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Conclusion sur les méthodes d’évaluation de l’immatériel

L’évaluation de la valeur de l’immatériel

8.6 Conclusion sur les méthodes d’évaluation de l’immatériel

8.1 Introduction

D

ANS le monde économique, la notion d’immatériel définit un certain nombre de réalités dont l’évaluation comptable (hors bilan) ou financière (valorisation) est difficile. L’imma-tériel s’approche donc des innovations non marchandes faisant l’objet de nos recherches. Daniel ANDRIESSEN a consacré un ouvrage très complet à l’évaluation de l’immatériel ([Andriessen, 2004]). Ce travail récent et synthétique nous fournit un grand nombre d’informations quant à la définition de l’immatériel, les voies possibles d’évaluation et les méthodes existantes.

Avant de faire un panorama des méthodes existantes (8.4 page 104), il nous faut caractériser l’immatériel (8.2 page 101) et parcourir quatre voies possible d’évaluation (8.3 page 103). Enfin, nous présenterons la méthodeV.I.P. (Valeur Instantanée et Prospective) développée par André-Yves PORTNOFFet dont les caractéristiques présentent un fort intérêt pour notre proposition (8.5, page 105).

8.2 Caractériser l’immatériel

8.2.1 L’économie de l’immatériel

L’immatériel est une notion large qui couvre des réalités aussi différentes que les marques, les brevets, les méthodes, les logiciels entrent dans cette catégorie. Le savoir contenu dans les produits et les services immatériel est très important et croît rapidement. L’innovation dans les méthodes et les processus est devenue aussi importante que l’innovation incorporée dans les produits et services. On peut trouver sept caractéristiques fondamentales de l’économie de l’im-matériel :

– Dans l’économie de l’immatériel, le savoir doit être considéré comme une matière première ou une ressource de production ;

– dans l’économie de l’immatériel, les services sont aussi important que les produits. Un service peut avoir de la valeur en soi.

– l’économie de l’immatériel est une économie dans laquelle les règles sont différentes des règles de l’économie matérielle ou financière ;

– les lois de l’économie de l’immatériel sont différentes de celles de l’économie des biens et des services (voir figure 8.1) ;

– dans l’économie de l’immatériel, le concept de propriété change. Puisque le savoir est avant-tout dans le cerveau de ses employés, l’entreprise n’est plus propriétaire de de ses ressources les plus importantes ;

– dans l’économie de l’immatériel, la définition du travail change. Il ne s’agit plus de maîtriser une dextérité particulière ou une forme quelconque de force physique, mais d’apporter un savoir à une entreprise ;

– enfin, en conséquence, la nature des organisations change. En effet, la gestion d’actifs intangibles ne se fait pas du tout comme celle des autres actifs. En particulier, il faut que l’entreprise insiste sur la différentiation concurrentielle.

L’immatériel est un actif démultipliable sur un grand d’usages à la fois : alors qu’un avion ne dessert qu’une seule destination à la fois, son système de réservation peut être utilisé par un grand nombre de clients à la fois (voire même, un nombre potentiellement infini) ; l’immatériel a des coûts de développement importants et des coûts marginaux minimaux

: le développement d’un logiciel demande souvent de forts investissements mais la distribution et la vente du produit ont des coûts très faibles. Par conséquent, le retour sur investissement est souvent une fonction croissante alors qu’en économie matérielle c’est une fonction décroissante ;

l’immatériel profite souvent d’un effet réseau : Par exemple l’utilité d’un système d’exploitation augmente avec le nombre d’utilisateurs ;

il est souvent difficile de garantir la propriété d’un bien immatériel : en conséquence, les autres peuvent profiter des investissements effectués dans l’immatériel. D’ailleurs, les nom-breuses violations de copyright le prouvent ;

l’innovations dans l’immatériel représente un risque d’investissement très fort : investir dans l’immatériel implique de la R&D, de la formation, des acquisitions de techno-logies. . . c’est à dire des investissements très en amont de la mise sur la marché du produit ;

bien souvent, il n’y a pas de marché pour l’immatériel : L’immatériel est impossible à négocier sur les marchés financiers. Les marchés fournissent des informations sur la valeur des biens et des services, ce qui est vital pour l’optimisation de l’allocation de ressources.

FIG. 8.1 – les lois de l’économie immatérielle, d’après LEV2001, cité par [Andriessen, 2004]

Trois moteurs ont permis l’émergence de l’économie de l’immatériel et en ont fait une rupture importante :

– La mondialisation. L’économie se globalise, les cycles s’accélèrent et la concurrence s’ac-croît. I faut donc aller de plus en plus vite et chercher à se différencier le plus possible. Or la différentiation n’est pas véhiculée par des bien tangibles mais avant-tout par des savoirs spécifiques, des savoir-faire particuliers, des méthodes ou une image de marque maîtrisée ; – la dérégulation. Les barrières de nature réglementaires, tarifaires et douanières tombant,

les biens et les services circulent avec une facilité jamais atteinte à ce jour ;

– les changements technologiques se faisant à une croissance exponentielle. Ce phénomène touche spécialement dans le monde desTICce qui fait que le coût d’accès à l’information, voire le coût de l’information elle-même diminue. Tout un chacun peut accéder à l’infor-mation.

8.2.2 Le capital immatériel

Le concept decapital immatériela été utilisé par l’économiste canadien John K. GALBRAITH

dès 1969. Cependant c’est l’assureur suédois SKANDIAAFS qui en 1991 a, la première, nommé undirecteur du capital intellectuel, ce qui a abouti, en 1995, à la publication d’un rapport sur le ca-pital intellectuel. Des livres ont suivi en 1997, permettant la prise de conscience de l’importance du sujet dans la communauté scientifique.

On peut trouver les racines théoriques du capital intellectuel dans deux courants différents de pensée : le premier se consacre au développement et à l’élévation du niveau de connaissance ; le second se concentre sur la mise en œuvre d’un système d’information permettant la mesure de ce savoir (cf. figure 8.2).

FIG. 8.2 – Racines conceptuelles du capital intellectuel, d’après [Andriessen, 2004]