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LA FORME D'ADMINISTRER LE BAPTESME. 1 )

Il est à noter qu'on doit apporter les enfans pour I baptiser, ou le Dimanche, à l'heure du Catéchisme, ou les aultres iours au sermon, afin que comme le JBaptesme est une reception solennelle en l'Eglise, qu'il se face en la presence de l'Assemblée.

Le sermon achevé,2) on présente l'enfant. Et lors le Ministre commence à dire.

Nostre aide soit au Nom de Dieu qui a faict le Ciel et la terre. Amen.

Présentez vous cest enfant pour estre baptisé?

Respondent. °) Ouy.

Le Ministre.

Nostre Seigneur nous monstre en quelle pao-vreté et misère nous naissons tous, en nous disant, qu'il nous fault renaistre (lean 3, 3). Car s'il fault 1) L'édition de 1545 fait précéder le formulaire de l'in-troduelion suivante:

Attendu que le Baptesme est ung signe et Symbole par lequel nostre Seigneur nous testifie qu'il nous veult recevoir au nombre de son peuple et des héritiers de son Royaume, et qu'il no'us veult faire remission de nos péchez, par la pur-gation qu'a fait Iesus Christ en son sang, et nous régénérer par la sanctification de son Esprit: le Ministre de L'église mettra devant les yeux et diligemment admonestera ceux qui luy apportent l'enfant pour estre Baptisé, de ceste miserable servitude et de la povre condition et estât de la Nativité de l'homme: et leur declairera noz enfans estre malades de sem-blable maladie sans qu'ilz puissent aucunement estre guaris et venir à convalescence, sinon qu'ilz soyent secouruz par la sa-lutaire médecine de L'esprit de Dieu et illuminez. Et pource il faut qu'ilz prient le Seigneur vouloir ayder et assister à cest enfant et qu'il le ramené de la damnation éternelle, en la vie éternelle, selon sa voluntaire et gratuite election. Et affin que plus commodément il se face par le Ministre, nous avons icy mis une briefve exhortation enseignant telles choses.

2) 1558 suiv.: parachevé.

3) 1547 ss.: Response.

I que nostre nature soit renouvellée, pour avoir en-trée au Royaulme de Dieu: c'est signe, qu'elle est I du tout perverse et mauldicte. E n cela donques il nous admoneste de nous humilier et nous desplaire en nousmesmes: et en ceste manière il nous pre-pare à desires et requérir sa grace: par laquelle toute la perversité et malediction de nostre premiere nature, puisse estre ') abolie. Car nous ne sommes point capables de la recevoir, que premièrement nous ne soyons vuides de toute fiance de nostre vertu, sagesse et iustice: iusques à condemner tout ce qui est en nous.

Or, quand il nous a remonstré nostre mal-heurté: il nous console semblablement par sa mi-séricorde, nous promettant, de nous régénérer par son sainct Esprit, en une nouvelle vie, laquelle nous soit comme une entrée en son Royaulme. Ceste regeneration consiste en deux parties: c'est, que nous renoncions à nousmesmes, ne suyvant point nostre propre raison, nostre plaisir et propre volunté; mais subiugant e ta) captivant nostre entendement et nos-tre cœur, à- la sagesse et iustice de Dieu, mortif-fions8) tout ce qui est de nous et de nostre chair:

puis après, que nous suyvions la lumière de Dieu pour complaire et obtempérer à son bon plaisir, comme il nous le monstre par sa parolle, et nous y conduict et dirige4) par son Esprit. L'accom-plissement et de l'un et de l'aultre est en nostre Seigneur Iesus, duquel la mort et passion a telle vertu et efficace5) qu'en participant à icelle, nous sommes comme ensepvelis à péché: afin que noz concupiscences charnelles soyent mortiffiées. P a -reillement, par la vertu de sa resurrection, nous ressuscitons en nouvelle vie, qui est de Dieu: en-tant que son Esprit nous conduict et gouverne,

1) 1558 suiv.: soit abolie.

2) subiugant et, manque 1547 88.

3) 1545: mortifiant.

4) et dirige, manque 1547 ss.

5) et efficace, mangue 1547 88.

187 L A F O R M E ] pour faire en nous les œuvres, lesquelles luy sont agréables. Toutesfois le premier et le principal poinct de nostre salut, c'est que par sa miséricorde, il nous remette et pardonne ') toutes noz faultes, ne nous les imputant point: mais en effaceant la memoire, afin qu'elles ne nous viennent point en compte, en son Iugement. Toutes ces graces nous sont conférées, quand il luy plaist nous incorporer en son Eglise par le Baptesme. Car en ce sacre-ment, il nous testiffie la remission de noz péchez.

E t pour ceste cause, il a ordonné le signe de l'eaue, pour nous figurer, que comme par cest element les ordures corporelles sont nettoyées, ainsi il veult la-ver et purifier noz âmes, afin, qu'il n'y apparoisse plus aucune macule. Puis après, il nous y repré-sente2) nostre renouvellement, lequel gist, comme diet a esté, en la mortiffication de nostre chair, et la vie spirituelle, laquelle il produict et suscite3) en nous.

Ainsi nous recevons double grace et benefice de nostre Dieu, au Baptesme : moyennant que nous ne anéantissions point la vertu de ce sacrement, par nostre ingratitude. C'est que nous y avons certain tesmoignage, que Dieu nous veult estre Père propice, ne nous imputant point toutes noz faultes et offences. Secondement qu'il nous assis-tera par son sainct Esprit, afin que nous puissions batailler contre le Diable, le péché et les concu-piscences de nostre chair, iusques à en avoir vic-toire, pour vivre en la liberté de son Regne, qui est le Regne de iustice.

Puis donc que ainsi est, que ces deux choses sont accomplies en nous, par la grace de Iesus Christ: il s'ensuit que la vérité4) et substance du Baptesme est en luy comprise. Car5) nous vons point d'aultre lavement que son sang: et n'a-vons point d'aultre renouvellement qu'en sa mort et resurrection. Mais comme il nous communique ses richesses et benedictions, par sa parolle: ainsi il nous les distribue par ses Sacremens.

Or nostre bon Dieu, ne se contentant point de nous avoir adopté pour ses enfans, et receu en la communion de son Eglise, a voulu encores es-tendre plus amplement sa bonté sur nous. C'est, en nous promettant qu'il sera nostre Dieu, et de nostre lignée, iusque en mille generations (G-en. 17, 7 ss.). Pourtant, combien que les enfans des fidèles soyent de la race corrumpue d'Adam: si ne laisse il point toutesfois de les accepter, par la vertu de ceste alliance, pour les advouer au nombre de ses

1) et pardonne, manque 1547 ss.

2) 1542. 1545. 1559 suiv. Les autres ont: présente.

3) et suscite, mangue 1547 ss.

4) 1558 suit.: vertu.

5) 1558 suiv.: Et de fait.

E S P R I E R E S 188 enfans.l) A ceste cause, il a voulu dés le

com-mencement, qu'en son Eglise, les enfans receussent le signe de la circoncision, par lequel il represen-t o r lors represen-tourepresen-t ce qui nous esrepresen-t auiourdhuy monsrepresen-tre par le Baptesme. E t comme il commanaoit qu'ilz fussent circoncis: aussi il les advouoit pour ses en-fans, et se disoit estre leur Dieu, comme de leurs pères.

Maintenant donc, puis que le Seigneur Iesus est descendu en terre, non point pour amoindrir la grace de Dieu, son Père; mais pour espandre l'al-liance de salut par tout le monde, laquelle estoit pour lors enclose entre le peuple Iudaique:2) il n'y a doubte, que noz enfans ne soyent héritiers de la vie, qu'il nous a promise. Pour ceste cause8) sainct P a u l dit (1 Cor. 7, 14), que Dieu leB sanctifie dés le ventre de la mere, pour les séparer et discer-ner4) d'entre les enfans des payons et infidèles.

Pour ceste raison, nostre Seigneur Iesus Christ a receu les enfans \ qu'on luy presentoit: comme il est escrit au dix neufviesme chapitre de sainct Mat-thieu : Lors luy furent présentés .etc.s)

Puis qu'il dénonce, que le Royaulme des Cieulx leur appartient, qu'il leur impose les mains et les recommande à Dieu son P è r e : il nous instruict suffisamment que nous ne les devons point exclurre de son Eglise. E n suyvant donques ceste reigle, nous recevrons cest enfant en son Eglise pour le faire6) participant de tous les biens, qu'il a promis à ses fidèles. E t premièrement, le luy présente-rons par nostre oraison, disans tous de cœur hum-blement:

Seigneur Dieu, Père éternel et tout puissant, puis'qu'il t'a pieu, par ta clémence infinie, nous promettre que tu seras Dieu de nous et do noz en-fans: nous te prions, qu'il te plaise de conformer ceste grace en l'enfant present, engendré de père et de mere, lesquelz tu as appelle en ton Eglise:

et comme il t'est offert et consacré de par nous, que tu le vueilles recevoir en ta saincte protection, te declarant estre son Dieu et Sauveur, en luy re-mettant le péché originel, duquel est coupable toute la lignée d'Adam : puis après le sanctifiant par ton Esprit: afin que quand il viendra en eage de

cong-1) 1658 suiv.: des siens.

2) 1558 suiv.: des Iuifs.

3) 1558 suiv.: Et pourtant.

4) séparer et, manque 1547 ss.

5) Toutes les éditions postérieures à la première trans-crivent le passage entier: Lors luy furent présentés des petis enfans, afin qu'A mist les mains sus eux, et qu'il priast. Mais les disciples les reprenoyent (1545: tensoyent). Et Iesus leur dit: Laissez les petis enfans venir à moy, et ne les empes-chez point: car à telz est le Royaume des Cieux.

6) 1558 suiv.: afin qu'il soit.

189 E T C H I N T Z E C C L E S I A S T I Q U E S . 190 noissance,. il te recongnoisse et adore, comme sou

seul Dieu, te glorifiant en tojite sa vie, pour ob-tenir tousiours de toy remission de ses péchez. E t afin qu'il puisse obtenir telles graces, qu'il te plaise l'incorporer en la communion de nostre Seigneur Iesus pour estre participant de tous ses biens, comme l'un des membres de son corps. Exaulce nous Père de miséricorde: afin que le Baptesme, que nous luy communiquons selon ton ordonnance, produise son fruict et sa vertu, telle qu'elle nous est déclarée par ton Evangile :l)

Nostre Père, qui es es Cieulx2). Ton Nom soit sanctifié. Ton Regne advienne. Ta volunté soit faicte en la terre comme au ciel. Donne nous au-iourd'huy nostre pain quotidien. E t nous quitte noz debtes, comme nous quittons à ceux qui nous doyvent.s) E t ne nous induis point en tentation, mais nous délivre du mal.4) Amen.5)

Puis qu'il est question de recevoir cest enfant en la compagnie de l'Eglise Chrestienne: vous pro-mettez, quand il viendra en eage de discretion, de l'instruire en là doctrine, laquelle est receue au peuple -de Dieu, comme elle est sommairement com-prise en la confession dePoy, que nous avons tous.6)

l e croy en Dieu le Père 7) tout puissant, Créa-teur du ciel et de la terre. E t en Iesus Christ son seul Filz, nostre Seigneur. Conceu8) du sainct Es-prit, nay de la vierge Marie. A souffert soubz Ponce Pilate, crucifié, mort et ensevely. Est des-cendu aux enfers. L e tiers iour est ressuscité des mortz. Est monté aux cieux, séant9) à la dextre de Dieu le Père tout puissant. E t de là viendra iuger les vifz et les mortz. l e croy au sainct Es-prit. L a saincte Eglise universelle. L a commu-1) L'édition de 1545 termine ainsi: déclarée en l'Evan-gile par Iesus Christ ton Filz, nostre Seigneur, au Nom du-quel nous te prions en disant.

2) L'édition de 1542 ne transcrit que la première ligne de V Oraison dominicale, avec un etc. Nous ajoutons le texte entier, à cause des variantes.

3) 1558. 1566: Et nous pardonne nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensez.

4) 1558 suiv.: Car à toy est le regne, la puissance et la gloire es siècles des siècles.

5) L'édition de 1545 insère ici ce qui suit:

En après demandera le Ministre aux parens de l'en-fant:

Voulez vous que cest enfant soit baptisé au Nom du Père, et du Filz, et du sainct Esprit?

Iceux respondront:

Ouy.

Le Ministre, etc.

6) 1558 suiv. : à sçavoir.

7) 1542: le croy en Dieu le Père, etc. Voyez ci-dessus la note 2 relative à l'Oraison dominicale.

8) 1558. 1562 suiv.: Qui a esté conceu . . . . a esté cru-cifié . . . .

9) 1558. 1566: est assis. *

nion des Sainctz. L a remission des péchez. L a resurrection de la chair. L a vie éternelle. Amen.l) Tous promettez donques, dé mettre peine de l'instruire en toute ceste doctrine, et generallement en tout ce qui est contenu en la saincte Escriture du vieil et nouveau Testament: à ce qu'il le re-çoyve, comme certaine parolle de Dieu, venant du Ciel. Item, vous l'exhorterez à vivre selon la rei-gle, que nostre Seigneur nous a baillée en sa loy, laquelle sommairement consiste en ces deux poinctz : Que nous aimions Dieu de tout nostre sens, nostre cœur, et puissance : et nostre prochain comme nous-mesmes. Pareillement,2) selon les admonitions qu'il a faictes par ses Prophètes et Apostres, à ce que renonceant à soymesme, et à ses propres concupis-cences , il se dédie et consacre à glorifier3) le Nom de Dieu et de Iesus Christ et à édifier ses pro-chains. 4)

Apres la promesse faicte, on impose le nom à.

l'enfant: et lors le .Ministre5) le baptise.6) 1) L'édition de 1545 insère ici l'explication suivante:

Dont le sens est tel : Que nous protestons d'.avoir un seul Dieu, lequel nous adorons: auquel nous rendons toute louange et gloyre, lequel seul nous invoquons en toutes nos nécessitez et auquel nous rendons action de graces de tous les biens qui nous viennent. En après qu'en une seulle es-sence divine, nous recongnoissons le Père, le Filz et le sainct Esprit.

Pareillement que nous recevons pour certaine vérité L'his-toire qui est escripte en L'évangile touchant la Conception, Nativité, Mort, Besurrection et Ascencion de Iesus Christ: Et qu'il le faut attendre une fois, luge de tout le monde: et pour ce que tout ce qu'il a fait et souffert pour nous, ne doit pas estre vain ne inutile, il convient que nous tenions la somme et toutes les parties de nostre salut situées en ces choses qui sont icy referees.

Item que par la grace et vertu du sainct Esprit, nous suinmes faitz participans de Iesus Christ et de tous ses biens.

Et pour ceste cause nous adioustons, que nous croyons la saincte Eglise: car-Dieu nous régénère de son Esprit en son Eglise par le Ministère de sa Parolle et de ses Sacremens.

Item que nous espérons, que Dieu par sa miséricorde re-mettra tousiours les fautes à tous les membres de son Eglise : Les entretenant et conservant iusques à la resurrection bien heureuse, par laquelle ilz entreront en la vie éternelle.

2) 1545: Pareillement l'enseignerez à vivre comme vray Chrestien, selon les admonitions et exhortations . . . .

3) 1545 ajoute: et exalter.

4) L'édition de 1545 a ici un texte plus étendu: . . . . Iesus Christ son Filz, en portant sa croix après luy, c'est à dire, les tribulations et afflictions qu'il plaira au Seigneur luy envoyer, tellement que toute sa vie soit à l'honneur de Dieu et l'édification de son Eglise. Et pourtant l'exhorterez et ad-monesterez, le corrigeant où il faudra, ainsi qu'un chascun est tenu à son prochain et frère Chrestien, en sorte qu'il soit nourry et enseigné en la saincte doctrine de Dieu. Et ainsi le promettez.

Et ils respondent.

Ouy.

5) 1545 ajoute: luy mettant de l'eaue pure et nette sur la teste.

6) 1558 et suiv. ajoutent: disant.

191 LA FORME DBS PRIERES 192 Au Nom du Père, et du Filz, et du sainct

Es-prit.1)

Le tout se dit à haulte voix, en language vul-gaire: d'autant que le peuple qui assiste là, doit estre tesmoing de ce qui s'y fait, à quoy est requise l'in-telligence: et aussi, afin que tous soyent édifiez, en recongnoissant et réduisant en memoire, quel est le fruict et l'usage de leur Baptesme.

Nous sçavons qu'on faict ailleurs beaucoup d'aul-tres ceremonies, lesquelles nous ne nyons pas avoir esté fort anciennes; mais pource qu'elles ont été m-ventées à plaisir, ou, pour le moins, par quelque con-sideration legiere, quoy qu'il soit, puis qu'elles ont esté forgées sans la parolle de Dieu: d'aultre part, veu que tant de superstitions en sont sorties, nous

n'a-1) 1558 suiv.: N. le te baptize au nom etc. L'édition de 1545 ajoute ensuite ce qui suit:

Puis dit encore le Ministre.

Notre Seigneur Dieu par sa grace et bonté face que cest enfant qu'il a créé et formé à son Ymage et semblance, soit vray membre de Iesus Christ son Filz, portant fruict digne comme enfant de Dieu- Amen. Dieu soit avecques vous.

vons point faict difficulté de les abolir, afin qu'il n'y eust plus nul empeschement qui destournast le peuple d'aller droictement à Iesus Christ. Premièrement, ce qui ne nous est point commandé de Dieu, est en nos-tre liberté. D'avantage tout ce qui ne sert de rien à edification ne doit estre receu en VEglise: et s'il avoit esté introduict, il doit estre osté. Par plus forte rai-son, ce qui ne sert que à scandaliser, et est comme instrument d'idolâtrie et de faulses opinions, ne doit estre nullement toléré. Or il est certain, que le cresme, luminaire, et telles aultres pompes ne sont point de Vordonnance de Dieu: mais ont esté adioustées par les hommes: et en la fin sont venues iusque là, qu'on s'y est plus arresté et les à on eu en plus grand'es-time, que la propre institution de Iesus Christ. Pour le moins, nous avons telle forme de Baptesme que Ie-sus Christ a ordonnée, que les Apostres ont gardée et suyvie, que l'Eglise primitive1) a eu en usage, et ne nous peult on reprendre d'autre chose, sinon que nous ne voulons pas estre plus sages que Dieu mesme.

1) primitive, manque 1559 suiv.