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DES ARTICLES DEXA FOY

53 CATECHISMUS G-ENEYENBIS. 54

83 L E CATECHISME D E GENEVE. 84

LE MINISTEE.

Entens-tu qu'il le faille invoquer seul?

L'ENFANT.

Ouy. Car il demande cela, comme un hon-neur propre à sa Divinité.

LE MINISTRE.

Si ainsi est: en quelle sorte nous est-il loisible de requérir les hommes en nostre aide?

L'ENFANT.

Ce sont bien choses différentes. Car nous in-voquons Dieu, pour protester que nous n'attendons aucun bien que de luy, et que nous n'avons ail-leurs recours: cependant, nous cherchons l'aide des hommes, entant qu'il le nous permet, et leur donne le pouvoir et moyen de nous ayder.

LE MINISTKE.

Tu entens que ce que nous demandons secours des hommes, ne contrevient pas à ce que nous de-vons invoquer un seul Dieu: veu que nous ne met-tons pas nostre fiance en eux, et ne les cherchons, sinon entant que Dieu les a ordonné ministres et dispensateurs de ses biens, pour nous en subvenir.

L'ENFANT.

Il est vray. E t de faict, tout ce qui nous en vient de bien, il nous le faut prendre comme de Dieu mesme: ainsi qu'à la vérité il le nous envoyé par leurs mains.

LE MINISTKE.

E t ne nous faut-il pas neantmoins recongnois-tre [fol. 42] envers les hommes le bien qu'ilz nous font?

L'ENFANT.

Si fait bien: et ne fust-ce que pource que Dieu leur fait cest honneur, de nous communiquer ses biens par leurs mains. Car en ce faisant, il nous oblige à eux, et veult que nous leur soyons attenuz.

LE MINISTKE.

De cela pouvons-nous pas bien conclurre qu'il n'est licite d'invoquer Anges ne Saincts, qui sont décédez de ce monde?

L'ENFANT.

Ouy bien. Car des Saincts, Dieu ne leur a pas attribué cest office de nous aider et subvenir.

Touchant des Anges, combien qu'il les employe pour servir à nostre salut, toutesfois si ne veult il pas que nous les invoquions, ne que nous ayons nostre addresse à eux.

LE MINISTKE.

Tu dis donc, que tout ce qui ne convient à

MINIBTEB.

Eumne solum censes invocandum esse?

PUER.

Omnino. Id enim exigit, tanquam proprium numinis sui cultum.

MINISTER.

Si ita res habet, quonam licebit modo homi-nes ad opem nobis ferendam implorare?

r O E R .

Magnum vero inter haec duo discrimen est:

Deum enim quum invocamus, testamur nihil nos aliunde boni exspectare, nec alibi nos collocare to-tum nostrum praesidium: interea tarnen auxilia, quoad nobis permittit, facultatemque illis nos adiu-vandi contulit, quaerimus.

MINISTER.

Quod ergo ad hominum opem fidemque confu-gimus, nihil obstare dicis, quominus unum invoçe-mus Deum, quum fiducia in eos nostra minime recumbat: nec aliter imploremus ipsos, nisi quia benefaciendi facultate eos instruendo, beneficentiae suae ministros nobis quodammodo destinavit Deus, quorum per manus adiuvare nos et quae apud illos deposuit subsidia, érogare nobis velit.

IMJKR.

Sic sentio. Ac proinde quidquid ab illis bene-ficiorum percipimus, Deo acceptum referre conve-nit: sicuti re vera unn.s ipse ilia omnia nobis eorum ministerio largitur.

MINISTER.

[fol. 52] Yerum, annon hominibus tarnen, quo-ties aliquid in nos officii contulerunt, habenda est gratia? Id enim ipsa naturae aequitas, et lex hu-manitatis dictât.

I'UEK.

Habenda prorsus, vel ob unam hanc causam, quod hoc ipsos honore dignatur Deus, ut quae ex liberalitatis suae fonte inexhausto fluunt bona, per eorum m a n u s , tanquam per rivos, ad nos derivet.

Hac enim ratibne nos illis obstringit, atque id ip-sum vult nos agnoscere. Itaque qui se hominibus gratum non praebet, suam in Deum quoque ingra-titudinem hoc modo prodit.

MINISTER.

Hincne licebit colligere, perperam invocari turn angelos, turn sanctos Domini servos, qui ex hac vita demigrarunt?

PUEK.

Licebit. Neque enim Sanctis has partes attri-buit Deus, ut nobis opitulentur. Quantum vero ad angelos spectat: tametei eorum utitur opera in sa-lutem nostram, non tarnen a nobis vult implorari.

MINISTES.

Quidquid ergo ad ordinem a Deo institutum

85 CATECHISMUS G-ENEYENSIS. 86 l'ordre que le Seigneur a mis, contrevient à sa

vo-lunté. %

L'ENFANT.

Voire. Oar si nous ne nous contentons de ce que le Seigneur nous donne, cela est un certain signe d'infidélité. D'avantage, si au lieu d'avoir nostre refuge à Dieu seul, suyvant son commande-ment, nous recourons à eux, mettant en eux quel-que partie de nostre fiance, c'est idolâtrie, entant que nous leur transferons ce que Dieu s'estoit ré-servé.

LE MINISTRE. ' )

Disons maintenant de la manière de prier Dieu.

Suffit-il le faire de langue, ou si l'esprit et le cueur y est requis?

L'ENFANT.

L a langue n'y est pas tousiours nécessaire:

mais il faut qu'il y ait intelligence et affection.

LE MINISTRE.

Comment le prouveras-tu?

L'ENFANT.

Puis que Dieu est Esprit, il demande tousiours le cueur: et singulièrement en oraison, où il est question de communiquer avec luv. Pourtant, il ne promet d'estre prochain, sinon à ceux qui l'in-voqueront en vérité: au contraire, il maudict tous ceux qui le font par hypocrisie, et [fol. 43] sans affection (Ps. 145, 18; les. 29, 13).

LE MINISTEE.

Toutes prières donc faictes seulement de bouche, sont superflues.

L'ENFANT.

Non seulement superflues, mais aussi desplai-santes à Dieu.

LE MINISTRE.

Quelle affection doit estre en la prière?

L'ENFANT.

Premièrement, que nous sentions nostre misère et povreté: et que ce sentiment cause en nous une fascherie et angoisse: puis que nous ayons un désir vehement d'obtenir grace devant Dieu, lequel désir enflambe noz cueurs, et engendre en nous un ar-deur de prier.

LE MINISTRE.

Cela procede-il de nostre nature, ou de la grace de Dieu?

L'ENFANT.

Il faut que Dieu y besongne. Car nous som-mes trop stupides: mais l'Esprit de Dieu nous in-cite à gemissemens inénarrables, et forme en noz

apte congruenterque non quadrat, id cum eius vo-luntate pugnare dicis.

PUER.

Sic est. Certum enim infidelitatis signum est, iis quae dat nobis Deus, non esse contentos. Deinde si in sanctorum, angelorumve fidem nos conferamus, ubi nos ad se unum Deus vocat, partemque fidu-ciae, quae tota residere in solo Deo debuerat, trans-feramus in. ipsos, in idololatiïam prolabimur: quum scilicet partiamur inter eos, quod sibi Deus in so-lidum uni2) vindicabat.

MINISTER.

[fol. 53] Nunc de orandi ratione tractemus.

Sufficitne ad orandum lingua: an mentem etiam et cor requirit oratio?

l'UER.

Lingua quidem non semper necessaria est: in-telligentia vero et affcctu nunquam carere potest vera oratio.

MINISTER.

Quo mihi argumento hoc probabis?

PUER.

Quandoquidem Deus spiritus est, quum alias semper cor ab hominibus exigit, tum vero in ora-tione praesertim, qua cum ipso communicant.3) Quam-obrem non nisi iis qui eum in veritate invocave-rint, propinquum se fore pollicetur: ex adverso au-tem exsecratur omnes et maledicit, qui per fictio-nem, et non ex animo precantur.

MINISTER.

Yanae ergo et nihili erunt preces quaecunque Lingua tantum conceptae fuerint.

PUER.

Non id modo: sed Deo etiam summopere dis-plicebunt.

MINISTER.

Quälern in oratione affectum exigit Deus?

I'UER.

P r i m u m , inopiam miseriasque nostras sentia-mus: utque is sensus moerorem in animis nostris et anxietatem generet: deinde ut vehementi serio-que obtinendae a Deo gratiae desiderio aestuemus:

qui precandi quoque ardorem in nobis accendat. *)

MINISTER.

A nativone hominibus ingenio manat hie affec-tus, an a Dei gratia Ulis provenit?

PUER.

Deum hic nobis subvenire necesse est. Nos enim ad utrumque prorsus sumus stupidi. Spiritus Dei est, qui inenarrabiles gemitus excitât in nobis, 1) Le 35. dimanche. — Il faut prier de cueur. •

2) uni dee.it in cd. Bezae et posterioribus eandem sequentibus. 3) 1563 etc. add. sua vota. 4) qui . . . . accendat. Sic mendose legunt edd. antiquiores. Oàllasius et post eum Beza correxerunt: quae . . . . accendant; edd.

minores 1561 seqq. quod . . . . accendat, quod nobis praeferendum videtur.

6*

87 L E CATECHISME D E G E N E Y E . 88 cueurs telle affection, et tel zèle que Dieu demande,

comme dit sainct Paul (Rom. 8, 20; Gai. 4, 6).

LE MINISTRE.

E s t - c e à dire, que nous ne devions pas nous inciter et soliciter à prier Dieu?

L'ENFANT.

Non. Mais au contraire, afin que quand nous ne sentons pas en nous telle disposition, que nous supplions le Seigneur qu'il l'y mette, pour nous rendre capables et idoines à le prier deuement.

LE MINISTRE.

Tu n'entens pas toutesfois, que la langue soit du tout inutile en prières.

L'ENFANT.

Non pas. Car quelque fois elle aide l'esprit, et le retient, le fortifiant, à ce qu'il ne se des-tourne pas si tost de Dieu. D'avantage, puis qu'elle est formée pour glorifier Dieu, par dessus tous les autres membres, c'est bien raison qu'elle s'y em-ploye en toutes sortes: et aussi le zèle du cueur, par son ardeur et vebemence, contraint souvent la langue à parler sans que on y pense.

LE MINISTRE.

Si ainsi est, qu'est-ce de prier en langue [fol.

44] incongneue?

L ' E N F A N T .

C'est une moquerie de Dieu, et une hypocrisie perverse (1 Cor. 14).

LE MINISTRE. *)

Quand nous prions Dieu, est-ce à l'adventure, ne sachant point si nous profiterons ou non? ou bien si nous devons estre certains que noz prières seront exaucées?

L'ENFANT.

I l nous faut tousiours avoir ce fondement en noz prières, qu'elles seront receues de Dieu: et que nous obtiendrons ce que nous requérons,2) entant qu'il sera expedient. E t pourtant dit sainct Paul, que la droicte invocation procède de la Foy (Rom.

10, 14). Car si nous n'avons fiance en la bonté de Dieu, il nous est impossible de l'invoquer en vérité.

LE MINISTRB.

E t que sera-ce de ceux qui doutent, et ne sa-vent si Dieu les escoute, ou non?

L'ENFANT.

Leurs prières sont du tout frivoles, d'autant qu'elles n'ont nulle promesse. Car il est diet, que

1) Le 36. dimanche. — H faut prier avec certaine querrons 1553 -luiv.

3) Beza addidü: ut ait Paulus.

animosque nostros format in haec desideria, quae in oratione requiruntur.8)

MINISTER.

[fol. 54] Eone spectat haec doctrina, ut resides, et quodammodo oscitantes motum spiritus exspecte-mus, née se quisque ad orandum sollicitét?

PUER.

Minime vero. Quin hic potius est finis: ut dum frigere se, et ad orandum pigros vel minus bene comparâtes sentiunt fidèles, ad Deum protinus confugiant, seque inflammari postulent ignois spiri-tus eius aculeis, quo ad orandum reddantur idonei.

MINISTER.

Non tamen intelligis, nullum in precibus esse linguae usum.

PUER.

Nequaquam. Est enim saepe adiumento ad sub-levandam retinendamque mentem, ne tam facile a Deo abBtrahatur. Praeterea quum ad illustran-dam Dei gloriam creata sit prae aliis membris, to-tam eius facultatem in hune usum explicari par est.

Ad haec, hominem interdum studii vehementia hue impellit, ut praeter consilium lingua in vocem pro-rumpat.

MINISTER.

Si ita est, quid proficiunt qui exotica lingua sibique non intellecta orant?

FUERj

Id vero nihil est aliud, quam cum Deo ludere.

Ergo a Christianis facessat haec hypocrisis.

MINISTER.

Verum, quum precamur, facimusne id fortuite de successu incerti, an vero constitutum id certo ha-bere nos oportet, exauditum nos iri a Domino?

PEER.

Hoc perpetuum sit orationis fundamentum, ex-auditum nos iri a Domino, et quidquid petierimus impetraturos, quatenus nobis conducet. Hac ratione docet Paulus, ex fide manare rectam invocationem Dei. Nam rite nemo unquam ipsum invocabit, nisi [fol. 55] qui in certa bonitatis eius fiducia prius ac-quieverit.

MINISTER.

Quid ergo his fiet, qui haesitantes orant, nee in animis suis statuunt, quid sint orando profec-turi: imo incerti sunt, audiantur necne a Deo suae I preces?

PDER.

Vanae sunt ac irritae ipsorum preces, quum nulla promissione sint suffultae. Iubemur enim fiance. — Il ne faut prier qu'au Nom de Christ. 2)

re-89 CATECHISMUS G E N E V E N S I S . 90