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L’attractivité et la pérennité, les deux axes de notre mo- mo-dèlemo-dèle

Proposition de modélisation Sommaire

10.2 L’attractivité et la pérennité, les deux axes de notre mo- mo-dèlemo-dèle

C’est l’étude de la méthode VIP qui nous a permis de retenir l’attractivité et la pérennité comme axes principaux de notre modèle d’évaluation. Nous nous proposons de suivre les critères de caractérisation proposés par [Andriessen, 2004] et décrites au paragraphe 8.3 page 103. Il nous faut donc déterminer l’objet (10.2.1 page 125), le contexte (10.2.2 page 126) et les critères de notre modèle (10.2.3 page 127). De même, nous devons préciser la finalité que nous fixons afin d’une part de déterminer les méthodes de recueil de données (10.2.3.3 page 128) et d’autre part de déterminer une méthodologie d’analyse de données (10.2.3.4 page 128)

10.2.1 Objet

L’objet de notre mesure est de déterminer la valeur de projets non marchands issus de l’ère du partage. Nous n’utiliserons pas de critères monétaires mais nous souhaitons déterminer et nous appuyer sur des critères quantifiables. Nous allons donc construire ce que [Andriessen, 2004] appelle uneméthode de mesure de la valeur.

Nous nous plaçons dans une optique d’investissement. C’est pourquoi nous nous proposons de reprendre les deux axes proposés par la méthodeVIP, l’attractivité et la pérennité.

1C’est l’éditeur Tim O’REILLYqui a défini la notion en septembre 2005. L’article est accessible en ligne à l’adresse suivante :http://www.oreillynet.com/pub/a/oreilly/tim/news/2005/09/30/what-is-web-20.html

10.2.1.1 Évaluer l’attractivité

Nous retenons cet axe de valorisation car il permet d’évaluer l’intérêt qu’on porte à un projet et l’énergie initiale qu’on souhaite y déployer. Nous souhaitons évaluer l’attractivité pour les utilisateurs.

10.2.1.2 Évaluer la pérennité

La pérennité est notre deuxième axe de valorisation : un investissement en effet ne présente d’intérêt que s’il se prolonge dans le temps. La valeur en effet ne se détermine pas seulement à un instant donné. Elle prend tout son sens étendue à un continuuum temporel.

10.2.1.3 Effets recherchés par la combinaison de ces deux axes

Les notions de pérennité et d’attractivité sont fortement liées et, pour notre modèle, nous proposons que la pérennité (P) soit considérée comme étant la dérivée de l’attractivité (A) dans le temps (t). Ainsi nous posonsP = dd((At)).

Par cette construction, nous nous inspirons des travaux de [Samier et Sandoval, 2007] qui cherchent déterminer comment un certain niveau de créativité peut se maintenir dans le temps en définissant les notions decyberénergieet de cyberentropie, la seconde étant la dérivée de la première dans le temps.

En reliant les deux axes de notre modèle, on ne mesure pas seulementhic et nuncune valeur instantanée, on veut pouvoir mesurer la capacité d’un projet à durer dans le temps. Ainsi notre modèle peut être utilisé à des intervalles réguliers pour constater les évolutions dans la valeur des projets évalués.

De plus, comme nous l’avons montré au chapitre 14, dans les créations de l’ère du partage produit et projet sont consubstantiels. Le produit participe à l’attractivité et le projet à la péren-nité de la création. Ainsi les deux éléments se complètent et s’alimentent mutuellement.

10.2.2 Contexte

Le contexte de notre méthode d’évaluation est double : nous nous plaçons dans le contexte de l’ère du partage et nous adressons des projets non marchands. Enfin, nous visons une finalité d’investissement.

10.2.2.1 L’ère du partage

Nous l’avons dit, à côté de l’économie traditionnelle, s’est développée une approche diffé-rente, fondée non pas sur l’échange marchand mais sur le partage. Ce contexte constitue une telle rupture que les méthodes d’évaluation existantes y sont inadaptées. A l’ère du partage, les référents sont différents de ceux de l’ère de la rareté. Ce qui compte ce n’est pas de vendre, mais de partager, l’ouverture est la règle et le foisonnement généralisé. Il est donc impossible de ju-ger les projets de l’ère du partage à l’aide d’outils conçus pour évaluer la valeur dansl’ancienne économie.

10.2.2.2 Projets ouverts et non marchands

Notre modèle est destiné à la valorisation de projets non marchands. Nous éliminons les projets marchands ou faisant l’objet de valorisation économique dérivée (par la publicité par exemple) car on peut leur appliquer des méthodes de valorisation économiques. De même, les projets créant de la rareté par fermeture des contenus (logiciels non ouverts, contenus protégés par copyright) n’entrent pas dans notre champ d’application car, créant de la rareté, ils ne par-ticipent pas à l’inversion de l’équation de rareté qui est une des caractéristiques de la rupture apportée par l’internet (voir paragraphe 9.3, page 117).

Sur le web à l’ère du partage projets et produits sont souvent confondus. Firefox Wikipedia OpenOffice et tous les autres ne se limitent pas à des produits. Ce sont aussi des projets qui évoluent dans le temps et dans lesquels les utilisateurs peuvent s’impliquer. Utiliser un produit de l’ère du partage ce n’est pas seulementconsommerle produit, c’est aussi participer au projet. Quand, au fil de lectures sur Wikipedia on corrige des fautes d’orthographe, non seulement on utilise le produit mais on participe également au projet.

Cette spécificité doit être prise en compte dans notre modèle d’évaluation. C’est pourquoi il nous faut établir des critères permettant d’adresser à la fois les produits et les projets. Les habitudes héritées de l’économietraditionnellefont que les utilisateurs sont d’abord attirés par des produits. L’attractivité naîtra donc d’abord de l’usage que l’on peut tirer de tel ou tel produit. Le projet générant le produit sera quand à elle un gage de pérennité.

10.2.2.3 Destinataires et finalité de notre modèle

Comme nous l’avons étudié au chapitre 4 (voir page 41), lesTICet l’internet sont maintenant des réalités tangibles dans toutes les strates de la population. Grâce aux outils de partage, tout un chacun peut prendre part à des projet, c’est à dire s’investir dans un produit ou un projet.

Notre modèle se destine avant-tout à des investisseurs individuels. Par définition, l’investisse-ment désignele placement d’une somme d’argent dans une entreprise pour en tirer des revenus2.

Nous pensons que cette notion est trop restrictive : il existe de nombreuses autres façons d’investir. Au delà de l’argent, on peut investir son temps, ses connaissances, son savoir faire dans un projet. On peut aussi, sans s’engager dans le projet, avoir l’utilité du produit ou service. Il faut alors en supporter le coût d’acquisition : apprendre à se servir d’un logiciel ou modifier ses habitudes.

Ainsi, une méthode de mesure de la valeur des projets non marchands de l’ère du partage est-elle une nécessité pour faciliter les choix d’investissement. Notre méthode s’adresse à toute personne ou organisation désireuse de choisir un projet non marchand afin de l’utiliser et de s’y investir.

10.2.3 Définition des critères

Afin de mettre en œuvre notre modèle nous devons établir des critères. Nous allons utiliser deux types de critères permettant d’établir la valeur : des critères quantitatifs car la valeur peut

2Définition donnée par leTrésor de la langue française, un dictionnaire en ligne accessible surhttp://atilf.atilf. fr/dendien/scripts/tlfiv4/showps.exe?p=combi.htm;java=no;et maintenu par des chercheurs du CNRS

se mesurer et des critères qualitatifs car la valeur ne se limite pas à une approche quantitative.

10.2.3.1 Critères quantitatifs

Un critère sera quantitatif lorsqu’il sera mesurable numériquement. Par exemple la présence d’une communauté développeur est un critère quantitatif car on peut dénombrer les dévelop-peurs et la comparaison entre deux communautés peut se faire sur une base objective.

10.2.3.2 Critères qualitatifs

Un critère qualitatif est beaucoup plus subjectif. S’il donne un point de vue riche il est éga-lement très délicat à quantifier. L’évaluation des critères quantitatifs doit se faire par l’intermé-diaire dephénomènes observables. C’est l’analyse de ces phénomènes qui permettra la détermi-nation d’une notation attribuée à ces critères. On pourra proposer une approche binaire (pré-sence/absence) d’évaluation du critère (par exemple : y a-t-il un gourou dans le projet) mais également trouver des critères qualitatifs dont l’évaluation peut être plus souple (par exemple : conformité aux standards ouverts. c’est un critère qualitatif mais qu’on peut moduler en fonction du nombre d’entorses éventuelles aux dits standard).

10.2.3.3 Méthode de recueil de données

L’objet de notre modélisation est de construire un modèle sur un mode exploratoire. Nous devrons rassembler des donnés quantitatives, mais également qualitatives et nous chercherons la richesse de la représentation (voir [Bachelet, 2007]). Notre modèle sera essentiellement re-présentatif.

Étant données les spécificités du domaine que nous allons explorer, certaines connaissances particulières sont requises. Bien que visant une utilisation par le grand public, durant la phase de construction et de validation de notre modèle, nous aurons recours à des experts à même d’appliquer le modèle avec pertinence.

10.2.3.4 Méthode d’analyse des données

Nous avons vu au chapitre 7 (page 87) qu’il existe de nombreuses méthodes d’analyse des données, en particulier statistiques. L’objectif de notre modèle est de pouvoir être utilisé et in-terprété par un large public. Nous allons donc utiliser une méthode d’analyse de donnée ne demandant pas un niveau de technicité important. Nous chercherons donc une méthode d’ana-lyse multi-critères qui, de plus, restera descriptive. Nous chercherons en effet à éviter les effets de distorsion pouvant résulter de l’application de méthodes trop formelles (comme l’a rappelé [Volle, 1997]).

De plus, les méthodes d’analyse multi-critères permettent l’aide à la décision, ce qui est pré-cisément la destination de notre modèle.

10.3 Critères retenus pour la modélisation et échelle de