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1. INTRODUCTION

3.2   C ONCEPTS  ASSOCIES

3.2.2   L’approche  centrée  sur  la  famille

Cette approche s’inscrit dans la ligne directe de la perspective écologique, décrite précédemment, en se focalisant sur un système spécifique, relativement à la prise en charge d’enfants à besoins éducatifs particuliers: celui de la famille. En effet, selon Bruder (2000) : « […] Family-centered models are a logical expansion of practices that aim to maximize intervention efforts. Besides the obvious fact that caregiving family is the constant over the child’s life span, it should also be acknowledged that families spend the most time with their child » (p.108). Cette citation permet d’introduire la clef de voûte de cette approche : la croyance dans la nécessité d’impliquer la famille car cela influencera positivement les retombées de l’intervention. L’auteure distingue, en outre, deux facettes qui soutiennent cette implication: la première correspond à la présence constante des parents dans la vie de l’enfant qui peuvent, par exemple, faire le lien entre les divers intervenants que l’enfant sera amener à côtoyer (perspective sur le long terme). La deuxième correspond au temps que ces derniers passent avec l’enfant (perspective actuelle), avec l’idée que les parents peuvent reprendre dans le quotidien des savoir-faire et des savoir-être, qui vont induire une différence pour l’enfant, par rapport à l’intervention ponctuelle du professionnel.

Les propos de Rosenbaum et al. (1998) convergent avec ceux de Bruder (2000) mais ces auteurs ajoutent une dimension essentielle, qui permet de faire le lien entre cette approche et la thématique de ce mémoire: « At the very heart of family-centered service is the recognition that the family is the constant in a child’s life. For this reason, family-centered service is built on partnerships between parents and professionals » (p.5). Cette citation met donc à jour les lignes directrices données aux professionnels pour penser cette implication familiale : le partenariat. Il est donc impossible de comprendre ce concept et ses subtilités, sans s’attarder plus longuement sur cette approche centrée sur la famille. Rouse (2012) rappelle, de manière très fine, que le fait de croire au pouvoir et au rôle à jouer de la famille, constitue le pilier de cette approche, croyance qui se manifeste ensuite dans les actes qui façonnent la pratique. En effet, sans adhérer à l’importance de cette implication familiale, il est très peu probable que les professionnels s’engagent dans un partenariat car cela requiert un investissement personnel élevé, comme évoqué précédemment.

Les lignes précédentes permettent donc de distinguer les fondements de cette approche mais il est ensuite nécessaire de se référer à la définition de Dunst, Trivette et Hamby (2007) pour mieux en circonscrire les indicateurs concrets: « […] An approach to working with families that honors and respects their values and choices and which includes the provision of supports necessary to strengthen family functioning » (p.370). Dunst, Trivette et Deal (1994) indiquent, en outre :

« enabling, empowering, and strengthening families constitute the major goals of the family-centered assesment and intervention process » (p.63). Par ailleurs, dans un article rédigé de manière individuelle, Dunst (2002) définit, plus spécifiquement, diverses composantes qui permettent de s’assurer que le travail mené par les professionnels soit réellement centré sur la famille:

«-Traiter la famille avec dignité et respect

-Mettre en œuvre des pratiques réceptives, individualisées et flexibles

-Partager l’information pour que la famille puisse prendre des décisions éclairées.

-Laisser le choix à famille au regard de tous les aspects du programme d’intervention.

-Collaborer avec les parents sur la base d’un partenariat.

-Fournir le support nécessaire et permettre à la famille de mobiliser des ressources pour qu’elle puisse prendre soin de l’enfant, de manière à obtenir des résultats maximisés pour l’ensemble de la famille » [traduction libre], (p.141).

Cet apport indique donc que le partenariat constitue « un outil », parmi d’autres, pour travailler dans une perspective « centrée sur la famille ». De manière plus précise, il est particulièrement éclairant de se référer au schéma de l’ACF que Dunst, Trivette et Deal (1994) proposent, afin de situer plus clairement le partenariat vis-à-vis de cette approche.

Ce dernier s’articule autour de quatre dimensions essentielles (Figure 5) : 1) Les besoins et les aspirations de la famille, qui sont à identifier

2) Le fonctionnement de la famille, ses forces et ses compétences, qui sont à mettre à jour 3) Le support social disponible et les ressources existantes, à proximité

4) Les comportements de la relation d’aide, qui correspondent aux rôles des professionnels

Figure 5 : Les quatre composantes principales du modèle centré sur la famille selon Dunst, Trivette et Deal,1994.

Le partenariat s’inscrit dans la quatrième dimension de ce modèle, celui des comportements de la relation d’aide : « […] Partnerships may be considered a special case of a broader set of help-giving practices » (Dunst & Dempsey, 2007, p.309). En outre, Dunst, Trivette et Deal (1994) expliquent: « Needs and ressources, family strengths and capabilities, and supports and ressources may be thought of as sets of interlocking gears, whereas help-giving behaviors may be thought as the mechanism for aligning the gears in a way that makes the part of the system optimally efficient » (p.8). Cette citation éclaire donc l’importance du rôle du professionnel qui permet, par le biais de ses pratiques, de mettre en route tous les rouages de cette approche centrée sur la famille. Pour illustrer, il agit comme un « élément déclencheur », avec son regard extérieur, pour permettre à la famille de réaliser tout son potentiel, en favorisant les trois composantes centrales du modèle. Toutefois, pour partager ce regard avec la famille, il s’agit d’établir un partenariat. Toujours selon ces auteurs : « It is a partnership that creates the medium for effective work with families » (Dunst, Trivette & Deal, 1994, p.10). Il est alors légitime de se demander comment se traduit ce « travail effectif », soulevé dans la citation qui précède. Dans la littérature voici quelques effets positifs qui se distinguent, de manière récurrente : a) l’autodétermination des parents (enabling), b) des décisions prises en collaboration avec les

professionnels, c) un sentiment de compétence accru chez les parents (empowerment), d) mais surtout une vision positive que ces derniers développent sur les professionnels et les services d’éducation spécialisé. Tout cela permet, par conséquent, qu’ils se perçoivent comme capables de travailler avec les intervenants de leur enfant et qu’ils puissent plaider en faveur des services qui leur conviennent (Blue-Banning, Summers, Frankland, Lord Nelson & Beegle, 2004 ; Tomasello, Manning & Dulmus, 2010). Il est donc possible d’avancer que les effets retrouvés, lorsque un travail sur le mode d’un partenariat professionnels/familles est proposé, font partie d’une palette plus large d’effets, découlant directement d’une perspective centrée sur la famille.

Enfin, Ronsenbaum et al., (1998), suite à leur revue de la littérature à propos de l’approche centrée sur la famille, proposent un tableau qui synthétise ses présupposés de base, ses principes conducteurs mais également les éléments concrets de sa mise en œuvre (Figure 6). Lorsque l’on s’intéresse à ces derniers éléments (elements (key service provider behaviors), il est possible de constater qu’il rejoignent certains comportements attendus d’un professionnel, listés au Chapitre 3.1.5 de ce développement et notamment la communication, le respect, l’implication, pour ne citer qu’eux.

Figure 6 : Principes et éléments d’un service centré sur la famille selon Ronsenbaum et al., 1998

En définitive, cette approche est reconnue comme une composante clé du travail avec de jeunes enfants et leurs proches, dans presque tous les programmes d’intervention précoce, aussi bien à l’échelle européenne, qu’à l’international (Dunst, Trivette & Hamby, 2007 ; Odom, Teferra & Kaul, 2004). En ayant ces fondements à l’esprit, il est aisé d’imaginer que pour travailler en cohérence avec cette approche, dans une diversité de contextes et face à de multiples acteurs, il est

TABLE 1. Premises, Principles, and Elements of Family-Centred Service

Premises (basic assumptions)

Parents know their children best and want the best for their children.

Guiding Principles (“should

statements)

Each family should have the opportunity to decide the level of involvement they wish in decision-making for their child.

9 Parents should have ultimate responsibility for the care of their children.

* to provide accessible services

* to share information about the child

Families are different and unique.

Each family and family member should be treated with respect (as individuals). child is affected by the stress and coping of other family members.

* The needs of all family members should be

The involvement of all family members should be considered.

supported and encouraged.

Service Provider Behaviours to consider psychosocial needs of all members to encourage participation of all members to respect coping styles

to encourage use of community supports to build on strengths

nécessaire de posséder et de développer des compétences particulières, de savoir-être et de savoir-faire, face à autrui, ce qui peut constituer un challenge pour les professionnels mobilisés dans ce champ. Enfin, il est possible de clore ce chapitre en résumant, ainsi, le lien mutuel qui lie le partenariat et l’approche centrée sur la famille: il est nécessaire de croire aux valeurs de l’approche centrée sur la famille pour pouvoir réaliser un partenariat et à l’inverse, le partenariat permet de travailler dans la perspective d’une approche centrée sur la famille.