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juive et musulmane : origine et pro messe juives –conquête et terre d’islam

B. L’apparition du sionisme en Orient : l’émergence d’un nouveau nationalisme

97 Par exemple, le Comité des réformes de Beyrouth fondé en 1912 est composé de chrétiens et de musulmans du

vilayet de Beyrouth, cf. Cloarec V. et Laurens H., Ibid., p.21.

Comme il l’a été dit plus haut, l’idée du retour à Sion date de l’Antiquité, lorsque les juifs furent dispersés par les armées romaines dans tout l’Empire après les violentes révoltes des I° et II° siècles de l’ère chrétienne. Les prières juives appellent à se retrouver « l’année prochaine à Jérusalem », la ville des rois mythiques David et Salo- mon, la ville du Temple où se situe le Saint des saints, le lieu où Dieu est en contact avec sa création, enfin la terre promise à Abraham, mais dont les limites ne sont pas clairement définies par les textes. Ce subs- trat va rencontrer la réalité quotidienne des populations juives d’Europe dont la vie est très difficile, en particulier en Biélorussie et en Ukraine99 où des pogromes sanglants ont lieu. En Europe occiden- tale, l’affaire A. Dreyfus démontrera que malgré l’assimilation des juifs de France100, l’antisémitisme existe toujours dans les régimes démocratiques et libéraux. Dans le même temps, l’idée de nation qu’elle soit de type français ou allemand, inspire les peuples d’Europe, comme le montre le Printemps des peuples de 1848 (Italie, Autriche, Allemagne, Hongrie), qui avait été précédé en 1830 par des mouve- ments nationaux (révoltes belge et polonaise, indépendance de la Grèce). Le Judaïsme qui se vivait en ghetto en Europe, et refermé sur lui-même à cause du rejet des populations101 s’émancipe de sa condi- tion, mais le fait de ne pas être accepté comme citoyen plein et égal dans les faits va faire naître des courants nationalistes dont le but prin- cipal est la protection des populations et la recherche d’une terre pour

99 Comme à Kichinev en Ukraine en 1903. 100 Cf. supra.

101 En particulier à cause de l’accusation de peuple déicide, ferment de l’antisémitisme chrétien, mais aussi par la

réputation d’usurier. Cette « spécialisation » du judaïsme dans les métiers de l’argent était due aux multiples interdits les frappant. Ils ne pouvaient pas posséder de terres, par exemple.

devenir un peuple comme les autres, c’est-à-dire qui ne vit pas disper- sé en communautés au milieu de tous les autres, donc à leur merci. C’est l’apparition du sionisme. Il faut traiter synthétiquement de l’idéologie sioniste, car, d’abord, elle possède des aspects variés et complexes (sionisme religieux, assimilationniste, politique, territoria- liste, etc.), et tous ses thèmes ne rentrent pas dans le cadre de notre travail. On analysera en premier lieu, les deux courants principaux du sionisme politique, ceux de T. Herzl et de V. Z. Jabotinsky (a). En deuxième lieu, on constatera que sionismes politique et religieux se sont liés après la création de l’Etat d’Israël en 1948 (b). Enfin, le sio- nisme chrétien protestant américain, très important dans la compré- hension contemporaine du conflit sera abordé, car la place des Etats- Unis dans la région et la présence de personnes proche de ces mouve- ments à la tête de la première puissance mondiale apporte un éclairage sur la politique régionale et le règlement du conflit (c).

a. Les sionismes politique et révisionniste : la modernisation de la revendication historique juive sur la Palestine

Le sionisme religieux n’était pas territorialiste, l’attente du retour à Sion étant conditionnée par le retour du Messie à la fin des temps.

En ce sens, l’apparition d’un sionisme politique fondé sur les idées na- tionalistes européennes est une nouveauté. Le sionisme, ceux de T. Herzl et de V. Z. Jabotinsky ont ceci de commun qu’ils ne sont pas religieux, mais respectivement politique socialisant et réactionnaire (fascistes parfois)102. Cependant, le fondement du retour à Sion et de la terre promise est crucial, car après quelques réflexions sur un lieu où établir un Etat juif103, on revient naturellement à la Palestine, point de départ de la diaspora et seule région où un Etat juif ait jamais exis- té, du temps des Rois, comme Salomon (constructeur du premier Temple aux alentours du premier millénaire avant JC), puis plus tard avec Josias (compilateur de la Torah actuelle au VII° siècle avant JC) et à l’époque romaine avec Hérode (constructeur du Second Temple en 20 avant l’ère chrétienne), pour citer quelques exemples. Si l’idée de trouver un territoire pour que les juifs vivent en paix existait aupa- ravant, ainsi que des aides pour développer les populations juives pa- lestiniennes104, le sionisme politique apporte une réflexion program- matique réaliste, dans l’absolu, à grande échelle, et surtout s’oppose à l’assimilationnisme. Ces réflexions viennent du fondateur du sionisme politique, T. Herzl, juif progressiste d’origine hongroise, ayant travail- lé en France pour un journal autrichien entre 1891 et 1894, en pleine affaire A. Dreyfus. T. Herzl avait été conquis par le modèle français qu’il trouvait généreux et efficace, avec l’égalité des droits et le décret

102 Pour cette étude, on peut se reporter en particulier à Charbit D., Sionismes, textes fondamentaux, Paris, Bi-

bliothèque Albin Michel Idées/Menorah, 1998, qui donne un paysage complet des écrits sionistes du XIX° siècle à nos jours.

103 L’Ouganda et l’Argentine ont été envisagés, par exemple.

104 L’Alliance Israélite Universelle a pourvu à l’éducation des populations juives du vieux Yichouv, qui étaient

considérées en Europe comme arriérées, alors que la branche française de la famille Rothschild aidait à l’établissement de communautés agraires pour améliorer le niveau de vie.

Crémieux qui donnait la nationalité française aux juifs d’Algérie en 1870. A la vue de ces faits, il était partisan de ce modèle. L’affaire A. Dreyfus lui montre que l’assimilationnisme n’éteint pas l’antisémitisme, malgré le statut privilégié des Français juifs par rap- port à la majorité de leurs coreligionnaires en Europe. Au contraire, les réactions anti-juives viscérales de personnes et d’organes de presse, comme le journal catholique La Croix, le convainquirent que les juifs n’avaient pas leur place au milieu des autres nations, où ils sont toujours considérés comme des étrangers, voire des ennemis. T. Herzl se rapprochera alors du mouvement sioniste naissant avec des penseurs comme M. Nordau ou L. Pinsker qui dans son texte de 1882, L’auto-émancipation des Juifs, défend la création d’un Etat juif, sans en préciser le lieu. La finalité est de régler par un fait national (la créa- tion d’un Etat), une question transnationale (la judéophobie euro- péenne) qui ne fait souffrir que les juifs eux-mêmes. Il appelle à la fin de son texte à un « congrès » des notables juifs pour réfléchir à ce pro- jet et le mettre en œuvre en y consacrant le temps et les moyens néces- saires. L. Pinsker pense que « le temps sera sans doute long, mais les moyens peu coûteux »105. T. Herzl prendra part au mouvement nais- sant qui conduira moins d’un siècle plus tard à la naissance de l’Etat d’Israël en Palestine. Cependant, à l’époque, la question du lieu de l’établissement d’un Etat juif est posée par le courant « territoria- liste ». Le baron de Hirsch propose l’Argentine, le ministre britan-

105 Le texte en version anglaise figure sur le site de l’Organisation Sioniste Mondiale

(http://www.wzo.org.il/en/resources/expand_author.asp?id=74), l’original a été rédigé en allemand, l’auteur étant d’origine russe.

nique J. Chamberlain, l’Ouganda. T. Herzl, lors du premier Congrès sioniste mondial à Bâle en 1897, verrait plutôt la Palestine à cause des liens entre cette terre et l’histoire juive. A l’époque l’image de cette région en Occident, pour des personnes qui souvent ne la connaissent pas, est celle d’un pays peu peuplé, reculé, sans histoire depuis la fin de la royauté juive au I° siècle. Les sionistes ont bu à l’histoire bi- blique et ont peu conscience de la réalité du terrain. Bien que sous- peuplée, la Palestine possède une structure sociale complexe différen- ciée entre les citadins et les nomades de la région. Aucune véritable nation palestinienne au sens moderne du terme n’existe pourtant, les habitants se considèrent comme musulmans, juifs ou chrétiens et tous ottomans. Cette méconnaissance de la réalité fera dire à I. Zangwill, la phrase « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » qui demeu- rera une sorte de credo dans le courant sioniste. Cette perception de la réalité locale causera de sévères déconvenues lors de l’installation des juifs dans la région comme le démontre la grande révolte palestinienne de 1936. Le livre-projet de T. Herzl qui explicitera sa pensée sur une installation en Palestine, L’Etat des Juifs106, est programmatique. Il y

explique de manière « réaliste » comment faire s’installer ces juifs d’Europe sur une terre pauvre et peu peuplée apportant avec eux les dernières techniques industrielles et agricoles pour développer la ré- gion. Ces progrès bénéficient alors tant aux juifs qu’aux populations locales pour que l’installation des colons soit acceptée. Les proposi- tions sociales sont importantes dans le texte de T. Herzl comme par

106 Der Judenstaat est publié à Vienne en février 1896, Herzl T., L’Etat des Juifs, Editions la Découverte, collec-

exemple la journée de sept heures de travail ou l’intérêt donné à l’habitat ouvrier. La lecture de ce texte rappelle les utopies sociales en cours au XIX° siècle, cependant la cohérence du projet et la force de conviction de son auteur vont faire de l’option palestinienne une évi- dence. Dès les débuts du mouvement politique, T. Herzl prend des contacts avec la Grande-Bretagne et l’Empire ottoman pour promou- voir son projet. A cette période la question intéresse peu les Britan- niques et les Ottomans voient un danger à une telle immigration, sur- tout dans le contexte de la naissance d’un nationalisme arabe qui re- met en cause le pouvoir local. Il va réussir à créer un lobby influent qui réussira à se faire entendre auprès des différentes puissances en jeu dans la question palestinienne, malgré l’aspect très peu réalisable du projet à ses débuts. Le réalisme primera chez les successeurs, comme D. Ben Gourion ou C. Weizmann. Cependant, ce sionisme politique, social ou socialiste, avait un pendant qui aura une importance capitale dans notre travail : le sionisme révisionniste.

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La différence primordiale entre ces deux aspects du sionisme moderne tient dans les moyens et dans le fait que la démocratie n’est pas toujours considérée comme un système politique efficace. Si le sionisme politique travaille à convaincre les nations occidentales pré-

sentes dans la région à laisser établir un foyer juif, les révisionnistes, eux, préfèrent des méthodes d’action directe fondées sur l’auto- défense (tant en Europe qu’en Palestine), le terrorisme contre les troupes mandataires107 et les populations autochtones, et l’immigration clandestine des juifs de la diaspora vers la Palestine. Comme il l’a été écrit plus haut, ce courant contestataire à l’encontre des méthodes des sionistes classiques a comme chef de file, V. Z. Jabotinsky. Journaliste et tribun, il s’engagera dans la Légion juive mise en place par les Bri- tanniques durant le premier conflit mondial. Il sera décoré. Elu à l’Organisation sioniste mondiale en 1921, il en démissionnera deux ans plus tard, à cause de l’opposition de C. Weizman et de D. Ben Gourion qui considèrent ses méthodes et ses idées proches du fas- cisme. Cependant, il crée le Bétar108 en 1923 à Riga, un mouvement de jeunesse juive à visée sportive et paramilitaire. Bétar est l’acronyme109 de « Brit Trumpeldor » qui signifie « l’alliance, ou le mouvement, de Trumpeldor », l’autre grande figure du mouvement tué dans la région de Bétar précisément, près de Tel Haï, alors qu’il défendait une position contre une attaque bédouine en 1919110. Sa pensée a grandement influencé le mouvement sioniste, malgré le rejet qu’elle provoqua à ses débuts. Son concept de la « Muraille de fer »111

107 Par exemple, l’attentat contre l’hôtel King David de Tel-Aviv, en 1946, qui était le siège des troupes

d’occupation britannique, par un groupe dirigé par le futur Premier ministre israélien, M. Begin qui signa la paix avec l’Egypte.

108 Le Bétar est la structure d’encadrement pour les adolescents, les jeunes adultes intègrent le Tagar. Ces mou-

vements bien organisés existent encore de nos jours en France, se reporter en particulier au site www.betarfrance.org.

109 « Sigle prononcé comme un nom ordinaire », définition de l’édition 2001 de la version électronique du dic-

tionnaire Le petit Robert.

110 Zertal I., La nation et la mort : la Shoah dans le discours et la politique d’Israël, Paris, La Découverte, 2008

(2004).

aura une influence déterminante dans l’établissement de l’Etat d’Israël et dans la gestion des Territoires, car nombreux sont les Israéliens im- plantés dans ces zones et les militaires de Tsahal qui partagent cette perspective stratégique. V. Z. Jabotinsky avait mieux compris que ses contemporains sioniste l’importance du fait arabe, car il connaissait l’Orient. Il savait que les populations autochtones ne laisseraient pas les juifs s’installer dans la région sans résistance. En ce sens, il prônait la création d’unités militaires juives capables de faire face à l’ennemi et de protéger les populations civiles israélites. Le dessein étant que, sur le long terme, les Arabes perdraient de leur « colère », par déses- poir, face à cette « muraille » formée par les fusils et les grenades des combattants juifs. Ce désespoir les conduirait alors à négocier dans des termes plus favorables aux sionistes. Il conclut son texte de 1933 par « […] le seul moyen d’arriver à un accord futur est le renoncement à la tentative d’arriver à un accord, aujourd’hui »112, c’est-à-dire de faire durer une situation sur plusieurs générations, pour, en fin de compte, pouvoir choisir des partenaires de négociation dont les vues iraient dans le sens des attentes sionistes. On constatera que, même si ce concept a été rejeté par l’exécutif sioniste, il a pourtant été utilisé dans plusieurs situations, dont certains sont en rapport direct avec notre travail, comme la fixation de la frontière israélienne et les négo- ciations avec l’OLP et l’Autorité palestinienne113.

112 Ibid., p. 542

113 Pour une étude complète de ce concept dans l’histoire juive et israélienne et les relations avec les pays arabes,

voir : Shlaïm A., The Iron Wall, Israel and the Arab world, Londres, Penguin History, 2000 (2008 pour l’édition française).

On peut donc se rendre compte que le mouvement sioniste poli- tique se partage en deux courants, un courant classique, politique, et l’autre révisionniste. Ces courants d’abord opposés se lieront peu à peu, mais sans jamais se confondre. On les verra combattre côte à côte lors des opérations militaires de 1948 notamment. Cependant, sur le plan de la politique intérieure, ils donneront naissance respectivement au courant travailliste et au Likoud qui correspond à la droite nationa- liste, actuellement. Ce qui est marquant, c’est que les idées de V. Z. Jabotinsky, par leur réalisme, ont supplanté rapidement les concep- tions diplomatiques du courant sioniste dominant, à cause de la révolte arabe palestinienne de 1936-1939, de la Shoah et de la guerre de 1948. Le sionisme a gagné en efficacité avec l’apport révisionniste, car en plus de l’intense lobbying diplomatique qui sera couronné de succès par l’entrée d’Israël à l’ONU le 11 mai 1949, la mise en place d’unités paramilitaires permettra au Yichouv de se protéger durant la révolte palestinienne, mais aussi d’avoir des combattants bien formés pour la guerre de 1948, ce qui n’était pas le cas des Palestiniens et des Etats arabes, mis à part la Transjordanie et sa Légion arabe.

Le sionisme religieux qui ne voulait pas du sionisme politique considéré comme une œuvre athée, va voir une grande partie de ses représentants changer d’opinion. Ce fait sera important pour la légiti- mité de l’Etat vis-à-vis des juifs religieux, mais aussi pour la défini- tion géographique et symbolique d’Israël, comme le montreront les conquêtes de 1967 et la colonisation.

b. L’appui du sionisme religieux à l’Etat d’Israël : vision milléna- riste et actions pragmatiques

La création de l’Etat d’Israël a été considérée comme un miracle par les tenants du sionisme religieux moderne. Ce courant, qui est une synthèse entre sionisme politique et foi est représenté par le grand rabbin ashkénaze d’Israël, A. Kook, dans les années trente114, et pour- suivi par son fils. A. Kook voit dans le sionisme le début de l’ère mes- sianique, c’est-à-dire l’arrivée du Messie à la fin des temps. Israël, en plus d’être un Etat pour les juifs, devient donc une étape pour accom- plir le dessein divin. En ce sens, ce mouvement marginal au sein d’un Judaïsme traditionnaliste ne voyant en la création d’Israël qu’une œuvre humaine, va commencer à prendre de l’ampleur, en se fondant sur deux « miracles » : la création de l’Etat en 1948, et la conquête de la Judée et de la Samarie115, avec Jérusalem-est et le Mur des Lamen- tations, inaccessible aux juifs du temps de la juridiction jordanienne jusqu’en 1967. Israël, au sens religieux du terme, retrouve son intégri- té territoriale. L’idée du combat de David contre Goliath, du petit Etat d’Israël, peuple opprimé et dispersé pendant des siècles, vainquant les Etats arabes alentour est considérée comme la preuve que la volonté

114 Il meurt en 1935, son fils dans les années 80.

de Dieu s’accomplit, car cette inégalité des forces ne pouvait conduire qu’à la défaite du petit Etat : c’est donc un miracle. Cette succession d’événements exceptionnels ne peut être, de ce point de vue, que l’aube des temps messianiques.

1967 est le moment crucial pour comprendre la politique israé- lienne dans les Territoires bientôt occupés. Dans une ambiance de re- ligiosité imprégnant même les milieux laïques116, le mouvement des sionistes religieux devient une figure de proue de la politique inté- rieure, grâce à ses manifestations nationalistes et religieuses les rap- prochant des laïques. Mais si le rêve sioniste politique semble réalisé, celui du sionisme religieux prend son envol : la judaïsation de la so- ciété d’abord, la colonisation ensuite, voire l’expansion si possible, pour arriver à la plénitude d’Eretz Israël. Eretz Israël, littéralement « la terre d’Israël », se traduit aussi par le « Grand Israël ». Les limites territoriales de la promesse divine sont différentes selon les interpréta- tions, généralement les frontières israéliennes incluant les Territoires y correspondent. Cependant, pour certains, les frontières d’Eretz Israël sont beaucoup plus larges. Elles comprennent l’Etat israélien actuel avec les Territoires qui constituent le noyau. Ensuite, Eretz Israël dans sa plénitude s’étend du fleuve d’Egypte à l’Ouest, c’est-à-dire le Sinaï jusqu’aux marches du delta du Nil, à l’Est d’une ligne allant de l’ancienne cité d’Ur en Chaldée117 d’où est originaire Abraham, à Ha-

116 Le rêve du sionisme politique est réalisé, car l’Etat d’Israël est à présent dans ses frontières historiques. 117 Actuellement au sud de l’Irak.

ran118, ville de Sarah, aux pieds des Monts Taurus, et au Nord de cette dernière ville jusqu’au Mont-Liban. Cette vision d’Israël est très mi- noritaire. Pourtant, le concept d’un Eretz Israël aussi large va faire son apparition peu à peu dans la vie publique. Les personnes s’installant de leur propre volonté119 dans les colonies de peuplement après 1967120, le font surtout à cause de leurs convictions religieuses et se considèrent comme les pionniers d’Israël dans la reconquête de son territoire.

Pour les dirigeants d’Israël, qu’ils soutiennent ou non ces mou- vements, il faudra alors prendre en compte ce fait religieux important dans la gestion et la négociation des Territoires occupés. Ces colons