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DES ARTICLES DEXA FOY

53 CATECHISMUS G-ENEYENBIS. 54

71 L E CATECHISME DE GENEVE. 72

LE MINISTRE.

[fol. 35] Tu entens donc qu'il y a une espèce de meurtre intérieur, que Dieu nous defend icy.

L'ENFANT.

Voire, qui est haine et rancune, et cupidité de mal faire à nostre prochain.

LE MINISTRE.

Suffit-il de ne point hair, et ne point porter mauvaise affection?

L'ENFANT.

Non. Car Dieu en condamnant la haine, sig-nifie qu'il requiert que nous aymions noz prochains, et procurions leur salut, et le tout de vraye affec-tion et sans feintise.

LE MINISTRE.

Dy le septiesme Commandement.

L ' E N F A N T .

Tu ne paillarderas point.

LE MINISTRE.

Quelle est la somme?

L'ENFANT.

Que toute paillardise est maudicte de Dieu, et pourtant qu'il nous en faut abstenir, si nous ne voulons provoquer son ire contre nous.

LE MINISTRE.

Ne requiert-il autre chose?

L'ENFANT.

Il nous faut tousiours regarder la nature du Législateur, lequel ne s'arreste pas seulement à l'œuvre extérieure: mais demande l'affection du cueur.

LE MINISTRE.

Qu'est-ce donc qu'il emporte?

L'ENFANT.

Puis que noz corps et noz âmes sont Temples du sainct Esprit (1 Cor. 3, 16 et 6, 15; 2 Cor. 6, 16), que nous les conservions en toute honnesteté.

E t ainsi que nous soyons chastes, non seulement de faict, mais aussi de désirs, de parolles, et de gestes. Tellement qu'il n'y ait nulle partie de nous souillée d'impudicité.

LE MINISTRE. ' )

Venons au huitiesme.

L'ENFANT.

Tu ne desroberas point.

LE MINISTRE.

Veult-il seulement défendre les larcins qu'on punist par iustice, ou s'il s'estend plus loing?

1) Le 30. dimanche. — Le huitiesme commandement.

— Doctrine generale du iurement.

2) Sic libri nostri fere omnes. Receniiores tarnen no ferendum sit.

MINISTER.

Videris subindicarc, genus esse quoddam arca-nae caedis, a quo hic nos Deus revocat.

PUER.

Sic est. Ira enim et odium, et quaevis nocendi cupiditas, caedes coram Deo censetur.

MINISTER.

Satisne defuncti sumus, si neminem persequa-mur odio?

PUER.

Nequaquam. Siquidem Dominus odium dam-nando, et nos arcendo a quavis noxa, qua proximus nostcr laedatur, simul hoc se exigere ostendit, ut omnes mortales ex animo diligamus, ac fideliter ip-sis tuendis conservandisque studeamus.

MINISTER.

[fol. 44] Iam ad septimum.

PUER.

Non moechaberis.

MINISTER.

Expone quae sit summa.

PÜER.

Scortationem quamlibet maledictam esse coram Deo. Proinde, nisi iram Dei velimus in nos pro-vocare, ab ilia esse diligenter abstinendum.

MINISTER.

Nihilne praeterea requirit?

PUER.

Respicienda semper est natura legislatoris : quem diximus, non externo modo operi immorari, sed animi potius affectibus esse intentum. '

MINISTER.

Quid ergo plus comprehendit?

PUER.

E x quo tum corpora nostra, tum animae templa sunt spiritus sancti, ut castam utrisque2) puritatem praestemus: ac proinde non externi tantum flagitii abstinentia pudici simus: sed etiam corde, verbis, gestu denique corporis et actione. Denique corpus ab omni lascivia purum sit, animus ab omni libi-dine: ut nulla pars nostri impudicitiae sordibus sit inquinata.

Eane tantum furta prohibet, quae humanis le-gibus puniuntur, an longius procedit?

Larcin. ^- Larcin intérieur. — Le naufiesme commandement ,lli (1561. 1570) exhibent: utriusque, quod vide annon

prae-73 CATECHISMUS G E N E V E N S I ß . 74

L'ENFANT.

[fol. 36] Il entend toutes mauvaises trafiques et moyens desraisonnables d'attirer à nous le bien de nostre prochain, soit par violence ou cautelle, ou en quelque autre sorte que Dieu n'ait point ap-prouvée.

LE MINISTRE.

E s t - c e assez de s'abstenir du faict, ou si le vouloir y est aussi comprins?

L'ENFANT.

Il faut tousiours là revenir. D'autant que le Législateur est spirituel: qu'il ne parle pas simple-ment des larcins extérieurs: mais aussi bien des entreprinses, voluntez, et deliberations de nous en-richir au detriment de nostre prochain,

LE MINISTEE.

Que faut il donques?

L'ENFANT.

Faire nostre devoir de conserver à un chacun le sien.

LE MINISTRE.

Quel est le neufiesme?

L'ENFANT.

Tu ne diras point faux tesmoignage contre ton prochain.

LE MINISTRE.

Nous, defend-il de nous pariurer en iugement, ou du tout de mentir contre nostre prochain?

L'ENFANT.

E n nommant une espèce, il baille une doctrine generalle, que nous ne mesdisions pas faulsement contre nostre prochain: et que par noz detractions et mensonges, nous ne le blessions point en ses biens, n'en sa renommée.

LE MINISTRE.

Pourquoy notamment parle-il des pariures pu-bliques?

L'ENFANT.

Pour nous faire avoir en plus grand horreur ce vice de mesdire et detractor: dénotant que qui-conque s'accoustume à faulsement calumnier et dif-famer son prochain, viendra bien puis après à se pariurer en iugement.

LE MINISTRE.

Ne defend-il sinon de mal parler, ou s'il com-prend aussi mal penser?

L'ENFANT.

L'un et l'autre: selon la raison dessus alléguée.

Car ce qui est mauvais de faire [fol. 37] devant les hommes, est mauvais do vouloir devant Dieu.

1) proximum 1554. 1563. 1570. 1576 et seqq., quod

PUER.

Malas omne genus fraudandi circumveniendique artes, quibus aliéna bona aucupamur, sub furti no-mme complectitur. Hic ergo vetamur, tum violen-ter involare in bona proximorum, tum per vafritiem et dolum illis manum [fol. 45] iniicere, tum aliis quibuscunque obliquis rationibus ad illa occupanda conari.

MINISTER.

Satisne est manus abstinere a maleficio: an cupiditas etiam hic damnatur?

PÜEE.

Hue semper est redeundum: quum spiritualis sit legislator, non externa tantum furta coercere eum velle, sed omnia simul consilia et studia, quae aliis omnino incommodent: atque ipsam in primis cupiditatem : ne ditescere cum iactura fratrum ex-petamus.

MINISTER.

Quid ergo agendum est, ut pracceptopareamus?

PUER.

Danda est opera, ut suum cuique salvum sit.

MINISTER.

Nonum praeceptum quod est?

PUER.

Non eris adversus proximum tuum testis

men-| dax.

I MINISTER.

j Prohibetne peierare in foro duntaxat, an in Universum mentiri adversus proximos?

PUER.

Sub specie una comprehenditur doctrina gene-ralis , ne falso proximos ') calumniemur : neve ma-ledicentia nostra et obtrectationibus laedamus eius famam, aut aliquam illi noxam afferamus in suis bonis.

MINISTER.

Cur autem nominatim exprimit publica periuria?

FUEB.

Quo maiorem nobis huius vitii horrorem incu-tiat. Innuit enim, si quis maledicentiae et calum-niis assueverit, inde ad periuria proclivem fore lap-sum, si occasio data fuerit proximi infamandi.

MINISTER.

Vultne a maledicendo tantum nos arcere, an otiam a malis suspicionibus sinistrisque et iniquis iudiciis?

PUER.

[fol. 46] tJtrumque, secundum rationem ante ad-ductam, hic damnât. Nam quod agere coram homi-nibus malum est, malum est coram Deo etiam velle.

tnino solum cum sequentibus convenu.

75 L E CATECHISME D E G E N E V E . 76

LE MINISTRE.

Recite donc qu'il veut dire en somme.

L'ENFANT.

Il nous enseigne de n'estre pas enclins à mal iuger ne detractor: mais plustost à bien estimer de noz prochains, tant que la vérité le porte, et con-server leur bonne renommée en noz parolles.

LE MINISTRE. ' )

Venons au dernier commandement.

L'ENFANT.

Tu ne convoiteras point la maison de ton pro-chain: tu ne convoiteras point la femme de ton prochain: ne son serviteur, ne sa chambrière,2) ne son bœuf, ne son asne, ne rien qui luy appartienne.

LE MINISTRE.

Veu que toute la Loy est spirituelle, comme tu as diet: et que les autres commandemens ne sont pas seulement pour reigler les œuvres exté-rieures, mais aussi les affections du cueur, qu'est-ce qui est icy diet davantage?

L'ENFANT.

Le Seigneur a voulu par les autres Comman-demens renger noz affections et ^oluntez: icy il veut aussi imposer loy à noz pensées, lesquelles emportent quelque convoitise et désir, et toutesfois ne viennent pas iusques à un vouloir arresté.

LE MINISTRE.

E n t e n s - t u que la moindre tentation qui

pour-• roit venir en pensée à l'homme fidèle soit péché:

encore qu'il y résiste, et n'y consente nulîement?

L ' E N F A N T .

Il est certain que toutes pensées mauvaises procèdent de l'infirmité de nostre chair: encore que le consentement n'y soit pas. Mais ie dy que ce commandement parle des concupiscences qui cha-touillent et poignent le cueur de l'homme, sans ve-nir iusque à propos délibéré.

LE MINISTRE.

Tu dis donc, que comme les affections mau-vaises, qui emportent volunté certaine et comme résolue, ont esté cy dessus condamnées: aussi que maintenant le Seigneur requiert une telle intégrité, [fol. 38] qu'il n'entre en noz cueurs quelque mau-vaise cupidité, pour les soliciter et esmouvoir à mal.

L'ENFANT.

C'est cela.

LE MINISTRE.

Ne pouvons nous pas maintenant faire un som-maire de toute la Loy?

MINISTER.

Ergo quid in summa veut, expone.

PUER.

Ne ad maie sentiendum de proximis, neve ad eos infamandos propensi simus, vetat: quin potius, hac nos aequitate et humanitate praeditos esse iu-bet, ut de illis, quantum Veritas patitur, bene sen-tiamus, suamque eis existimationem integram tueri studeamus.

. MINISTER.

Recita ultimum.

PDER.

Non concupisces domum proximi tui: non con-cupisces uxorem proximi tui: non servum, non an-cillam, non bovem, non asinum, nee quidquam aliud quod ipsius sit.

MINISTER.

Quum spiritualis sit tota lex, sicut etiani ante toties dixisti: nee tantum coercendis externis operi-bus, sed corrigendis etiam aniini affectibus posit»

sint superiora praecepta, quid hie amplius additur?

PUKE.

Reliquis praeceptis 'voluntates atque affectus regere et moderari voluit Dominus: hic vero etiam cogitationibus, quae nonnullam cupiditatem secum trahunt, neque tarnen perveniunt ad statam usque

deliberationem, legem imponit.

MINISTER.

Dicisne minimas quasque cupiditates, quae fide-libus obrepant, et ipsis veniant in mentem, peccata esse, etiam si resistant potius quam assentiantur?

PDER.

Constat certe, pravas omnes cogitationes, etiam si non accédât consensus, ex naturae nostrae vitio prodire. Verum hoc tantum dico, damnari hoc praecepto vitiosas cupiditates, quae ita cor hominis [fol. 47] titillant ac sollicitant, ut tarnen non per-trahant ad firmam deliberatamque voluntatem.

MINISTER.

ïïactenus ergo malos quidem affectus, quibus acquiescunt homines, et subigendos se permittunt, prohibitos fuisse intelligis: nunc vero tam exactam integritatem a nobis requiri, ut nullam perversam cupiditatem corda nostra admittant, qua ad pecca-tum stimulantur.a)

PUER.

Sic est.

MINISTER.

Licetne iam brève totius legis compendium col-ligere ?

1) Le 31. dimanche. — Le dixiésme commandement. — Toute tentation est vice. — La somme de la Loy. — Aimer Dieu de tout son cueur, etc. 2) servante 1561—1563.

3) stimulentur, Gall. Beza et rece.

77 O A T E O m S M U S G E N E Y E N S I S . 78

LENFANT.

Si faisons, la réduisant à deux» articles : dont le premier est, Que nous aymions nostro Dieu de tout nostre eueur, de toute nostre ame, et de tou-tes noz forces. Item nostre prochain comme nous-mesmes.

LE MINISTRE.

Qu'est-ce qu'emporte l'amour de Dieu?

L'ENFANT.

Si nous Paymons comme Dieu: c'est pour l'a-voir et tenir comme Seigneur, Maistre, Sauveur et Père: ce qui requiert crainte, honneur, fiance, obéis-sance, avec l'amour.

LE MINISTRE.

Que signifie, de tout nostre cueur, nostre ame, et noz forces?

L'ENFANT.

C'est à dire, d'un tel zèle, et d'une telle ve-hemence, qu'il n'y ait en nous nul désir, nulle vo-lunté, nulle cstude, nulle cogitation, qui contre-vienne à cest amour.

LE M I N I S T R E .1)

Quel est le sens du second article?

L'ENFANT.

C'est que comme nous sommes si enclins na-turellement à nous aymer, que ceste affection sur-monte toutes les autres, aussi que la charité de noz prochains domine tellement en noz cueurs, quelle nous meine et conduise, et soit la reigle de toutes noz pensées et noz œuvres.

LE MINISTRE.

E t qu'entens-tu par noz prochains?

L'ENFANT.

Non seulement noz parens et amis, ou ceux qui ont accointance avec nous: mais aussi ceux que nous ne congnoissons pas, et mesme noz ennemis.

LE MINISTRE.

Quelle conionction ont ilz avec nous?

L'ENFANT.

Telle que Dieu a mis entre tous les hommes de la terre, laquelle est inviolable: et [fol. 39] ainsi ne se peut abolir par la malice de personne.

LE MINISTRE.

Tu dis donc, que si quelqu'un nous hayt, cela est de son propre, mais cependant, que selon l'or-dre de DIEU, il ne laisse point d'estre nostre pro-chain, et nous le faut tenir pour tel.

L'ENFANT.

Voire.

PUER.

Maxime: siquidem earn in duo capita rediga-mus. Prius est: ut eum2) amemus ex toto corde, ex tota anima, ex totis viribus. Alterum: ut proxi-mos diligamus perinde ac nosmetipsos.

MINISTER.

Quid sub Dei amore continetur?

PUER.

Amare ipsum, sicutiDeum amaredecet: nempe, ut simul et dominus, et pater, et servator agnosca-tur. Itaque Dei amori adiuncta est eius reverentia, voluntas illi obsequendi, fiducia, quae in ipso col-locanda est.

MINISTER.

Quid per totum cor, totam animam et totas vires intelligis?

PUER.

Earn zeli vehementiam, ut nullis prorsus cogi-tationibus, nullis desidcriis, nullis studiis sit in no-bis locus, quae huic amori adversentur.

MINISTER.

Quis secundi capitis est sensus?

PUER.

Quemadmodum natura adeo propensi ad nos amandos sumus, ut hic [fol. 48] affectus alios om-nes superet: ita proximorum caritatem sic regnare in nobis decet, ut nos omni ex parte guberaet, sit-que omnium et consiliorum et operum régula.

MINISTEü.

Quid proximi tibi nom en significat?

PUER.

Non cognatos modo, et amicos, aut qui aliqua nobiscum necessitudine sunt coniuncti: sed etiam eos qui nobis incogniti sunt, adeoque inimicos.

MINISTER.

Quid autem illi coniunctionis nobiscum habent?

PUEB.

Nimirum coniuncti sunt eo vinculo, quo Uni-versum hominum genus Deus simul colligavit. Est autem id sacrosanctum et inviolabile, quod nullius pravitate aboleri potest.

MINISTER.

Dicis igitur, si nos quispiam oderit, esse hoc eius proprium: manere nihUominus ipsum nobis proximum, eoque loco a nobis habendum esse: quia stet inviolabilis Dei ordo, quo haec inter nos con-iunctio sancita est.

PUER.

Sic est.

1) Le 32. dimanche. — Que signifie le prochain. — 2) Lege: Deum, cum, recc. nonnuUis.

Nul ne s'acquite envers la Loy.