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L’approche configurationnelle

Chapitre 3 : Modèle conceptuel

3.1 L’approche configurationnelle

La littérature met en évidence deux grandes approches ou façons de concevoir et d’analyser les organisations : l’approche de contingence et l’approche configurationnelle. Ces approches sont susceptibles de dicter la conduite à tenir et les procédures à mettre en place afin d’opérer d’éventuels changements au sein des organisations. Le tableau 3.1 extrait de la synthèse réalisée par Nathalie Couillard inspirée de Meyer et al. (1993) présente une analyse comparée des deux approches.

L’approche de contingence considère les organisations comme faiblement intégrées (loosely coopled) et possédant des caractéristiques indépendantes les unes des autres. Elle veut isoler les effets de chacune des caractéristiques en séparant les parties d’une organisation du tout et en les analysant individuellement. Dans l’approche de contingence, chaque composante peut être changée ou ajustée marginalement et indépendamment les unes des autres. L’approche postule ainsi une relation causale linéaire unidirectionnelle

entre les caractéristiques organisationnelles et leurs comportements en termes de performance, entre les caractéristiques organisationnelles et l’environnement.

Tableau 3.1 : Analyse comparée de l’approche de contingence et de l’approche configurationnelle

Hypothèse de base Théorie de contingence Théorie configurationnelle Mode d'analyse dominant Réductionniste1 Holistique2

Cohésion et contraintes du

système social Ensemble de composantes peu reliées entre elles Ensemble de composantes fortement reliées entre elles

Relations entre attributs Unidirectionnelles et linéaires3 Réciproques et non linéaires

Hypothèse d'équilibre Équilibre quasi stationnaire Équilibre ponctuel

Mode de changement principal Par incrément Discontinu

Distribution temporelle du

changement Progression continue Poussées épisodiques Hypothèses d'efficacité Déterminé par le contexte situationnel Équifinalité4

1 Réductionnisme : approche voulant que l'on cherche à comprendre le comportement d'une entité sociale en analysant ses composantes de façon séparée.

2 Approche holistique : approche voulant que les composantes d'une entité sociale prennent leur sens en considération de l'ensemble de celles-ci et ne puissent être comprises par l'analyse en isolation.

3 Relation linéaire : relation de cause à effet proportionnelle (une petite action engendre une petite réaction).

4 Équifinalité : concept voulant que différentes formes configurationnelles soient aussi efficaces l'une que l'autre. Il n'y a pas qu'une seule bonne forme de succès (not only one best way).

Source : Synthèse Nathalie Couillard, inspirée de Meyer et al. (1993)

Par ailleurs, dans une approche configurationnelle, les parties de l’entité sociale prennent leur signification à partir de l’ensemble et ne peuvent être comprises séparément. Contrairement à une approche de contingence, elle permet de cerner/créer les modèles d’organisation par la cohérence existant entre les différentes entités.

Les chercheurs qui prônent une vision configurationnelle s’intéressent à mettre en évidence le rôle des interactions entre composantes de l’organisation. Les analyses portent souvent,

soit sur les relations fonctionnelles (ou dysfonctionnelles) entre la totalité (du système) et les parties ou composantes de celui-ci (Gouldner 1959) ; soit sur les mouvements de contradiction ou de renforcement de forces ou d’impératifs qui finissent par constituer des configurations plus ou moins stables (Mintzberg 2000). La vision configurationnelle interprète ainsi le changement comme un résultat d’un manque de cohérence des choix organisationnels.

L’approche configurationnelle consiste donc à considérer toutes les composantes d’une organisation en même temps, de confronter plusieurs discours et présentations de la réalité. Cette « totalité » est à la fois qualitative et quantitative, elle relève d’une phénoménologie de la connaissance plutôt que d’une conception analytique de celle-ci. La méthodologie configurationnelle concerne la démarche, la dynamique de la recherche plutôt qu’un état fini, une «totalité» figée (Kahla 1999). Dans une telle approche, la forme des organisations est circonscrite à partir de caractéristiques conceptuellement distinctes et présentes simultanément. Bien qu’une variété de combinaisons soit envisageable, il ne peut être observé dans les faits qu’un nombre limité de configurations organisationnelles. Ce nombre limité s’expliquerait par la cohérence qui existe entre les différentes caractéristiques de l’organisation (Meyer, Tsui et al. 1993). Cette cohérence rend la configuration empiriquement viable. En outre, dans l’approche configurationnelle, l’organisation est fortement intégrée (tightly coopled) et toutes les composantes sont en relation les unes avec les autres. Ainsi, une organisation est comprise par les interactions entre ses composantes, par sa cohérence interne, par la multifinalité ou équifinalité de ses composantes, et enfin par sa capacité d’adaptation ou fit avec son contexte ou son environnement. Dans une approche configurationnelle, les relations entre les entités organisationnelles sont causales bidirectionnelles et non linéaires. Les organisations alternent ainsi entre les situations

d’équilibre et de déséquilibre, changent épisodiquement et vivent des périodes ponctuelles de stabilité.

L’approche configurationnelle est divisée en deux grands types d’approches : la typologie et la taxonomie. La typologie est une approche qui consiste à faire émerger des configurations par un ensemble de conceptualisations et de théories, car elle prend sa source des concepts et des intuitions théoriques (Meyer, Tsui et al. 1993). À cause de sa nature et de sa difficulté à être utilisée dans les études empiriques, Doty, Glick et Huber ont essayé de surmonter le problème en mettant en place une autre approche appelée taxonomie. La taxonomie est axée sur une classification empirique et basée sur une analyse multivariée des multiples dimensions qui couvrent des processus, des stratégies et des contextes (Meyer, Tsui et al. 1993). Selon McKelvey (1982), la taxonomie a été construite pour appliquer les techniques quantitatives analytiques aux données formelles afin de produire les configurations de modèles. Partant de plusieurs formes organisationnelles, il est donc possible de construire des groupes homogènes contenant des éléments présentant des caractéristiques voisines (McKelvey 1982; Meyer, Tsui et al. 1993).

L’approche configurationnelle ainsi décrite (Meyer, Tsui et al. 1993) semble assez pertinente pour analyser de façon holistique et multidimensionnelle les notions de financement et de performance dans les systèmes de soins.

3.2 Modèle conceptuel de référence : lien théorique entre les trois