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L’Autre barré de la narrativité littéraire

11. Psychanalyse et théorie narrative

11.3.6. Les valeurs, le Destinateur et le Nom du Père 1. Le thymique

11.3.6.3. L’Autre barré de la narrativité littéraire

Petitot n’a pas rapproché le Destinateur du Nom du Père mais il l’a assimilé à l’Autre lacanien. Cette assimilation supporte l’hypothèse qu’il existe un certain type de récits dont la structure actantielle ne présente pas la consistance assurée par le Destinateur en tant qu’Autre non barré :

(…) les valeurs circulantes renvoient à des sources de prégnance qui échappent aussi bien au niveau sémio-narratif qu’au niveau discursif-figuratif et que le déséquilibre initial se situe du côté de ces sources. On peut voir dans cette affirmation la traduction sémiotique de l’Autre lacanien. Dans les mythes et les contes, l’Autre est hypostasié dans un Destinateur transcendant garant des valeurs. Le déséquilibre initial est donc d’emblée axiologisé pour être ensuite idéologiquement corrigé. Dans les récits à héros problématiques, il n’en va pas de même et une interprétation métapsychologique est justifiée (Petitot1992:387; je souligne).

Et Petitot d’ajouter qu’il faut intégrer à la théorie narrative une « logique pulsionnelle » qui rende compte de ces structures sémio-narratives dont les univers axiologiques, en raison d’une rupture entre les deux formes de communication participative et polémique, sont ouverts, inconsistants, bref, pastous :

Dans le cadre d’ une analyse des mythes et des contes une telle composante ne serait pas à proprement parler opératoire car, de même que l’ Autre est hypostasié en un Destinateur, les valeurs sont axiologiquement normées (et en général d’origine sociale). Mais il n’en va plus du tout de même dès que l’on aborde les univers romanesques et/ou tragiques qui, précisément, “dé-construisent” les axiologies et les idéologies socialement dominantes, qui intègrent à leur “intelligence syntagmatique” un démasquage des objets comme “trompe-l’oeil” et de la narrativité comme simulacre, qui problématisent les sujets (les sujets acteurs) et qui ont pour ressort non plus le ressort héroïque d’une quête d’ objets-valeurs préprogrammés mais le ressort passionnel (dramatique) de la méconnaissance quant aux valeurs. Pour décrire adéquatement de tels univers, une “logique pulsionnelle” est à notre avis indispensable (idem:387-8; je souligne).

Ces univers axiologiquement ouverts et inconsistants, ces univers qui ne vérifient le schéma canonique ni dans son idéologie ni dans sa fonction de rééquilibrage, que sont-ils d’autre sinon des univers narratifs littéraires, au sens où littéraire signifie déserté par la pensée mythique ? Certes, en décrivant ainsi les univers romanesques et tragiques, Petitot pense à la littérature moderne au sens romantique du terme, celle qui se développe dans le sillon de la crise des valeurs et du sens ouverte avec la mort de Dieu (Hölderlin, Nietzsche). Mais mon idée est qu’il est possible de faire reculer dans le temps la liquidation ou, du moins, la problématisation du rôle noologique du Destinateur, et de l’inscrire dans la différence entre deux formes ou moyens de communication: l’oral et l’écrit.

Dans L’homme nu, Lévi-Strauss soutient qu’à partir des XVIe-XVIIe siècles, le mythe quitte la littérature pour se réfugier dans la musique, le récit littéraire perdant alors sa qualité mythique et devenant romanesque (Lévi-Strauss1971:583). On peut ainsi poser que l’inconsistance axiologique et actantielle du genre romanesque est due à la disjonction du mythique et du narratif151. Étant donné que l’armature mythique est ce qui assure au sens une forme consistante, la forme romanesque, qui se définit par la perte du mythique, sera forcément défaillante et cette défaillance rompra le sens. Mais on peut se demander s’il a vraiment fallu attendre le XVIe siècle pour que la pensée mythique quitte le narratif et si cet abandon n’a pas été causé plutôt par l’écriture152. Je

151 En termes lacaniens, le genre romanesque serait l’effet de la perte de l’autonomie et de la suprématie du symbolique.

152 Lévi-Strauss peut être cité pour appuyer cette thèse dans la mesure où son mépris de l’écriture se prolonge en mépris du roman.

Pour s’en convaincre il suffit de lire les pages 104-106 de L’Origine des manières de table. Dans le chapitre Du mythe au roman

ne prétends pas remonter à la pré-histoire. Je pense tout simplement à ce que H. Bloch appelle l’âge de l’écriture: le développement inouï de la textualité au XIIe siècle dans le contexte duquel naissent la littérature française et le genre qui lui est spécifique, le roman. Parmi les genres et formes qui configurent textuellement la langue vulgaire, la roman constitue une innovation radicale. Son nom signale l’affinité entre le nouveau genre littéraire et la langue romane. Comme Bakhtine l’a souligné, il est le seul genre qui n’a pas eu de pré-histoire. En effet, il débute comme mise en roman: il est translatio de textes latins anciens en langue romane. Le roman a été un instrument fondamental d’accès de la langue vulgaire romane à la textualité et au statut littéraire. Et surtout il manifeste que le pouvoir désarticulant de l’écriture n’affecte pas seulement le lien social153 (cf.11.1.2.) mais aussi l’actantialité. Le fait que le roman, contrairement aux genres lyrique et épique, est toujours déjà une forme littéraire154, le fait que, comme translatio, il a eu affaire à l’irréductibilité de la lettre au sens (cf.11.1.2.), doit sûrement y compter pour quelque chose.

Prenons un texte aussi ancien que Le Roman de Tristan, de Béroul, l’un des premiers textes de la littérature narrative en ancien français (autour de 1150). Le roi Marc est un Destinateur qui n’exerce pas son rôle noologique. Il se fait manipuler et ne sait pas juger. Sa position transcendante au récit est minée par son implication dans le conflit, ce qui fait que jamais Marc ne pourra sanctionner la conjonction sujet-objet. Il y a un croisement entre communication polémique et communication participative, dont l’enjeu est Iseut. Marc est le rival de Tristan mais jamais Tristan ne s’oppose à Marc comme à un adversaire à abattre parce que le roi n’est pas un simple anti-sujet, il est un Destinateur. La défaillance des fonctions de manipulation et de judication rend nécessaire la présence d’un second Destinateur, en l’occurrence le roi Arthur, lors du jugement d’Iseut. Mais là aussi la vérédiction est indécidable (Iseut manipule la cour si bien que tout le monde croit qu’il n’y a jamais eu d’adultère).

Lévi-Strauss étudie la dégradation du mythique en romanesque, ce qui se manifeste par l’affaiblissement et même l’exténuation des vigoureuses structures et transformations du mythe. L’un des signes de cet affaiblissement structural est la substitution des structures d’opposition par des structures de reduplication qui font succéder des épisodes dans une série qui mine la clôture du mythe et fait penser au roman-feuilleton. Ce sont des récits qui s’éloignent du paradigme mythique en ceci qu’ils ne finissent pas vraiment: l’histoire qu’ils racontent n’est pas close. Elle débute sur un accident, continue par des aventures décourageantes et sans lendemain, et s’achève sans remédier à la carence initiale, puisque le retour du héros ne conclut rien (Lévi-Strauss1968:106). C’est dire l’inconsistance du schéma canonique, donc de l’actantialité. Un peu plus loin, Lévi-Strauss mentionne la qualité (qui pour lui n’en est pas une) auto-référentielle du roman: (...) le héros du roman, c’est le roman lui-même. Il raconte sa propre histoire: non seulement qu’il est né de l’exténuation du mythe, mais qu’il se réduit à une poursuite exténuante de la structure (...). Je suis d’accord avec Lévi-Strauss en ce qui concerne la description de la forme romanesque mais non pas avec la modalisation dévalorisante de son discours. Et j’ajouterai que la généralisation de l’écriture dans une société, la mise en place d’une culture textuelle, est hautement responsable de l’exténuation des structures mythiques.

153 L’effet principal du développement d’une culture de textes, comme celui que subit l’Occident à partir du XIe siècle, est le fonctionnement du discours oral dans un cadre textuel qui le contraint, ce qui entraîne une dépendance des structures linguistiques, institutionnelles et intellectuelles à l’égard des textes et une rupture et réorganisation des formes de vie fondées sur la parole vivante et la communication en présence. Certes une grande partie des récits étaient au XIIe siècle transmis par performance mais le fait qu’il y ait un texte sous-jacent à la performance n’est pas sans l’affecter. La performance vient s’inscrire dans un circuit long et discontinu de communication, dans lequel émetteur et récepteur sont absents l’un à l’autre, ce qui a comme conséquence, entre autres, le détachement des textes par rapport aux conditions concrètes de leur énonciation et aux contextes sociaux et rituels qui leur sont associés. L’effet décontextualisant de l’écriture enlève aux textes une partie de leur fonction sociale et de leur poids idéologique puisque le rôle de contrat social du genre auquel un texte appartient devient problématique. Si la parole projette le sujet dans un plan au-delà de l’immanence vitale, l’écriture le projette sur un plan au-delà de l’immanence verbale qui fonde son appartenance sociale.

154 Ce qui ne l’a pas empêché de puiser dans une tradition mythologique comme la matière de Bretagne et autres traditions orales.

Mais même pour Zumthor, qui niait l’existence d’une littérature médiévale afin de mettre en valeur la nature orale et vocale de la production poétique de cette époque, il y avait une exception : le seul genre médiéval sans doute écrit – et dans lequel le langage fait problème – est le genre romanesque (Zumthor1984 :108). De son côté J.Goody écrit: (...)on ne peut pas imaginer de roman ou de symphonie dans une société sans écriture, quoiqu’on puisse y trouver des récits et des orchestres; roman et symphonie sont des modes d’expression intrinsèquement écrits. Les différences, dans ce cas comme dans d’autres, ne renvoient pas principalement à des différences de “pensée” ou de “mentalité” (quoiqu’il puisse y avoir des effets de ce genre) mais à des différences dans la nature même des actes communicatifs. (Goody1979:72; je souligne). Signalons en passant que mettre ensemble roman et symphonie dans la classe des genres intrinsèquement écrits me semble être une façon d’argumenter indirectement contre l’isomorphisme que Lévi-Strauss établit entre mythe et symphonie dans Le Cru et Cuit (Lévi-Lévi-Strauss1964:34).

Sans doute y a-t-il un abîme entre le romanesque béroulien et les romanesques proustien, becketien, joycien. Mais ce que le roman a fait au long des siècles, depuis qu’il a surgi en ancien français, c’est exploiter la fonction de désarticulation du sens - de la forme toute du sens. Cette exploitation est l’oeuvre de la lettre du fait qu’elle fait bord, ou plutôt littoral, entre signifiant et réel, semblant et jouissance. Le roman est le genre qui a le plus travaillé la lettre comme source de jouissance au détriment du sens.

Si, depuis ses débuts, le roman est la forme de la dissonance métaphysique (Luckàcs), le genre dialogique et a-canonique, problématique, inachevé, ouvert (Bakhtine), auto-référentiel et métafictionnel, c’est parce que l’écriture romanesque consiste en son essence à mettre en place un univers fictionnel (narrativité) tout en explorant les voies de disfonctionnement de cette mise en place même (littérarité). Certes il y a des romans qui ne le font pas: ce sont des romans à mythicité forte, et ce genre d’écriture romanesque a toujours existé depuis le XIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. Je ne pense pas qu’il y ait eu de démarche progressive du genre romanesque qui se serait émancipé petit à petit du mythique. Dès qu’il apparaît, ses structures sémio-narratives sont toujours déjà d’un autre ordre.

Si les univers narratifs littéraires, contrairement aux mythiques, ont besoin d’une logique de la pulsion pour rendre compte de la défaillance de leur narrativité, c’est parce que l’écriture, en exploitant la littoralité de la lettre, saisit ce qui de la pulsion n’est pas susceptible de conversion signifiante et reste comme jouissance – ce qui fait sinthome (cf.10.2.5.). Si les récits littéraires procèdent par démasquage de simulacres et, pourquoi ne pas employer le mot, de semblants – le sens produit par la narrativité comme univers fictionnel -, c’est parce que seule l’écriture a la compétence d’atteindre la lettre de la langue au point d’en liquider la signification. La narrativité littéraire défaille parce que la lettre fait monter la pulsion en tant que telle (en tant que jouissance) au niveau actantiel ou, au contraire, ramène la forme actantielle en train d’émerger au fond pulsionnel, irreprésentable, d’où elle pousse. Ce faisant, elle bloque la fonction régulatrice des circuits (circuits de la pulsion autour de l’objet, circuits syntaxiques pour le transfert d’objets)155. Si son effet atteint surtout le Destinateur c’est parce que celui-ci actantialise la fonction phallique d’être condition de la signification.

Dans la narrativité littéraire, la morphogenèse actantielle de la prégnance sémique – le devenir-signification de la pulsion - se trouve troublée par des restes de jouissance qui, au lieu de s’actantialiser comme objets-valeurs, y résistent comme lettre: celle-ci parasite la circulation des objets dans les défilés syntaxiques, objectant ainsi à la mise en place du sens comme univers de fiction/fiction d’univers. L’impasse de la narrativité peut atteindre des niveaux d’illisibilité comparable à ceux de l’écriture joycienne. Cette action narrativement corrosive de la lettre se manifeste alors dans une axio-actantialité pastoute qui atteste que tout de la sémantique profonde n’est pas convertible en syntaxe actantielle, que tout n’est pas narrativisable, qu’il y a un reste irréductible à la forme du sens.

Selon Petitot, la logique de la pulsion implique que l’objet a lacanien devient le modèle de l’actant-objet: Les objets-valeurs ne sont pas des supports de valeurs en vertu de leur “être” mais parce qu’ils “enveloppent” des objets dits “partiels” (objet a

155 Dans son dernier ouvrage, Sémiotique des passions, Greimas vise à rendre compte des disfonctions de la rationalité narrative.

Pour ce faire il revient au plan des conditions modales de l’actantialité où il pose un sujet prioritaire au sujet du faire. Ce sujet virtuel est la cible d’une modalisation épistémologique qui lui donne la compétence (de faire). Grâce à la médiation du corps (le thymique) l’état du sujet épistémologique virtuel est une état passionnel et ce sont les passions qui rendent compte des ruptures du discours et autres facteurs d’hétérogénéité qui atteignent la rationalité narrative. Bien que la sémiotique des passions signale la considération par Greimas de la qualité pastoute de la narrativité, les passions ne s’inscrivent ni dans le registre pulsionnel ni dans celui de la lettre, car: i) les disfonctions sont mises au compte d’un autre sujet (passionel), alors que la pulsion et la lettre, comme d’ailleurs la sémantique profonde chez Petitot, sont des formations pré-subjectives; ii) la médiation du corps (sentir prévaut sur percevoir), supposant un état antérieur à la distinction des actants sujet et objet, se définit comme équivalence et homogénéité entre sujet et monde; iii) la théorie narrative revient à la vieille dichotomie philosophique raison-passion mise en cause depuis Freud.

lacanien), autrement dit parce qu’ils sont symboliquement marqués (Petitot1992:388), marquage qui détermine leur idéalisation et en fait des objets de quête pour le sujet.

Encore une fois, le rapport du sujet à l’objet a est plus complexe que le rapport de poursuite d’un objet auquel le sujet aspire à se conjoindre (prédation). Mais la question essentielle n’est pas là. Elle est de savoir si cette conception de l’objet épuise la logique de la pulsion et suffit à rendre compte de l’inconsistance axio-actantielle des récits littéraires. Étant donné que tout de la pulsion n’est pas actantialisable en un objet, mais est sinthomatisable dans la lettre, la réponse est qu’il faut introduire la fonction de la lettre dans la logique de la pulsion de la théorie narrative car seule la lettre peut rendre compte de l’affinité essentielle entre le pulsionnel et le littéraire.

Conclusion

La notion de prégnance sémique, malgré tous les avantages qu’elle apporte à la théorie narrative, fait perdre de vue que la pulsion implique le corps en tant que celui-ci est lieu de jouissance. Que la pulsion ne soit pas l’instinct n’est pas seulement à mettre sur le compte des trous noirs de la représentation mais aussi sur celui des trous noirs de la jouissance (le trauma, le réel sexuel). Il semble que la chair, en son acception biologique, prégnantielle, profonde, soit incompatible avec la chair jouissive. Elle est la substance et l’être du sens et n’a rien à voir avec la livre de chair, la forme objectale de la jouissance perdue, ce pour quoi l’objet a est un object négativé, incorporel.

La paire pulsionnel et thymique de l’imaginaire constitue une antinomie où chacun des membres signifie une conception différente du rapport de l’homme au monde. L’antinomie se stabilise du côté thymique et tend à liquider le sexuel de la pulsion en l’absorbant dans une analogie entre homme et monde, individu et espèce, que l’archétype assume mais que la notion freudienne de sexuel rejette. L’inversion de la démarche a-cosmologique de la science, la restitution au monde de la substance et de la forme que la physique mathématique avait erradiquées, la prévalence de la biologie, la revalorisation thomienne de certains aspects de la pensée aristotélicienne, devaient forcément réintroduire le mythe du rapport sexuel dans la science. Il suffit de lire Morphogenèse et imaginaire, de René Thom, pour s’apercevoir que le arrière-plan métaphysique de la Naturphilosophie, supposant une analogie entre homme et nature, microcosme et macrocosme, soutient les assomptions fondamentales de la recherche scientifique de Thom, de la psychologie des profondeurs de Jung et de l’anthropologie de l’imaginaire de Durand (cela malgré les nuances qui les distinguent). Il en découle la liquidation du sujet de l’inconscient remplacé par le sujet de la connaissance et, corrélativement, le retour de l’illusion archaïque à l’enseigne d’une réconciliation de la science avec la pensée magique. Bien que Petitot s’en écarte, bien que l’illusion archaïque ne vienne pas alourdir sa perception de l’au-delà de la coupure épistémologique de la science moderne, malgré son recours à l’apport lacanien pour des points cruciaux de la théorie narrative, il cède à la tentation junguienne de dé-sexualiser la libido et de stabiliser l’antinomie de l’imaginaire du côté thymique. Il en résulte que la prégnance sémique est plutôt archétype que pulsion. Le résultat en est que sa brillante théorie de la sémantique profonde s’inscrit dans un cadre de pensée, certes très prestigieux, mais orienté par l’imaginaire de la sex ratio (réduire le sexuel à Éros) et par l’identification du sujet-individu à l’espèce (réduire l’être parlant à l’être vivant). Ces deux principes, qui semblent surgir comme effet inévitable d’une conception biologique et substantialiste du sens, ont été radicalement mis en cause par Freud et Lacan. Les références de Petitot à la théorie lacanienne pour distinguer la pulsion de l’instinct et pour introduire une logique de la pulsion qui rende compte de l’inconsistance actantielle des mondes fictionnels modernes constituent, à mon avis, une stratégie pour exorciser l’idéologie pré-moderne qui menace, par le biais de l’archétype, de s’emparer de la sémantique profonde.

L’introduction de la notion lacanienne de lettre dans la théorie narrative permettrait de stabiliser l’antinomie de l’imaginaire du côté pulsion, dans la mesure où la lettre matérialise la dimension sexuelle radicale de la pulsion en tant que reste qui résiste au sens et à ses dispositifs de production: fantasme, automatisme pulsionnel (chez Freud), narrativité. Évidant l’être du sens, la lettre permet de récupérer

L’introduction de la notion lacanienne de lettre dans la théorie narrative permettrait de stabiliser l’antinomie de l’imaginaire du côté pulsion, dans la mesure où la lettre matérialise la dimension sexuelle radicale de la pulsion en tant que reste qui résiste au sens et à ses dispositifs de production: fantasme, automatisme pulsionnel (chez Freud), narrativité. Évidant l’être du sens, la lettre permet de récupérer