• Aucun résultat trouvé

L’ARBRE D’EGGERS ET L’ARBRE D’EGGERS R´ EDUIT

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 153-158)

Dans cette section nous commen¸cons par donner du vocabulaire g´en´eral sur les graphes, puis nous d´efinissonsl’arbre d’EggersT(C) etl’arbre d’Eggers r´eduit Tˇ(C) de la courbeC, apr`es avoir rappel´e les notions d’exposants caract´eristiques et desemi-groupe associ´es `a une branche, puis celles d’ordre de co¨ıncidence et decoefficient de contact d’Hironaka associ´es `a une paire de branches.

Un grapheG est compos´e d’un ensemble de sommetsVG et d’un ensemble d’arˆetesAG. Chaque arˆete poss`ede deux sommets, ´eventuellement confondus. Si certains sommets sontnoirset d’autresblancs, on notera les ensembles respectifs de sommets par NG et BG. Dans ce cas, nous notons par AG l’ensemble des arˆetes entre sommets noirs.

SiQ∈ VG, lavalence v(Q) deQest le nombre d’arˆetes partant deQ, chaque arˆete qui jointQa lui-mˆeme ´etant compt´ee deux fois. Un sommet de Gest dit de rupture, s’il est de valence ≥3. Il est ditterminal, s’il est de valence 1.

Unchemindans un graphe est une suite d’arˆetes, telles que deux cons´ecutives aient un sommet commun. Uneg´eod´esique est un chemin ne passant pas deux fois par la mˆeme arˆete. Un cycle est un chemin dont les sommets extrˆemes co¨ıncident. Un arbreest un graphe dont aucune g´eod´esique n’est un cycle.

On peut aussi regarder G comme 1-complexe simplicial particulier. Ceci permet de d´efinir topologiquement laconnexit´edeG. SiGest un arbre connexe etH une g´eod´esique deG, les adh´erences dansGdes composantes connexes de G−H sont appel´eesbranches mortes par rapport `aH. Ce sont des sous-graphes deG. On appellebambou(notation due `a H.Hironaka et D.T.Lˆe) une g´eod´esique dont aucun sommet int´erieur n’est de rupture. Remarquons que l’on a modifi´e les notations de [36], o`u une branche morte ´etait forc´ement un bambou.

Lorsque on consid`ere deux g´eod´esiques partant du mˆeme sommet d’un arbre, leur dernier sommet commun est appell´ele sommet de bifurcation des g´eod´e-siques.

Rappelons `a pr´esent quelques notions sur les germes de courbes planes.

Si C1 est une branche plane, c’est-`a-dire un germe irr´eductible de courbe analytique complexe plane, on choisit pour l’´etudier des coordonn´ees (x, y) g´en´eriques (telles que les cˆones tangents des courbes x = 0 et C1 soient dis-joints). Soit fC1 une fonction de d´efinition de C1, polynomiale en y. On peut toujours choisir une telle fonction, par le th´eor`eme de pr´eparation de Weiers-trass. Les coordonn´ees ´etant g´en´eriques, le degr´e de fC1 est ´egal `a la mul-tiplicit´e m0(C1) de la branche C1 `a l’origine. L’´equation fC1(x, y) = 0 ad-met m0(C1) racines y = ηk(x), les ηk ´etant des s´eries fractionnaires en x, ηk ∈C{xm0 (1C1 )},∀k∈ {1, ..., m0(C1)}.On dit que ce sont less´eries de Newton-Puiseux de la brancheC1.

L’ensemble desexposants caract´eristiquesde la brancheC1est par d´efinition : EC:={vxk−ηl), k 6=l}.

4.2 L’ARBRE D’EGGERS ET L’ARBRE D’EGGERS R ´EDUIT 145

On note para1, ..., agles ´el´ements deEC, avecg≥0 eta1< ... < ag(siEC=∅, on pose g = 0). On note aussi a0 := 1, ag+1 = +∞, bi := m0(C1)ai, ei :=

pgcd(b0, b1, ..., bi), ∀i∈ {0,1, ..., g}et ni := ei−1ei , ∀i∈ {1, ..., g}. Sig≥1, on a l’in´egalit´ea1> a0.

On d´efinit les entiers bi, pour i ∈ {0,1, ..., g} par la relation de r´ecurrence suivante :bi+1:=nibi+bi+1−bi, pouri∈ {0, ..., g−1}, avecb0=b0. Ils forment le syst`eme minimal de g´en´erateurs du semi-groupe de la brancheC1 (voir [73]).

Si C1 et C2 sont deux branches, on consid`ere un syst`eme de coordonn´ees locales qui soit g´en´erique pour chacune d’entre elles, dans le sens expliqu´e pr´ec´edemment. Soientηkpourk∈ {1, ..., m0(C1)}etζlpourl∈ {1, ..., m0(C2)} les racines correspondant `a des ´equations de d´efinition de C1, respectivement C2. L’ ordre de co¨ıncidence K(C1, C2) de C1 et C2 est d´efini de la mani`ere suivante :

K(C1, C2) := maxk,l{vxk(x)−ζl(x))}.

On a K(C1, C2) ≥ 1. Ce nombre ne d´epend pas du syst`eme de coordonn´ees g´en´eriques choisi.

D´efinissons aussi le coefficient de contact d’HironakaH(C1, C2) deC1 avec C2 par la formule :

H(C1, C2) := (C1, C2)0

m0(C2) .

o`u (C1, C2)0d´esigne lenombre d’intersection des deux branches `a l’origine.

Remarquons que ce coefficient de contact n’est pas sym´etrique enC1 etC2. SoittC1 :R+→R+ l’application d´efinie par :

tC1(a) := bk

n1· · ·nk−1 +m0(C1)a−bk

n1· · ·nk

, siak≤a < ak+1, k∈ {0, ..., g}. On a la proposition suivante, d´emontr´ee dans [72] et [41] :

Proposition 4.2.1 1)tC1 est strictement croissante et continue.

2) (Formule d’intersection) H(C1, C2) =tC1(K(C1, C2)).

Soit `a pr´esentC֒→C2 un germe r´eduit de courbe analytique plane compos´e derbranches,r≥1. SoientCi, pouri∈ {1, ..., r}ses composantes irr´eductibles et ECi :={ai0, ..., aig(i)} l’ensemble des exposants caract´eristiques deCi. Pour chaquei∈ {1, ..., r}, soit :

OCi:=ECi∪ {K(Ci, Cj), j6=i}.

Si fi∈C{X}[Y] est un polynˆome de d´efinition deCi, OCi est l’ensemble des ordres de co¨ıncidence finis d’une racine quelconque defiavec toutes les racines def =f1· · ·fr.

D´efinissons `a pr´esentl’arbre d’EggersT(C) de la courbe C, en suivant [69].

Cette construction est ´etendue dans [51] aux polynˆomes quasi-ordinaires sous la d´enomination d’arbre d’Eggers-Wall du polynˆome.

146 CHAPITRE 4. ENTRELACS DANS LES VARI ´ET ´ES IRR ´EDUCTIBLES

Pour chaquei∈ {1, ..., r}, soit Ti un segment muni d’un hom´eomorphisme νi :Ti→[1,∞]. Ce segment correspond `a la composanteCi. Notons :

Pi(l) := (νi)1(l), ∀l∈[1,∞], Pki:=Pi(aik), ∀k∈ {0,1, ..., g(i) + 1}.

Consid´erons une relation d’´equivalence ′′′′ sur l’union disjointe⊔ri=1Ti : Q∼Q⇔ siQ∈Ti, Q∈Tj, alors

νi(Q) =νj(Q)≤K(Ci, Cj),

et soit T(C) le quotient de ⊔ri=1Ti par cette relation d’´equivalence. Soit Ω l’op´eration de passage au quotient :

Ω :⊔ri=1Ti→T(C).

En restriction `a chaque composanteTi, l’application Ω est un hom´eomorphisme sur son image. Ceci nous permet de voirTi comme ´etant uneg´eod´esique maxi-male deT(C). SoitP(1) l’image par Ω des diff´erents pointsPi(1), on l’appelle la racine de T(C). C’est un sommet terminal de T(C). Pour chaque branche Ci, nous notons encore parPki les points Ω(Pki). Le pointPi(∞) est lesommet terminal infini deT(C)par rapport `a la composante Ci.

Pour chaque couple de branchesCi, Cj, on a l’´egalit´e : Ω(Pi(K(Ci, Cj))) = Ω(Pj(K(Ci, Cj))).

Ce point est lepoint de bifurcation des g´eod´esiquesTi, Tj, on le notePi,j. Les diverses fonctionsνi se recollent en une application :

νC :T(C)→[1,∞].

Si Q∈T(C), on dit queνC(Q) est lavaleur du pointQ.

L’ensemble des points de T(C) peut ˆetre muni d’une relation d’ordre partiel :

P Q⇔ ∃i∈ {1, ..., r}, P, Q∈Ti etνC(P)≤νC(Q).

Pour le moment T(C) est vu comme un espace topologique. Consid´erons aussi le complexe simplicial de dimension 1, support´e parT(C), dont l’ensemble des sommets est :

[r

i=1

(∪g(i)+1k=0 {Pki})∪[

i6=j

{Pi,j}.

Ce complexe simplicial est un arbre au sens de la th´eorie des graphes, nous le notons encore T(C). Les sommets Pi(∞) sont colori´es enblanc, les autres en noir. Le contexte indiquera si l’on con¸coitT(C) comme espace topologique ou comme complexe simplicial.

Dans la d´efinition initiale de [12] reprise dans [21], les arˆetes deT(C) ´etaient en plus partag´ees en deux types, les pleines et les pointill´ees, afin de coder compl`etement le type d’´equisingularit´e de C. Ici nous n’aurons pas besoin de cette information suppl´ementaire.

Soit maintenantDun deuxi`eme germe de courbe plane, suppos´e irr´eductible.

L’arbreT(C) se plonge naturellement dans T(C∪D). SoitPC(D) le point de bifurcation deT(D) avecT(C), consid´er´e comme point deT(C). C’est aussi le maximum des pointsPi,D de bifurcation deT(D) etTi, pour 1≤i≤r.

4.2 L’ARBRE D’EGGERS ET L’ARBRE D’EGGERS R ´EDUIT 147

D´efinition 4.2.2 On appelleT(C)l’arbre d’Eggers de la courbeCetPC(D) lepoint d’attache de D dans l’arbre d’Eggers de C.

Exemple: Consid´erons la courbeC=C1∪C2∪C3, les branchesCi´etant d´efinies par les ´equations :

C1:y2−x3= 0, C2:y2−4x3= 0,

C3: (y2−x3)2−4x5y−x7= 0.

Nous avons les s´eries de Newton-Puiseux suivantes pour ces branches : C1:y=x32,

C2:y= 2x32, C3:y=x32 +x74.

L’arbre d’Eggers T(C), dont chaque sommet noir est marqu´e de la valeur νC, est alors : par les s´eries de Newton-Puiseux suivantes :

D1:y= 2x32 +x2,

Donc les points d’attache des branches D1, D2, D3 dans l’arbre d’Eggers T(C) sont :

148 CHAPITRE 4. ENTRELACS DANS LES VARI ´ET ´ES IRR ´EDUCTIBLES

L’infimum est pris pour la relation d’ordre partiel introduite pr´ec´edemment, le point consid´er´e est le point de bifurcation deTi et de la g´eod´esique joignant la racineP(1) `a Q.

Par la proposition 4.2.1, τi(Q) =H(C, D) pour toute brancheD telle que Q=PC(D).

Introduisons un deuxi`eme arbre ˇT(C), vu comme complexe simplicial, ap-pel´el’arbre d’Eggers r´eduit de la courbeC. Il est obtenu `a partir du complexe simplicialT(C) de la mani`ere suivante :

1) Si la valence deP(1) est ´egale `a 1 (ce qui signifie que le cˆone tangent r´eduit deCest compos´e d’une unique droite), alors on enl`eve deT(C) le sommetP(1) et l’arˆete qui le joint au sommet suivant.

2) Si la valence de P(1) est ´egale `a 2 (ce qui signifie que le cˆone tangent r´eduit deCest compos´e d’exactement deux droites), alors on enl`eve deT(C) le sommetP(1) et on joint directement ses deux voisins.

3) Dans tous les autres cas on laisse T(C) inchang´e.

On conserve les couleurs des sommets de T(C). Si un sommet de T(C) subsiste dans ˇT(C), on utilisera la mˆeme lettre pour le noter comme sommet des deux arbres. On a encore des fonctionsνCetτi d´efinies surNTˇ(C), obtenues en restreignant les fonctions d´efinies sur l’espace topologiqueT(C).

D´efinissons une application S, qui associe `a chaque point de l’espace topo-logiqueT(C) un simplexe de ˇT(C) :

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 153-158)