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CHAPITRE PRÉLIMINAIRE

L’AVENTUTE D’UNE VIE AU SERVICE DE L’HUMANITÉ

DRAME KANDJI 50 CHRONOLOGIE DE LA VIE ET DE L’ŒUVRE DE FRIDTJOF NANSEN EN FAVEUR DES RÉFUGIÉS

FRIDTJOF NANSEN – Ce nom de Fridtjof Nansen, demandons à la nouvelle génération si elle le connaît ? On peut se le demander, car les évènements d’aujourd’hui autour de l’actualité concernant la question des réfugiés, des personnes déplacées, des apatrides, des migrants nous interpellent. C’est pour cette raison que je saisis cette occasion afin de m’interroger sur ses origines, sur sa vie et son œuvre au sein de la Société des Nations.

Il fallait pour bien comprendre ce personnage, aller dépouiller les archives de la Société des Nations à Genève, à New-York et à Paris. En essayant de comprendre qui est Fridtjof Nansen, dans le dépouillement des Archives surtout à Genève, j’ai découvert non seulement l’exposé d’une vie remplie d’exemples inspirateurs, mais également les nouvelles raisons pour cette génération de femmes et d’hommes de croire à la perfectibilité humaine.

Comme le disait Jean-François Cabrières dans la Préface de son ouvrage analogue recommandé aux jeunes : « (…) Encore qu’apparemment détaché des formes traditionnelles du sentiment religieux, Fridtjof Nansen est pour nous un véritable prophète, c’est-à-dire un visionnaire au meilleur sens du mot, un réparateur de brèches, un annonciateur de temps nouveaux où, sur une terre de misère, régneront enfin la justice et la paix. L’heure était donc venue de ranger au nombre des Vainqueurs, celui que l’on a si justement surnommé : la conscience de l’Europe »125.

De même, il y a quelques décennies, un groupe d’étudiants norvégiens de l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales (H.E.C.) de l’Université de Lausanne animés par James Stove Lorentzen126, soucieux de voir leur pays entrer dans la Communauté européenne, avaient demandé à Tim Greve de pouvoir éclairer la longue marche vers une nouvelle frontière par l’évocation dans leurs cahiers rouges d’une grande figure, celle de Fridtjof Nansen.

Ainsi ces étudiants, qui pensaient avec Sénèque qu’ « il n’y a de bon vent que pour celui qui sait où il va », ont choisi le personnage le plus propre à leurs yeux à incarner leurs rêves et le génie de la nation norvégienne et l’auteur le mieux approprié pour dire ce que Nansen a été et ce qu’il a fait127. C’est pourquoi Tim Greve a brossé un portrait à la hauteur et à la mesure de ce personnage qu’il admirait et qu’il aimait. Mais voici que, sa tâche achevée, l’écrivain est décédée en 1986. Il avait remis aux étudiants qui l’avaient sollicité, et ceux-ci

125 WARTENWEILER, Fritz, L’Aventure d’une vie Fridtjof Nansen, Le Viking Intrépide, Editions Labor et Fides, Genève, 1945, pp. 1-2, vol. 247.

126 James Stove Lorentzen est un homme politique norvégien, membre du Comité de la santé et des affaires sociales du conseil municipal d’Oslo/ St Urlason pour la période 2015-2019. Il a été représentant du conseil municipal et président du Comité des finances du conseil municipal pour la période 2011-2015.

127 GREVE, Tim, Fridtjof Nansen, Traduction de l’allemand par Claire Camperio-Tixier, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, Centre de recherches européennes Lausanne, 1989, p. 9, vol. 82.

DRAME KANDJI 51 avaient transmis à leur équipe, un flambeau dont il importait qu’ils ne laissaient pas s’éteindre la lumière128.

Les origines de Fridtjof Nansen, ses années d’enfance et de jeunesse

Fridtjof Nansen naquit à Oslo le 10 octobre 1861, au domaine de Store Fröen, dans le Vestre Aker, à 3 km de la banlieue de Christiana (appelée maintenant Oslo). Son père était juriste indépendant. Lui-même et la mère de Nansen avaient chacun d’un premier mariage des enfants qui étaient déjà grands. Ces demi-frères et sœurs s’occupèrent beaucoup de Fridtjof Nansen et de son frère Alexander pendant leur enfance et leur jeunesse129.

La maison où Fridtjof Nansen passa son enfance a, par la suite, été englobée dans les faubourgs de la capitale, mais entre 1860 et 1870, ce quartier gardait encore son caractère rural. A un jet de pierre de la maison de Nansen s’étendaient la campagne et de vastes forêts, qui lui offraient la possibilité de chasser, de pêcher et de skier, activités qui marquèrent de bonne heure sa personnalité130. En effet, il aimait passionnément le ski, sport national qui, à l’époque, était très négligé et qui était considéré comme exclusivement réservé aux hommes.

Ses parents lui enseignèrent à vivre une vie simple et frugale afin de l’initier à la rigueur et à la ténacité. C’est grâce à cette éducation que Fridtjof Nansen et ses frères réussirent à se débrouiller seuls dans la nature.

Cette éducation a profondément influencée sa personnalité. Ces traits abondèrent sur l’enfance de ce personnage charismatique, qui le montra en s’exerçant déjà à développer sa vigueur, son endurance et sa maîtrise de soi. L’éducation à la maison était sévère, presque spartiate, tout en laissant une grande liberté. De plus, cette éducation lui apprit à aimer et à sentir la nature. Elle le rendit sobre, vigoureux, endurant et social ; elle durcit sa volonté et lui apprit à connaître sa propre force et ses propres capacités. Il formula plus tard les maximes dont, adolescent, il s’inspirait déjà : « Devenir l’ami de la nature, être libre, indépendant, avec une volonté et un corps endurcis, bref un homme qui se connaît soi-même, qui exige le plus de lui et le moins des autres, tel doit être l’idéal de la jeunesse norvégienne »131.

128 Tim Greve, né le 20 février 1926 à Bergen et décédé le 27 avril 1986. Il était historien norvégien, biographe, fonctionnaire, diplomate et rédacteur en chef de presse norvégienne. En 1954, il épousa la juriste Marit Nansen, petite-fille de Fridtjof Nansen. Il a fait ses études à l’Université d’Oslo, où il s’est spécialisé en histoire et en sciences politiques. Attaché depuis 1951 au Ministère des Affaires étrangères, il a passé un an à Paris auprès des quartiers généraux de l’OTAN. Il a été secrétaire du Ministère des Affaires étrangères de 1953 à 1960, et a travaillé ensuite durant deux ans à l’Ambassade de Norvège à Bonn. De 1962 à 1966, il a été secrétaire de la Commission parlementaire des Affaires étrangères. De retour au Ministère des Affaires étrangères, il y a assumé de 1967 à 1973 la responsabilité de l’information et des questions culturelles.

129 Ibid., Lausanne, 1989, p. 21.

130 CHISTENSEN, Chr. A. R., Fridtjof Nansen, Une vie au service de la science et de l’humanité, ORG/REF/LON/13 D (FRE), p. 1.

131 RISTELHUEBER, René, La double aventure de Fridtjof Nansen (explorateur et philanthrope), Editions Variétés, Dussault et Péladeau, Montréal, 1944, p. 19, vol. 317.

DRAME KANDJI 52 Son amour de la nature, cette familiarité avec elle développée dès son jeune âge jouèrent un rôle déterminant lorsqu’en 1880 il s’inscrivit à l’Université de Christiana. Il choisit pour sujet d’étude la zoologie132.

Les études et la formation de Fridtjof Nansen : un double aventure

Lorsque Fridtjof Nansen termina honorablement ses études secondaires, son père souhaitait l’envoyer dans une Académie militaire. L’enseignement y était gratuit et son fils avait eu largement la possibilité, en tant qu’officier, de cultiver son amour de la nature. Mais il lui fallait faire choix d’une carrière et Fridtjof Nansen décida de faire des études universitaires de Zoologie et les commença en 1881. En effet, un ami de son père avait besoin d’un étudiant en zoologie pour faire un voyage en Mer glaciale arctique afin d’observer les cétacés et les phoques. Le navire avait un équipage de soixante-deux hommes – et l’étudiant Nansen comme seul passager133.

Pourtant il raconta à ses jeunes auditeurs de l’Université Saint Andrews la façon dont fut résolu son choix :

« J’avais un penchant pour les sciences, mais quelle science ? La physique et la chimie m’intéressaient. Cependant « Master Irresponsible », sur lequel je n’avais, à cette époque, pas de contrôle, ne goûtait pas fort ce genre de travail. Un beau jour, il me mit soudain en tête que la zoologie serait préférable : son étude semblait promettre d’être plus amusante en offrant des occasions de chasse et de vie au grand air. Je me décidai donc pour la zoologie »134. Toutefois, son professeur de zoologie portait une grande importance à l’étude des animaux de l’océan Arctique. C’est pourquoi il souhaitait se joindre à une expédition de chasseurs de phoques afin de poursuivre ses recherches scientifiques. Mais son professeur n’avait plus l’âge de prendre les risques d’un voyage difficile, il sollicita son étudiant Fridtjof Nansen. Ce voyage au bord du Viking, devait avoir de grandes répercussions sur sa carrière future. C’est pourquoi Nansen sauta sur l’occasion, ainsi qu’à vingt ans, en mars 1882, il s’embarqua pour sa première croisière dans l’océan Glacial sur le Viking, petit voilier de 620 tonnes135. C’est la première découverte de l’océan Arctique, une réalisation du rêve de son enfance qui constitua un véritable enchantement.

Ce voyage était difficile, brutal et dépassait encore tout ce que Nansen imaginait. Il raconta son voyage :

« J’étais sur le pont. Quelque chose de blanc émergea de l’obscurité. Cela grandissait en brillant d’une blancheur encore plus intense sur le fond noir de la nuit. Je tressaillis.

Pourquoi cette étrange émotion ? Après tout, j’avais déjà vu bien des banquises aussi grandes…Mais celle-ci venait du champ de glaces infini du Nord… Elle signifiait que nous

132 Ibid., Fridtjof Nansen, ORG/REF/LON/13 D (FRE)

133 GREVE, Tim, Fridtjof Nansen, Traduction de l’allemand par Claire Camperio-Tixier, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, Centre de recherches européennes, Lausanne, 1989, Op.cit., 21.

134 RISTELHUEBER, René, La double aventure de Fridtjof Nansen, Editions Variétés, Montréal, 1944, Op.cit., pp. 22-23, vol. 317.

135 Ibid., Montréal, 1944, p. 22 ;

DRAME KANDJI 53 étions au seuil d’un monde nouveau et inconnu qu’illuminait toute l’imagination d’un jeune esprit plein d’amour pour l’aventure »136. Mais le jeune homme, par sa force et son ambition, mit en jeu tout ce qu’il eût de courage moral et physique, de volonté et d’endurance, et toutes ses qualités de chef. Ce monde lui convenait parfaitement.

Néanmoins, il continua dans ses études scientifiques.

Ainsi, en 1882, il fut nommé au Musée de Bergen, où il mena bien son premier travail personnel, qui était une enquête sur les complexités du système nerveux central des animaux inférieurs. Le chef de file de cette étude dans le musée en était Daniel C. Danielsen, qui avait accompagné l’expédition norvégienne à la Mer de Glace de 1876-1878 en tant que zoologue.

Une autre personnalité hors pair était son gendre, le médecin-chef Armauer Hansen, devenu mondialement connu par sa découverte en 1873 du bacille de la lèpre.

Ce musée faisait travailler depuis plus ou moins longtemps des chercheurs de nombreux pays. C’était l’époque de la percée définitive des idées de Darwin, et Bergen offrait largement la possibilité d’étudier les animaux de la mer. C’est pourquoi Fridtjof Nansen décrivit les courants marins de la Norvège de l’Ouest comme un eldorado pour les zoologues.

L’un des hôtes américains du musée offrit à Nansen de travailler avec le Professeur Othniel Marsh à l’Université de Yale. Cependant, malgré l’intérêt très stimulant de cette proposition, Nansen résolut de terminer ses études à Bergen137.

Il décida très tôt de se consacrer à la recherche. Son premier traité, qui rencontra l’approbation des gens du métier, qui lui valut une place dans le milieu de la zoologie internationale. Ses articles furent publiés dans une revue allemande spécialisée. Il publia d’autres études sur la structure du système nerveux central des « myxina glucinosa ». Elle constituait le prélude à sa thèse de doctorat, qu’il rédigea en 1888, au retour de ses voyages en Allemagne et en Italie, qu’il intitula : « La structure, la coordination et les éléments histologiques du système nerveux central »138.

Il y travaillait encore lorsque lui parvint une seconde offre des Etats-Unis. Elle émanait cette fois de l’Université d’Indiana. Mais il la déclina, ou plus exactement il fit attendre sa réponse si longtemps que le poste était déjà pourvu lorsqu’il demanda si, en l’acceptant, il pourrait continuer ses recherche sur place. C’est une thèse sur ce sujet qui lui valut son titre de docteur de l’Université de Christiana, en 1888.

La gloire de Fridtjof Nansen dans sa traversée du Groenland

136 Ibid., Editions Variétés, Montréal, 1944, pp. 22-23, vol. 317.

137 GREVE, Tim, Fridtjof Nansen, Traduction de l’allemand par Claire Camperio-Tixier, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, Centre de recherches européennes, Lausanne, 1989, Op.cit., pp. 22-23, vol. 82.

138 Ibid., Lausanne, 1989, p. 23, vol. 82.

DRAME KANDJI 54 En tant qu’explorateur, la gloire de Nansen se fonda sur deux découvertes seulement : la traversée de l’inlandsis groenlandaise du 16 août au 24 septembre 1888, et son fameux voyage avec le Fram à travers le bassin polaire du 22 septembre 1893 au 19 juillet 1896139. L’année même qui suivit son expédition à Jan Mayen, Fridtjof Nansen commença à dresser les plans d’un voyage à travers le Groenland, l’île la plus grande du monde. L’intérieur de cette terre déserte était resté inexploré et les milieux scientifiques de l’époque soutenaient les théories les plus diverses et les plus étonnantes sur les conditions de vie au Groenland.

Mais Nansen désirait beaucoup voir par lui-même ce qu’il en était et estima que les skis étaient le moyen de progression le plus adapté à ces régions inhospitalières ; l’aéroplane ne devait naturellement, devenir un moyen utile que bien des années après140.

Ainsi, durant l’été 1886, Nansen apprit que le savant américain Robert E. Peary, grand spécialiste des questions polaires, et le Danois Kr. Maigaard avaient réussi à pénétrer de 160 km dans les territoires glaciaires du Groenland. C’est sans doute cette expédition qui le décida à préparer une traversée de ces régions. Il faisait confiance à ces capacités physiques et pensait la conduite avec un petit groupe de skieurs norvégiens chevronnés. C’est dans cette optique qu’il annonça publiquement son intention en 1887 et, en 1888, il mit son plan à exécution avec cinq compagnons.

Les spécialistes à qui il soumit ses plans estimèrent qu’une telle entreprise était beaucoup trop dangereuse. Personne n’était jamais allé dans la chaîne montagneuse de l’intérieur du Groenland. Mais Nansen tint. Il se mit en quête de participants dont la maîtrise du ski serait pour lui un critère déterminant. Son plan était de partir de la côte ouest. Ainsi, tout retour en arrière était exclu. S’ils étaient contraints de faire demi-tour, toute communication avec le reste du monde serait impossible, et aucun navire ne pourrait venir les chercher141.

Cette expédition était audacieuse, elle intervint quelques semaines à peine après la soutenance de thèse de Fridtjof Nansen. Il mena à bien ce projet accompagné de préparatifs minutieux avec tous les risques que cela pouvait engendrer, ainsi que les difficultés, les conditions de la neige qui pouvaient être défavorables aux participants. Son objectif était de traverser la calotte glaciaire de l’est à l’ouest : un choix inédit dans ces genres d’expédition.

Il fallait partir d’une zone inhabitée vers les régions peuplées de l’ouest. Aucun retour en arrière ne fût permis. La méthode de Nansen était de « brûler ses navires et se couper la

139 Les dates ci-dessus ne se rapportaient qu’aux durées effectives du séjour sur l’inlandsis et dans la banquise du bassin polaire inférieur. Voir W. C. BROGGER et N. ROLFSEN, Fridtjof Nansen, 1861-1893, trad.

Allemande d’Eug Von ENZBERG, Berlin, Fussinger, 1897, p. 478.

140 CHRISTENSEN, Chr. A. R., Fridtjof Nansen, Une vie au service de la science et de l’humanité, N° 63, ORG/REF/LON/13 D (FRE).

141 GREVE, Tim, Fridtjof Nansen, Traduction de l’allemand par Claire Camperio-Tixier, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, Centre de recherches européennes, Lausanne, 1989, Op.cit., p. 25, vol. 82.

DRAME KANDJI 55 retraite »142. C’était une folle expédition selon les experts, mais déterminé, Nansen décida d’aller au bout de ses ambitions : le rêve prépara la réalité.

C’était un rêve aux choses inconnues, une expédition qui déterminera la trame de son existence. Ses rêves trouvèrent un allié dans la passion de l’aventure, du goût pour la lutte et pour le réel. Cette aventure était un besoin nécessaire pour Nansen afin de se mesurer avec les difficultés et les dangers, de découvrir les choses cachées, de vivre ses passions au-delà de la banalité quotidienne, besoin profondément enraciné dans l’âme humaine, qui constitua la source de notre existence.

Comme disait Fridtjof Nansen :

« Enlever de l’histoire les expéditions polaires, répète-t-il, et dites si elle n’en serait pas appauvrie ! Elles ont appris aux hommes ce qu’est la volonté qui surmonte tous les obstacles. Dans l’affaissement général des temps troublés, elles ont été une école d’endurance et de maîtrise de soi. Aux enfants elles ont ouvert toutes grandes les portes du royaume de la fantaisie, aux adolescents elles ont proposé des idéaux virils, aux adultes elles ont inspiré le désir de s’élever au-dessus des petitesses de la vie terre à terre »143.

Toutefois l’idée le poursuivit d’entreprendre des recherches dans ces espaces inexplorés. Ce choix du voyage fut caractéristique de Nansen et décida de l’avenir du chercheur. Le voyage fut difficile, incroyablement risqué et fatigant avec un équipement et des provisions limitées à ce qu’ils pouvaient porter sur leur dos ou tirer derrière eux, sur des traîneaux montés sur skis. Fridtjof Nansen et compagnons manquaient beaucoup de graisses. En dépit des difficultés et des dangers de son expédition, Nansen triompha. Avec ses soixante braves compagnons, ils passèrent l’hier Godthaab. Ils furent heureux de se mettre à toutes les besognes.

En outre, durant son voyage, Nansen rencontra l’explorateur suédois Nordenskjöld dans le

« Véga », le bateau sur lequel il revenait de son expédition à la découverte du passage du Nord-Ouest. Ils voisinaient ; ils échangeaient des renseignements car l’instinct de la camaraderie était inné en lui. Fridtjof Nansen réconfortait les esprits chagrins :

« Nous irons à terre ; nous fonderons une colonie. Avec des phoques et des ours, on ne meurt jamais de faim. Quelle belle vie ce serait ! »144.

A son retour en Norvège, ayant perfectionné des méthodes qu’il appliquait d’une façon très personnelle, il publia le résultat de ses recherches sur le système nerveux central des vertébrés inférieurs. C’était une étude remarquable qui attira sur lui l’attention du monde

142 CHRISTENSEN, Chr. A. R., Fridtjof Nansen, Une vie au service de la science et de l’humanité, N° 63, Op.cit., ORG/REF/LON/13 D (FRE).

143 WARTENWEILER, Fritz, L’aventure d’une vie, Fridtjof Nansen, Le viking intrépide, Editions Labor et Fides, Geneva, 1945, Op.cit., p. 23, vol. 243.

144 RISTELHUEBER, René, La double aventure de Fridtjof Nansen, Editions Variétés, Montréal, 1944, Op.cit., p. 26, vol. 317.

DRAME KANDJI 56 entier. Il devint sans aucun doute un savant de renom et à l’âge de vingt-cinq ans, il s’était déjà connu dans les milieux scientifiques grâce à son génie inventif, sa brillante carrière riche en découverte. Plusieurs Universités lui adressèrent des offres séduisantes comme celles des Etats-Unis, mais il répondit négativement.

Même la Société britannique de géographie lui décerna sa grande médaille d’or pour avoir

« fait preuve des plus hautes qualités de l’explorateur » en s’aventurant dans une contrée glaciale où il savait n’avoir pas de retraite possible145.

La Vie des Esquimaux

Il écrivit un livre intitulé : « Eskimo life »146, un ouvrage qui décrit une population composée en grande partie d’Esquimaux. Fridtjof Nansen s’était passionnément intéressé à eux, à leurs mœurs. Il fut pris d’une immense sympathie, faite d’admiration et de pitié, pour ce petit peuple doux, honnête et naïf qui, malgré les rigoureuses conditions de son climat, loin de se plaindre, savait trouver un charme à la vie en se pliant docilement à ses rudes nécessités et

Il écrivit un livre intitulé : « Eskimo life »146, un ouvrage qui décrit une population composée en grande partie d’Esquimaux. Fridtjof Nansen s’était passionnément intéressé à eux, à leurs mœurs. Il fut pris d’une immense sympathie, faite d’admiration et de pitié, pour ce petit peuple doux, honnête et naïf qui, malgré les rigoureuses conditions de son climat, loin de se plaindre, savait trouver un charme à la vie en se pliant docilement à ses rudes nécessités et