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Analyse des particularités lexicales

2.1.1.2. À l’arabe standard :

Dans notre corpus, nous avons remarqué que les enseignants du département empruntent à la langue arabe standard d’une manière très limitée que nous pouvons juger insignifiante par rapport à l’emprunt à l’arabe dialectal.

L’examen des données recueillies a révélé la présence des lexies contenues dans les extraits suivants :

Extrait du cours N°04 :

E3 : [el jawhar] (perle de culture)

P : non pas [el jawhar] (perle de culture) chez nous c’est [el jawhar] (perles de culture) et puis vous avez

E3 : des pierres de culture

P : des pierres de culture et les pierres comme dans certaines eu ::h cultures noir africaines il ont des bijoux qui sont magnifique avec plein d’ couleurs

Dans cet extrait, l’enseignante aborde le sujet des bijoux dans les autres cultures. En échangeant avec les étudiants, elle a essayé de leur parler d’un bijou d’une autre culture et dont elle ne connaît pas le nom. En donnant des

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explications sur la forme et les composantes de ce bijou, l’un des étudiants, qui essayait d’aider son enseignante à trouver le bon mot, a proposé le terme « el jawhar » qui signifie « perle de culture ». L’enseignante ne marquant aucune distance par rapport à cet emprunt, elle reprend le terme dans son intervention pour informer l’étudiant qu’il ne s’agit pas de la bonne réponse et que « el jawhar » appartient à la culture locale.

Extrait du cours N°06 :

P : eu ::h la patience par exemple [essabr] (la patience) c’est un élément qui n’est pas perceptible /./ c’est d’ l’abstrait ce n’est pas concret et pourtant vous l’associez au chameau /./ pourquoi

E4 : il résiste eu :h E7 : parc’qu’il résiste

P : et pourtant [ana] (moi) j’ai jamais /./ jais jamais jamais associé [essabr] (la patience) le chameau

Dans la culture arabo-musulmane, le chameau est toujours lié à la patience, il s’agit donc de deux concepts inséparables. Cette relation est certainement liée au fait que le chameau est capable de vivre plusieurs jours au désert sans pour autant boire une goutte d’eau. L’enseignante ne partageant pas cette idée, elle tente de leur faire comprendre qu’il ne faut pas lier ces deux concepts. Dans son intervention, l’enseignante a emprunté à l’arabe standard la lexie équivalente à « patience » qui est « essabr ».

Extrait du cours N°05 : E7 : XXX Chikh Abdou

P : c’est pas c’est pas un chikh Abdou [ana] (moi) je comprends pas [chouf ana] (regarde moi) je comprends pas XXX fkiret [kifeh ennas tjibou f laʕras taha] (comment les gens l’invitent à leurs fêtes) (coupure) j’ai horreur des fkiret XXX

Dans cet extrait, nous remarquons l’utilisation de la lexie « chikh » qui signifie dans son sens général « un homme respecté en raison de son âge et de

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ses connaissances religieuses ou scientifiques ». Dans cet exemple, la lexie

« chikh » est associée au nom d’un musicien ce qui lui donne une acception complètement différente par rapport au sens général. Dans ce cas, le mot « chikh » désigne « un chef d’orchestre qui est également musicien et chanteur ». L’utilisation de la lexie dans cette deuxième acception est très courante chez les jeunes algériens.

Extrait du cours N°05 :

P : [makyess] (bracelet traditionnel) mai::s euh c’est un triple [makyess] si tu veux il est euh pac’que [aw] (il) il est XXX et puis elle porte la même chose au niveau des cheville hein /./ si ça vous rappelle quelque chose au niveau des Pharaons /./ c’est euh le même principe [fadda] (argent) c’est pas en or

Dans cet extrait, l’enseignante est en train d’expliquer les raisons qui rendent un métal plus précieux qu’un autre. Elle donne l’exemple de la civilisation des Pharaons dans laquelle l’argent est plus précieux que l’or. En évoquant cette opposition « argent/or », l’enseignante préfère emprunter le terme « fadda » à l’arabe standard plutôt que d’utiliser le mot « argent » en langue française.

2.1.1.3. À l’anglais :

L’examen de notre corpus a révélé que les enseignants du département de français recourent par fois à emprunter des lexies à la langue anglaise. Nous devons signaler que la fréquence d’emploi de lexies empruntées à l’anglais, ou d’anglicismes comme préfèrent dire les spécialistes en lexicologie, est comparable à celle empruntée à l’arable standard.

Extrait du cours N° 2 :

P : jamais ˃ faut jamais dire jamais (rires) /…/ le père Noël vous savez c’est pas une fête religieuse /./ juste une fête familiale ça fait partie de la

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tradition commerciale et marketing tout simplement /…/ allez rapidement /…/ donc c’est janvier (en écrivant sur le tableau) /./ eu ::h onze quat onze janvier quatorze /../ ensuite ˃ /../ ah

L’enseignante explique à ses étudiants que le personnage du Père Noël est un personnage fictif qui n’a aucune relation avec la religion. Selon cette enseignante, il s’agit d’une fête familiale qui fait partie de la tradition commerciale. Pour attirer leur attention au fait que la réalité de ce personnage n’est qu’une stratégie commerciale, elle utilise l’anglicisme « marketing ». Extrait du cours N° 4 :

P : quand on est dans le couloir comme ça je eu ::h supporte pas /./ je supporte un p’tit moment [kima tgouli] (comme elle me le dit) ma mère [tgouli nti] (elle me dit toi) tu aimes les gens à p’tite dose je peux pas faire d’overdose

« overdose » est un anglicisme qui signifie « prise excédentaire d’un

médicament ». Nous remarquons dans cet extrait que l’enseignante utilise cet

anglicisme avec le verbe « aimer ». Dans cet exemple, l’enseignante montre aux étudiants qu’elle n’est pas trop bavarde avec les collègues. Nous comprenons à partir de ces propos que cette enseignante critique les pratiques de ses collègues qui consistent à discuter longuement dans les couloirs de la faculté.

Extrait du cours N° 4 :

P : eh ben oui ˃ c’est con en plus parc’que quand on sait que la mode n’a pas euh n’a pas d’ vie n’a pas d’ durée d’ vie /./ elle meurt tout’ suite nait une mode euh nait une troisième une quatrième et puis /./ vous avez ce qu’on appelle l’indémodable qui se démode jamais /./ vous avez des prototypes si vous voulez le jean par exemple est indémodable

E4 : les converses

P : eu ::h les converses ça dépend E4 : pour moi XXX

P : pour vous ˃ E4 : oui

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Dans cet extrait, nous remarquons l’emploi de la lexie « jean » empruntée à l’anglais. L’utilisation de cette lexie est très courante pour désigner un certain type de pantalon taillé dans un tissu épais et généralement bleu. En effet, l’enseignante qui parlait de l’indémodable a illustré son explication en ayant recours à la langue anglaise.

Extrait du cours N° 5 : E1 E2 E3 : XXX

P : les attaches ˃ /./ tu as ça tu as le coude tu as la cheville les genoux se sont les parties les plus fragiles /./ euh [li yelaʕbou] (ceux qui jouent) skateboard [wella] (ou) snowboard euh il euh portent toujours des protections au niveau des genoux des chevilles

L’enseignante emprunte à l’anglais les noms de deux sports de glisse. Ces sports étant beaucoup plus connus sous leurs noms en anglais, l’enseignante ne prend même pas la peine de les expliquer ou de donner leurs appellations en langue française. Il s’agit des lexies : « skateboard » qui signifie « planche

à roulettes » et « snowboard » qui signifie « planche permettant de glisser sur la neige».

Extrait du cours N° 5 : P : il est victime E7 : victim fashion

P: victim [kifeh] (comment) E7 : fashion

E3 : fashion

P : a :h fashion /./ [ʕlah] (pourquoi) victime fashion [w rabi w] (et Dieu et) la religion [taʕna] (notre) [w] (et) l’histoire [taʕna w] la tradition

Dans cette conversation, nous relevons l’emploi de la locution « victim

fashion » à l’origine « fashion victim » empruntée à l’anglais. Cette locution

193 2.1.1.4. À d’autres langues :

Outre les lexies empruntées aux langues que nous avons vues plus haut, nous avons relevé un seul extrait contenant une lexie appartenant à une langue africaine :

Extrait du cours N° 4 :

P : bon [ana] (moi) j’avais eu :h /./ je sais pas j’avais un ami sénégalais qui portait un p’tit cordon sur le euh

E7 : un talisman

P : un talisman un grigri euh sur le bras un p’tit cordon c’est comme pour le protéger

Nous relevons ici l’utilisation de la lexie « grigri » empruntée à l’une des langues de l’Afrique noire. Ce mot signifie « une amulette fabriquée par un sorcier dans le but d’écarter les mauvais esprits et porter bonheur».

2.1.2. La néologie :