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2-2-6-L’ANALYSE PSYCHO-TEMPORELLE DES RECITS DU TAT :

Axe I : Trouble Dysthymique F34 1 [4.300]

2-2-6-L’ANALYSE PSYCHO-TEMPORELLE DES RECITS DU TAT :

Les récits d'Amina au TAT sont enregistrés dans une figure temporelle réversible ; la désorganisation des récits, l’ingérence des défenses de l’évitement de conflit d’une part et les procédés rigides de contrôle de la réalité interne. D’autre part, ne permettent pas au sujet d’appréhender le monde objectal. L’idéal du Moi semble écarté par le maniement pulsionnel, auquel le travail moïque de la liaison pulsionnelle, est demeure impossible en vue de l’incapacité

du sujet à déployer et à élaborer des fantasmes œdipiens, pour pouvoir s’inscrire dans un temps subjectif et donne lieu à une histoire significative.

La durée totale des récits est de16 mn et 14 s, dans laquelle le sujet se trouve affronter une réalité dans un aller-retour, marquée par un emploi du temps négligé, d’un présent inachevé ; le sujet commence les récits sans donner une fin ou accomplit une canalisation de la source pulsionnelle, il réalise des histoires télégraphiques, qui ne peuvent avoir une liaison et élaboration discursive. On note le défaut des liaisons grammaticales et objectales ; qui soulignent des affects et représentations dépressives et empêchent toute une histoire successive et linéaire aux planches (3BM, 4, 6GF, 9GF, 10, 11, 13B, 19 et 16) :

Le rythme des récits au TAT globalement semble basculer, entre des moments de silence et de pause intra-récit, parfois dans des moments de restriction du temps par l’emploi des expressions : (ça y’est, c’est tout, c’est bon...), et aussi par des commentaires personnels : «…elle m’arrive l’oppression… », et «…mon Dieu...je veux vomir…», qui échappent à l’élaboration de l’histoire. Ces mouvements ne permettaient pas au sujet de s’instituer dans un acte de récit simultané, dont le travail du temps présent ne s’achève pas pour exploiter et élaborer le temps du passé et anticiper le temps du futur, en raison du défaut de la permanence et l’investissement objectal. - Le défaut de la temporalisation structurante le discours des récits :

Bien que la durée totale est 16mn et 14s et le temps latent de (10¨et 33¨), le sujet semble indifférent au temps qui passe entre les séquences verbales.

L’absence totale des articulations et les indicateurs temporaux, comme (avant, après) et les petits mots, reflètent le mode statique des récits. Notant, la seule expression temporelle entendu est dans la planche 16 : «…une femme dans une tourbillon…», en arabe dialectal Algérien, « Dawama », signifie soit une circulation accélérée des idées négatives ou bien un état dépressif majeur qui altère la situation du sujet, en le situant dans une aire transitionnelle imaginaire-réelle et occasionne le trouble de ses limites.

On constate aussi, que toutes les planches inclus un temps de silence intra-récit important, qui témoigne la tendance d’inhibition du sujet face au matériel configuratif ; le temps latent prend une signification défensive importante, qui dérape la tonalité discursive et affective des récits. La durée la plus longue est enregistrée, dans les planches 10, 11 et 19, de 33¨ témoigne une réaction d’inhibition patente, ce qui traduit la projection massive des thématiques persécutoires menaçantes qui suscitent la sensibilité anxieuse du sujet :« obscurité … elle m’arrive

l’oppression » et souligne le trouble de syntaxe : « Ba attaquer » au lieu de « il vient attaquer », ainsi que son émotivité dépressive et sado-masochique face au contraste « noir et blanc ».

Le manque du verbe est équivalent du manque du sens ; de l’orientation et de la sémantique temporelle ; Ce mode d’emploi d’un présent inachevé des récits, ne permet pas au sujet la possibilité de se mouvoir entre le passé et le futur.

-Le défaut d’inscription des liens grammaticaux et objectaux :

La désorganisation de la simultanéité et de la sémantique dans le protocole de Amina est marquée par ; la force d’inhibition, le silence et la tendance restrictive du temps et le recours au commentaire personnel comme un moyen d’évitement du travail de l’historicisation, sans que le sujet puisse respecter le flux temporel et narratif :

Dans la planche 1 : l’adjectif employé « occupé par la musique », de la traduction de l’adjectif « Rah mounghamik », semble manquer de la sémantique arabe dialectale.

Ce craqué verbal à l’émergence des processus primaires, cesse la canalisation de la source pulsionnelle ; on note que l’hésitation, le remâchage et la mise de distance temporelle qui s’ensuit dans le récit, par l’emploi des petits mots « zaama » et « zaamak », (qu’on tente traduit en français « soit disant »), empêche le sujet à élaborer un sens grammatical.

De plus, la fragilité du lien objectal maintenu entre le garçon et l’objet de l’identification « la guitare » indique l’impuissance du sujet à s’installer dans une identification stable.

Le craqué verbal entendu par l’arabe dialectale « rah mounghamik » s’ensuit dans la planche 3BM : « ça…un garçon...il est approfondi dans ses tristesses (E4-1)+++», et « il est comme un introverti (A2-2) Eh sur l’introversion (E4-1) sur ses problèmes »,avec une forte inhibition et évitement du conflit, qui n’assurent pas un continuum objectale pour surmonter la problématique de la perte d’objet ; l’identification du sujet à une représentation de soi dépressive patente, conduit à une impasse discursive difficilement retenu par l’ingérence de l’intellectualisation. La logique discursive est difficilement conciliée dans la planche 4, en vue de la méconnaissance de la relation duelle :« +++ il parait un homme malheureux (CN2→-) pardonnez moi mon Dieu…je veux vomir (B2-1) (B3-1) », après un temps de silence intra récit de 40¨, ce qui montre la charge défensive de l’inhibition contre un lien objectal et la tendance à la somatisation.

Cette sensibilité inhabituelle exprime des sensations corporelles de « vidage », via la fragilité perceptive, selon B F Foulard (1996) ce « vidage »reflète la perte de la distance de l’espace

projectif. Ce mouvement de chute temporelle, qui colore la perception angoissée de la réalité externe par le maniement du refoulement est saisi comme une menace identitaire.

On signale aussi que le lien entre les procès verbaux et la liaison objectale maintenue dans la planche 10, ne permet pas au sujet une signification discursive, dans laquelle la séquence du récit « un mari…homme il a des problèmes (A2-4) ça y est+++ » puis « il est dans l’obscurité …», sous-tendu avec remâchage, scotome d’objet (du deuxième personnage) et l’achèvement du récit par un commentaire personnelle angoissant : « elle m’arrive l’oppression ». Témoignent le mouvement régressif et dépressif du Moi, sans que le sujet ait le contrôle à s’en servir. Auquel, le recours au sensoriel, appel à une chute du temps, qui surgit par la sensibilité au noir dans « l’obscurité » comme un objet métaphore, condense la représentation de soi persécuté et menacé dans le télescopage entre le héros et le Moi du sujet, qui introduit la confusion du registre du contenu et de contenant.

Le même sens du trouble syntaxique du craqué verbale déjà cité, altère l’orientation temporelle du discours sans que le sujet puisse canaliser la source pulsionnelle et s’en servir en reliant les affects angoissants dans la planche 11 et 13MF : « ceci est comme un serpent (A1-1) il va venir (B2-4)+++(CI-1) ba attraper (E4-1)…ces colombes…les jette dans le puit... citerne…(E2-2) ». Ces énonciations discursives n’assurent pas le maniement des émois sado-masochiques pour une histoire discursive.

Enfin, dans la planche 13MF : « il semble…il était…la tuait », au début du récit signale le trouble syntaxique et l’effroi du Moi du sujet, en vue des représentations agressives ; la condensation des trois verbes dans l’actualisation de la présence persécutoire, qui explique la régression discursive, qui ne permet pas une élaboration du fantasme sadique et la problématique de la perte d’objet.

-l’impossibilité d’élaboration un sens pour le récit :

L’organisation de la verbalisation du discours, oscille le processus de l’historicisation des récits dans un mode compulsif, du fait de la contrainte de la répétition, le désordre syntaxique, emploi du présent inachevé, ainsi que le manque de la liaison objectale ; l’évitement conflictuel de la relation duelle dans les planches (4, 6GF et 10) mène le discours du sujet à l’impasse temporelle, et la nécessité de l’arrêt.

Dans la planche 2, le sujet décrit la jeune fille « comme une enseignante…une maitresse qui est partie (CF1)(A3-1) »,avec la méconnaissance des personnages présentés et la différence

générationnelle, ce qui explique le retrait temporel pour une élaboration de la position œdipienne de la relation triangulaire et le repli du déploiement aux émois pulsionnels.

Dans la planche 6GF « un couple (A1-1) il y a un dialogue…comme-ci une dispute (B1-1) ». L’attaque relationnelle objectale ne peut s’instaurer et s’élaborer pour une historicisation significative, du fait du retrait d’investissement libidinal et pulsionnel qui produit l’impasse relationnelle.

Cette tonalité s’entend de façon répétitive dans la planche 7GF, dans laquelle, le scotome d’objet, l’impossibilité d’accès au projet identificatoire maternel de la (petit fille-mère) s’institue à l’émergence du processus du clivage : « celle-ci lui fait la lecture…et elle ne sait pas qu’elle lit…elle est distraite d’un autre côté (CN1) ». Ce qui explique la faille narcissique et l’ignorance glacière de la différence générationnelle.

De là, l’impossibilité du sujet de se situer dans une aire transitionnelle (réelle-imaginaire) n’autorise pas le recadrage et la liaison pulsionnelle libidinale, devant l’angoisse de l’abandon qui bloque toute une négociation pour l’idéal du Moi à venir.

2-3-Présentation du Cas n°3, Abdelatif 35 ans :

Abdelatif, un jeune homme âgé de 35ans, le motif de sa consultation, selon lui était de comment s’en sortir de son état dépressif insupportable, dont sa souffrance psychique qui se présente dans la réduction du sommeil, à l’endormissement des premières heures du matin, réduction de l’appétit, les maux de tête, les nausées, sensation de fatigue le matin, disant aussi que ces derniers temps, il commence à avoir une peur de conduite sans avertissement antérieur.

Abdelatif se décrit comme une personne soucieuse de son allure et comportement au regard d’autrui, il aime l’isolement et ressens la solitude, même s’il est dans un groupe (amis-famille) ses pensées sont opposées à leurs discussions, qui le pousse à prendre la fuite et à se retirer avec ses propres pensées sans que les autres le remarque.

Abdelatif est responsable de sa famille depuis le décès de son père à l’âge de 15ans, il raconte que son enfance était dure à cause de la sévérité d’éducation qu’il a reçue. Ses parents lui ont confié l’éducation de ses frères, car il révèle un souvenir qui le touche, c’est la perte de son frère plus jeune qui et depuis ce jour il subit les gronderies de l’entourage ainsi que ses parents qui lui en veulent et le dévalorisent et de son coté il doit retenir ses contrariétés.