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Les infections d’origine virale semblent beaucoup moins nombreuses en nombre de cas que les infections associées aux soins d’origine bactérienne. En milieu hospitalier, elles représenteraient 5% de l’ensemble des infections nosocomiales mais en fait ce chiffre semble très variable et sous-estimé (jusqu'à 30% des infections dans des services pédiatriques l’hiver…). Cela est dû en grande partie aux différences notables qui existent entre infections bactériennes ou fongiques et infections virales.

Tableau IV : Différences entre IN virales et IN bactériennes et fongiques. IN bactériennes et

fongiques IN virales

Incubation habituellement < 48-72H

très variable selon les agents (quelques heures à quelques mois) Principales manifestations cliniques (en termes de fréquence)

infections urinaires infections du site

opératoire infections sur cathéters

bactériémies pneumonies infections gastro-intestinales infections du tractus respiratoire hépatites infections cutanéomuqueuses Populations à risque

patients soumis à des traitements invasifs (intubation-ventilation, sondages, explorations endoscopiques, implantation de matériel étranger...) opérés immunodéprimés sujets âgés nouveaux-nés et jeunes enfants sujets hospitalisés en service de long séjour immunodéprimés transplantés hémodialysés hémophiles hémodialysés personnel soignant Prise en compte dans les

Principaux éléments de prévention et de traitements spécifiques antibioprophylaxie antibiothérapie curative traitements antifongiques vaccination traitements antiviraux

Nous pouvons citer pour mémoire les principaux virus responsables des infections du précédent tableau :

Gastro entérite aigue : Rotavirus, calicivirus, adénovirus…

Respiratoires : VRS, influenza, parainfluenza, métapneumovirus, entérovirus Hépatiques : Hépatites B, C et moins fréquemment A

Immunitaires : HIV et HTLV

Cutanés/muqueux : Varicella-Zoster Virus (VZV), Herpès Simplex Virus (HSV), Measles Virus (MV), Rubella Virus (RV), Myxovirus parotidis (MP), entérovirus, adénovirus

Hématologiques : hCMV, parvovirus

Plus rarement fièvres hémorragiques et entéroviroses du Système Nerveux Central (SNC).

De la même façon que pour les bactéries, il est à noter que les virus sont capables de subir des mutations génétiques entrainant des phénomènes de résistance aux traitements actuels.

En ce qui concerne l’existence de normes et recommandations pour l’évaluation de propriétés antivirales de molécules, celles-ci sont des plus sommaires. Citons ici les normes :

 NF EN 14675 « Essai quantitatif en suspension pour l’évaluation de l’activité virucide des antiseptiques et des désinfectants chimiques utilisés dans le domaine vétérinaire »

 NF EN 14476+A1 « Essai virucide quantitatif de suspension pour les antiseptiques et désinfectants chimiques utilisés en médecine humaine ».

Le développement de nouvelles stratégies anti-infectieuses en pathologie humaine est un des axes de recherche de l’équipe où ce travail a été réallisé. En virologie, l’élaboration de modèles et la mise en place de protocoles permettant de valider et de caractériser les propriétés antivirales de différents produits est un des objectifs. Dans ce cadre, j’ai été amené à mettre en place un protocole permettant d’évaluer les propriétés « antivirales » des AHPTs. La norme NF EN 14476+A1 (AFNOR, 2007); seule norme

actuellement en vigueur concernant les activités antivirales en Europe a servi de base de travail.

Selon cette norme, l’évaluation de l’activité antivirale repose sur des essais réalisés in-vitro sur cultures de cellules eucaryotes. Ces essais consistent à mettre en contact pendant un temps déterminé le virus testé et la drogue, puis à stopper l’activité du produit testé soit :

 par neutralisation chimique, procédé qui consiste à neutraliser l’action de la drogue en inactivant les fonctions chimiques actives présentes au niveau de celle-ci et responsablent de son activité (Fleurette et al., 1995).

 par filtration, procédé qui consiste à faire passer le mélange virus/drogue sur une colonne chromatographique retenant uniquement la drogue et laissant passer le virus. Des colonnes chromatographiques de type Séphadex® ou Microspin® ou des colonnes « home made » peuvent être utilisées (Geller et al., 2009)

 par dilution, procédé qui consiste à réaliser des dilutions successives du mélange virus/drogue afin de diminuer la concentration en drogue ce qui la rendra inactive car suffisamment diluée. A noter qu’une dilution au 100ème est le minimum nécessaire pour satisfaire au cadre de la norme.

Les titres viraux avant et après contact avec la drogue sont ensuite comparés. Une diminution de ce titre permet de mettre en évidence une activité antivirale. Si, de plus, cette réduction de titre viral atteint 4 log alors la drogue est réputée, selon la norme AFNOR NF EN 14476+A1, posséder une activité « antiseptique antivirale ». Si cette diminution est limitée entre 0,5 et 4 log alors le terme d’activité « antivirale » lui sera accordé.

Parmi les 3 procédés utilisables pour stopper l’activité du désinfectant, la technique par dilution a été utilisée. Elle est simple à mettre en œuvre et ne nécessite pas une connaissance approfondie de toutes les drogues étudiées, contrairement soit

 à la technique de filtration où (i) les masses molaires des drogues susceptibles d’interagir avec la colonne doivent être connues et (ii) les molécules de référence et la drogue étudiée doivent avoir des propriétés physicochimiques similaires afin d’être retenues par le même type de colonne chromatographique (Geller et al., 2009).

 à la technique par neutralisation chimique, où la formule chimique de la drogue doit être connue et le produit ou les produits de la réaction de neutralisation ne doivent pas interférer dans l’étude (toxicité cellulaire ou activité antivirale).

Cependant trois problèmes se posent :

 la nécessité d’une charge virale initiale infectieuse (titre) suffisamment élevée afin de pouvoir

 mettre en évidence une perte de titre jusqu’à 4 log

 supporter une dilution au 100ème lors de la neutralisation de la molécule à tester

 la cytotoxicité du produit à tester peut être confondue avec l’action du virus (ECP). Ainsi des tests de toxicité cellulaire devront être réalisés avec les différentes dilutions de drogue utilisées. Cela permettra de s’assurer de l’absence de biais de manipulations liés à une toxicité de ces dilutions de drogue sur les cellules.

 l’impossibilité de cultiver in vitro certains virus. Ce point est abordé dans la norme qui propose ainsi que les essais de virucidie soient réalisés sur 3 virus pour que la substance soit homologuée « virucide ». Ces trois virus sont des virus nus considérés comme « les plus résistants » et représentatifs des virus rencontrés :

 deux sont des virus à ADN :

o le parvovirus bovin (souche Haden, ATCC VR-767)

o et l’adénovirus de type 5 (souche adénoïde 75, ATCC VR-5)  le dernier est un virus à ARN :

o le poliovirus Lsc-2ab de type 1

Le choix de ces virus pour réaliser ces essais réside dans le fait qu’ils possèdent une faible sensibilité à la plupart des désinfectants, une bonne maniabilité, une absence de pathogénicité pour le manipulateur et une bonne stabilité dans le temps (Fleurette et al., 1995).