, comme le montre le tableau suivant et plus d’1/3 des parents avec lesquels les entretiens ont été menés sont enseignants ou l’ont été (n=4).

Enfin, toutes ces familles sont plurilingues et leur répertoire varie entre trois et huit langues (voir tableau 1) l’anglais étant la langue commune à tous les parents dans leur répertoire plurilingue (en plus du français). La notion de continuum (King et Fogle, 2006 : 699), centrale à cette recherche, s’applique pour ce qui a trait aux langues ou au degré d’exposition à l’anglais. Ainsi, l’on retrouve à l’une extrémité du continuum les familles dans lesquelles trois langues font partie du répertoire et à l’autre extrémité, les familles dans lesquelles se retrouvent sept langues dans le répertoire des parents (considérés individuellement). Le tableau suivant fournit un aperçu des différentes langues composant le répertoire plurilingue des parents ainsi que les langues utilisées dans le cadre professionnel.

Concernant le degré d’exposition de l’enfant à l’anglais, là aussi, le continuum s’étire entre les familles dans lesquelles quelques mots sont parlés à l’enfant par un parent (ou les deux) et les familles dans lesquelles les parents utilisent quotidiennement l’anglais avec l’enfant ou lorsqu’un(e) au-pair a été recrutée et dont la présence en famille déclenche l’utilisation de l’anglais chez les parents.

183

Familles Père Mère

1 Français-anglais-allemand-espagnol Français-anglais-espagnol